La démocratie de la
« résistance », facteur préalable de la transformation radicale de
l’Afrique et de
Cayenne, le 30
novembre 2008.
D’Amérique latine où
je suis, l’inspiration est intacte pour la bataille politique, le respect et la
réalisation des droits de l’homme dans mon pays. En cette circonstance de la
50éme proclamation de
Il faut que
notre société change, pour cela, il faudrait que nous nous mettions en orbite,
avec une classe politique renouvelée, dans sa composition et dans ses méthodes.
La synthèse dynamique entre les partisans du combat militaire et de
l’alternance démocratique doit être effectuée préalablement aux élections de
Il y a une
légitimité nouvelle qui consiste à investir dans un sens de la démocratie
« de la résistance », sans laquelle notre nation ne survivra
pas ! C’est le projet d’une réalité différente de ce nous impose les
acteurs de « l’impuissance politique » depuis 48 ans d’indépendance
formelle.
D’abord, la
situation économique et financière dans le monde continue à nous reléguer encore
au fin fonds du mouvement de l’humanité. Même le socialiste français Dominique
STRAUSS KHAN, passé au FMI, s’étonnait récemment de ce que l’Union Africaine en
notre nom revendiquait une place, dans les instances chargées de refonder le
système financier international.
Ensuite, depuis le
cycle de détériorations des termes de l’échange qui ont mis fin à la rentabilité
de l’activité agricole d’exportation, les paysans qui sont le pays réel,
ne peuvent plus vivre des produits de la vente de leur activité. Quant aux
services publics gratuits issus de la situation post coloniale, ils
constituaient le socle de l’Etat qui s’est délité…Dans le même temps
l’agriculture d’exportation de nos pays souffre de la concurrence des
agricultures subventionnées d’autres pays et de celle de
Enfin, la crise nous
l’a vivons depuis plus de 35 ans et une certaine accoutumance à la faim, à
l’absence de soins de santé, à un droit à l’éducation en déclin…
Les crises conjoncturelles se sont enracinées, elles sont devenues
structurelles, permanentes, elles sont devenues davantage difficiles à
combattre et nous y avons laissé des vies, de la force de travail et des
intelligences. Je pense qu’il faudra ériger un jour un monument national
symbolisant les années chômage, les victimes du VIH sans traitement, et faire
construire un monument de la génération des morts-vivants ! Les générations
à venir ont le droit de savoir que notre identité a été décadente à un moment
donné. Il faudra s’empresser également de démasquer les propos et projets
démagogiques qui de la bouche des politiques ont tendance à dire :
« une fois que je serais au pouvoir tout sera facile à régler », cela
est inexact et pur simplisme!
La démocratie de la
« résistance » c’est aussi dire la vérité rien que la vérité sur les
modes d’accession au pouvoir. Si les rébellions se
multiplient c’est parce que le jeu démocratique est confisqué, truqué,
biaisé. L’heure est venue pour que « les seigneurs de la guerre »
donnent des gages qu’ils aiment notre peuple et notre pays. Pour cela, il ne
faut exclure aucun dinosaure de la politique centrafricaine de GOUMBA, PATASSE,
KOLINGBA et tous les jeunes loups aspirants à la chose publique. Si cette
condition n’est pas remplie, aucun dialogue, aucune convention, aucun accord
n’aura une portée politique réelle, protectrice de la vie de notre peuple.
C’est par dépit que
je dis cela, car ma génération, après celle, de Claude LENGA, Faustin
ZAMETO, Gustave BOBOSSI et Cyriaque GONDA, mais aussi avant celle de Crépin
MBOLI GOUMBA, a été aussi incapable de s’unir dans la durée, pour imposer un
autre élan pour l’émancipation de notre peuple. Tout le monde veut emprunter le
chemin de la facilité en refusant d’inspirer un vrai mouvement apte à jeter les
bases de la conquête et de la gestion du pouvoir, pour le peuple avec le peuple.
Pourtant, c’est la condition incontournable de la démocratie de résistance et de
la transformation, mon seul cheval de bataille permanent.
La démocratie de la
« résistance » n’aura des chances d’aboutir que si des changements
s’opèrent aussi dans la sous région. Les rencontres en
vue du énième dialogue à Libreville sont peut être utiles, elles sont surtout
insupportables. N’est ce pas que le « linge sale se lave en
famille » ! Le centrafricain lambda crois t-il que le président BONGO
est un modèle de démocratie, un vertueux désintéressé ? Il faut que
ce spectacle désolant d’aller sans cesse faire la manche à Libreville s’arrête
un jour, à moins que nos acteurs politiques se satisfont des quelques milliers
de CFA que le Mollah OMAR concède et cède à chaque fois qu’on vient jusqu’à
lui !
La démocratie de la
« résistance » c’est le retour de la vertu-courage chez les
intellectuels. Lorsqu’on a
la chance que la vie et L’Ecole nous donne les outils pour penser les évolutions
de nos sociétés, il faut les mettre au service de la nation, tourné vers
les progrès sociaux et économiques. Pendant des années, sous différents
régimes, dans notre Afrique subsaharienne, on a vu le contraire. Les
intellectuels de Dakar à Brazzaville, de Bangui à Ouagadougou, de Lomé à Niamey,
vendent comme de vulgaires pacotilles ce qui apparaissait comme être leurs
convictions progressistes. Ils ont donné leur caution à des régimes politiques
improductifs pour le peuple et surtout alimentés des discours ténébreux et la
célèbre pensée unique.
Aujourd’hui
l’Afrique et
La démocratie
de la « résistance » c’est un investissement massif dans l’éducation
et la formation des jeunes centrafricaines et centrafricains dans tout le pays.
Depuis qu’un
Ministre de l’éducation enseignant a appliqué avec zèle la recommandation de la
banque mondiale qui consistait à favoriser le départ volontaire assisté de
fonctionnaires, sans que cela ne soit imposé que ce soit nécessairement dans le
corps de métier des enseignants, l’éducation nationale centrafricaine a amorcé
son lent et irrésistible déclin qualitatif. Les autres gouvernements n’ont
pas inversé la tendance.
J’ai cru bon de vous
faire ses confidences nées de mes réflexions patriotiques. Je crois aussi qu’il
faut toujours se reporter aux anciens pour assurer la transmission des valeurs
culturelles de notre histoire, au plan politique il y a pas grand-chose à
hériter à part les cinq verbes du MESAN de BOGANDA, une forme de pragmatisme
patriotique chez JB BOKASSA, et des slogans sans rapport avec la réalité
socio-politique : so zo la, le sous sol nourrit le sol et le sol l’homme,
et enfin kwa na kwa.
J’ai confiance en
notre peuple, notamment à sa capacité à résister en inventant les modes nouveaux
pour assurer la survie, sa survie. Le phénomène Boubanguérés pour les
jeunes qui ont investi le commerce informel, l’achat pour revendre par exemple.
Les plus âgés ont quant à eux, repris le chemin des champs pour pouvoir
avoir à terme, le minimum vital pour la nourriture familiale. C’est ce produit
qu’on pourra troquer avec de la viande, des produits de la chasse ou des
produits de première nécessité. Les gens de mon pays ont appris à vivre sans
attendre quoique ce soit qui soit garanti par l’Etat, le gouvernement, les
politiques, les élus, les institutionnels.
Notre
peuple mérite une vie meilleure. Il est urgent de transformer notre
société en crise dans les dix années qui viennent, à partir de 2010. Je
vous invite à méditer un passage plein de sens du plus grand écrivain noir
de langue française, qui nous as quitté il n ya pas longtemps. Il
s’extasiait en écrivant :
« … J’ai porté
des plumes de perroquet des dépouilles de chat musqué
j’ai lassé la
patience des missionnaires
insulté les
bienfaiteurs de l’humanité.
Défié Tyr. Défié
Sidon.
Adoré le Zambèze.
L’étendue de ma
perversité me confond »
Aimé CESAIRE, dans
Cahier d’un retour au pays natal, page 29.
Notre condition
humaine dépend de nous en grande partie. Nous devons y travailler dans la
fraternité et le don de celles et ceux qui s’engagent dans l’action publique,
celle qui vise l’intérêt général…Les défis sont identifiés, il faut les
relever ! Ce n’est donc pas la posture du centrisme, l’apologie de la
tiédeur et de la pseudo neutralité, qui nous mènerons vers le changement,
la transformation radicale de notre pays. Ce sera davantage le devoir de
résister et de rechercher les voies de la rupture, et ainsi créer les conditions
de l’espoir et de la fierté pour les centrafricaines et les centrafricains.
Bonne fête du 1er décembre !
Jean-Pierre
REDJEKRA
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