La Commission Electorale a un mandat. Aurait-elle des principes?

Depuis quelques mois déjà nous nous attendions à voir avec clarté ou lire avec certitude les noms définitifs des candidats aux prochaines élections présidentielles en Centrafrique. Il y avait eu des rumeurs au sujet des candidats. Certains d’entre eux avaient joué à collin-magnard avec l’opinion publique; des noms avaient été révélés à demi-mots; des déclarations avaient été faites annonçant les couleurs. Dans la mêlée on avait à peu près ceci: Bozizé ne se présenterait pas, si, mais on le sait pas encore, il nous le dira le moment venu. Goumba, c’est le silence total; peut-être que celui-ci ne souhaiterait se contenter que d’un poste de vice-président permanent. Puis, il y avait eu ceux qui avaient annoncé tout haut leurs candidatures. Parmi eux, iI y aurait Bendounga, Démafouth, Kolingba, Massi, Ngoupandé, et Patassé. Il y aurait certainement des omissions ou des incertitudes qui n’attendraient que d’être vérifiées; dans ce groupe il y aurait Pouzère, Dondon et quelques autres indépendants de dernière minute.

Mais qu’est-ce que cela voudrait dire d’avoir sur la liste 3 candidats du MLPC? Est-ce que ce parti irait à ces élections en ordre dispersé avec Patassé, Dondon et Démafouth? Après les rumeurs des crimes dont Kolingba, Patassé, Démafouth et Bozizé auraient été les commanditaires, la Justice Centrafricaine ne menacerait de faire arrêter que 2 d’entre eux, à savoir Patassé et Démafouth, s’ils entraient sur le territoire centrafricain,. Mais après tous les crimes commis par les hommes de Bozizé, pourquoi donc ce dernier ne serait-il pas inquiété par cette même Justice Centrafricaine?

Malgré tout cet imbroglio, il y aurait cependant une certitude. La Commission Electorale aura du pain sur la planche, car ce serait à elle que reviendrait la tâche d’apprécier et de se prononcer objectivement sur la qualité de chaque dossier de candidature des différents prétendants. Nous espérons que cette commission prendra cette lourde responsabilité très au sérieux et ne répétera pas les erreurs du passé à la frank. L’on aurait souhaité voir cette Commision Electorale jouer la carte de la transparence, durant le processus d’examen des dossiers de candidature. L’on aurait souhaité que cette commission précise au préalable les critères qui permettraient d’évaluer les dossiers, avant de prendre toute décision de rétention ou de réjection. Ce serait par ce truchement, parmi d’autres, que le monde apprécierait le caractère rigoureux du processus démocratique que l’on souhaiterait voir établir en Centrafrique. S’il en était autrement, l’on aurait alors l’évidence que cette commission ne serait autre qu’une mascarade pour faire le jeu de Bozizé.

Mais essayons d’analyser le désir de retourner au pouvoir des anciens présidents Kolingba et Patassé, et celui manifeste de Bozizé de garder le pouvoir. Cette analyse ne serait pas difficile à articuler si leurs partisans, vous et moi pouvions nous souvenir qu’il n’y avait pas très longtemps encore le citoyen lucide avait reproché à chacun de ces 3 candidats l’absence d’un esprit patriotique qui rassemblerait tous les enfants du pays, le manque de leadership et l’absence de clairvoyance pour conduire lucidement et objectivement les affaires de l’état, l’incompétence dans les applications strictes et le respect des lois fondamentales du pays, la constitution d’une cour d’hommes d’affaires véreux et de proches parents qui avaient détourné les ressources du pays, nécessaires aux investissements et à sa construction, la concussion dans la gestion des ressources naturelles et fiduciaries du pays, les tracasseries et intimidations d’un entourage cupide pour museler toute opposition, la trahison de grands intérêts du peuple centrafricain, etc. Dites moi si ces 3 candidats sont les fils exclusifs du pays, seuls, capables de conduire avec pragmatisme et clairvoyance ses destinés? Meurtre, viol, détournement, haute trahison et autre crime avaient été ce que l’on avaient reproché à Kolingba, Patassé, et Bozizé. Kolingba avait lui-même été l’instigateur de toutes les mutineries de 1996 qui avaient déchiré des familles entières et envoyé une vague importante des fils du pays en exil. Que reprochait-il honnêtement à Patassé que lui-même et son gouvernement n’avait pas déjà entrepris? Etait-ce cela la forme de l’expression de son patriotisme? Son parrainage des mutineries n’avait pas été uniquement son désir de retourner au pouvoir et d’y entretenir les mêmes incurries! Patassé, grand démagogue, qui s’était conduit en un petit dictateur qui se voulait démocrate malgré, avait oublié les espoirs des militants du MLPC qui l’avaient porté au pouvoir. Bozizé, lui, a dû rêver d’être le premier grand héro militaire qui avait libéré le peuple de l’emprise du tyran Patassé; depuis il excelle, sans faire mieux, dans les voies héritées de ses prédecesseurs. Est-ce que les centrafricains voudraient réellement de ces Robin des Bois centrafricains qui avaient refusé de donner a manger au peuple et qui avaient créé plusieurs des maux dans le pays que les citoyens continuent d’endurer?

Nous espérons pour le bien de la Centrafrique que la Commission Electorale aura non seulement le mandat de gérer les élections, mais surtout qu’elle ferait siens les bons principes d’objectivité, et aurait le courage, nécessaires pour trancher publiquement ce dilemme en récusant les prétendants qui le méritent, afin de guider le peuple centrafricain sur la voie de la rédemption et de l’espérance. Enfin, quand tout cela serait fini, l’histoire tirera ses conclusions, et, nous formerons alors nos opinions de ces hommes, petits ou grands, qui font l’histoire de la Centrafrique.

Jean-Didier Gaïna
Virginie, Etats-Unis d’Amérique

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