Affaire AREVA: le
gouvernement centrafricain désavoue le lieutenant colonel Sylvain Ndoutingaï,
ministre d’Etat aux Mines, à l'Energie et à l'Hydraulique
COMMUNIQUE
DE PRESSE GOUVERNEMENTAL
Le Gouvernement
centrafricain, dans la journée du 12 février
Le Gouvernement
centrafricain, responsable dans son entièreté de cette question d’envergure
nationale, se départit totalement du contenu de ces propos qui n’ont rien à voir
avec la démarche de conciliation et de compréhension qui existent entre ces
sociétés et l’Etat centrafricain.
Le Gouvernement
centrafricain précise donc à l’opinion nationale et internationale que ces
déclarations n’engagent que son auteur, le Ministre d’Etat aux Mines, à
l’Energie et à l’Hydraulique qui n’a reçu aucun mandat pour cette
déclaration.
Le Gouvernement
centrafricain, sous la très haute impulsion et les directives du Président de
Fait à Bangui, le 14
février 2008
Pour le
Gouvernement,
Le Ministre de
Du Civisme, du
Dialogue et de la
Réconciliation
nationale
Cyriaque
Gonda
L’INTERVIEW ACCORDEE A
Sylvain Ndoutingaï
(SN) : L’état des relations
qui évoluait très bien, malheureusement a tendance à se dégrader par les
conflits d’intérêt des compagnies françaises qui soulèvent des préoccupations
commerciales. Je peux vous donner un exemple de l’entreprise TOTAL qui voulait
avoir le monopole du sous secteur pétrolier alors que le gouvernement voulait
jouer la concurrence, la libre entreprise dans le sous secteur. Total a utilisé
l’Etat français pour essayer de garder le monopole dans le secteur des
hydrocarbures. Ce que le gouvernement n’en a pas besoin parce que le pays a
beaucoup perdu par le monopole des activités commerciales par une société
française.
Michel Prooss
(MP) : Qu’est-ce que vous reprochez exactement aux autorités
françaises ?
SN :
Des
reproches, non ! Nous demandons à l’Etat français de sortir des situations
datant de 1960 qui donnent l’impression d’une colonisation du secteur économique
et de donner beaucoup plus de possibilités à d’autres investisseurs de venir
dans le pays afin que les activités économiques puissent permettre à l’Etat et
au peuple de tirer profit de celles-ci.
Parce
qu’aujourd’hui, l’Etat français n’est plus dans la politique d’aides ou de dons
à nos gouvernants. Donc, il faudrait que nos ressources puissent générer des
richesses pour le pays. Mais on ne peut pas en même temps se désengager et en
même temps monopoliser le secteur économique qui est créateur de
richesses.
MP : Vous
pensez que le régime du président Sarkozy a toujours des attitudes
postcoloniales vis-à-vis de l’Afrique ?
S N : Nous craignons que
cela se glisse comme un régime postcolonial. Parce que le comportement de Total
et Areva a connu des désinformations, des intoxications vis-à-vis des
gouvernants centrafricains. Nous étions à Paris, il a fallu que nous nous
expliquions au plus haut niveau. Le comportement des représentants de
l’Ambassade de France, des institutions comme l’AFD, l’Union Européenne... Le
comportement de
MP : vous
pensez aux déclarations du Président Sarkozy qui disait encore tout récemment au
lendemain du conflit autour de N’Djamena que
SN :
Cela peut être fini
politiquement mais moi qui gère un secteur économique, je pense que la chance
n’est pas encore donnée aux Africains de se développer comme il se doit, en
toute liberté.
MP : Alors M.
le ministre, venons-en précisément au sujet qui nous intéresse, particulièrement
celui des Mines, de l’uranium dans lequel une société Uramin, qui est maintenant
rachetée par la société française Areva, a des intérêts notamment dans le site
de Bakouma. Alors, quel est l’état des relations précisément avec Areva? Pour le
gouvernement centrafricain, est-ce que vous êtes satisfaits, est-ce que les
choses sont réglées ou pas ?
SN : Je voudrais
d’abord avant de répondre précisément à votre question faire un petit rappel que
Areva, anciennement COGEMA, avait déjà exercé des activités sur le site de
Bakouma dans les années 1960-1970.
Et donc, l’uranium
de Bakouma était extrait par la compagnie COGEMA qui avait fait à l’époque la
fusion avec ALUSUISSE et l’Etat centrafricain. Mais cette extraction des
minerais d’uranium a laissé plus de conséquences que de profit pour
MP : Vous
voulez dire que les français ne se sont pas occupés des problèmes
écologiques ?
SN : Non et
non.
MP : Ils s’en
sont lavé les mains?
SN : Ils se
sont lavés les mains. Ils ont quitté le site dans des conditions beaucoup plus
graves. Je vous dis que lorsque les questions étaient posées à l’époque, il y a
toujours eu des coups d’Etat et cette question n’a pas été réglée, et ce
problème est resté jusqu’aujourd’ hui non réglé. C’est ce qui a d’ailleurs
justifié la préoccupation du gouvernement actuel à entrer rapidement en
partenariat avec la compagnie, pour résoudre le problème écologique, le problème
de l’environnement. Malheureusement, cette transaction amiable entre Uramin et
Areva ramène encore une situation qu’on a presque oubliée il y a 30 ou 40
ans.
MP : Quelle est
la situation actuelle? Est-ce que le site de Bakouma est actuellement exploité
et par qui ?
SN : La situation
actuelle, c’est qu’on ne vit pas une exploitation. Mais les activités d’Uramin
reprises à
MP : Vous
discutez sur les clauses ou quoi ?
SN : Nous
discutons pour le moment des conditions de détention de titre minier soit par
Uramin ou par Areva. Je vous rappelle qu’Areva est passé par-dessus le
gouvernement centrafricain sans l’informer, sans l’associer à la
discussion.
MP : Les
discussions avec Areva se poursuivent ?
SN : Elles se
poursuivent et nous espérons qu’Areva va avoir une bonne intention de penser une
fois que les ressources uranifères de
Dans un communiqué
de presse publié jeudi soir à Bangui, le ministre de
Le communiqué
affirme par ailleurs que le gouvernement « rassure la communauté nationale et
internationale, les pays amis ainsi que les sociétés concernées du ferme
engagement de
Dans une interview
accordée à la radio britannique BBC, lors d'un passage à Londres, le lieutenant
colonel Ndoutingaï a demandé à l'Etat français « de sortir des situations datant
de 1960 qui donnent l'impression d'une colonisation du secteur économique et de
donner beaucoup plus de possibilité à d'autres investisseurs de venir dans le
pays afin que les activités économiques puissent permettre à l'Etat et au peuple
de tirer profit de celles-ci ».
« On ne peut pas en
même temps se désengager et en même temps monopoliser le secteur économique qui
est créateur de richesses », a encore affirmé le ministre, qui reproche aux
sociétés Areva et Uramin de n'avoir pas informé le gouvernement de l'achat par
Areva de la société sud africaine Uramin Centrafrique qui devait exploiter
l'uranium centrafricain.
Actualité
Centrafrique de sangonet