Enfin, un Accord politique responsable et non farfelu.

LE CITOYEN N° 2153 VENDREDI 22 AVRIL 2005 - PRÉSIDENTIELLE 2005

[Sens de l'accord, Ngoupandé-Massi-Bozizé: "Enfin, un Accord politique responsable et non farfelu" (LE CITOYEN N° 2153, 22 AVRIL 2005)]

Jean Paul Ngoupandé et Charles Massi justifient la signature de l’Accord politique avec François Bozizé.

Lord Esaï Ngamamokoï (LEN) : Présidents Jean Paul Ngoupandé et Charles Massi, vous venez de conclure un Accord Politique avec le Chef de l’Etat qui est candidat au second tour de l’élection présidentielle du 8 mai pour le compte de la Convergence Kwa na Kwa. Alors qu’est ce qui motive la signature de cet accord ?

Jean Paul Ngoupandé (JPN) : Ecoutez ! En ce qui concerne le Parti de l’Unité Nationale (PUN), l’explication est toute simple. Nous avons procédé à une large consultation à l’intérieur de notre parti. Deux Assemblées générales avec les cadres qui se sont largement exprimés et un débat franc ouvert au niveau de la direction politique, c’est à dire le Comité exécutif. Aux termes de cette longue consultation, nous sommes arrivés à la conclusion suivante : « Le Parti de l’Unité Nationale est né dans le contexte d’une lutte contre une politique ». Cette politique, nous l’avons combattue au point de joindre nos efforts à la rébellion militaire qui a conduit au 15 mars 2003. Malgré des malentendus et des différences de vues, entre nous et le général François Bozizé, notre parti estime que nous avons trop souffert du système MLPC pour prendre le risque aujourd’hui de travailler à son rétablissement sans un minimum de garantie que toute cette politique que nous avions combattue ne reviendrait pas.

Donc, c’est une position de principe qui a été décidée démocratiquement par les organes dirigeants et la base du parti. Et le dirigeant, que je suis, a accepté la position du parti. C’est tout à fait la paix dans l’âme que j’ai signé, aujourd’hui, avec le général Bozizé et Charles Massi, cet accord qui est un accord politique qui fixe très clairement les objectifs sur lesquels nous nous engageons, et qui met surtout l’accent sur le fait que nous nous engageons pour travailler à la reconstruction du pays, travailler à recrédibiliser ce pays qui en a besoin, travailler en tout cas à remettre un peu d’espoir dans le cœur des Centrafricains.

LEN : Que dit le FODEM ?

Charles Massi (CM) : Écoutez ! Nous avons signé un document commun et ce document part d’un constat. Nous avons vécu pas mal d’histoires. Vous savez que le PUN et le FODEM sont nés le même jour, un 4 mai 1998, et nous avons connu presque le même parcours, en terme de lutte politique.

Je n’ai pas besoin de vous rappeler toutes les violences dont le FODEM et son président étaient victimes, ces dernières années. En tout cas, si l’on remonte à la création du FODEM, pendant ces dernières années, nous n’avons fait que lutter. Cela est resté dans l’esprit de nos militants et de toutes les personnes qui ont porté leurs voix sur nous pendant ces élections, parce que nous sommes partis en campagne sous notre propre nom, sous notre propre parti, nous n’avons signé aucun contrat avec aucune organisation quelconque. C’est sereinement, qu’après avoir débattu des différentes perspectives de ce scrutin du 8 mai 2005, il s’est dégagé dans nos rangs une majorité qui m’a autorisé à discuter des conditions dans lesquelles on pourrait ensemble travailler au renouveau démocratique de notre pays.

Vous savez, nous avons mis l’accent pendant nos campagnes sur le problème de la sécurité qui, aujourd’hui, commande tout : la paix, le nouvel ordre social et la modernité. Parce que le texte que nous venons de signer consacre une large part à ces différents thèmes de notre campagne. Aujourd’hui, il n’est pas besoin de justifier pourquoi nous avons fait ce choix. Nous voulons simplement ensemble travailler avec ceux qui veulent le renouveau national.

En ce qui me concerne, vous savez que pendant deux ans, nous avons travaillé  au Conseil National de Transition à donner un cadre transparent aux élections. Nous avons fait en sorte qu’on puisse faire de ces élections une rampe pour le nouveau départ de notre pays. Dans ces conditions là, ce n’est pas pour une histoire de moindre mal, mais c’est que, pendant longtemps, on a lutté contre la politique d’exclusion. Quant au sectarisme, aujourd’hui, il est encore possible de lutter contre cela en se donnant la main. Ce que nous venons de faire, c’est un premier pas vers le renouveau national que nous recherchons. C’est pour cela qu’avec le Général François BOZIZE et Jean Paul NGOUPANDE, j’ai apposé ma signature au bas de ce document qui va nous permettre d’aller sur le terrain, l’esprit dégagé de toutes les suspicions.

LEN : En paraphant ce document, vous n’avez pas ainsi porté un coup dur à l’Union des Forces Vives de la Nation ?

CM : Non ! L’Union des Forces Vives de la Nation a été créée, vous le savez très bien, dans le cadre de l’invalidation des candidatures à l’élection présidentielle de février 2005. Nous n’avons aucun texte légal et officiel qui nous lie. Nous aurions pu le faire à travers les bureaux de vote et les moyens pour envisager le second tour. Cela n’a pas été fait. Donc, personne n’est lié par un contrat pour qu’on puisse dire qu’on a porté un coup dur à l’Union des Forces Vives de la Nation. Mais l’Union des Forces Vives de la Nation est un cadre de travail.

En tant que président du FODEM, je fais partie de ceux qui ont exigé clairement à nos partenaires qui vont au deuxième tour de l’élection présidentielle de nous dire clairement où ils veulent nous amener, qu’est ce que nous allons faire ? Nous n’allons pas nous retrouver dans les mêmes situations où l’on se met d’accord, et après, quand les fruits tombent, on pose encore de nouvelles conditionnalités. Je pense que nous n’avons pas eu de réponse claire, mais ce qui a prévalu, c’est l’opinion de la base. C’est le fait que nous ne pouvons pas laisser des gens dire : « Nous avons beaucoup souffert depuis 1998 d’une politique et d’acteurs politiques connus qui ont amen des militants du FODEM à fuir et à se cacher et leur président à s’exiler… » C’est l’esprit tranquille que nous avons signé cet accord. En tout cas, cela n’est pas une trahison. Puisque pour trahir, il faut être vraiment dans un cadre de contrat ou bien avoir un secret à partager. Cela n’a rien d’une trahison.

LEN : Monsieur Jean Paul Ngoupandé, le candidat du MLPC, Martin Ziguélé, comptait beaucoup sur cette Union des Forces Vives pour remporter la victoire. Alors qu’en dites vous ?

Jean Paul Ngoupandé (JPN) : Je voudrais rappeler une chose simple, c’est que l’Union des Forces Vives de la Nation est un regroupement dont les deux initiateurs sont devant vous, ici. A cette époque là, il n’était pas question de MLPC. Pour la simple raison qu’il n’était pas encore avec nous. Le but de ce regroupement qui avait un caractère circonstanciel, c’était de créer les conditions d’une élection transparente. Par la suite, on a voulu transformer l’Union des Forces Vives de la Nation en un parti de soutien à un candidat, évidemment Martin Ziguélé. A cet effet, je voudrais rappeler des questions précises, qu’en son temps, moi-même et Charles Massi et quelques autres, nous avions posées au candidat dit indépendant, mais dont nous voyons clairement que c’est le candidat du MLPC. Et je voudrais rappeler comme Charles Massi, que moi que vous voyez devant vous, je suis un rescapé, un miraculé de la période MLPC. Quel est le Centrafricain qui ne se souvient pas de la période où j’étais traqué, où je recevais des commandos nocturnes pour m’assassiner, où j’étais obligé de vivre dans la clandestinité à Bangui. Moi, ancien chef du Gouvernement, député jouissant de l’immunité parlementaire…. Qui ne se souvient pas encore ? Notre parti, Parti de l’Unité Nationale, au fond, n’a fait que combattre ce parti. Nous n’avons pas obtenu la garantie que le candidat indépendant était véritablement indépendant de cette machine infernale.

Et voilà, nous avons pris notre décision en toute responsabilité, et nous allons l’assumer.

Source d'origine: Radio Centrafrique

Actualité Centrafrique de sangonet  (03 mai 2005)