Vœux 2022 au peuple centrafricain : Ayez foi en l’avenir, gardez la Force vitale !
A chaque nouvelle année, nous formons des vœux et prenons des engagements, après avoir fait un rapide bilan de l'année écoulée, au plan personnel, familial, professionnel et social. En République centrafricaine, depuis une trentaine d'années, cet exercice est devenu vain. Les années se suivent et se ressemblent, la même cause produisant les mêmes effets.
La cause ? Je l’ai signalée en 2019 : « Un commandant en chef qui ne réunit pas les qualités de sagesse, d'équité, d'humanité, de courage et de sévérité générale » (1).
Les effets ? La déliquescence de l’État et l’anomie de la société dans son ensemble.
1 – Dans son discours de la Nativité, évoquant le sort de « chaque enfant rendu vulnérable qui ne peut pas être laissé pour compte », le Président Touadéra a énuméré les trois valeurs qui, selon lui, doivent conduire chaque Centrafricain à « œuvrer pour l'établissement de l'unité et la reconstruction nationale autour de nouvelles bases telles que la solidarité nationale, l'amour de la patrie et le travail ».
La componction, qui est l'apanage des évêques et cardinaux, est un discours abscons qui ne sied pas à un leader politique. Ce dernier doit parler clair et faire simple, proposer des actions concrètes et mobiliser autour de projets fédérateurs (2).
2 – Pour reconstruire la RCA, il faut retrouver les vertus de notre culture : égalité, solidarité et hospitalité ; lesquelles se résument en une formule générique et ontologique, « Zo kwè Zo » !
C'est autour de ces valeurs qu'il convient de proposer une politique transparente en matière de redistribution des rentes minières ; d'indépendance de la justice, de réforme de l’État, de sécurité, et de désenclavement du territoire. Enfin, il est un domaine où le pays doit entamer sa révolution copernicienne, sa politique diplomatique, en s'engageant résolument en faveur du Panafricanisme et de ses afro-descendants.
3 – C'est à ce projet d'émancipation que doit s'attacher le président Touadéra, réélu pour un second et dernier mandat en décembre 2020, s'il veut que son nom demeure dans les bonnes feuilles de l'histoire du pays. Mon père m’a enseigné qu’ « Être noir n’est pas un handicap insurmontable, à condition d’être fort physiquement, intellectuellement et psychologiquement ». Pour cela, il faut s’entrainer tous les jours. C'est le moindre mal que je souhaite à chaque Centrafricaine et à chaque Centrafricain pour 2022. Ayez la foi en l’avenir, gardez la Force vitale !
Bonne et heureuse année !
Paris, le 30 décembre 2021
Prosper
INDO
Économiste,
Consultant
international.
(1) –
Sun Tsu : L’art de la guerre. Flammarion, Coll. Champs classiques, Paris,
2017, p.59.
(2) –
On ne peut se contenter d’appeler à l’unité nationale dans le même temps où on
soustrait des prévenus pour crime contre l’humanité à la manifestation de la
justice ; lorsqu’on autorise un féal, le coordinateur général de la secte
Talitha kum à jeter l’anathème sur les chefs de l’opposition démocratique et les
Centrafricains de l’étranger ; ou lorsqu’on impose l’apprentissage
obligatoire de la langue russe à l’Université nationale de Bangui, pour
complaire et faire allégeance aux « Boundjous » du
moment.