Les Hommes politiques centrafricains nous désespèrent…

Le virage à 180° de certains leaders de l’Union des Forces Vives de la Nation (UFVN), quittant leurs partenaires – avec lesquels, il y a quelques semaines encore, ils co-signaient des Déclarations communes – pour soutenir Bozizé au second tour de l’élection présidentielle démontre à quel point les (du moins certains) Hommes politiques centrafricains sont sans scrupule. Même si l’immoralité est la chose la mieux partagée en politique, le virage de Jean-Paul Ngoupandé et de Charles Massi dépasse l’entendement. François Mitterrand disait : " en politique, il faut des hommes, des idées et de l’argent " et comme ces derniers sont à la tête de petites formations politiques faites des " copains de bistros ", il faut trouver quelque part de l’argent pour faire vivre leurs partis et du coup, on est obligé de " vendre son âme ". Le sort de la population meurtrie constitue t-il un souci pour ces espèces d’hommes politiques ?

Le candidat Bozizé que ses nouveaux alliés, opportunistes – ex leaders de l’UFVN –, il y a peu, le traitaient des noms d’oiseau,  du type : " dictateur ", " tribaliste " (en référence aux gbayas qui occuperaient l’essentiel de postes importants) ; ils disaient de lui ou de sa politique, qu’ il entretenait " l’insécurité à l’intérieur du pays à dessein ", que " la situation socio-économique et sécuritaire du pays est pire qu’avant ", qu’il organisait un " hold-up électoral ", etc. est devenu subitement fréquentable parce qu’il a obtenu 43% des voix et a plus de chance d’être élu ! Le virage est trop flagrant.

Comment ces défaitistes de l’UFVN expliqueront à leurs militants, sympathisants et aux Centrafricains en général le fait qu’ils ont apposé, avec d’autres leaders, leur signature au bas des douze (12) Déclarations communes de l’Union dans le but selon eux " de barrer la route à Bozizé " et abandonnent aujourd’hui leurs partenaires de lutte en rase campagne ? N’est-ce pas que dans leur Déclaration commune n° 9 du 27 janvier dernier, signée par tous, on pouvait lire : " L’Union des Forces vives de la nation (UFVN) réaffirme son intention à rester solidaire, à mener des actions unitaires pour aboutir à des élections libres et transparentes " ? N’est-ce pas aussi que ces mêmes leaders ont signé, avec les autres, plusieurs textes (accord électoral, code de bonne conduite, programme commun de gouvernement) selon lesquels les candidats aux législatives et présidentielles de l’UFVN devront tous compétir au 1er tour et au second tour, les candidats aux législatives doivent soutenir ceux qui sont les mieux placés ; de même, qu’à la présidentielle, si au second tour, il y a le candidat Bozizé et un candidat de l’opposition (ce qui est le cas), toutes les autres formations politiques membres de l’UFVN doivent se mobiliser pour soutenir celui-ci ? Quel exemple donnent-ils, ce faisant, aux citoyens qu’ils sont censés éduqués à la citoyenneté quand ils signent des documents et les ignorent royalement par la suite? Quelle triste image d’hommes politiques donnent-ils ainsi aux intellectuels africains et à la nouvelle génération d’hommes politiques du continent soucieux de rompre avec la politique de leurs aînés qui a plongé l’Afrique dans l’extrême pauvreté ?

Le moindre qu’on puisse dire, c’est que le masque est tombé. Tout le monde comprend aisément que ceux-ci font de la politique alimentaire. Mais le fait que le Rassemblement Démocratique Centrafricain (RDC) n’a pu signer d’accord politique avec Bozizé, demande à ses militants et sympathisants la neutralité au second tour de la présidentielle change complètement la donne. Si la chance de François Bozizé de remporter la présidentielle est réelle, il n’est pas évident que ce dernier puisse obtenir la majorité au parlement. Les deux grands partis du pays (le MLPC et le RDC) pourraient à eux deux obtenir entre 40 et 50 députés (une trentaine pour le MLPC et une bonne douzaine ou quinzaine pour le RDC) sur les 105. Et si, par miracle, à l’issue des élections, ces deux formations politiques décidaient de mettre de côté ce qui les divise pour gouverner ensemble, ils constitueraient facilement (avec quelques députés indépendants et/ou des autres partis de l’UFVN) la majorité parlementaire. Dans ce cas d’hypothèse, que feront Ngoupandé et Massi, sachant que la Loi Fondamentale adoptée par référendum le 5 décembre et promulguée le 27 décembre 2004 par le président François Bozizé, stipule en son  article 39 : " le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, détermine et conduit la politique de la Nation. Il est issu de la Majorité Parlementaire (souligné par nous). Le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, dispose de l’Administration et nomme aux emplois civils déterminés par la loi " ? Vont-ils quitter le bateau Convergence KNK qui ne présenterait plus d’intérêt qui les attire ? Wait and see !

Dr Thierry BANGUI

(Marseille, France)

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