L'ex-président Patassé jugé par contumace en Centrafrique en décembre 2004

BANGUI, 25 nov 2004 (AFP) - 18h07 - L'ancien président centrafricain Ange Félix Patassé, en exil au Togo depuis 2003, sera jugé par contumace pour plusieurs crimes, dont des détournements de fonds et des meurtres, à partir du 6 décembre par la cour criminelle de Centrafrique, a-t-on appris jeudi de source judiciaire.

Outre M. Patassé, plusieurs de ses ministres entre 1993 et 2003, dont celui de la Défense Jean-Jacques Défamouth actuellement en exil au France, seront également jugés lors de la session de la cour criminelle prévue du 6 décembre 2004 au 14 janvier 2005, a-t-on précisé de même source.

Les affaires concernant l'ex-président devraient être jugées au début de cette session, même si aucune date précise n'a encore été fixée, a-t-on encore indiqué de source judiciaire.

La justice centrafricaine avait lancé au mois d'août 2003 un mandat d'arrêt international contre M. Patassé, notamment pour des "détournement de deniers publics" d'un montant de 70 milliards de francs CFA" (106 millions d'euros) ainsi que pour "assassinats", "viols" et "atteinte à la sûreté de l'Etat".

En plus des poursuites engagées par la justice centrafricaine, l'ancien président, âgé aujourd'hui de 67 ans, fait l'objet d'une plainte déposée en février 2003 pour "crimes de guerre" par la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH).

Cette plainte vise les exactions commises en Centrafrique contre des civils centrafricains et tchadiens par les forces loyalistes au président Patassé lors de la répression d'une première tentative de coup d'Etat lancée par l'actuel chef de l'Etat François Bozizé le 25 octobre 2002.

Ministre de la Défense de 1999 à 2001, Jean-Jacques Défamouth sera lui jugé pendant la prochaine session de la cour criminelle pour assassinats et complicités d'assassinats dans l'affaire dite de la tuerie de Kembé, le village natal de l'ancien président André Kolingba.

Dans la nuit du 18 au 19 novembre 1999, un commando de l'unité de sécurité présidentielle (USP) de son successeur Ange-Félix Patassé avait assassiné un ex-lieutenant des Forces armées centrafricaines (Faca) puis enlevé, torturé et exécuté six autres personnes.

M. Défamouth, qui fait lui aussi l'objet d'un mandat d'arrêt international, sera également jugé par contumace.

D'autres anciens ministres de M. Patassé, comme Gabriel-Jean-Edouard Koyambounou (Communication), détenu depuis plus d'un an dans la prison centrale de N'garagba, ou Eric Zoumandji Sorongopé (Finances) figurent parmi les 150 personnes qui seront jugées lors de cette session de la cour criminelle.

L'annonce du procès de M. Patassé intervient quelques jours seulement après son investiture, le week-end dernier, par le Mouvement de libération de peuple centrafricain (MLPC) pour le scrutin présidentiel des 30 janvier et 27 février prochains.

Ces élections doivent mettre un terme à la période de transition ouverte par le coup d'Etat du 15 mars 2003, au cours duquel le général François Bozizé a renversé le président Patassé, qui dirigeait le pays depuis dix ans.

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