Firmin Ngrébada, Premier ministre en Centrafrique.

 

      Après trois jours de réflexion, le président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra, a nommé son directeur de cabinet au poste de Premier ministre, en remplacement de M. Simplice Sarandji. Le scénario est dans l'air du temps depuis la signature des Accords de Khartoum. Le négociateur gouvernemental numéro un de ces accords avait déjà rang et prérogatives de ministre d'Etat.

 

-        On le dit francophobe et inspirateur des manifestations antifrançaises de Bangui, voilà pour l'anathème ;

-        On le dit époux de la cousine du président de la République, voilà pour le népotisme ;

-        On le dit proche de Ferdinand Alexandre Nguendet, ancien membre et député du RDC, virtuel président de Conseil national de transition sous le chef de l’État autoproclamé Michel Djotodia et éphémère (15 jours) chef de l’État de la transition, voilà pour l'opportunisme ;

-        On le dit russophile, en échange de biens immobiliers en Belgique, voilà pour la corruption ;

-        On le dit incontournable, voilà pour l'entregent. Etc.

 

De toute évidence, le nouveau Premier ministre est un go between, un homme de réseau, voire un  politicien. Il lui reste à démontrer l'étoffe d'un homme d’État. On le saura à la composition de son gouvernement « inclusif ». Celui de son prédécesseur l'était déjà, mais personne ne s'en soucie.

 

Le choix est simple : il s'agit d'arbitrer entre la conjuration des opportunistes, constituée par les mêmes élites qui gangrènent les postes ministériels à la recherche de leur survie depuis Ange Félix Patassé, au moins, et le bloc des frustrations, composé des affairistes mafieux des groupuscules armés, qui n'ont pas les capacités pour gouverner un État moderne, mais recherchent la fortune au sein de l'appareil d'Etat.

 

L'alternative stratégique l'est aussi :

 

-        soit prendre dans le gouvernement les membres actuel du cabinet présidentiel et reverser dans le cabinet les ministres du gouvernement démissionnaire, c'est la politique du chaos qui se perpétue ;

-        soit recruter une dizaine de personnalités compétentes, dynamiques et intègres pour déconstruire le passé et promouvoir la renaissance du Centrafrique.

 

A un mois du soixantième anniversaire de la mort de Barthélemy Boganda, père fondateur de la RCA, cette dernière occurrence est une exigence fondamentale. Il ne suffit pas d’égrener les cinq verbes du Mouvement d'évolution sociale en Afrique noire (MESAN) pour être quitte.

 

L'esprit Barthélemy Boganda est celui d'un combat politique associant, le courage physique – il a fait de la prison, comme sa femme et sa fille –, le courage intellectuel – il a étudié au grand séminaire de Yaoundé avant de devenir le premier prêtre oubanguien –, le courage psychologique et mental – lui l'orphelin de père et de mère par la faute de la colonisation, il a résisté à la haine de l'autre et a rassemblé tous les Oubanguiens -.

 

Paris le 26 février 2019

 

Prosper INDO

Économiste,

Consultant international.


Firmin Ngrébada
Firmin Ngrébada et Marie-Noëlle Koyara