Communiqué
de presse : 06.2008-Coordination
Déclaration au
sujet du processus engagé par le Général BOZIZE en vue de la re-légitimation de
son régime par le prochain dialogue politique inclusif en Centrafrique
Le
25 avril 2008, le Comité préparatoire du dialogue, organe gouvernemental
institué par décret du président BOZIZE a déposé son rapport final avec des
recommandations dont l’exécution de certaines est posée comme préalable à
l’organisation du dialogue politique inclusif en Centrafrique. Il s’agit en
particulier de la signature d’un accord de paix entre le gouvernement
centrafricain et le mouvement militaro-politique de l’APRD (Armée populaire pour la
restauration de la démocratie)
et d’un autre accord, dit « Accord Global de Paix » avec l’ensemble
des mouvements militaro-politiques qui opèrent dans le
pays.
Réunie
en séance élargie le 17 mai 2008 à Paris,
1
- Sur le rapport final du Comité préparatoire du
dialogue
Néanmoins,
les conditions du dialogue telles que prévues par ce
rapport participent à une volonté, comme ce fut le cas lors du Dialogue National
de 2003, de redonner un semblant de légitimité au pouvoir du président BOZIZE
actuellement en totale perte de vitesse par les effets désastreux de sa
politique marquée par la mal-gouvernance, les violations systématiques de
Il
est indéniable que ce rapport est l’expression même de l’objectif recherché par
le pouvoir, celui de maîtriser et de contrôler de bout en bout le dialogue. La
meilleure preuve c’est l’affirmation selon laquelle le dialogue doit s’organiser
dans le respect de
Quels
autres « mécanismes contraignants » comme le préconise le Comité
préparatoire du dialogue peut-on trouver pour faire respecter
Pourtant,
en limitant le cadre du dialogue au respect des institutions, le Comité
préparatoire du dialogue a de facto rejeté la question primordiale qui est à la
base de la crise dans le pays, celle de la légitimité du régime du président
BOZIZE.
S’agissant
du nombre de participants estimé à 150 personnes, celui-ci est pléthorique. En
définissant en amont, sans en préciser les critères, les entités appelées à
participer au dialogue, et en leur attribuant des quotas respectifs, le Comité
préparatoire du dialogue crée les conditions objectives d’une participation
massive au dialogue des différentes organisations politiques et sociales ainsi
que de personnalités acquises au régime en place.
Ainsi,
sur la base de ce mécanisme mis en place par le Comité préparatoire du dialogue,
les entités qui seront majoritairement représentées au dialogue seront celles de
la mouvance présidentielle au sens large du terme, à savoir : les
partis politiques (KNK, GPPMP et tous les
petits partis alimentaires)
les pouvoirs publics (administration,
armée)
les associations (églises, groupes de femmes,
de jeunes, etc.)
et les personnalités (chefs religieux, chefs
coutumiers, etc.)
Par
ailleurs, sans justifications sérieuses et contre toute considération éthique,
les membres du Comité préparatoire du dialogue se sont auto-proposés comme une
entité spécifique devant participer au dialogue en qualité de
« membre de droit » Outre cette proposition arbitraire, les membres du
Comité préparatoire du dialogue ont recommandé la transformation de leur groupe
en Comité d’organisation du dialogue.
Toutes
ces recommandations procèdent de la stratégie de manipulation visant un total
verrouillage du dialogue par le pouvoir et ses soutiens objectifs parmi lesquels
figurent en bonne place la majorité des membres du Comité préparatoire du
dialogue.
Alors
que le Comité préparatoire du dialogue avait suggéré que le dialogue
proprement-dit ait lieu 45 jours après le dépôt de son rapport final, à ce jour,
aucune mesure importante n’a été prise pour la concrétisation de cette
recommandation. Le peu d’empressement du gouvernement à organiser ce dialogue
dans un délai raisonnable démontre une fois de plus que le président BOZIZE, en
réalité, ne veut pas de ce forum inter-centrafricain susceptible de régler la
crise nationale.
En
conséquence,
2
- Sur le lieu du dialogue
Le
dialogue doit se tenir à l’extérieur du territoire centrafricain afin de
préserver la sécurité de tous les participants et la sérénité des
débats.
Le
pouvoir qui, tout en discutant et en signant des accords avec les mouvements
militaro-politiques, menace et exclut des personnalités qui ont des liens avec
ces mêmes mouvements ou encore fait arrêter d’autres qui sont soupçonnées
d’avoir des contacts avec certains responsables de la rébellion armée
n’offre donc aucune garantie sérieuse de respect de la liberté d’opinion des
personnes et de leur intégrité physique.
3
- Sur le caractère inclusif du dialogue
Tous
les acteurs connus ou reconnus de la profonde crise politique et militaire qui
sévit en Centrafrique doivent participer de manière équitable au dialogue. C’est
la seule possibilité de trouver une solution négociée, globale et durable à
cette crise. Aucune personne ne doit être exclue sous quelque prétexte que ce
soit pour ne pas créer des frustrations et ressentiments qui seront les terreaux
fertiles d’autres conflits à l’avenir.
4
- Sur l’adoption d’une loi d’amnistie générale avant le
dialogue
Pour
favoriser la tenue du dialogue, un apaisement s’avère nécessaire. Pour ce faire,
le principe de l’adoption d’une loi d’amnistie générale répond à une nécessité
politique nationale. En conséquence, une loi d’amnistie générale doit être
adoptée par l’Assemblée Nationale et promulguée par le président de
5
- Sur les thématiques du dialogue
Les
thématiques du dialogue doivent être circonscrites aux questions de gouvernance
politique et économique ainsi que de défense et de sécurité. Ces deux
thématiques constituent les enjeux fondamentaux de la crise et de
l’indispensable besoin de sa résolution de manière exceptionnelle, transparente
et consensuelle. Par ailleurs, en posant ces thématiques comme base minimale des
discussions du dialogue, cela induit la prise en compte de la problématique de
la légitimité du pouvoir et la nécessité absolue de la définition précise par
les participants au dialogue des conditions opérationnelles de la re-fondation
des Institutions ainsi que celles de la pacification et de la sécurisation de
l’ensemble du territoire national.
La
question du développement socio-économique est primordiale mais les participants
au dialogue ne disposeront pas de tous les outils et compétences nécessaires
pour en débattre efficacement. Aborder cette thématique risque d’ailleurs
d’éluder l’objectif du dialogue qui est purement
politique.
6
- Sur le caractère exécutoire des recommandations du
dialogue
Pour
ne pas refaire les mêmes erreurs du passé, les décisions et résolutions du
dialogue politique inclusif doivent totalement et impérativement être
exécutoires et opposables à toutes les parties prenantes.
Comme
cela a été exprimé dans le texte du Manifeste, les Centrafricains désireux
de voir leur pays sortir du cycle de violences et de la voie suicidaire dans
laquelle les ont engagés ceux qui se sont succédés à la tête de l’Etat veulent
un dialogue politique véritablement inclusif dont le contenu et les modalités
doivent être clairement définis et non pas faire un rafistolage pour préserver
le pouvoir du Général BOZIZE.
C’est
pourquoi,
De
même, il est à craindre une extension et une exacerbation des crises dans les
domaines sécuritaires et humanitaires au niveau de toute la sous région de
l’Afrique centrale, particulièrement dans la zone des trois frontières Tchad,
Soudan et Centrafrique si le dialogue politique inclusif ne débouche pas sur une
solution globale juste et équitable.
Enfin,
Paris,
le 7 juin 2008
Pour
Me
Nganatouwa GOUNGAYE WANFIYO
Président.
Contacts :
Me
Nganatouwa GOUNGAYE WANFIYO (Président)
Sylvain
DEMANGHO (Secrétaire Général)
Christian
Dominique DARLAN (Trésorier)
Téléphone
: 00 (236) 2161 1458 ou 00 (236)
7504 4104 (pour le Centrafrique)
Téléphone:
00 (33) 6 2524 9566 ou 00 (33) 6 8864 4061 ou 00 (33) 6 5066 1177 (pour
l’Europe)
Mail :
manifeste.dialogrca@free.fr