Les partis politiques
centrafricains, quel choix faire?
La réussite de championats sportifs dépendrait
certes de l’enthousiasme, de la vitalité, des qualités techniques et des
structures éducatives de chaque club sportif engagé dans les compétitions, mais
aussi de l’appréciation des règles sportives et du fair-play par le public. Pour accéder à une reconnaissance
internationale des équipes et des sélections nationales, les ressources
financières nécessaires arriveraient progressivement, grâce à une bonne vision
et à la perspicacité des dirigeants des clubs sportifs et des fédérations
nationales.
Mais qu’est-ce que ce qui précède a à voir avec la
politique? Suivez donc nos propos à
cause des nombreuses similarités entre les deux. Pendant plusieurs décennies, le peuple
centrafricain avait entendu des voix s’élever pour acclamer et soutenir, pour
défendre et justifier les incompétences, le népotisme, les brutalités et autres
exactions, perpétrés à son endroit par les régimes politiques successifs en
place à Bangui. Les centrafricains
qui avaient vécu à ces époques se souviendraient des meetings spectaculaires du
Mesan au château Boganda, des divers rassemblements populaires du RDC ou du MLPC
au stade Boganda, par exemple. Mais
ne devrions-nous pas rappeler pour mémoire que Kolingba, Patassé ou Bozizé, puis
de nombreux centrafricains, politiciens et technocrates ou officiers et soldats
de l’armée nationale avaient été pendant plusieurs années les agents, les
complices, solidaires et témoins
des abus de ce mêmes régimes politiques qu’ils avaient ensuite qualifiés de tous
les noms? Et ce serait
toujours cette même catégorie de centrafricains qui, aujourd’hui, voudraient
faire la leçon et parler de démocratie, de paix sociale, d’insécurité, de
corruption, et de malversations.
Mais quelle hyprocrisie cela ne signifierait-il pas si ces anciens agents
n’arrivaient toujours pas à démontrer par des actes qu’ils avaient définitvement
changé leurs mauvaises habitudes?
Nous observerons d’une manière générale qu’il
avait été toujours très facile pour les dirigeants politiques, les technocrates
et les miliaires de ce pays de se disculper ou de se désolidariser promptement
d’un régime devenu impopulaire, lorsqu’ils réalisaient que les fruits de leurs
ambitions avaient mûri et étaient enfin prêts pour être cueillis pour leur
dégustation personnelle. Nous
noterons aussi que les incompétences, les ignorances, l’absence d’un
patriotisme, et le manque de leadership de la part d’une élite nationale civile
ou militaire avaient surtout permis la mise en place d’un système politique
inadéquat, sans grande vision nationaliste, malsain, destructeur, et qui avait
conduit à la création de toutes les incohérences possibles que le monde avait
observées depuis, et qui, seraient aujourd’hui les causes profondes de toutes
les crises à répétition dans le pays.
Le centrafricain ordinaire pourrait alors comprendre les prises de
position d’une catégorie à part entière d’hommes politiques nationaux qui,
avant-hier, avaient défendu le régime RDC de Kolingba, qui, aujourd’hui
défendent encore les bonnes affaires de Patassé et des dirigeants du MLPC. Demain, d’autres sortiront certainement
des rangs de l’UFVN et des autres partis politiques couscous pour dire
tout le bien que le régime de Bozizé avait apporté aux centrafricains et au
pays. Vous conviendrez avec nous
que ces prises de position ne seraient bien evidemment que des
mascarades.
Aujourd’hui par exemple, d’anciens dignitaires des
régimes politiques déchus, tels ceux du MLPC, voudraient continuer à faire
croire aux citoyens que le peuple
centrafricain devrait témoigner d’une forme quelconque de gratitude à l’endroit
de Patassé et de son clan de fidèles camarades loyaux qui avaient cependant
causé beaucoup de tort au peuple centrafricain. Par exemple, nous avons été surpris
d’observer que ces grands camarades,
hommes et femmes n’avaient toujours pas été capables de réaliser les
grosses parts des responsabilités de Patassé et du MLPC dans toutes les
rébellions de l’armée centrafricaine et l’utilisation des mercenaires du rébelle
congolais Jean-Pierre Bemba pour protéger un régime qui était devenu corrompu,
impopulaire, et qui ne savait plus gouverner. Mais ne devrions-nous pas aussi rappeler
au peuple centrafricain que ces fidèles d’un régime défunt qui voudraient encore
de Patassé à la tête du MLPC, avaient été en réalite ces mêmes camarades d’un
grand parti, qui s’étaient tus quant ce même Patassé, les députés et leurs
collègues du bureau politique du MLPC avaient décidé de se retourner contre le
peuple qui les avait soutenus dans des luttes politiques difficiles et
l’acquisition des victoires électorales, passées? Quelle ingratitude de leur
part! Il faudrait peut-être
rappeler à la jeunesse et au peuple centrafricain que ces hommes et ces femmes
avaient été en fait les complices manifestes dans tous les malheurs quotidiens
du peuple centrafricain. Mais
enfin, est-ce que Patassé et le MLPC n’avaient pas joué le grand rôle dans
l’existence aujourd’hui du régime de Bozizé qu’ils continueraient de
décrier? Ne pourrions-nous pas en
toute honnêteté poser la question de savoir combien d’entre ces grands camarades
du MLPC avaient démissionné de leurs charges à l’assemblée nationale, au sein du
bureau politique, au sein des structures du MLPC ou du gouvernement pour
protester et démontrer à l’opinion publique que les intérêts nationaux de la
Centrafrique étaient beaucoup plus importants que les intérêts particuliers de
Patassé, de son clan, de ses alliés, et du MLPC ou de tout à la fois? Si, il y avait eu des exemples
qui, cependant ne pourraient être comptés que sur les doigts de la main. Est-ce que ce serait aussi une erreur de
jugement de dire haut et fort que ces anciens grands camades du MLPC dans le
pays, en France ou ailleurs avaient trahi la confiance que tout un peuple avait
placé en eux pour mener le pays à bon port, après la dénonciation du parti
unique, puis l’acceptation des principes de la démocratie? Le peuple voulait du travail, mais
Patassé et son gouvernement n’en avaient cure. La corruption, les mensonges, les
fausses promesses et autres avaient été les modes de gestion des affaires du
régime MLPC. Plus subtile encore,
Patassé et sa clique de fidèles camarades avaient rétourné les centrafricains
les uns contre les autres et indiqué à un grand nombre les chemins de
l’exil. Est-ce que cela avait été
là l’essence même de leur mouvement de libération du peuple centrafricain? Mais si ces chantres du MLPC avaient
encore de la pudeur, ne devraient-ils pas plutôt se cacher quelque part pour
tirer des leçons des désastres qu’ils avaient causés dans le pays et donner le
temps au peuple centrafricain d’oublier?
L’ironie aujourd’hui avait été que ces cadres du MLPC accuseraient Bozizé
d’utiliser des méthodes semblables à l’endroit de groupes ethniques de la région
de Paoua. Mais enfin, quand est-ce
que les dirigeants des partis politiques centrafricains donneraient les bons
exemples et demanderaient à leurs militants et autres fanatiques d’arrêter ces
non-sens qui avaient malheureusement pris la place des grandes orientations
politiques dignes de considération?
Ceci dit, nous demanderons au lecteur de ne pas
méprendre nos propos. Nous ne
jugeons pas l’existence des partis politiques centrafricains en tant que
tel. En effet, nous n’avons
absolument rien contre le Mesan, le MLPC, le RDC et les autres. Leurs existences et la conduite dans la
transparence des affaires de chaque parti par des dirigeants honnêtes,
charismatiques, et capables de reconnaître puis de rectifier leurs erreurs
seraient certes d’importantes prescriptions parmi d’autres et qui seraient
essentielles pour la bonne conduite de la démocratie. Les statuts des partis, leurs structures
organiques, et les divers règlements intérieurs, toute à la fois flexibles et
évolutifs seraient sans aucun doute louables et de bonnes mesures. Cependant, ce
que nous voudrions dénoncer, ceux sont les motifs inavoués, le manque de
conviction véritablement
patriotique, l’absence d’objectivité, le refus de tirer des leçons du
passé, l’incompétence et autre des dirigeants des partis politiques
centrafricains, puis le manque de rigueur et le laissez-faire des militants de
base des partis, qui avaient donné carte blanche à des démagogues, des
aventuriers, des marabouts, des voyous, et autres causeurs de trouble, les
occasions pour détruire l’autorité de l’état, pour affaiblir l’administration et
toute la structure sociale du pays.
Les partis politiques centrafricains devraient-ils exister uniquement
pour encourager des amateurs sans expérience, des clans de profiteurs ou des
groupes occultes pour prendre les rennes du pouvoir et pour opérer des affaires
lucratives au dépens de l’état ?
Les partis politiques centrafricains ne devraient-il pas être le lieu des
échanges féconds pour créer l’enthousiasme et le pragmatisme nécessaires à des
actions de développement économique et social de la Centrafrique et à
l’épanouissment des citoyens? Les
mauvaises hypothèques des politiciens, des technocrates et des militaires
avaient ensemble donné les résultats que nous observons aujourd’hui en
Centrafrique. Est-ce que ces
chantres nostalgiques voudraient réellement que le peuple centrafricain
considère ces résultats douloureux et catastrophiques comme des signes de
réussite des régimes sous le Mesan, le RDC, le MLPC ou l ‘UFVN ? Est-ce donc cela la raison d’être des
partis politiques ?
Nous penserons enfin fermement que le moment
serait venu pour toute la jeunesse centrafricaine et tous les enfants du pays de
refuser d’écouter les voix des muses nostalgiques des partis. Les dirigeants politiques et les
militaires avaient apporté la destruction et avaient en réalité été les
pourfendeurs de l’économie du pays.
A cause des mauvaises visions qu’ils avaient eues et des mauvais calculs
qu’ils avaient concoctés puis opérés, nous observons aujourd’hui la présence
dans le pays des envahisseurs et des conquérants qu’avec euphémisme tout le
monde appelle zaraguinas ou rébelles.
Nous voudrions proposer à la
jeunesse de regarder au delà de leurs idoles, Patassé, Bozizé ou Kolingba et
autres dirigeants politiques qui s’étaient trompés dans la bonne conduite des
affaires de
Jean-Didier Gaïna
Virginie, Etats-Unis d’Amérique (en ligne 02avril
2007)