Manifestation à Bangui suite à une bavure policière et déclaration du ministre de l'intérieur chargé de la sécurité

Manifestation à Bangui suite à une bavure policière

Bangui, 14 fév. 2007 (ACAP) - Les activités commerciales et administratives ont été perturbées mercredi 14 février 2007 au centre-ville de Bangui par des manifestants qui protestaient contre la mort de deux ressortissants tchadiens abattus la veille en début de soirée par la police.

Des manifestants en colère se dirigent vers l'ambassade du Tchad (ph. Yaka Maïde/Acap).

Des milliers des manifestants ont marché tôt ce mercredi du quartier populaire du Km5 vers le centre-ville, précisément vers la Chancellerie du Tchad, à Bangui, où les deux corps ont été exposés avant d'être déposés à la morgue de l'hôpital communautaire de Bangui en attendant leur inhumation intervenue en fin de matinée.

Selon le directeur général de la police centrafricaine, M. Ernest Latakpi, messieurs Moussa alias Abakar Djibrine et Abdoulaye Alssa Bakarim sont des malfaiteurs qui sont recherchés depuis longtemps ont été appréhendés et gardés à vue dans les locaux du commissariat du 5ème arrondissement.

Selon M. Latakpi, les deux hommes ont été tués par les éléments de la police lorsqu'ils ont tenté mardi de s'évader grâce à la complicité de M. Mahamat Hamat Mamazène Tidjani, un autre braqueur connu des services de police.

Pour Hissen Ibrahim, coordonnateur de la manifestation, « leur action se justifie par le mécontentement des ressortissants tchadiens à Bangui vis-à-vis des mauvais comportements des militaires centrafricains contre eux », précisant qu'ils sont considérés comme des Centrafricains puisque la République Centrafricaine a des relations séculaires avec le Tchad.

Dans un communiqué publié mercredi en fin de matinée, le ministre de l'Intérieur chargé de la sécurité publique, le colonel Michel Sallé a exprimé les condoléances du gouvernement aux familles éprouvées et condamné "avec force cet acte, surtout quand il s'agit d'éléments de nos forces publiques censées protéger la population."

Il a par ailleurs mis en garde "tous les fauteurs de trouble qui profiteraient de cette malheureuse occasion pour semer le désordre", demandant à la population du 5ème arrondissement de garder le calme en évitant toute manifestation de rue pouvant aboutir à des troubles plus graves.

Cet incident intervient deux mois après celui qui s'était déroulé au mois de décembre dernier au Pk12 (périphérie nord de Bangui), causant la mort d'un militaire tchadien, lynché par une foule en colère.


DECLARATION DU MINISTRE DE L'INTERIEUR CHARGE DE LA SECURITE PUBLIQUE RELATIVE A LA SITUATION DE SECURITE DANS LE 3ème ARRONDISSEMENT -

Communiqués

Chers compatriotes centrafricains et centrafricaines,

Dans la nuit du Mardi 13 au Mercredi 14 Février 2007, un malheureux incident s'est déroulé dans le 3ème Arrondissement, entre la population et les agents de la force publique.

En effet, au cours d'un contrôle de police, des Agents ont fait usage de leurs armes, provoquant ainsi la mort de deux compatriotes centrafricains.

Au vu de ce sinistre événement, la population du 3ème Arrondissement s'est soulevée pour manifester sa douleur.

Le Gouvernement présente ses vives condoléances aux familles éprouvées et condamne avec force cet acte, surtout quand il s'agit d'éléments de nos forces publiques censées protéger la population.

Comme nous sommes dans un État de droit, les dispositions nécessaires sont prises pour que justice soit rendue.

En outre, le Gouvernement met en garde tous les fauteurs de trouble qui profiteraient de cette malheureuse occasion pour semer le désordre.

D'ores et déjà, les trois policiers, auteurs de ce crime, ont été appréhendés et conduits dans les locaux de la justice, en attente de leur jugement.

A cet effet, le Gouvernement ne pouvant rester insensible devant de tels actes graves rassure les familles éprouvées et demande à la population du 3ème Arrondissement de garder son calme en évitant toute manifestation de rue pouvant aboutir à des troubles plus graves.

La sagesse et la maturité d'esprit doivent nous guider tous, même si les circonstances d'un tel événement sont douloureuses.

Fait à Bangui, le 14 Février 2007
Colonel Michel SALLE


Des manifestants en colère se dirigent vers l'ambassade du Tchad (ph. Yaka Maïde/Acap)