Comment les politiciens s’étaient appliqués à tordre le cou à la justice.

 

Le personnage principal d’une bande dessinée disait à peu près ce qui suit à son jeune ami quand les deux attendaient à un arrêt d’autocar scolaire: «Je vais à l’école depuis un an déjà et je viens juste de me rendre compte du numéro de notre salle de classe, de déterminer les places de la fontaine d’eau potable et du taille-crayon, et enfin de réaliser que l’autocar scolaire est de couleur jaune.»  Puis, une fois installés dans l’autocar, celui-ci poursuit et fait la remarque suivante: «Le secret de la vie est d’être observateur.» 

 

Comme Peanut le personnage de cette bande dessinée, le centrafricain dans son quotidien banal avait entendu parler des exploits de, qui les rébellions, qui les forces armées centrafricaines, qui les zaraguinas, qui un politicien revanchard.  Dans des causeries, les centrafricains nous avaient traduit comment trouver à se nourrir et à faire vivre sa famille dans le pays était également un exploit; comment acheter des médicaments pour des soins était un exploit; comment trouver un petit peu de bonheur chaque jour était devenu insurmontable sur tous les plans, sur le plan social, sur le plan économique, sur le plan moral, sur le plan physique, sur le plan émotionnel, et autre.

 

Depuis plusieurs décennies et sous la gouvernance de régimes politiques qui avaient pris appui sur toutes les formes possibles d’allégence, idéologique, régionale ou tribale, le centrafricain avait entendu parler de nombreux assassinats, des viols, des destructions, des menaces, des vols et autres vexations, commandités par les hommes, les femmes ou les jeunes des régimes politiques en place à Bangui ou par ceux que l’on pourrait simplement appelés des crapules.  A cause de l’absence d’intégrité, du manque d’indépendance et de la corruption au sein de tout le système judiciaire dans le pays, la justice n’avait jamais été objectivement appliquée, ni équitablement rendue dans tous les cas pour lesquels cette justice aurait été saisie ou avait été informée. La justice centrafricaine avait été démissionnaire avec la complicité de tout le monde. Et pendant longtemps,nous avions cru qu’au lieu de participer à la désintégration du système judiciaire centrafricain, les envoyés spéciaux et conseillers des institutions internationales et ceux des pays que le peuple centrafricain considérerait comme amis, auraient dû travailler avec passion, ardeur et beaucoup de courage à la reconstruction, au rétablissement et au bon fonctionnement dudit système judiciaire.  A l’évidence, ceux-ci avaient agi ainsi pour des raisons internes à ces institutions et à ces pays, et, chacun avait contribué à lui donner le coup de grâce  Pour finir, tout ceux et celles qui avaient fait un tort quelconque au centrafricain avait été capable de trouver le repos puis de passer aisément à travers les mailles de cette justice centrafricaine qui aurait dû être efficace, juste et équitable pour tous.

 

Comme Peanut, nous avons lu les déclarations des hommes politiques qui avaient décidé d’organiser un dialogue national inclusif, soit pour demander la démission de Bozizé, parce qu’ils considéreraient le régime de celui-ci comme illégitime, soit pour proposer à Bozizé l’option d’une nouvelle transition dans son gouvernement, avant les prochaines élections présidentielles de 2010. Le mois dernier encore, les centrafricains avaient été informés qu’un chef de parti politique dans le pays avait accepté d’être désigné président d’un second parti politique en rébellion armée dans le même pays.  Nous avons en vain cherché un exemple du genre et Google n’avaiy pas trouvé d’égal.  Mais ce président de deux partis pourrait bien un jour prétendre à deux sièges à l’assemblée nationale centrafricaine, s’il se trouve qu’il a été élu sur deux listes distinctes.  Enfin, quoi de surprenant!  Trente ans plus tôt Bokassa n’avait-il pas était maréchal premier, empereur premier et premier de nombreux mouvements associatif ou pas, tout à la fois, dans le pays!  Pourquoi voulez-vous être offusqués à propos de l’esprit de créativité ou encore des combines des politiciens centrafricains? 

 

Puis dans la même foulée, ceux ou celles qui étaient soupconnés d’avoir commis des crimes dans le pays, n’avaient pas attendu d’être convoqués par un juge pour prouver leur innocence. Et vite en bseogne, ils s’en étaient allés. Ils avaient décidé de prendre le devant.  Et tout ceux ou celles qui étaient soupconnés d’avoir causé du tort au centrafricain, à l’économie du pays, à la société centrafricaine ou qui avaient peut-être des choses à se reprocher, avaient réclamé l’amnistie générale des opposants exilés à l’étranger et autre, comme préliminaire à la tenue du dialogue national inclusif.  Eh bien tiens!  Ne l’avions-nous pas prédit?  Mais pourquoi le système judiciaire centrafricain amnistierait-il des personnes innocentes ou coupables mais qui cependant ne s’étaient jamais présentées devant une cour de justice compétente.  Pourquoi le système judiciaire centrafricain amnistierait-il des personnes qui n’avaient jamais été jugées?  Si Bozizé devrait être lui aussi candidat à l’amnistie, pourquoi le Président de la République amnistierait-il sa propre personne?  Enfin, pourquoi le système judiciaire centrafricain se précipiterait-il pour amnistier des personnes qui feraient l’objet d’une enquête judiciaire?  Allez-y, trouvez nous enfin un bon argument pour convaincre les sceptiques comme nous!

 

Ceux sont les exemples de manipulation politicienne et qui correspondaient à la réalité du quotidien des centrafricains.  Et personnes n’avait cru nécessaire de dire non à cette arrogance de la classe politique centrafricaine.  Comment continuer à faire confiance à la ligue centrafricaine des droits de l’homme si celle-ci ne se démarque pas et participerait volontairement à toute cette mascarade?  Comment établir une véritable démocratie et prétendre régler les maux profonds du pays dans cet environnement politique corrosif où la justice serait devenue une pâte à modeler?  Comment constituer les bases solides d’une ère politique nouvelle si le dialogue national et inclusif devrait se faire comme dans une ambiance de Mardi-Gras?

 

Nous demeurerons l’observateur actif et espérons que d’autres leverons le petit doigt pour dénoncer ces nuisances.

 

Jean-Didier Gaïna

Virginie, Etats-Unis d’Amérique (09 mai 2008)