La Centrafrique et les difficultés à observer les résultats positifs et permanents de laide financière extérieure
Léconomie de la République Centrafricaine serait en panne, parce quaucun leader politique, militaire, ou syndical navait eu la vision pertinente, les motivations nobles, les capacités, le courage et laudace pour faire la critique objective de certaines méthodes anachroniques du développement, et, pour faire lébauche de solutions qui pourraient induire de meilleurs résultats économiques, immédiats ou réalisables dans un délai raisonnable. Puis, les mauvaises habitudes, les comportements cupides et les vieilles croyances coutumières au sein des cercles politiques centrafricains avaient indiqué quil valait mieux saccomoder des situations politiques et économiques difficiles et perpétuer le statu quo, plutôt que de contrarier lautorité et denvisager de nouvelles perspectives. Dans ce qui suit, nous essayerons de décrire très sommairement ce que nous considérons comme la cause essentielle de tout léchec de la relance de léconomie de la Centrafrique, basée sur un influx financier provenant de lextérieur. Nos observations ne constitueraient quune manière particulière de voir les choses, de faire un constat, et, de suggérer ladhésion à une école de pensée qui offrirait dautres perspectives, car il y aurait certainement dautres explications plausibles et des solutions envisageables à cet énigme, ailleurs, quil resterait à développer.
Lécole de laide financière externe avait été établie sur le principe, discutable dailleurs, que la République Centrafricaine ne pourrait prétendre à un développement réel quavec une aide financière massive qui proviendrait de lextérieur. Ce qui expliquerait la cour assidue que les gouvernements successifs à Bangui navaient cessé de faire auprès des institutions financières internationales, auprès de lUnion Européenne, et auprès de la France et de nombreux pays dAfrique ou dAsie. Lidée majeure avait été que le développement de la Centrafrique ne pourrait se mettre en place sans bourse, grande et déliée des institutions de Bretton Woods et de pays amis puissants. En plaçant cette école de pensée dans une perspective historique, nous observerons quune lecture sommaire de lhistoire récente des grandes puissances de ce monde soutiendrait bien cette prétention. En effet, au lendemain de la seconde guerre mondiale, laide américaine pour la reconstruction de lEurope avait jeté les bases dun développement économique et social et plus particulièrement celles dune relance des activités industrielles, dynamiques et modernes, qui avaient réussi à ramener puis à maintenir la majorité des pays de cette Europe de lOuest dans le cercle des grandes puissances du monde. Dafrique, lon pourrait facilement commettre lerreur de croire que le développement économique et social des pays tels que le Japon en premier ou la Corée du Sud, sétait miraculeusement opéré par le seul développement des industries de lautomobile des cinquantes dernières années. Ce que les programmes et les manuels scolaires centrafricains de géographie avaient passé sous silence, avait été que ces pays asiatiques, eux aussi, avaient été les heureux récipiendaires dun programme massif et varié daides financières et de prêts, à lexemple du Plan Marshal en faveur de lEurope, sur lequel ceux-ci sétaient fortement appuyés pour réaliser cet extraordinaire développement de leurs économies et de leurs industries, après la seconde guerre mondiale et après la guerre de Corée. Comme une trainée de poudre, cette manne financière, catalysatrice, avait aussi profité à dautres enclaves et pays de la sous-région, à lexemple de Hong Kong, de Singapore, ou de Taïwan pour ne citer que ceux-ci. Lon pourrait avancer sans trop risquer de se tromper que la peur de lexpansion du communisme avait largement favorisé toute lattention et les bonnes dispositions de lOuest vis à vis de ces deux grandes régions du monde. Dans ces pays, des programmes généreux daides financières et de prêts avaient donc produit les miracles du développement industriel, économique, puis social que nous avions observés et observons encore aujourdhui.
Ceci dit, lon serait bien curieux de se demander pourquoi lusage de cette formule daide financière et de prêt et sa mise en application navaient pu donner des résultats aussi heureux dans le cas particulier de la République Centrafricaine? Les experts en développement nous diraient très certainement que les aides financières à la Centrafrique, les prêts ou les dons à eux seuls ne suffiraient pas, à lévidence, à ancrer ou à semer les grains du changement. Nous observerons que pour que cette manne financière ait produit tous les effets bénéfiques et les résultats désirés que nous avions observés en Europe et dans ces pays dAsie, il y avait eu des préalables importants à satisfaire ou certaines dispositions que ces pays devraient posséder. Ce développement économique extraordinaire navait pas uniquement pris appui sur une agriculture traditionelle et un élevage déjà existantes dans ces pays, mais en partie sur la volonté politique urgente de moderniser ou de réformer ces secteurs. Nous avions pensé et pourrions affirmer sans risquer de nous tromper et sans exagérer non plus que ces pays possédaient déjà un niveau respectable de maîtrise des techniques et des technologies, autre quune simple existence de lartisanat, de même quune excellente connaissance dans le domaine de lingénierie qui, tous ensemble avaient facilité le désir et lassimilation de la modernisation, puis linitiation et le développement des industries nationales modernes. Un autre aspect important à relever avait été la présence dune écriture. Celle-ci en effet avait permis la documentation et la chronique des étapes de développement des différentes techniques et méthodes des époques qui avaient précédé, la préservation de ces connaissances et leur usage pour la recherche et déventuelles applications pratiques. Dautres préalables avaient été, bien entendu, lexistence dune culture artisanale active et solidement ancrée dans les communautés, la liberté relative dans ces régions qui avait favorisé la circulation des techniques, des connaissances, des pensées, et les échanges commerciaux. Il y avait aussi, et non des moindres, un système éducatif et un système dapprentissage qui avaient assuré la promotion des lettres, des sciences, et des techniques, et leur transfert ou leur transmission dune génération à lautre. Vous observerez également que lEurope et ces pays asiatiques avaient, chacun en ce qui le concerne, une très longue histoire, des empereurs, des rois, des princes, un système de gouvernement et une structure sociale qui avaient existé depuis plusieurs millénaires et avaient donné de grands empires, des royaumes remarquables, le sens dun véritable nationalisme, et, ensemble avaient servi au rayonnement des arts, des techniques, et des pensées dans le monde. En gardant la même objectivité et ne voulant rien retirer aux valeurs historiques et culturelles de la Centrafrique, nous voudrions affirmer les existences certaines de la chefferie esclavagiste du Sultan Sénoussi ou du royaume de Bangassou ou encore de lempire de Bokassa par exemple, qui avaient laissé en héritage les vestiges dune culture centrafricaine que nous observons encore aujourdhui, et, qui seraient surtout caractérisés par labsence dun dynamisme et dun leadership clairvoyant et unitaire à la tête de ce territoire. Par ci par là, dans ce qui allait devenir la République Centrafricaine, avait bien existé une forme dartisanat qui sétait développée autour des gisements ferreux dans certaines régions du centre et de louest du pays. Mais enfin, aurions-nous le courage aujourdhui de reconnaitre quil y avait eu aucune invention ou aucune découverte technique, aucune industrie, ni les promotions dautres secteurs dun artisanat, de la culture et des lettres, dignes dêtre mentionnées, et, qui auraient pu ensemble servir de tremplin à un développement dynamique de léconomie de la Centrafrique? Pourrions-nous affirmer sans complexe, labsence de ces pré-requis qui auraient servi de base à laide financière extérieure pour un développement rapide, dynamique et harmonieux du pays? Ou bien devrions-nous nous contenter de continuer à parler avec fierté de cette découverte dune variété de maïs par un agronomiste-chercheur centrafricain, qui avait figuré nulle part dans une revue spécialisée ou dans les annales de recherche africaine de génétique?
Notons enfin que certaines recherches indiqueraient que les grands mouvements migratoires récents, favorisés par le commerce négrier qui avait peuplé lactuel territoire centrafricain, se seraient situés, au plus tôt, vers le milieu du 17ième siècle et auraient duré approximativement jusque vers les années 1830. Fort de tout ce qui précède, si vous faisiez un inventaire plus étendu des préalables ou prédispositions qui nous avions cités et qui seraient les éléments essentiels pour opérer le développement, vous remarquerez que ceux-ci avaient énormement manqué à la République Centrafricaine. Dans le cas particulier de la Centrafrique, les différents contextes historiques et politiques navaient pas permis daccorder, à travers les époques, toute lattention et limportance, nécessaires, à une éducation adaptée de la jeunesse, à une formation technique et professionnelle appropriée, au développement de tous les secteurs de lartisanat, à la mobilisation dune épargne nationale, à une réforme aggressive et positive de lagriculture, à la domestication des bêtes de somme, au sens aigü du civisme et à celui dun patriotisme qui navait pris naissance que peu avant les indépendances sous limpulsion de Boganda. Lartisanat avait certes connu un grand essor avec la découverte et lexploitation des gisements ferreux et la fabrication des armes blanches et autres accessoires de chasse, et, des outils pour les travaux champêtres. Cependant, cet artisanat à lui seul navait pu ouvrir la porte vers un véritable développement dune industrie métallurgique à proprement parlé.
Comment donc investir dans des secteurs dits porteurs pour un développement véritablement économique du pays, lorsque par exemple la culture nationale de léducation avait fait croire aux jeunes que les seuls emplois dignes de considération navaient été que ceux débouchant à une fonction publique? Comment arriverait le développement, lorsque ceux qui devraient se mobiliser pour faire le travail manqueraient réellement de modèle, dambition, ou dinitiative personnelle? Comment engager le pays dans des secteurs techniques intéressants, lorsque les connaissances des sujets scientifiques, techniques et technologiques de base ne sont pas largement enseignées dans les écoles, collèges et lyçées du pays? Comment se produirait lessor économique dun pays, lorsque lon observe labsence dentreprises nationales dynamiques, de petites ou grandes industries viables ou de grands projets sociaux, capables de créer des emplois? Quelles garanties le peuple recevrait-il de ladministration centrale, lorsque les institutions financières et les enteprises publiques de létat avaient fait la démonstration de lincompétence des politiques et des technocrates à gérer de petits programmes daide au redressement économique, à lexemple de celui des départs volontaires assistés (DVA), des dons de ciment et dengins lourds dentretien routier, ou encore à assurer de meilleurs services de distribution deau et délectricité à Bangui ou dans les villes de lintérieur? Quelle attention particulière la communauté internationale devrait avoir à lendroit de gouvernements se disant souverains et qui avaient cependant délibérement mené le pays vers une faillite à la fois fiscale et sociale? Comment assoir une économie nationale saine, lorsque la main doeuvre qualifiée locale serait insuffisante pour assurer et soutenir une production de qualité et pour engager la compétition avec les autres pays dans certains secteurs économiques particuliers? Comment enfin tirer réellement des profits de toute laide financière extérieure, si celle-ci nétait pas investie dans des activités lucratives, susceptibles de créer des emplois pour les citoyens, puis, de soutenir une économie viable qui irait se modernisant dans le long terme? Vous observerez que toute laide extérieure octroyée à la République Centrafricaine avait été essentiellement investie dans les domaines de lagriculture et dans une moindre mesure dans celui de lélevage. Si nous navons mentionné ni léducation, ni la santé, ni les infrastructures, cétait parce que les aides dans ces secteurs avaient été insignifiantes en regard de limmensité des problèmes ou des maux. Sil y avait eu toute cette aide financière et toute la publicité autour de la remise de la dette extérieure, donnez-nous donc, sil vous plaît, des exemples des services et des industries qui en avaient émergé, des bénéfices qui avaient été ristournés à la population, et des produits que ces secteurs avaient exportés pour faire entrer des devises nécessaires à la bonne santé de léconomie nationale? Le secteur minier, indépendant, avait vécu de lui même et sur lui-même, servant surtout à lenrichissement illicite daffairistes locaux et de plusieurs groupes dinvestisseurs étrangers. Vous remarquerez que rien dimportant avait été entrepris avec les retombées minières, et, qui avait réellement profité au pays. Ces bureaux étrangers dachats dor et de diamant, ces sociétés minières et forestières, en tout genre, au sein desquels les différents chefs détat centrafricains avaient pris des participations, navaient construit ni centre de santé, ni école, ni centre de sport, ni bâtiment pour abriter un laboratoire de géologie ou un institut de recherche au sein de lUniversité de Bangui, ni créé une fondation charitative de promotion sociale. Ces entreprises navaient rien entrepris pour opérer une petite ristourne en faveur des populations indigènes dun pays quils avaient exploitées ou continuaient à exploiter. Nest-ce pas tout cela honteux et scandaleux! Et les gouvernements à Bangui avaient continué à faire croire quil faille aller chercher laide financière à lextérieur! Comment donc sétonner que les caisses de létat naient pas suffisamment de liquidité pour couvrir les besoins essentiels du pays, tels les salaires toute lannée? Comment donc la société centrafricaine pourrait aspirer à un développement sain, lorsque la devise "Unité, Dignité, Travail avait été transformée en "Kobë ti chacun pour soi"? Vous pourrez également arriver à lobservation que les détournements et la corruption nexpliqueraient pas, à eux seuls, tous les échecs des financements extérieurs des secteurs dits porteurs du pays. Pendant plusieurs décennies, les cibles des investissements occidentaux avaient choisi pour cibles le coton, le café, le tabac, le sisal, la pomme de terre, et le bois sans plus. Et lorsque le marché mondial de ces produits navait plus été favorable au producteur centrafricain, pour une raison ou une autre, les résultats avaient été ce que nous avions connus, à savoir demandes permanents auprès des institutions financières internationales dune rallonge budgétaire ou dun refinancement en faveur dun projet de développement rural, ou encore attente de financement dun projet réformulé, etc. Vous observerez également que la grande majorité de ces petites industries ou de ces enterprises avait eu pour siège Bangui, la capitale. Quels avaient donc été le sort réservé aux jeunes de lintérieur qui auraient bien voulu rester dans leurs régions, au lieu de navoir que pour seule option, celle de descendre à Bangui pour entreprendre des études professionnelles ou supérieures ou pour chercher un emploi? Après avoir été les témoins de toutes ces initiatives des gouvernements à Bangui, financées par les institutions étrangères, amies, internationales et autres, et, après toutes ces années dites dindépendance, non dans les faits, est-ce que quelquun pourrait enfin établir un inventaire positif du progrès réalisé par le pays dans tous ces secteurs dune économie nationale en développement?
Toute cette croyance au miracle de la manne extérieure serait ancrée dans une fantaisie de lesprit qui prêterait à un centrafricain, professionel et fin limier des méthodes et cultures des grandes bureaucraties, davoir le bâton magique pour résoudre les gros problèmes financiers dabord, puis sociaux du pays. Lhistoire, depuis, nous avait montré quil nen avait été rien et que tous les gouvernements à Bangui, sans exception, sy étaient cassés les dents, parce quils avaient négligé la prise en compte dans leurs plannifications de ces préliminaires dont nous parlions plus haut. Cela avait été un rêve de croire que déventuelles négotiations demprunts auprès des banques ou institutions financières internationales et leurs déboursements pourraient, à elles seules, injecter les ressources financières suffisantes, capables de résoudre définitivement le problème chronique des arriérés de salaires, de pensions et de bourses, et dautres dont ladministration de Bangui serait responsable. Mais dites nous donc quelle institution financière continuerait à prendre des risques pour prêter de largent à un état quelconque et, qui servirait uniquement à payer les salaires des employés de létat, sans que le gouvernement nexplique de manière convaincante à linstitution financière comment et quand celui-ci rembourserait la créance? Certains chefs détat centrafricains, non habitués des intrigues bureaucratiques des institutions financières internationales, et, fatigués des négociations exténuantes et lentes, navaient pensé à aucune autre alternative que daller emprunter à prix fort chez le voisin congolais, gabonais, équato-guinéen ou chez le lybien, mieux nantis, soit auprès des banques commerciales de la place, même à des conditions hors de tout entendement. Cela avait été un chimère de croire que des pays riches, et amis puissants, courtisés en assez grand nombre, seraient capables de prêter une oreille attentive, puis de réunir les ressources nécessaires pour juguler toutes les carences de ladministration nationale, rétablir lordre et la sécurité dans le pays, remettre en létat toute les infrastructures routières et administratives, redonner vie à des projets communautaires dans les campagnes et dans les villes, etc. Nos hommes politiques, militaires et technocrates, ce faisant, avait perdu leurs âmes, car ils avaient manqué de réalisme, malgré les preuves abondantes que cette vieille école de pensée navait mené à aucun changement positif et durable dans le pays, pour dautres raisons que nous tairons ici. Les technocrates nationaux en premier, les hommes politiques, les militaires et les syndicalistes avaient été les témoins de toutes les malheureuses tentatives, cependant navaient pas été critiques de la méthode; ils persisteraient à dire que le développement narriverait que par le seul canal du financement extérieur de projets. Ils avaient oublié que cette stratégie avait été utilisée depuis des décennies sans grand succès. Il en serait toujours ainsi, si dans la classe politique du pays, il ny avait pas lémergence dune nouvelle idéologie, solide qui soutiendrait dautres démarches possibles, et, qui présagerait de meilleurs résultats à court terme. Chaque gouvernement à Bangui avait foncé la tête baissée dans la direction des institutions financières internationales pour appeler à laide. Le pays avait fait du suivisme et voudrait faire comme les autres pays africains dont léconomie serait soutenue par la manne du pétrole ou autres ressources minières ou agricoles abondantes dont les opérations dexploitation pourraient assurer des revenus réguliers à court, moyen et long termes. Mais ces centrafricains, hommes et femmes, avaient oublié que ces mêmes pays quils tenaient pour exemples, avaient également leurs propres démons quils essayaient de combattre, sinon de contenir. Si vous regardez bien autour de vous, vous observerez que ce pétrole, ce diamant, cet or, ce bois, ou autre ne résoud pas tous les problèmes sociaux de ces pays; ces ressources qui apporteraient labondance pour tous ressembleraient comme deux goûttes deau à lor de Karibi dun ancien texte dans Mamadou et Bineta sont devenus grands.
Ce que les leaders militaires et civils et leurs technocrates avaient oublié, cétait que les mains pour battre le fer du sous développement et la forge seraient bien là, dans le pays; seule la matière première manquerait. La matière première serait dabord le sens aigü de lobservation, le sens de lobjectivité, lesprit critique, le sens de linitiative, le sens de lunité nationale sans équivoque, puis la participation effective de tous les enfants du pays et de chacun à loeuvre de développement. Toute initiative politique sérieuse consisterait donc à motiver tous les citoyens et à encourager chacun à faire ce quil devrait faire et ce quil ferait de mieux, afin de faire vivre honnêtement sa famille. Ce processus devrait se faire par une campagne intelligente et convaincante en faveur dun retour au travail productif, une campagne stigmatisant limportance du service public. Mais cet aspect à lui seul ne suffirait pas pour soutenir le succès à très long terme. Le grouvernement devrait rapidement mettre en place un programme hors pair qui consisterait à éduquer tous les citoyens et à donner à un chacun une formation professionnelle adéquate, nécessaires pour entrer dans la compétition dans le nouveau contexte de la mondialisation. Cette approche serait une alternative à la situation en cours et pourrait mettre un frein à la perte de productivité dune population active qui avait cessé de croire en ses capacités. Il serait également important de prendre en considération tous les nouveaux crénaux porteurs, tels la culture des épices, des autres produits courants en demande ou futurs, des petits métiers, ainsi que la mise sur le marché de produits locaux, divers, compétitifs et dexcellente qualité. Chacun essayerait de produire davantage pour sa propre consommation, pour vendre localement, ou pour lexportation. Ce serait dans cette ambiance bourdonnante quune recherche du développement pourrait sopérer effectivement en entraînant une masse de ruraux, citadins, cultivateurs et autres fonctionnaires, susceptible enfin dêtre réellement productive et laborieuse. Si cette action était engagée par ladministration et si toute la société civile suivait le mouvement, laction de rechercher un financement extérieur pour payer les arriérés de salaires et les opérations courantes de létat deviendrait une chose incongrue.
Il y aurait bien sûr des actions parallèles daccompagnement, nécessaires pour en assurer le succès. Le gouvernement devrait de manière urgente sécuriser tout le territoire, afin dautoriser la population à vaquer librement et effectivement à lexercice de leurs activités économiques et à leurs occupations. Il faudrait également faire interdire le port darmes à feu ou darmes blanches en public à tout individu qui ne serait pas en mission expresse de maintien dordre ou de protection; les armes, quelquelles soient, devraient rester à lintérieur des casernes, des postes de police ou de gendarmerie ou des domiciles particuliers. Il sagirait à ce sujet de récupérer toutes les armes illicites, dinstituer un service militaire national, obligatoire de douze mois pour tout individu actif entre des âges à déterminer, de faire de ces hommes et de ces femmes des citoyens capables de discipline, de patriotisme et dautorité pour défendre les intérêts nationaux. Lon pourrait envisager dinstruire ces recruts au civisme, et, dintroduire chaque recrut dans une filière professionnelle qui lui permettrait dacquérir certaines habiletés et ouvrir laccès à un emploi après le service militaire. Il y aurait loption de garder dans larmée ceux qui le désireraient et ceux qui seraient aptes à servir dans un corps du génie militaire, chargé de la construction ou de la modernisation des infrastructures, de la maintenance des routes secondaires et axes ruraux importants, et, de la réfection des bâtiments administratifs. Par ailleurs, chaque citoyen civil devrait entreprendre et participer régulièrement à des travaux dintérêt public. En ce qui concerne les taxes à létat, tous les citoyens, femmes et hommes devraient les payer en monnaie sonnantes et trébuchantes ou en nature, et qui serviraient à la construction des projets nationaux. Enfin, chaque citoyen veillerait au grain et sassurerait que ladministration centrale ou lautorité locale gère effectivement et minitieusement les ressources qui lui avaient été confiées.
Ce que nous voudrions enfin relever cest que chaque parti politique au pouvoir, chaque gouvernement de premier ministre à Bangui, avait continué à sévertuer à utiliser cette même formule qui navait donné aucun résultat positif satisfaisant. Cette formule pernicieuse qui avait consisté à faire uniquement appel à laide financière extérieure pour produire le développement du pays, et, navait pas accordé suffisamment dimportance aux autres paramètres cités plus haut qui comprendrait réellement la (ré)valorisation de léducation générale et de la formation professionnelle technique, et, limportance et le respect dune bonne éthique du travail pour rester à lessentiel. Les centrafricains et les leaders politiques devraient quitter lécole de lattente dune aide financière probable/improbable et initier un nouveau courant de pensée dans lequel chacun devrait apprendre à se prendre immédiatement en charge. Ce serait peut être dans ce contexte que le gouvernement central pourrait solliciter à lextérieur des expertises en hommes et femmes du monde, en activité ou retraités, qui formeraient un corps de volontaires pour apporter leurs expériences, guider et motiver le peuple centrafricain dans cette nouvelle démarche ou marche contre le sous-développement. Le moment serait peut-être opportun pour contempler dautres approches et aller dans une nouvelle voie, afin de sortir ce pays de cet enfer qui na que trop duré.
Jean-Didier Gaïna
Virginie, Etats-Unis dAmérique (03 août 2005)
Actualité Centrafrique de sangonet