Bozizé favori du second tour de la présidentielle centrafricaine

BANGUI (AP), dimanche 8 mai 2005, 13h02  - Le second tour de l'élection présidentielle centrafricaine opposait dimanche François Bozizé, le président sortant arrivé au pouvoir par les armes il y a deux ans, à Martin Ziguélé, ancien chef du gouvernement d'Ange-Félix Patassé en exil au Togo.

Lors du premier tour, le 13 mars, le général Bozizé avait recueilli 43% des suffrages, contre 23,5% à M. Ziguélé, candidat du Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC), le parti de M. Patassé.

Le général Bozizé est à la recherche de la légitimité qui manque à son régime, alors que la population aimerait que cette présidentielle -couplée à des élections législatives partielles- marque la fin de l'ère des coups d'Etat.

L'ancien président André Kolingba, arrivé en troisième position au premier tour avec 16% des suffrages, a contesté la validité des résultats, mais trois autres candidats malheureux ont demandé à leurs partisans de voter Bozizé.

Le million et demi d'électeurs inscrits (sur trois millions et demi de Centrafricains) doit aussi pourvoir les 85 des 105 sièges qui restent vacants au Parlement. Les résultats devraient être connus dans une dizaine de jours, selon les autorités.

"Le second tour de ce scrutin est une étape importante pour le peuple de la République centrafricaine afin d'achever le travail entrepris en mars", a déclaré M. Bozizé à la presse après avoir voté à la mairie de Bangui, la capitale.

Le général, chef d'état-major de l'armée sous Patassé avant de tomber en disgrâce, a pris le pouvoir à Bangui à la tête d'une rébellion armée en mars 2003, événement passé relativement inaperçu alors que débutait l'invasion de l'Irak.

Depuis son indépendance en 1960, le Centrafrique a connu au moins neuf soulèvements armés, souvent menés par des militaires réclamant l'amélioration de leur solde, quand ce n'était pas son versement. Malgré les richesses du pays, ses gisements d'or et de diamants, l'Etat manque de ressources et est bien souvent incapable de payer ses militaires et ses fonctionnaires.

L'électeur de base est partagé sur les hommes qui sollicitent ses suffrages. "Bozizé est l'homme de la situation, il a rétabli la paix dans le pays", souligne Suzanne N'dia, une marchande de poisson de 31 ans. "Il faut voter pour lui".

Mais nombreux sont ceux qui pensent que les militaires ont ruiné le pays. "Nous voulons un gouvernement civil. Bozizé est un soldat et sa place est dans les casernes", estime Serge Gambo, un mécanicien de 46 ans. "Je suis très perplexe", témoigne Jeanot Nguembo, un étudiant en droit de 22 ans. "Ceux qui nous ont nui dans le passé veulent revenir au pouvoir. Je ne vois vraiment aucun avenir pour mon pays". AP

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