Affaire AREVA: le gouvernement centrafricain désavoue le lieutenant colonel Sylvain Ndoutingaï, ministre d’Etat aux Mines, à l'Energie et à l'Hydraulique

 


 

COMMUNIQUE DE PRESSE GOUVERNEMENTAL

 

Le Gouvernement centrafricain, dans la journée du 12 février 2008, a entendu sur la voix des ondes de la BBC , une déclaration reprise par une radio locale privée et des journaux de la place, sur les questions importantes relatives aux divers contentieux  RCA/AREVA, RCA/TOTAL et RCA/URAMINE.


Le Gouvernement centrafricain, responsable dans son entièreté de cette question d’envergure nationale, se départit totalement du contenu de ces propos qui n’ont rien à voir avec la démarche de conciliation et de compréhension qui existent entre ces sociétés et l’Etat centrafricain.

Le Gouvernement centrafricain précise donc à l’opinion nationale et internationale que ces déclarations n’engagent que son auteur, le Ministre d’Etat aux Mines, à l’Energie et à l’Hydraulique qui n’a reçu aucun mandat pour cette déclaration.


Le Gouvernement centrafricain, sous la très haute impulsion et les directives du Président de la République , Chef de l’Etat, rassure la communauté nationale et internationale, les pays amis ainsi que les sociétés concernées du ferme engagement de la RCA à voir toutes ces questions être réglées à l’amiable, dans l’intérêt de toutes les parties.

 

Fait à Bangui, le 14 février 2008

Pour le Gouvernement,

Le Ministre de la Communication ,

Du Civisme, du Dialogue et de la

Réconciliation nationale

 

  Cyriaque Gonda

 

 

L’INTERVIEW ACCORDEE A LA RADIO BBC, LONDRES

Sylvain Ndoutingaï (SN) : L’état des relations qui évoluait très bien, malheureusement a tendance à se dégrader par les conflits d’intérêt des compagnies françaises qui soulèvent des préoccupations commerciales. Je peux vous donner un exemple de l’entreprise TOTAL qui voulait avoir le monopole du sous secteur pétrolier alors que le gouvernement voulait jouer la concurrence, la libre entreprise dans le sous secteur. Total a utilisé l’Etat français pour essayer de garder le monopole dans le secteur des hydrocarbures. Ce que le gouvernement n’en a pas besoin parce que le pays a beaucoup perdu par le monopole des activités commerciales par une société française.

Michel Prooss (MP) : Qu’est-ce que vous reprochez exactement aux autorités françaises ?

SN : Des reproches, non ! Nous demandons à l’Etat français de sortir des situations datant de 1960 qui donnent l’impression d’une colonisation du secteur économique et de donner beaucoup plus de possibilités à d’autres investisseurs de venir dans le pays afin que les activités économiques puissent permettre à l’Etat et au peuple de tirer profit de celles-ci.

Parce qu’aujourd’hui, l’Etat français n’est plus dans la politique d’aides ou de dons à nos gouvernants. Donc, il faudrait que nos ressources puissent générer des richesses pour le pays. Mais on ne peut pas en même temps se désengager et en même temps monopoliser le secteur économique qui est créateur de richesses.

MP : Vous pensez que le régime du président Sarkozy a toujours des attitudes postcoloniales vis-à-vis de l’Afrique ?

S N : Nous craignons que cela se glisse comme un régime postcolonial. Parce que le comportement de Total et Areva a connu des désinformations, des intoxications vis-à-vis des gouvernants centrafricains. Nous étions à Paris, il a fallu que nous nous expliquions au plus haut niveau. Le comportement des représentants de l’Ambassade de France, des institutions comme l’AFD, l’Union Européenne... Le comportement de la France garde encore le réflexe postcolonial malheureusement. Et nous espérons que le Président Sarkozy, avec son régime, va essayer de dépasser ce cap pour permettre aux Etats africains de se prendre en charge.

MP : vous pensez aux déclarations du Président Sarkozy qui disait encore tout récemment au lendemain du conflit autour de N’Djamena que la Françafrique, c’est fini. La Françafrique, ce n’est peut-être pas fini selon vous?

SN : Cela peut être fini politiquement mais moi qui gère un secteur économique, je pense que la chance n’est pas encore donnée aux Africains de se développer comme il se doit, en toute liberté.

MP : Alors M. le ministre, venons-en précisément au sujet qui nous intéresse, particulièrement celui des Mines, de l’uranium dans lequel une société Uramin, qui est maintenant rachetée par la société française Areva, a des intérêts notamment dans le site de Bakouma. Alors, quel est l’état des relations précisément avec Areva? Pour le gouvernement centrafricain, est-ce que vous êtes satisfaits, est-ce que les choses sont réglées ou pas ?

SN : Je voudrais d’abord avant de répondre précisément à votre question faire un petit rappel que Areva, anciennement COGEMA, avait déjà exercé des activités sur le site de Bakouma dans les années 1960-1970.

Et donc, l’uranium de Bakouma était extrait par la compagnie COGEMA qui avait fait à l’époque la fusion avec ALUSUISSE et l’Etat centrafricain. Mais cette extraction des minerais d’uranium a laissé plus de conséquences que de profit pour la République Centrafricaine. Je pense par là aux effets de radiations abandonnés par la compagnie COGEMA à l’époque, et AREVA aujourd’hui qui menacent l’environnement et la santé de la population.

MP : Vous voulez dire que les français ne se sont pas occupés des problèmes écologiques ?

SN : Non et non.

MP : Ils s’en sont lavé les mains?

SN : Ils se sont lavés les mains. Ils ont quitté le site dans des conditions beaucoup plus graves. Je vous dis que lorsque les questions étaient posées à l’époque, il y a toujours eu des coups d’Etat et cette question n’a pas été réglée, et ce problème est resté jusqu’aujourd’ hui non réglé. C’est ce qui a d’ailleurs justifié la préoccupation du gouvernement actuel à entrer rapidement en partenariat avec la compagnie, pour résoudre le problème écologique, le problème de l’environnement. Malheureusement, cette transaction amiable entre Uramin et Areva ramène encore une situation qu’on a presque oubliée il y a 30 ou 40 ans.

MP : Quelle est la situation actuelle? Est-ce que le site de Bakouma est actuellement exploité et par qui ?

SN : La situation actuelle, c’est qu’on ne vit pas une exploitation. Mais les activités d’Uramin reprises à la Bourse par Areva continuent toujours de faire son exploration, sa recherche. Et le gouvernement centrafricain a décidé de constituer des avocats et je suis à Londres même parce que le bureau de l’avocat qui défend les intérêts centrafricains est ici. Ce bureau qui doit discuter avec Areva pour un règlement à l’amiable, si on peut trouver de consensus pour que les droits des Centrafricains soient établis.

MP : Vous discutez sur les clauses ou quoi ?

SN : Nous discutons pour le moment des conditions de détention de titre minier soit par Uramin ou par Areva. Je vous rappelle qu’Areva est passé par-dessus le gouvernement centrafricain sans l’informer, sans l’associer à la discussion.

MP : Les discussions avec Areva se poursuivent ?

SN : Elles se poursuivent et nous espérons qu’Areva va avoir une bonne intention de penser une fois que les ressources uranifères de la République Centrafricaine puissent profiter à son Etat et au peuple centrafricain.

 

 

Sylvain Ndoutingaï désavoué par le gouvernement centrafricain

Bangui, 14 février 2008. (ACAP) - Le gouvernement centrafricain désavoue le ministre d'Etat aux Mines, à l'Energie et à l'Hydraulique, le lieutenant colonel Sylvain Ndoutingaï, qui a récemment déclaré dans une interview que « le comportement de la France garde encore le réflexe postcolonial ».

Dans un communiqué de presse publié jeudi soir à Bangui, le ministre de la Communication, M. Cyriaque Gonda, affirme que ces déclarations du lieutenant colonel Ndoutingaï, au sujet des contentieux mettant aux prises la République Centrafricaine et les sociétés Areva, Total et Uramin, « n'ont rien à voir avec la démarche de conciliation et de compréhension qui existe entre ces sociétés et l'Etat centrafricain ».

Le communiqué affirme par ailleurs que le gouvernement « rassure la communauté nationale et internationale, les pays amis ainsi que les sociétés concernées du ferme engagement de la RCA à voir toutes ces questions être réglées à l'amiable, dans l'intérêt de toutes les parties.

Dans une interview accordée à la radio britannique BBC, lors d'un passage à Londres, le lieutenant colonel Ndoutingaï a demandé à l'Etat français « de sortir des situations datant de 1960 qui donnent l'impression d'une colonisation du secteur économique et de donner beaucoup plus de possibilité à d'autres investisseurs de venir dans le pays afin que les activités économiques puissent permettre à l'Etat et au peuple de tirer profit de celles-ci ».

« On ne peut pas en même temps se désengager et en même temps monopoliser le secteur économique qui est créateur de richesses », a encore affirmé le ministre, qui reproche aux sociétés Areva et Uramin de n'avoir pas informé le gouvernement de l'achat par Areva de la société sud africaine Uramin Centrafrique qui devait exploiter l'uranium centrafricain.

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