ELECTIONS OU DIALOGUE NATIONAL BIS ? :

« La marche forcée vers la répétition de l’histoire ou le règne des Conjurés » 

 

"Il est inutile de rentrer le ventre en traversant la rivière si l'eau arrive jusqu'au cou" Proverbe bambara. 

 Le défi de Bozizé en se légitimant lors des élections générales de 2005, était de faire du peuple de Centrafrique, le sujet de son histoire. A mi mandat, que peut-on dire ? Quel regard peut-on porter sur son bilan aux vues du développement de l’actualité et de la détérioration des conditions d’existence des masses Centrafricaines ?

L’histoire se moque souvent des individus qui la considèrent comme un terrain vague où ils peuvent venir se soulager impunément et des peuples qui délèguent indéfiniment leurs existences aux mains de certains de leurs fils qui assurément les conduisent sans cesse dans l’impasse. Avec Bozizé, elle nous place devant le miroir de nos travers et nous appelle à reformer nos méthodes politiques et notre Centrafricanité en optant pour une alternative nouvelle fondée sur des choix éthiques et moraux profonds ayant pour objectifs de consolider le désir de vivre ensemble en réunissant les conditions nécessaires qui garantiront des résultats et qui permettront de transformer la réalité de nos masses.

Il existe des dates clés dans l’histoire d’un pays. Chez nous, le 13 août est de celles là. C’est dans ce cadre là que le discours du président de la république était très attendu. J’étais de ceux qui l’attendaient, non pas pour une sublime révélation, mais pour y déceler le sens de la réalité, de nos réalités. Au final, c’était une grande déception.

 Au-delà du discours du chef de l’état, c’est la principale annonce de ce 13 août 2007 qui a retenu mon attention. Elle sera donc le thème central de cette tribune.

 

Une Hérésie Présidentielle

 Avant de développer mes propos, je souhaiterai revenir sur une partie du discours du chef de l’état qui est assez révélatrice de la communauté de pensée du microcosme politique centrafricain, à savoir la mystification permanente, des origines à nos jours.

Le chef de l’état a dit : « Pour terminer, je voudrais me réjouir avec vous de ce que la date du 13 août, de notre indépendance, coïncide avec celle du 13 août 1940 date à laquelle notre territoire s'était rallié au Général De Gaulle» 

Il s’agit ici, ni plus ni moins d’une lecture de l’histoire qui ne correspond pas à la réalité et dont l’analyse met en avant trois éléments :

1.     le manque de sérieux dans la préparation et la rédaction des discours du président de la république et le manque de connaissance historique profonde de notre pays ;

2.     l’opportunisme ;

3.     le syndrome chronique du colonisé, même à l’époque du décomplexé historique qu’est Sarkozy.

 

Le 13 août 1940 est une date insignifiante dans la grande histoire Centrafricaine, elle n’a de valeur que le papier sur lequel fut écrit le discours du 13 août 2007. L’Oubangui-Chari ne s’est rallié pas à cette date. Son ralliement à la France gaulliste est postérieur de près de trois semaines. Son engagement dans la seconde guerre mondiale s’est joué dans la nuit du 29 au 30 août 1940 (1).

 Quant au choix du 13 août 1960, il fut le fruit d’un choix protocolaire pour la commodité du représentant français. Il suffit de voir son agenda et de voir les proclamations d’indépendance en AEF pour s’en convaincre. (2) 

Cette affirmation péremptoire du 1er d’entre nous  qui ne correspond pas à la vérité historique est à dénoncer et cette tendance à nous infantiliser est à condamner. C’est vrai que l’ignorance est le terreau fertile de tout pouvoir brutal et c’est sans doute dans ce registre là qu’il faut cataloguer le discours de Mr Bozizé et aussi l’attitude de la classe politique et des intellectuels centrafricains qui ont peu dénoncé ces quelques mots, mais qui sont graves à l’échelle identitaire globale.

Revenons à l’annonce du 13 août 2007 : « A présent, je voudrais vous réaffirmer ma volonté d'aller avec vous dans les meilleurs délais, à ce dialogue politique. A cet effet, j'ai décidé qu'il soit mis en place, en concertation avec les acteurs de la vie nationale, un comité préparatoire du dialogue qui déterminera les modalités pratiques aussi bien organisationnelles que substantielles, pour un bon déroulement de cette importante concertation.

Au cœur de l'Afrique le ridicule ne tue pas, quelle chance !

 

Quelle est la situation ?

Selon une récente publication de la CEMAC (3), la production agricole, insuffisante, est à l'origine d'une hausse des prix des produits du cru supérieure à celle des produits importés bien que le coût de la main d'œuvre interne soit ridiculement bas.

 La misère qui sévit en Centrafrique, la plus absolue qui soit; ne fait que s’amplifier. Les réalités sanitaires sont néandertaliennes, les réalités macro-économiques ne figurent même pas au programme des pires catastrophes économique et financière qu’on enseigne dans les écoles de commerce et de finance, les réalités scolaires sont calamiteuses ...

 

La déconfiture est générale. Le pays ne fonctionne plus sur les plans institutionnel, économique, sécuritaire et socioculturel.

Du côté de l'assemblée nationale, c'est la sieste, une sieste à durée indéterminée dans la moiteur équatoriale de Bangui. Chuuut, pas de bruit, les honorables s'honorent de la curée prochaine de substituts qui légifèrera à leur place et d'un comité de suivi du dialogue probable qui contrôlera les activités, si activités il y a, de l'exécutif.

 

       Ce n'est guère mieux du côté du pouvoir. L'intimidation est érigée en règle de gouvernement. Ici, c'est la case de Birama, là, sprinter est salutaire...Tout est à l'emporte pièce. La déclaration de politique générale du premier ministre s'est muée en document d'archives. Faute de mieux, les vieilles recettes reviennent au goût du jour pour faire illusion. ESFOA, JPN, Réhabilitation, Prières et Jeunes, Concentration du pouvoir… toutes choses absentes du discours programme du premier ministre Elie Doté dont personne ne s’en souvient.

Nous assistons en ce moment à la démonstration de l’essoufflement d’une idéologie: le knkisme, cet imaginaire politique brouillon et creux dont une preuve supplémentaire vient d’être donner par la mystification faite autour du 13 août 1960 et la convocation du prochain dialogue national.

A grande enjambée, nous assistons aussi à l’auto-focilisation d’une génération d’illusionniste, la majorité présidentielle qui connaît une période dépressive en ce moment et incapable de tenir ses engagements aussi bien sur le plan local qu’international.

    Exemple : Une politique de réduction de la masse salariale a été mise en oeuvre par le gouvernement Centrafricain sur recommandation des institutions financières internationales. Comble du paradoxe, les accords signés à Syrte et à Birao mettent à mal cet équilibre budgétaire recherché avec la clause d'intégration des rebelles dans l'armée Centrafricaine. Sa conséquence sera l'augmentation de la masse salariale, ce qui n'aurait pu être obtenu par dialogue avec les civils.

   Triste conséquence, pas plus d'instituteurs, d'infirmiers, de médecins mais plus de porteurs d'armes. C’est le langage des armes qui est entendu, entretenu et développé, quelle triste réalité ?

     Barbare conception de l’état : savoir manipuler une arme et une bande d’égarés, assure assurément sous Bozizé une place de conseiller à la présidence et des postes dans l’armée pendant que faute de table bancs, nos enfants s’assoient par terre à l’école, meurent comme des mouches faute de prise en charge médicale conséquente, d’eau potable de mauvaise qualité…

C’est dans une telle atmosphère que l’on assiste à la magouille et à la manœuvre du nouveau dialogue national, annoncé le 13 août 2007, quel crime !

 

Un dialogue Inutile

 « Au cours des deux dernières décennies, la vie publique en Centrafrique a été marquée par des crises sociales et militaro-politiques récurrentes qui ont eu des conséquences désastreuses sur le niveau de développement du pays et sur la condition sociale de ses populations.

Conscients que les solutions de sortie de crises passaient par une large concertation nationale, les groupements à caractère non officiel comprenant les partis politiques, les syndicats et autres forces vives de la nation, ont unanimement réclamé la tenue d’un Dialogue entre les filles et les fils de Centrafrique. » C’est en ces termes là, que débute l’épais rapport du dialogue national de 2003. Quatre ans après, qu’en est-il du diagnostic et des solutions préconisées ?

Aux vues du développement de l’actualité de ces dernières semaines, l’on est en droit de se demander si, exceptionnellement en Centrafrique ; l’histoire est vide d’enseignements ?

La mise en place du mécanisme pour la tenue d'un nouveau dialogue révèle l'absence de vision de la classe politique Centrafricaine. On ne peut pas avoir mener le processus démocratique à ce point (4) pour revenir allègrement à la case départ. Conférence nationale, dialogue national ou autre Séminaire National, sont des institutions de sortie de crise. Elles précédent l'installation des organes de l'Etat qui, une fois en place travaillent de leur mieux au bien-être du peuple. C'est un impératif. L'autre impératif, celui-ci catégorique, est de pérenniser les institutions dont le peuple s'est librement doté.  

A l’exception du farfadet de Lomé qui n’était pas présent en 2003 mais dont la famille politique fut présente et dont les rejetons ont retrouvés le chemin de Bangui et qui soupire après cette grand-messe afin de revenir dans le jeu, car le Tribunal Pénal International n'est pas loin ; tous les acteurs vivants se sont succédés à la tribune du DN. Au sortir de ces assises, « Plus Jamais ça !», comme lors du procès de Bokassa a été dit. Un comité de suivi de ce dialogue a été mis en place avec sous la main, l’énorme cahier de recommandations des assises du dialogue national et un médiateur de la république a même été désigné. Depuis lors, c’est le silence radio. Aucune évaluation sérieuse n’a été entreprise, personne ne sait ce que sont devenues les recommandations de ce dialogue. Et par magie ou par tautologie, on nous parle d’un nouveau dialogue national ?

A-t-on analysé les causes et les origines des mouvements armés ou sont passées les institutions de la république pour nous garantir paix et sécurité ?

A quoi servira cet énième dialogue ?

 Le dialogue national sera-t-il créateur d’emplois manufacturiers, industriels ? Aura-t-il un effet sur la répartition des revenus ? Décidera-t-il de confier la direction des régies financières aux expatriés ?

A ces multiples interrogations, la réponse du chef de l’état enlève toute ambiguïté et ceux qui espèrent que ce forum là, sera le bon, qu’il permettra de résoudre tous les problèmes n’ont qu’à bien se tenir, la montagne des palabres centrafricaines accouchera certainement s’une souris : «  nous avons à gérer l'impatience de ceux qui veulent un ‘‘Dialogue politique'' inclusif et immédiat, espérant y trouver la solution à l'agitation sociale, voire la rébellion » (5)

In fine cela veut dire : on ergote, on signe des amnisties, on se partage des postes ministériels dans un ensemble appelé gouvernement d’union nationale, on se partage la dépouille de la RCA et on pérennise la danse des morts-vivants que nous sommes devenus. Dans cet attelage, on retrouverait l’ensemble de la classe politique, des représentants de la société civile et religieuse, on déroulera le tapis rouge aux bouchers du peuple. Et hop, le hold up est joué et au moment du bilan, Bozizé et le KNK diront :  

« Prenant la mesure de la destruction des infrastructures économiques de notre pays et de l'émiettement de son tissu social, considérant par ailleurs que rien de durable ne peut se construire sans une très large adhésion populaire, j'ai résolument pris le parti de tendre la main à tous les compatriotes, de toutes les régions et quelle que soit leur coloration politique, afin que chacun apporte sa pierre à l'édification nationale. Aucun des adversaires politiques d'hier n'a été tenu à l'écart. Les témoignages de cette affirmation se reflètent dans la composition du gouvernement. » (6)

  

Que faire, où se trouve l’urgence ?

Comment faire fonctionner l'appareil de l'état ? Quelle administration pour les douanes, les impôts, l'éducation nationale ? Quel type d'enseignement ? Quel système de santé ? Quelle convergence pour la CEMAC et Quelle place pour la RCA dans le prochain gouvernement de l’Union Africaine   etc... 

L’urgence d’aujourd’hui est de relancer l’économie et d’assurer la sécurité. On a beau épiloguer, dialoguer et convoquer tous les états généraux imaginables et inimaginables, la situation continuera à se dégrader.

Le peuple s'est pourtant prononcé massivement en 2005 : référendum constitutionnel, élections présidentielles, élections législatives. Un gouvernement est en place. Qu'ils travaillent chacun dans son domaine. Dans l'éventualité d'une crise, on revient à la constitution pour la résoudre. Les instruments ne manquent pas : démission du gouvernement, dissolution de l'assemblée nationale, motion de censure au pire, démission du président de la république avec, dans la foulée, nouvelles élections présidentielles. La légitimé de Bozizé contestée par les mouvements armés et l’alternative que représente l’opposition est à conquérir dans les urnes. Il est possible de consulter à nouveau directement le peuple sans avoir à recourir à un aréopage coopté. Quoi de mieux en démocratie ? Qui plus est, la réunion de ce forum est inscrite nulle part dans la constitution.

 

Exit le dialogue, place à la préparation des élections de 2010.

« Ne vous considérez plus comme des victimes. Le moment est venu pour que vous assumiez vos responsabilités. N'hésitez pas un seul instant à sanctionner des acteurs politiques aux comportements inadmissibles. Votez contre eux » Kofi Annan.

Ce qui est dramatique dans ce que traverse notre pays, c’est que les acteurs ont oublié où se situe le nord magnétique. Au milieu du tumulte ils n’entendent pas. Les problèmes essentiels de l’heure sont le non respect des dispositions constitutionnelles. Nous avons d’une part un pouvoir qui a oublié la base sur laquelle il a été élu et des compatriotes qui ont oublié que les armes ne sont plus les moyens légaux de règlement de problèmes politique et judiciaire voire personnel.

Le mal dont souffrent la classe politique centrafricaine en général et le pouvoir en place en particulier est le manque de vision, de pragmatisme, de nationalisme et de courage.

Où commence la démocratie ? Quel est le rôle du chef de l’état ? Quel est le rôle du gouvernement ? Quel est le rôle des députés ? Quel est le rôle de l’opposition ? Quel est le rôle des médias ? Quel est le rôle de l’armée…C’est dans la réponse à ces interrogations et surtout dans son application que se consolidera la démocratie Centrafricaine et que grandiront nos hommes politiques.

Elu sur un programme avec des institutions dont il devrait superviser la mise en place et consolider les bases ; Bozizé devra dans deux ans et demi, remettre son mandat au peuple qui jugera s’il faut renouveler l’expérience ou pas. Et c’est là que l’opposition, la société civile et les médias ; au lieu de se faire complice d’un bilan dont le gérant premier est déjà installé dans le wagon de sa destination finale, doivent se démarquer, proposer une alternative au système en place, c'est-à-dire Bozizé et aux mouvements rebelles, en dehors des deux, il existe une troisième voix : la voix de la Passion.

A deux ans et demi des prochaines élections, il faut demander la révision du code électoral, exiger plus d’équité dans le financement de la campagne, revoir le redécoupage électoral en fonction de la croissance démographique, prévoir les mécanismes de surveillance afin d’éviter les péripéties des arithmétiques électorales nocturnes de 2005.

 De tous les pays qui ont organisé des assises du type Conférence nationale entre les décennies 80 et 90 ; notre pays est le seul qui a organisé ces assises plus d’une fois avec les mêmes interprètes si on argue que la conférence de réconciliation du Congo Brazzaville était une initiative qui devrait mettre fin à la guerre civile et à la reprise du pouvoir par les armes du général Sassou. Il existe donc un problème à double volet chez nous : CASTING et RESPONSABILITE.

La dramatique tragédie et la lancinante misère que vit le peuple Centrafricain appellent tous les hommes de bon sens à œuvrer afin de ramener le Centrafrique dans la civilisation, ce sera la révolte des Gens de bien contre l’Injustice permanente et la « Misère Misérante ». Cette situation qui n’a que trop durée est une insulte à l’humanité  et cette histoire qui n’instruit pas, un complot permanent contre notre intelligence.

L’unique alternative crédible au dialogue national est la préparation de la tenue des prochaines élections générales auxquelles devront prendre part, tous ceux que la loi centrafricaine autorise. C’est vrai que l’on arguera que sans sécurité sur toute l’étendue du territoire, il serait illusoire de parler d’élections, je le concède. Mais la tenue et l’exécution du programme sécuritaire national sont de la responsabilité de l’exécutif et non d’un aréopage hétéroclite dont les motivations sont politiquement infondées (7). Il revient à Bozizé, à l’armée, à la police, à la gendarmerie et aux services de renseignements de combattre ceux qui se sont mis au travers du chemin de la nation en restant dans le cadre légal, uniquement. Ce n’est pas au dialogue national de résoudre ce problème, d’ailleurs le pied de nez de Miskine prouve à suffisance ce que vaut ces messes.

Il faut parcourir le pays, redynamiser la cité par l’animation politique, créer des lieux de résistance par le verbe et la vision et au final l’ouvrir en le préparant pour 2010. La misère généralisée et le mécontentement populaire, la mauvaise gouvernance et l’insoutenable corruption sont le fondement de cette action, de cette pédagogie du concret que nous devrons opposer  à l’arrogance, à l’ignorance, à la trahison et à la ventrocratie afin de créer une dynamique de rupture.

Telle est la mission, telle est notre mission. Car le prochain dialogue national, s’il a lieu ; sera une abjuration politique et citoyenne que l’histoire et nos enfants ne nous pardonneront pas, à nous, filles et fils de ces temps où le Centrafrique erre.

Il nous faut  réunir les conditions qui garantiront des résultats afin de livrer :

1        La bataille pour le développement (moral, structurel, infrastructurel, économique) ;

2        L’instauration d’une véritable démocratie ;

3        La maîtrise de notre démographie, de notre environnement  et le danger explosif du SIDA.

Cette bataille multiforme qui passe par la réappropriation de notre destin commun nous emmènera à relever le défi de l’Organisation, de la Structuration et de la Gestion de la RCA dans sa double dimension Unique c'est-à-dire comme Territoire et Nation.

 

Conclusion

 La démocratie commence par un sens sérieux de responsabilité. Elle est un système politique qui tire vers le haut les représentants mandatés par le peuple afin de transformer et améliorer ses conditions. Or les réalités de notre pays dominées par un pouvoir clanique, mafieux et troublées par des nostalgiques armés, sont la négation la plus absolue de la démocratie.

Sur fond d’instabilité politique, de faillite économique et de misère sociale ; notre pays est devenu un « État-néant », un  « Pays en perdition », ou encore  un « État fantôme » où notre destin Commun est pris en OTAGE.

    Un choix unique s’impose : créer un nouveau Centrafrique en nous inspirant des erreurs du passé. En agissant de la sorte, nous éviterons de nouveaux dialogues en consolidant nos institutions et indiquerons aux prochains Miskine et Damane que l’on ne peut jouer impunément avec la vie de millions d’individus.

    Du nord au sud, de l’Est à l’ouest et de la diaspora; il faudrait que des voix s’élèvent, qu’elles condamnent cet éternel renoncement à l’avancement. Qu’elles forcent le pouvoir en place à mettre tout en œuvre pour garantir des élections crédibles en 2010 en commençant par résoudre les problèmes sécuritaires qui sont de son unique ressort et constituent la colonne vertébrale de son bilan. Il faut dénoncer les sponsors des rebelles et les pays qui les soutiennent ou les abritent; ils sont les ennemis de notre pays, de notre démocratie en un mot de notre Progrès.

Ce qui a manqué à notre pays depuis le 13 août 1960 à nos jours est un pouvoir Fort et Juste. 2010 sera l’occasion ultime de l’en doter. 

Le prochain dialogue national ne sera pas le tabernacle pour la naissance du Messie. Ce ne sera pas non plus la cour des miracles où pousse l’arbre à baguette magique. C’est une vue de l’esprit, une  illusion d’optique dont nous payons le prix depuis 1980.

L’annonce du début du processus pour la tenue du prochain dialogue national est le signe de la démission du pouvoir de Bozizé. Au lieu de faire face à ses responsabilités, il pratique l’art de l’esquive en remettant ses propres engagements aux mains de cet aréopage cyniquement appelé Dialogue national.

La mort la plus cruelle est sans doute celle de l’Espoir. La tenue du prochain dialogue national signe la fin de celui né des élections générales de 2005 et pose le problème de la crédibilité du pouvoir de Bozizé.

Ce nouveau dialogue qu’il convoque, porte gravement atteinte à l'ordre constitutionnel. C’est un coup d'état et tous ses tenants sont des conjurés, gangrenés par une maladie infantile spécifique, l'absence de vision. 

Clément BOUTE-MBAMBA,

Une Passion pour le Centrafrique

  

1 : Collection Mémoire et Citoyenneté N°9 : Les Ralliements de l’Empire à la France libre, l’Afrique en Jeu.  Ministère de la Défense, Direction de la Mémoire et du Patrimoine, Paris 07/07/2006 ;

2 : 11 Août : le Tchad, 13 Août : la RCA, 15 Août : Congo Brazza, 17 Août : le Gabon ;

3 : Par exemple le prix de la cuvette de manioc de 20 KG avoisinerait les 7500 FCFA

4 : organiser des élections, voter une constitution, mettre en place toutes les institutions de la république pour se retrouver finalement avec des institutions de gestion de crises ?

5-6 : Extraits du discours du 13 Août 2007 de Mr Bozizé, chef de l’Etat et ministre de la Défense  de la RCA;

7 : lorsque le président d’un des partis politiques les plus importants sur l’échiquier Centrafricain, ancien candidat à l’élection présidentielle et législative de 2005 ; dit au micro de TV5 qu’il faut aller au dialogue national pour savoir pourquoi les rebelles ont pris les armes, on croit rêver en entendant de tels propos.

 

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