Réparer les dégâts de la violence
sexuelle en République Centrafricaine
BOSSANGOA, 10 avril 2008, IRIN
(PLUSNEWS) - Bien
que le moral soit en berne et le budget serré, le groupe Monam qui rassemble des
victimes de viols, basé dans la ville de Bossangoa, dans le nord de
« Nous devons nous débrouiller par nous-mêmes. Nous
recevons peu d'aide de l'extérieur. Un grand nombre de nos membres sont morts »,
a déploré Pélagie Ndokoyanga, présidente du groupe.
Le groupe Monam, qui
signifie « bien commun » en langue sango, a été fondé en 2006 afin de rassembler
les femmes qui ont été victimes de violence sexuelle en 2001 et 2002, lors des
troubles qui ont déclenché le plus récent des nombreux coups d'état fomentés en
RCA et ayant porté au pouvoir François Bozizé, en mars 2003.
Outre son
rôle de forum pour la solidarité, la création d'activités génératrices de
revenus et le bien-être des femmes victimes de violence sexuelle, le groupe
Monam vise également à combattre de tels abus, à identifier les auteurs de ces
crimes et à lutter contre la stigmatisation des femmes en général, et des
victimes de viols en particulier.
Selon Pélagie Ndokoyanga, de
nombreuses femmes du groupe ont été abandonnées par leur époux, après avoir été
violées.
Lorsqu'un centre de dépistage du VIH et de conseil a ouvert ses
portes à Bossangoa, en 2005, la plupart des premières patientes infectées au VIH
étaient des victimes de viols.
Parmi ces malades figure Mme Ndokoyanga,
qui travaille également auprès de l'Association des personnes vivant avec le
VIH, basée à Bossangoa.
« C'est normal d'annoncer sa séropositivité à
ses proches, ce n'est pas un péché », a-t-elle dit, lorsque plusieurs dizaines
de membres de l'association ont rencontré l'équipe d'IRIN/PlusNews. « Mais ce
sont les premiers à propager la nouvelle. »
« Personne ne travaille ici.
J'ai tous mes diplômes, mais je n'ai pas d'emploi, car les gens savent que je
suis séropositive », a-t-elle poursuivi.
Les deux associations
souhaiteraient développer leurs activités génératrices de revenus, comme des
échanges commerciaux, mais compte tenu du manque de fonds nécessaires, elles ont
des difficultés à concrétiser de tels projets.
Le Programme commun des
Nations Unies sur le sida, ONUSIDA, estime à 10 pour cent le taux de prévalence
du VIH en RCA, et seuls trois pour cent des adultes séropositifs suivent un
traitement antirétroviral, qui prolonge l'espérance de vie.
Ainsi, le
besoin de développer les programmes de sensibilisation, de dépistage et de
traitement est évident et urgent. Toutefois, le conflit armé et l'insécurité
rendent la tâche difficile dans beaucoup de régions du pays.
De nombreux
viols, peu de données
Il n'existe pas de statistiques justes et
détaillées quant au nombre de femmes ayant été victimes de violence sexuelle.
Cela est en partie lié à la stigmatisation qui entoure de tels crimes, mais
également au fait que le gouvernement n'a pratiquement aucun pouvoir en dehors
de la capitale.
En outre, les acteurs humanitaires internationaux ne
sont arrivés que récemment en grand nombre dans le pays.
Fin février
2007, le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires
(OCHA) a indiqué que « plus de 15 pour cent des femmes et des jeunes filles
[étaient] victimes de violence sexuelle », dans le nord de
La
En mai 2007,
En
« [Suite à la tentative de coup d'état à la fin 2002],
des individus armés se sont adonnés à des viols et à des actes de violence
sexuelle massifs. La violence sexuelle est l'une des principales
caractéristiques du conflit », a souligné
D'après
« Il existait souvent des aspects aggravants aux actes
cruels, comme des viols perpétrés par plusieurs auteurs, en présence de tierces
personnes, et auxquels des membres de la famille étaient parfois contraints de
participer », a précisé
Des programmes longs à mettre en oeuvre
Jusqu'à
présent, les personnes victimes de violence sexuelle ont reçu peu d'aide. Les
membres de l'Organisation pour la compassion et le développement des familles en
détresse (OCODEFAD), une ONG locale, ont témoigné des attaques sexuelles qui
avaient été commises à leur encontre, au bureau du procureur de
L'OCODEFAD a été fondée par Bernadette Sayo, une enseignante du
secondaire, dont le mari a été tué devant ses yeux, en 2002, par des rebelles de
Après avoir assisté au meurtre de son mari, elle a été violée
par les mêmes hommes armés.
L'OCODEFAD a enregistré le nom de centaines
de femmes et de douzaines d'hommes, ainsi que de jeunes enfants et de personnes
âgées, qui ont été victimes de violence sexuelle lors de la période de troubles.
C'est en grande partie grâce à la pression de cette organisation et de
groupes internationaux de défense des droits humains, que le gouvernement
centrafricain a demandé à
Pour ce qui est de l'aide
extérieure, l'ONG américaine International rescue committee (IRC) a élaboré, en
mai 2007, un programme de lutte contre la violence sexuelle à Kaga-Bandoro, une
ville du nord du pays, où elle offre gratuitement des soins médicaux et des
conseils psychosociaux aux personnes qu'elle reçoit.
En outre, elle
sensibilise les communautés voisines à la violence sexuelle et anime des
discussions auprès de divers groupes militaires. La langue et la stigmatisation
furent un obstacle au début.
« Il nous a fallu un mois avant de trouver
une définition au mot viol. Ce mot n'existe pas en langue sango », a expliqué
Catherine Poulton, coordonnatrice des programmes sur la violence sexuelle de
l'IRC, en RCA.
Depuis son lancement, le programme de l'IRC, qui couvre
les foyers implantés dans un périmètre de
Sept autres programmes du même type sont prévus pour 2008,
auxquels devraient participer des organismes tels que l'Organisation mondiale de
la santé (OMS), le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), le Fonds des
Nations Unies pour la population (UNFPA) et le Comité d'aide médicale.
Dans le cas de
Selon certains
spécialistes, on devrait partir du principe que le problème est de taille. Par
exemple, dans le cadre de l'expérience de l'IRC, c'est le programme qui a permis
d'obtenir des données, et non le contraire
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