UNION DES FORCES VIVES DE LA NATION

 

Pour le Renouveau Démocratique

 

 

DECLARATION N° 03/08

SUR LA SITUATION POLITICO-MILTAIRE AU TCHAD

 

 

 « Il vaut mieux prévenir que guérir »

 

Les armes parlent à nouveau au TCHAD. Il fallait s’y attendre. En effet, parvenu au pouvoir au bout du fusil, le 1ER Décembre 1990, à la tête d’une rébellion en provenance du Soudan, IDRISS DEBY ITNO s’est juré de rester à demeure à la Présidence de la République.

Pour y parvenir, il a mis la manière.

1° Dans un premier temps, il a exploité très avantageusement la recette classique de la « tolérance complice » de la Communauté internationale prête

 - d’une part  à absoudre tous les auteurs des crimes de la conquête  du pouvoir par un coup de force,

 - d’autre part, à fermer délibérément les yeux sur le caractère imprescriptible de ce crime, dés l’instant où les intérêts commandent tout et décident de tout.

L’essentiel pour ces intérêts  étant que les coupables de cette imposture acceptent très rapidement de se prêter au jeu subtil de la légitimation de leur forfait, par des élections. C’est ce que IDRIS DEBY ITNO a fait. Il a organisé des élections et a été, comme de bien entendu « démocratiquement élu », donc « politiquement fréquentable » et bénéficiaire de la « reconnaissance » et de la « protection internationale ».

2° Dans un deuxième temps, profitant toujours de la « tolérance complice » de la Communauté Internationale, IDRISS DEBY ITNO va se donner les fondements juridiques lui permettant d’assouvir, son rêve de « Président à vie ». La   Constitution qui ne lui accordait que deux mandats de cinq ans successifs va être révisée. Désormais, il pourra rester Président de la République du TCHAD aussi longtemps que les intérêts qui le portent et le soutiennent y trouveront leur compte.

 

Il n’est pas inutile de rappeler qu’à l’arrière plan de cette stratégie de « verrouillage »  du pouvoir se profilait l’exploitation du pétrole de la ville de Doba. L’événement était suffisamment attractif et porteur en lui-même  pour que IDRISS DEBY ITNO cède à la tentation de se donner tous les moyens de s’incruster durablement au fauteuil présidentiel d’où il aura les coudées franches pour s’adonner au jeu de trafic d’influence et profiter au maximum  de la bonne aubaine.

Pourtant IDRISS DEBY ITNO ne pouvait pas ignorer que les Tchadiens sont  coutumiers des coups de forces militaires et ne se sont jamais laissés  impressionner par les puissantes techniques de verrouillage du Pouvoir quand il leur apparaît nécessaire voire vital de donner de la respiration à leur Pays victime d’une situation socio économique et politique injuste qui l’étouffe.

De ce point de vue, IDRISS DEBY ITNO à qui rien du « dessous » des rébellions armées Tchadiennes ne peut échapper devait se douter que sa victoire du 1ER Décembre 1990, telle qu’elle était inspirée, organisée alimentée et dirigée n’apportait aucune solution durable et qu’il pouvait se trouver d’autres Tchadiens tapis dans l’ombre, prêts à jouer, comme lui à l’époque, et dans les mêmes conditions que lui, les redresseurs des torts et probablement avec les mêmes résultats. Car il est vrai que « les mêmes causes placées dans les mêmes conditions produisent les mêmes effets » C’est pourquoi, faute par les deux camps en conflit de réaliser ici et maintenant que la guerre du Tchad est pour l’essentiel, la « guerre des autres » sur le territoire Tchadien avec des combattants Tchadiens, la paix au Tchad n’est pas pour demain.

C’est pourquoi par ailleurs, aussi longtemps que le Président DEBY n’aura pas compris les choses de cette manière, il continuera à exposer durablement le Tchad aux manipulations avec au bout les carnages, les destructions des villes et des plantations, ramenant ce Pays à des années en arrière.

 

En tout cas, l’UFVN déplore cette situation macabre pourtant prévisible qui prévaut au Tchad.

Elle s’inquiète des dérapages observés en direction des responsables de l’opposition démocratique arrêtés et conduits dans des directions inconnues. Pourtant, il est clairement établi que depuis toujours, l’opposition démocratique a prôné le Dialogue Politique Inclusif pour sortir durablement le Tchad du bourbier militaro politique vieux de 45 ans, bien que ponctué aujourd’hui par des accents nouveaux.

L’UFVN craint l’amalgame que le pouvoir DEBY donne l’impression de faire entre la lutte politique que mène l’opposition démocratique et la lutte armée de la rébellion. Ce risque d’amalgame est un danger pour cette opposition démocratique qui est constitutionnellement une pièce maîtresse du progrès économique et social du Pays dont la transformation qualitative passe par la contradiction des idées.

L’UFVN exige par conséquent la libération pure et simple des opposants politiques Tchadiens et réitère son attachement à la Démocratie et à la prise du pouvoir par les voies des urnes. Elle condamne fermement et sans réserves les manipulations de la Constitution qui bloquent toute possibilité de l’alternance réellement démocratique et fournissent d’excellents prétextes au recours aux armes, comme une autre voie d’accès au pouvoir, susceptible de « légitimation » par des élections convenues qui font hélas désormais école.

L’UFVN interpelle les Nations Unis, l’Union Africaine et l’Union Européenne sur la gestion opaque et « tropicalisée » des conflits armés en  Afrique, notamment dans l’Afrique Sud Saharienne.

Elle invite tous les Démocrates d’Afrique en général et de Centrafrique en particulier à aider par tous les moyens de droit, le Peuple Tchadien à ne pas se tromper d’adversaire et à s’unir pour aller à la paix par la voie de la paix, celle du Dialogue Politique Inclusif.

 

Fait à Bangui le 07 Février 2008

Pour l’Union des Forces Vives de la Nation

Le Coordonnateur : Maître Henri POUZERE