La thèse d’une rébellion armée en Centrafrique.  Jugez-en vous-même!

 

En décembre dernier, Christophe Gazam-Betty, coordonnateur national des Forces Républicaines Nouvelles avait présenté dans la section politique du site Centrafrique-Presse, la brillante thèse de leur rébellion armée.  Et nous ferions volontairement l’hypothèse que celui-ci en avait également assuré une grande diffusion en Centrafrique, puis en France et au Tchad, bases arrières de cette rébellion, afin que les centrafricains en soient largement informés et que toute la communauté internationale puisse former une opinion et tirer ses conclusions au sujet de cette rébellion armée en Centrafrique. 

 

Nous avons en vain fait le guet pour lire une réaction quelconque d’un lecteur à ce sujet, parce que nous avions estimé que les propos qui avaient été rapportés par Christophe Gazam-Betty dans sa note de synthèse, étaient à la fois graves et alarmants pour la Centrafrique, surtout à une époque ou les usages d’actions barbares devraient être révolus.  Mais, certaines vieilles habitudes humaines auraient la peau dure.  Puis, comme d’habitude, nous avons relevé aucune réaction de la part du gouvernement de Bozizé à Bangui, ni lu aucun communiqué de presse de l’Ambassade de la République Centrafricaine en France où cette note de synthèse des Forces Républicaines Nouvelles avait été rédigée puis signée par son auteur.  De la même manière, les porte-paroles des partis politiques centrafricains et autres rassemblements du genre, familiers des périodes des campagnes électorales en Centrafrique ou à l’étranger, étaient restés muets. Et nous ferions remarquer avec plaisir à ceux-ci qu’un mutisme de convenance ne saurait, en aucun cas, être considéré comme ce facteur important ou cet ingrédient, nécessaire à l’avancement et au progrès de la démocratie en Centrafrique.

 

Les politiciens, les médias, et le public centrafricains avaient réclamé à cor et à cri la liberté de penser, la liberté de presse, entre autres libertés. Mais quels usages auraient-ils dû en faire dans une situation comme celle qu’offre l’affront fait par Gazam-Betty à la démocratie centrafricaine?  Est-ce que les centrafricains devraient uniquement attendre les occasions des campagnes électorales pour émettre des balbutiements d’idées incongrues ou des incohérences nébuleuses et démagogiques, afin de tromper les électeurs centrafricains?  Est-ce que la liberté de presse ne devrait s’excercer que pour critiquer les actions du gouvernement?   Est-ce que cette liberté de presse ne devrait pas également servir à échanger, à approuver, à décrier, à encourager, puis à modérer ou moduler l’opinion nationale en faveur de projets de société positifs? 

 

Mais, n’avez-vous jamais observé que les propos de Djadder, de Sabone, de Miskine, de Gazambéti ou d’autres qui avaient soutenu des rébellions armées en Centrafrique auraient mérité, ne fusse qu’une petite réaction de désapprobation de la part de chaque citoyen centrafricain qui aurait voulu vivre en paix?  Enfin, puisque tous les politiciens, militaires, syndicalistes et autres activistes s’étaient retranchés dans le mutisme, nous proposerons donc nos réactions ici, en espérant qu’elles engageraient des débats suffisamment intenses pour révéler au grand jour les grandes tentatives de déstabilisation de l’état centrafricain, de destruction de toute la structure sociale et culturelle des centrafricains ou plus simplement la trahison des espoirs de développement harmonieux, offerts par les acteurs de l’indépendance de l’Oubangui-Chari.  Cependant, nous resterons convaincus que tous les enfants de la Centrafrique sentiraient l’obligation de participer à tous les débats politiques, afin de soliciter le progrès pour toute la communauté nationale, puis pour réaliser celui-ci dans un délai raisonnable, même s’ils ne sont pas dans le gouvernement de Bozizé. Ces débats devraient se faire dans les foyers, dans la rue, sur l’Internet ou dans la presse écrite nationale et internationale, à la radio, et surtout dans l’arrière pays pour éclairer et préserver la gestion des grandes affaires du pays des centrafricains devenus des malfaiteurs ou des bandits déguises en politiciens.

 

Mais, revenons à cette note de synthèse rédigée par les soins de Gazam-Betty.  Et nous aurions encore là une autre preuve pour discréditer les rébellions armées en territoire centrafricain.  Est-ce que Gazam-Betty et les autres rébelles qui se disent centrafricains ne voudraient pas simplement procéder comme tout ceux qu’ils avaient admirés comme héros de rébellion dans des pays comme le Tchad, le Soudan, l’Ouganda ou le Congo Démocratique?   Chacun avait voulu jouer un rôle identique à celui d’un Jonas Savimbi ou d’un Jean-Pierre Bemba, par exemple.  Nous adressant à tout ce monde, nous demanderons si chacun avait été satisfait des images montrant des cadavres, des blessés, des éclopés, des femmes éplorées ou des enfants malnutris, et, qui avaient résultés des rébellions armées ou des guerres civiles dans des pays comme l’Angola, la Sierra Leone, le Libéria, le Rwanda, l’Ouganda, les deux Congos, le Soudan et le Tchad?  Quelles avaient été leurs réactions en face de ces images?   Tout le monde, sauf les bourreaux, en avait eu honte.  Hier également, les mutins de l’armée centrafricaine, les généraux Kolingba et Bozizé, puis d’autres portant les noms de Djadder, Sabone, Gazambéti, Damane et Miskine avaient servi au peuple centrafricain le même menu, en tuant, en violant et en faisant fuir dans les matiti, ceux et celles qu’ils avaient considérés comme leurs frères, leurs soeurs ou leurs enfants.  De la même manière, ces rébelles avaient donné à Bozizé des prétextes de réprésailles sanglantes et injustifiées.  Tout cela constituerait simplement un cercle vicieux.  Et si ces actes étaient réellement des crimes contre des citoyens qui voudraient vivre en paix chez eux, peut-être qu’un jour viendra où les agresseurs répondront, chacun en ce qui le concerne, de leurs actes devant le peuple centrafricain et devant une véritable cour de justice avec des juges et des jurés plus sévères que tous ceux qui n’avaient pas servi la justice et le peuple centrafricain.  Aujourd’hui encore, Christpohe Gazam-Betty, son parti et sa rébellion armée voudraient clairement dire à tout entendeur que tuer en Centrafrique serait un acte juste, parce qu’ils n’avaient pas accepté de voir Bozizé au pouvoir.  Mais dites-nous donc quand, où, et quelle frange majoritaire du peuple centrafricain avait désigné Les Forces Républicaines Nouvelles comme les exécuteurs d’une sentence politique ou judiciaire ou encore ceux d’un contrat crapuleux en Centrafrique?  Toutes ces rébellions armées ne représenteraient-elles pas une abominable farce, un viol, un prétexte fallacieux pour usurper à tout le peuple centrafricain son droit à la paix et son droit à la prospérité?  Mais n’est-ce pas à cause de toutes ces privations et de ces brimades que de nombreux centrafricains avaient recherché la matérialisation de leurs espérances en prenant les chemins de l’exil vers l’Europe, l’Amérique ou ailleurs?  Quel gaspillage de ressources humaines!

 

Gazam-Betty a écrit : « Note de synthèse pour préciser... ce qu’il conviendrait de faire pour réformer de manière positive le pays ».  Voilà un homme bien ambitieux!  Vous remarquerez qu’aucun homme politique centrafricain avant Gazam-Betty avait promis de réformer la République Centrafricaine.  En quoi faisant?  Nous serions bien curieux de le savoir.  En restant à Paris, celui-ci ne penserait pas mieux que ses hommes sur le terrain qui parleraient de réformer le pays comme s’ils parlaient de réformer un véhicule désaffecté.  Nous avons entièrement lu la note de synthèse et n’y avons trouvé aucune indice qui révélerait les détails d’un plan quelconque de projet politique ou de projet de développement  du pays, et qui aurait du mérite.  Est-ce que celui-ci et ses Forces Républicaines Nouvelles avaient pensé qu’ils devraient s’approprier le territiore centrafricain et avoir à leur disposition les habitants du pays, afin d’expérimenter certaines idées utopiques ou encore les réformes qu’ils se réservaient de divulguer?  Le peuple centrafricain devra oublier la démocratie lorsque Gazam-Betty et ses hommes réussiront à renverser le régime de Bozizé ou le prochain régime à Bangui.

 

Gazam-Betty a écrit : » Les Forces Républiques Nouvelles ont une projet politique alternatif crédible qui s’appuie sur le lutte armée. »  Est-ce que Gazam-Betty et son parti avaient vu les images des dégats causés par les politiciens à l’endroit de leurs frères en Côte d’Ivoire ou en Algérie pour donner d’autres exemples?  Nous voudrions restés persuadés que Gazam-Betty saura prendre, le moment venu, toutes les responsabilités de ses propos et des actes de ses hommes sur le terrain, en ce qui concerne les meurtres et les dégats que Forces Républicaines Nouvelles auraient commis en territoire centrafricain.  Ici encore Gazam-Betty ne nous dit pas exactement sa nouvelle trouvaille de ce qu’il appellerait « alternatif crédible ».  Mais en cachant toutes ses bonnes idées comment pourraient-elles servir au progrès de la Centrafrique?

 

Gazam-Betty a écrit : « C’est ainsi que ce dialogue... a été réduite à une scène de retrouvaille des co-auteurs et partenaires de la rébellion et du coup d’Etat du 15 mars 2003. Ces derniers...ont fait état d’un catalogue de vœux pieux et lapidaires en guise de résolutions et recommandations à mettre en œuvre selon le bon vouloir du régime en place... Ce n'était pas un dialogue, mais plutôt la légalisation dangereuse d'une violence politique jamais connue dans le pays. »  Nous nous étions demandés pourquoi Gazam-Betty avait attendu si longtemps pour exprimer cette opinion?  Quels seraient donc les points de vue des participants et des membres de la commission nationale du suivi des recommandations du dialogue national en face de cette allégation, surtout si Gazam-Betty considère que le précédent dialogue national n’avait pas été inclusif ou n’avait pas été représentatif?

 

Gazam-Betty a écrit :  « Les Forces Républicaines Nouvelles sont déterminées à débarrasser définitivement la Société Centrafricaine de la culture politique de crises et de conflits ;Les Forces Républicaines Nouvelles réaffirment leur attachement aux valeurs républicaines, Elles fondent leurs actions sur des valeurs démocratiques ».  Avez-vous observé que Gazam-Betty serait en contradiction avec lui-même?  Mais comment n’avait-il pas réalisé que ses Forces Républicaines Nouvelles avaient été en réalité celles qui participaient allégrément aux crises et aux conflits centrafricains?  Comment avait-il pu dans son esprit concilier les valeurs démocratiques avec son engagement dans une rébellion armée?  Est-ce qu’il avait décidé de volontairement garder cette cogitation personelle pour lui tout seul?  Et nous lui demanderons de quelles valeurs démo(n)cratiques se réclamerait-il en fin de compte?   Que deviendra l’etat de cette démocratie centrafricaine, si les citoyens acceptaient de règler les grandes affaires du pays uniquement  à coup de rébellion armée?   Mais que voulez-vous, Bozizé n’avait-il donné le mauvais exemple, et qui avait aiguisé l’appétit d’autres loups ?

 

Enfin, nous refusons de continuer cet exercice et voudrions laisser aux centrafricains le soin de bien analyser ces chants de sirènes qui présumeraient rien de bon, et, de refuser toutes ces idéologies grotesques qui ne feraient que prolonger leur souffrance et qui auraient pour effet de retarder la réalisation de leur rêve d’émancipation.

 

Jean-Didier Gaïna

Virginie, Etas-Unis d’Amérique (04 janvier 2008)