Collectif des Centrafricains en France
Association loi 1901
J.O N°152 du 30.06.1984
Compte rendu:
Débats Citoyens du CCF du 12 février
2005 sur le thème : " Enjeux des pourparlers
Inter-Centrafricains et laccord de Libreville "
Le samedi 12 février 2005 sest déroulée à Eurosites Porte de la Chapelle - Paris 18ème (France), les 1ers Débats Citoyens du Collectif des Centrafricains en France (CCF).
Inscrite dans le cadre du programme dactions du CCF relatif aux élections présidentielles et législatives de 2005 en Centrafrique, cette première rencontre citoyenne et démocratique sest déroulée autour du thème principal des " Enjeux des pourparlers Inter-centrafricains et laccord de Libreville ", et avait pour invité, Jean-Jacques DEMAFOUTH, candidat à lélection présidentielle de Mars 2005.
Etaient présents, près dune centaine de personnes (responsables de partis politiques, anciens ministres et députés, personnalités de la diaspora centrafricaine, militants associatifs...)
Dans son intervention introductive, Sylvain DEMANGHO, Président du CCF a dabord remercié tous ceux, compatriotes et amis de la Centrafrique, venus massivement participer à ces 1ers Débats Citoyens. Ensuite, il a rendu hommage à lesprit citoyen de Jean-Jacques DEMAFOUTH qui na pas hésité à répondre positivement à lidée de venir échanger publiquement et de manière citoyenne, démocratique, transparente avec ses compatriotes.
Rappelant les objectifs et les valeurs au fondement du CCF, créé en 1984 (soit plus de 20 ans aujourdhui), à savoir : le combat citoyen et républicain pour la démocratie pluraliste, lunité nationale, la défense des droits humains, le développement équitable et solidaire de toutes les filles et de tous les fils de la Centrafrique Sylvain DEMANGHO a indiqué que les " Débats Citoyens " sont un cadre ouvert à toutes les sensibilités politiques, à tous les candidats des partis politiques, à tous les candidats indépendants ou leurs représentants qui souhaitent échanger avec leurs compatriotes résidents en France sur les prochaines élections en Centrafrique.
Enfin, le président du CCF a précisé que les responsables ou représentants de partis, de groupes qui prônent ouvertement loption militaire (lutilisation des armes de guerre ou la violence militaire) pour le règlement de conflits sociaux, laccès ou le maintien au pouvoir de lEtat, ne peuvent être conviés en qualité dinvité à ces " Débats Citoyens ".
Intervention liminaire de Jean-Jacques DEMAFOUFTH
Après avoir remercié le CCF pour son invitation, Jean-Jacques DEMAFOUTH a fait son intervention liminaire en présentant brièvement son parcours politique et les motivations de sa candidature à lélection présidentielle
Militant du MLPC depuis son jeune âge (lycéen), il a pris une part active aux différents combats menés par ce parti depuis les années 1980 jusque à laccession au pouvoir de Ange-Félix PATASSE, suite aux élections pluralistes de 1993.
Conseiller juridique du Président PATASSE, puis Ministre de la Défense Nationale, il a été accusé de préparer un Coup dEtat. Arrêté, emprisonné et traduit en Justice, il a été acquitté par le tribunal. Cest suite à son acquittement par la Justice quil a quitté la Centrafrique pour se réfugier en France où il vit actuellement en exerçant la fonction davocat.
Concernant sa candidature à lélection présidentielle, Jean-Jacques DEMAFOUTH a fait savoir quil est Centrafricain comme les autres et cest parce quil se sent capable dassumer les charges de la fonction de Président de la République quil est candidat. Précisant au passage que sil va à cette élection, cest pour la gagner et marquer une rupture avec le passé où les mêmes têtes reviennent aux Affaires de manière récurrente.
Se disant respectueux des textes du Code Electoral, notamment les dispositions relatives aux conditions de la campagne présidentielle (prévue pour démarrer le 26 février 2005), Jean-Jacques DEMAFOUTH a fait savoir quil nentendait pas présenter son projet de société à lassemblée présente.
Affirmant toutefois que beaucoup de choses ont été racontées sur sa personne, il se dit disposer à répondre à toutes les questions qui lui seront posées.
Concernant les pourparlers inter-Centrafricains et laccord de Libreville
Jean-Jacques DEMAFOUTH a fait savoir que sa candidature ayant été invalidée en même temps que celles dautres candidats à lélection présidentielle, il a été contacté par ceux qui, à Bangui, ont constitué lUnion des Forces Vives de la Nation (UFVN) revendiquant entre autres, la validation de toutes les candidatures et la dissolution de la CCT.
Cest face au refus obstiné du Président BOZIZE de dialoguer avec les membres de lUFVN que les pourparlers entre les centrafricains ont eu lieu au Gabon.
Daprès Jean-Jacques DEMAFOUTH, ces pourparlers Inter-Centrafricains au Gabon nétaient pas aussi structurés quon pouvait le penser. Il ny avait pas dordre de jour, ni de liste ou ordre dans les interventions. Lessentiel des échanges qui se sont déroulés au Palais présidentiel de Libreville le 22 janvier ont porté sur sa candidature (environ 3 heures) et un peu sur celle de lancien Président PATASSE (environ 30 minutes). Dailleurs, la majorité des candidats à lélection présidentielle ainsi que les autres personnalités centrafricaines présents à ces pourparlers ne se sont même pas exprimés.
Limpression générale qui se dégage de ces pourparlers inter-Centrafricains de Libreville est que les choses avaient lair davoir déjà été traitées. Par exemple : sur la candidature de PATASSE, après que le Président BONGO ait fait savoir quil ne pouvait prendre le risque daccepter que ce dernier rentre en Centrafrique pour battre campagne, la décision décarter sa candidature a été acceptée sans contestation par tous, même par les membres ou représentants du MLPC présents.
Enfin pour Jean-Jacques DEMAFOUTH, laccord signé à Libreville est une bonne chose pour la poursuite du processus électoral, notamment en ce qui concerne les points positifs suivants :
Un autre point positif relever par Jean-Jacques DEMAFOUTH : les pourparlers Inter-Centrafricains au Gabon lui ont donné loccasion de rencontrer physiquement le général BOZIZE et de lui dire un certain nombre de choses en face.
Echanges avec lassemblée après lintervention de linvité DEMAFOUTH
Première série de questions posées par :
Mme Jamila POLOKO, Membre Comité de Soutien à la candidature de Josué BINOUA
Ambroise POUNOUMALE, Vice-président du PUN France
Jean-Pierre REDJEKRA, Vice-président du PATRIE
Félix YANDIA, Membre du bureau politique du PAD
Jean-Pierre MARA
Fernand SADAM
La RCA est-elle une province Gabonaise pour que les responsables politiques centrafricains aillent toujours prendre leurs ordres du Président Omar BONGO ?
Est-ce quil y a un lien entre le repêchage du candidat invalidé Jean-Jacques DEMAFOUTH et les relations tissées par ce dernier avec le Président Omar BONGO à lépoque où il était Conseiller, puis Ministre du Président PATASSE ?
Pourquoi, membre du MLPC, Jean-Jacques DEMAFOUTH na-t-il pas sollicité linvestiture de son parti au lieu dêtre candidat indépendant ?
Les enjeux autour du triple statut du général BOZIZE : Chef de lEtat, Chef des Forces Armées, Candidat à sa propre succession, ne sont-ils pas déterminant quant à lissue de ces élections ?
Quelle sécurité pour la Centrafrique maintenant et après les élections de 2005 ?
Quelles sont les valeurs communes entre les participants des pourparlers de Libreville ?
LUFVN a-t-elle une stratégie dans le cas où lun de ses membres arrivait au deuxième tour de lélection présidentielle du 13 mars 2005 ?
Quelles sont les garanties dont dispose le candidat Jean-Jacques DEMAFOUTH pour ne pas être inquiété sil rentrait au pays pour battre campagne ?
Les réponses de Jean-Jacques DEMAFOUTH
Il ne faut pas refuser une médiation ou les possibilités de dialogue qui sont offertes lorsque les gens narrivent plus à se parler. Il fallait aller à Libreville car à Bangui le dialogue était impossible du fait du blocage imposé par le Président BOZIZE et ses partisans. Dailleurs, personnellement il était partant pour Libreville afin de pouvoir rencontrer et échanger de vives voix avec le Général BOZIZE. Ce qui à Bangui nétait pas possible. Cest donc dans ce sens quil faudrait saisir le bien fondé des pourparlers Inter-Centrafricains de Libreville. En tout les cas, en ce qui le concerne, tel est lesprit qui la guidé en acceptant de participer à ces assises.
Concernant le repêchage de sa candidature, Jean-Jacques DEMAFOUTH a affirmé que cela na rien à voir avec ses liens avec le Président BONGO. Il a aussi indiqué que ses liens avec les autorités Gabonaises nont pas commencé avec larrivée au pouvoir de PATASSE. Avant 1993, il avait son cabinet dAvocat à Paris et entretenait déjà des relations avec le Gabon.
Sil ne part pas à cette élection sous la bannière du MLPC, cest parce que le Bureau politique actuel du Parti ne joue pas un jeu franc. Avant de déposer sa candidature, il sest rendu à Lomé (Togo) rencontré PATASSE en sa qualité de Président du MLPC pour lentretenir de son intention dêtre candidat. Ce dernier lui a fait savoir quil fallait déposer une demande dinvestiture auprès du Bureau politique. Ce quil a fait. Malheureusement, il a constaté par la suite que le Bureau Politique du MLPC faisait traîner les choses sans raisons fondées. Doù sa décision de déposer sa candidature en indépendant.
Sagissant des militants du Parti MLPC, il a estimé que tous ceux qui veulent le soutenir sont libres de le faire et sont les bienvenus. Chaque candidature vaut ce quelle vaut, seuls les électeurs feront la différence entre tous les candidats a conclu sur ce chapitre Jean-Jacques DEMAFOUTH.
Concernant les motivations de sa candidature, Jean-Jacques DEMAFOUTH a affirmé vouloir répondre aux sollicitations de nombreux compatriotes au pays et partout dans le monde qui lui lui ont demandé dêtre candidat en créant spontanément des Comités de soutien à sa candidature.
Sur les enjeux du triple statut du Général BOZIZE (Chef dEtat, Chef des Forces Armées, Candidat), il se dit confiant face à la maturité politique quexpriment aujourdhui les Centrafricains. Connaissant chaque candidat, particulièrement le Général BOZIZE et son passé, les électeurs feront leur choix en connaissance de cause.
Répondant à la question sur la sécurité en Centrafrique, Jean-Jacques DEMAFOUTH a commencé par affirmer que la Centrafrique est aujourdhui le ventre mou de lAfrique Centrale. Larmée centrafricaine a le nombre dhommes de troupe le plus bas de toute la région. Et, en cas de conflit armé denvergure, il serait difficile de mobiliser au sein des Forces Armées Nationales Centrafricaines (FACA) 2000 soldats bien formés et aptes au combat pour défendre le pays, alors quau Congo Démocratique, la capacité de mobilisation dhommes de troupes aguerris du Chef rebelle Jean-Pierre BEMBA par exemple, est de lordre de 50 000 hommes.
Etablissant un bref état de lieux, Jean-Jacques DEMAFOUTH a fait savoir que la problématique sécuritaire en Centrafrique ne se limite pas seulement aux questions internes aux FACA (médiocrité des moyens, ethnisation des troupes, politisation ), mais quelle concerne aussi le banditisme organisé, tel que celui des " zaraguina ", lexistence de bandes armées rebelles ou de forces militaires non conventionnelles dans la région : djanjawides soudanais, Interamewhes rwandais, les groupuscules dissidents du SPLA de John GARANG, les rebelles de Jean-Pierre BEMBA
Enfin, en matière de sécurité en Centrafrique il faudrait aussi intégrer la question des conflits frontaliers réels et récurrents avec certains pays : Cameroun, Congo Brazza ainsi que ceux à létat latent que connaît le pays avec quasiment tous les autres Etats voisins.
Répondant à la question sur la stratégie de lUFVN dans le cas où lun de ses membres arrivait au deuxième tour de lélection présidentielle, Jean-Jacques DEMAFOUTH se dit partisan dun soutien collectif au candidat de lUFVN. Cependant, il a précisé que la question nétant pas encore abordé sérieusement au sein de lUFVN, il ne saurait en dire plus.
Sur les garanties dont il dispose pour ne pas être inquiété sil rentrait au pays pour battre campagne, Jean-Jacques DEMAFOUTH a fait savoir quil espère seulement que les accords signés à Libreville soient appliqués. Dautre part, il fait confiance à la Justice Centrafricaine dans le traitement du procès en cours contre sa personne.
Deuxième série de questions posées par :
HONDET
André FOKY DOUGOUMA, Secrétaire Général du CCF
Simon-Pierre KOYT, Président de la Section France du FPP
Clotaire SAULET SURUNGBA, Enseignant, Militant syndical
Mme Virginie YANIBADA BAïKOUA, Présidente de SOLISIDAC
Constantin KOYOLE
Lors des dernières mutineries, pourquoi des armes acheminées du Tchad vers la Centrafrique ont-elles été distribuées aux gens ?
Que peut dire Jean-Jacques DEMAFOUTH des assassinats qui ont été perpétrés à Kembé par une unité de larmée centrafricaine et qui ont causé la mort du gendarme HONDET ?
Quel est le statut administratif de Jean-Jacques DEMAFOUTH en France ? a-t-il le statut de réfugié politique ou il a la double nationalité centrafricaine et française ?
Lors du coup dEtat du 28 mai 2001, il a été fait allusion de " Coup dEtat dans le Coup dEtat ". Que peut dire Jean-Jacques DEMAFOUTH sur la question ?
Quelles sont les relations de Jean-Jacques DEMAFOUTH avec le Congo Démocratique ?
Avant les pourparlers inter-centrafricains, le Vice-président Abel GOUMBA avait adressé un Mémorandum au Président BOZIZE . Nest-ce pas ce qui explique limpression de facilité de laccord politique signé à Libreville ?
La classe politique centrafricaine est-elle vraiment à la hauteur de ses responsabilités ?
En confiant à chaque fois le règlement de leurs conflits internes aux Autres, est-ce que les centrafricains ont-il encore un orgueil National ?
Concernant la question de la réconciliation nationale, que préconise le candidat Jean-Jacques DEMAFOUTH ?
Comment le candidat Jean-Jacques DEMAFOUTH compte-t-il régler la question des arriérés de salaires ?
Les multiples implications des Etats voisins de la Centrafrique dans ses problèmes internes ne font-ils pas que compliquer davantage les choses ?
Est-il vrai que cest le non respect dun accord secret entre PATASSE et DEBY sur lexploitation commune du pétrole de DOBA (qui sétendrait des deux côtés de la frontière Centrafricano-tchadienne) qui est lorigine de la prise du pouvoir par BOZIZE avec laide de DEBY ?
Limportance du taux de prévalence du SIDA au sein de la population centrafricaine ne pose-il pas de sérieux problèmes pour lavenir du pays ?
Comment restructurer une armée gravement touchée par lépidémie du VIH/SIDA ?
En cas de victoire du général BOZIZE à lélection présidentielle de mars 2005, Jean-Jacques DEMAFOUTH accepterait-t-il un poste au sein du futur Gouvernement ?
Interruption de la séance suite à lagression de Jean-Jacques DEMAFOUTH et du public par un groupuscule dextrémisme partisan de la violence et du tribalisme
Cest au moment où Jean-Jacques DEMAFOUTH sapprêtait à répondre à la dernière série de questions posées par le public (voir ci-dessus) quil va faire lobjet dagressions sauvages et lâches par une clique composée de cinq (5) individus notoirement connus au sein de la Communauté pour leur culture de la violence, leur tribalisme et leur refus obstiné de tout dialogue démocratique.
Après avoir proféré des insultes, des insanités, des menaces de mort à lendroit de Jean-Jacques DEMAFOUTH, ces derniers, devant la réaction de réprobation de la majorité de lassemblée ont commencé par renverser des chaises, puis par molester le public avec des ufs pour finir par le largage dune bombe lacrymogène dans la salle.
Devant la violence et le caractère prémédité des actes posés par ces extrémistes qui visaient manifestement à saboter ces 1ers " Débats Citoyens ", le Président du CCF a décidé de mettre un terme à la rencontre en faisant appel aux forces de lordre qui ont évacué la salle.
Paris, le 13 février 2005,
Nestor ADOUM ISSA
Délégué aux Affaires sociales et culturelles.
Contacts
Téléphone : 06 88 64 40 61
E.Mail : collectif-des-centrafricains@wanadoo.fr
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