La
Centrafrique entre la paix et la guerre
By
Aza Boukhris- 14 janvier 2021 Mondafrique
Deux
dangers menacent l’existence même de l’État: le laisser faire du clan du
président Touadera, tout juste réélu, et l’enracinement des groupes armés dans
leurs fiefs.
Après
la proclamation des résultats provisoires donnant le président sortant réélu
avec 53,92 % des voix et en attendant le verdict de la Cour constitutionnelle,
le 19 janvier prochain, la situation en Centrafrique es plus fragile que jamais
Les
forces armées centrafricaines ont de plus en plus de mal à faire respecter
l’ordre dès qu’on s’éloigne de Bangui, la capitale de la
Centrafrique
Le
clan Touadera impuissant
Depuis
sa première élection en mars 2016, le président Touadera n’a guère contribué à
réconcilier la nation et à libérer le territoire national des groupes armés. Le
fameux Accord dit de Khartoum a été signé le 6 février 2019 à Bangui, en dehors
de la classe politique, de la société civile, entre le président et les chefs
rebelles. Sur fond de scandales géologiques dans le nord-ouest avec l’abandon du
sol et sous- sol aux entreprises chinoises.
Pollution
durable et intoxications des populations ont été dénoncées notamment par des
religieux, immédiatement condamnés par le gouvernement. Une police politique
appelée » Les Requins » sévit depuis une année notamment contre les
opposants ou soi-disant opposants. Ce sont surtout les conseillers à la
présidence, de préférence Gbaka-Mandja, qui tirent les ficelles du régime avec
quelques familiers escrocs qui ont été placés aux quelques postes tirant de
substantiels bénéfices.
Le
président Touadera assoie son pouvoir essentiellement sur plusieurs
arrondissements de Bangui et des localités de banlieue. Même la ville de Damara,
à 70 km de Bangui et fief du président Touadera, n’est pas totalement contrôlée.
Comment le second mandat pourrait- il être mieux réussi ? Quand on sait que le
Président Touadera est inflexible, sourd à toutes demandes, y compris de la
Ceeac ou de la Cour constitutionnelle pour une concertation des forces vives de
la Nation !
Le
plus polémique et qui divise désormais le G5+ (ONU, Ua, UE, EU, FR, RU, BM) est
désormais la présence massive de mercenaires et de militaires russes sans
autorisations expresses du Conseil de sécurité. Des armements létaux ont
également été livré. Le second mandat présidentiel pourrait bien-être la
satellisation russe de la Centrafrique. On.attend, dans ces conditions, les
réactions de l’Administration américaine avec l’arrivée de Joe Biden aux
commandes.
L’enracinement
des groupes armés
L’
Accord de Khartoum aura vécu, comme les douze autres précédents accords. Les
groupes armés auront eu tout le temps de consolider leurs fiefs. Il va de soi
que ces hors la loi n’ ont jamais eu la moindre volonté de contribuer
positivement à la paix et à la réconciliation nationale. Ce sont des prédateurs,
des criminels pour qui la vie d’ un homme,.d’une femme, d’un enfant n’ ont pas
de valeur. Ce sont avec ces gens, souvent d’origine étrangère, que le président
Touadera avait cru bon garantir le bon déroulement des élections et bien.sur
assurer sa réélection. Certes, il sera réélu, mais sans eux et même contre eux,
avec la Coalition des patriotes pour le changement ( CPN). Voilà, désormais
Touadera face à ses anciens partenaires de plus en.plus remontés contre
lui.
Certes,
il y a encore actuellement une Coordination entre les chefs Ali Daras (UPC),
Al-Khatim (MPC), Abass Sidiki (3R) au sein de la CPC. Les groupes armés sont
toujours plus proches de la division que de l’ union. On.devrait donc
probablement assister à la reprise à leur indépendance, voire même à leur
éclatement en fonctions des ressources potentielles se présentant.
Il
est hautement probable que certain groupes armés accueillent des groupes frères
qui sévissent dans d’ autres théâtres davantage islamistes comme au Sahel et
dans la zone nilo-soudanaise. Que pourront faire les Forces Armées
centrafricaines ? Sans casernement, sans matériel de projection, sans
intendance, avec des militaires au bord de la démission ?
Quant
à Minusca, plusieurs pays contributeurs ont fait savoir que leur contingent ne
saurait participer à une guerre totale. Ils demandent le respect strict
du.mandat onusien. La Minusca et l’ ONU pourraient bien avoir à résoudre de gros
problèmes.
L’élection
du 27 décembre n’aura guère consolidé l’avenir de cet État et de sa
population.