Centrafrique: accord de paix entre le gouvernement et la principale rébellion, l'APRD 


Carte et principales données sur la République Centrafricaine
© AFP/Infographie Laurence Saubadu

LIBREVILLE (AFP) - vendredi 09 mai 2008 - 17h05 - Le gouvernement centrafricain et la principale rébellion encore active en Centrafrique, l'Armée populaire pour la restauration de la démocratie (APRD), ont signé vendredi à Libreville un "accord de cessez-le-feu et de paix".

"Le gouvernement centrafricain (...) et l'APRD viennent de procéder à un accord de cessez-le-feu et de paix (...) en présence du président gabonais Omar Bongo Ondimba", a déclaré le ministre centrafricain de la Communication Cyriaque Gonda lors d'une conférence de presse peu après la signature.

"L'accord entre en vigueur immédiatement", a-t-il ajouté.

Le président de l'APRD, l'ex-ministre de la Défense Jean-Jacques Demafouth, a précisé que le texte prévoyait l'"adoption d'une loi d'amnistie générale" et "l'abandon de toutes les poursuites judiciaires en cours".

Jean-Jacques Demafouth était jusqu'ici inculpé d'assassinat par la justice centrafricaine, et vit en exil en France depuis l'arrivée au pouvoir du président François Bozizé, qui a renversé par la force en mars 2003 son prédécesseur Ange-Félix Patassé.

L'ex-président Patassé, exilé au Togo, a été lui condamné le 29 août 2006 par contumace à 20 ans de travaux forcés pour "faux et usage de faux" par la Cour criminelle de Centrafrique.


Le chef politique de l'APRD et ex-ministre centrafricain de la Défense Jean-Jacques Demafouth, en juin 2001 à Bangui
© AFP/Archives

En outre, Bangui a saisi la Cour pénale internationale (CPI) du cas Patassé, pour des crimes et exactions commis en Centrafrique lors de la répression d'une tentative ratée de coup d'Etat par le général Bozizé en octobre 2002. La CPI a ouvert une enquête en mai 2007 mais n'a encore signifié aucune inculpation.

"Les infractions qui relèvent de la CPI sont imprescriptibles et il n'y a pas d'immunité pour ces crimes", a déclaré vendredi le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour la Centrafrique, François Lonseny Fall, un des médiateurs de l'accord.

Le texte prévoit en outre le "cantonnement" des combattants de l'APRD, présents dans le nord-ouest de la Centrafrique, "dans leurs zones, dans l'attente de leur désarmement, démobilisation ou intégration dans l'armée", dont le calendrier et les modalités restent à définir.

L'APRD était le dernier groupe rebelle encore actif dans le pays.

Deux autres mouvements armés, l'Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR) de Damane Zakaria, présent dans le nord-est, et le Front démocratique du peuple centrafricain (FDPC) d'Abdoulaye Miskine, ont signé des accords similaires avec Bangui en 2007.

Selon le ministre Gonda, chargé du "Dialogue", "un accord global" réunissant ces trois groupes va être négocié et signé dans les prochaines semaines. Il devra établir les modalités précises d'application des différents textes.

Le pouvoir, l'opposition non armée, la société civile et les trois ex-rébellions se retrouveront ensuite pour un "dialogue politique inclusif" dont la date reste à préciser.