Centrafrique.
Aide de 24 millions d’euros et livraison d’armes de la France
ouest-france.fr avec l’AFP – 03/11/2018
00:53
Jean-Yves
Le Drian (à gauche) et le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra, à
Bangui, le 2 novembre 2018. | GAEL GRILHOT /
AFP
En
déplacement en Centrafrique, le ministre français des Affaires étrangères
Jean-Yves Le Drian a octroyé une aide de 24 millions d’euros à ce pays en
proie aux violences. Afin d’appuyer les militaires centrafricains, la France va
également leur livrer des armes.
La
France va accorder à la Centrafrique une aide de 24 millions
d’euros et livrer des armes à ce pays en proie à la violence et à l’instabilité,
a annoncé vendredi à Bangui le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.
« La
France souhaite continuer son partenariat historique avec la République
centrafricaine »,
a déclaré Jean-Yves Le Drian au cours d’une conférence de presse à Bangui après
avoir rencontré le président Faustin-Archange
Touadéra.
Dans
cet esprit, M. Le Drian a signé des conventions d’aide de 24 millions
d’euros en 2018 pour contribuer notamment à des paiements d’arriérés de salaires
et de retraites, développer les territoires proches du Cameroun touchés par
d’importants déplacements de populations et installer des ponts afin de
désenclaver plusieurs régions.
Le
chef de la diplomatie française a également annoncé que Paris
allait « bientôt
livrer des armes » à
Bangui, en l’occurrence 1 400
fusils d’assaut destinés à équiper les Forces armées centrafricaines
(Faca).
« Nous
le faisons dans le cadre strict, respectueux et transparent des Nations unies,
dans une transparence totale, à la fois sur l’origine, sur l’acheminement, et
sur la livraison »,
a affirmé M. Le Drian. Il serait selon lui « absurde
de former des militaires et de ne pas leur donner, à la suite, les moyens
d’assurer leurs fonctions ».
Interrogé
par l’AFP et Radio France internationale (RFI), le ministre centrafricain des
Affaires étrangères, Charles Armel Doubane, a estimé qu’il « était
temps que la France se décide à mettre à disposition des Faca, dans le cadre
effectivement strict des engagements internationaux, […] ces fusils d’assaut, et
nous nous en réjouissons ».
Afin
de rétablir la paix en Centrafrique, M. Le Drian a réaffirmé la position française, à savoir
qu'« il
n’y a pas d’alternative à l’initiative africaine de
paix ».
« Il
faut maintenant mettre en œuvre » et « il
ne s’agit plus maintenant que de volonté politique et que d’un seul sujet, la
sécurité et le bien-être de la République
centrafricaine »,
a-t-il dit. « Ceux
qui ont d’autres pensées, ceux qui ont d’autres agendas devront en faire les
frais »,
a-t-il mis en garde.
La
médiation de l’Union africaine (UA) lancée en juillet 2017 et soutenue par l'ONU
ainsi que par les principaux partenaires de la Centrafrique est critiquée par
des diplomates et des observateurs pour sa lenteur et son manque
d’efficacité.
Une
médiation parallèle a été initiée par la Russie, de plus en plus présente en
Centrafrique.
Depuis
le début de l’année, la Russie a envoyé dans ce pays cinq officiers militaires
et 170 instructeurs civils (des mercenaires selon certains experts) et livré des
armes à l’armée nationale après avoir obtenu une exemption à l’embargo de
l'ONU.
« La
République centrafricaine n’est pas dans une situation de division manichéenne,
où il y a des bons ou des méchants »,
a affirmé M. Doubane. « Ce
qui est important pour nous, c’est quelles sont les valeurs communes que nous
partageons avec les États, quels sont les enjeux de paix et de sécurité en
Centrafrique, et comment ensemble, on peut mutualiser les
moyens »,
a-t-il ajouté.
« Le
seul sujet qui doit préoccuper ceux qui veulent s’occuper de Centrafrique, c’est
[…] la sécurité de ce pays et son développement, et non pas utiliser
potentiellement les difficultés de ce peuple et de ce pays pour s’implanter dans
un continent où il y aurait des ambitions voilées »,
a quant à lui déclaré M. Le Drian lors d’un entretien diffusé vendredi soir sur
France 24, dans une allusion à peine voilée à la présence russe dans le
pays.
Depuis
2013, la quasi-totalité du territoire centrafricain vit sous la coupe de groupes
armés, dans un pays de 4,5 millions d’habitants classé parmi les plus
pauvres au monde mais riche en diamants, or et
uranium.
À
la veille de l’arrivée de M. Le Drian à Bangui, des affrontements entre groupes
armés, mercredi à Batangafo, dans le nord de la Centrafrique, ont
obligé « plus
de 10 000
personnes » à
se réfugier à l’hôpital de la ville, selon Médecins sans frontières
(MSF).