Les élections en Centrafrique grâce à la communauté internationale
Plus de cinq milliards de francs Cfa mobilisés sous la férule du Pnud.
Junior Binyam, à Bangui

Le Quotidien Mutations, Mai 16, 2005 17h17 - Samedi dernier, au siège de la Commission électorale mixte (Cemi) à Bangui, pour la première évaluation de leurs missions sur le terrain, les 21 volontaires recrutés par le Pnud pour appuyer les superviseurs des Cemi locales dans la gestion du processus électoral ont marqué leur satisfaction quant au déroulement des opérations. Même s’il faut déplorer deux incidents qui auraient pu donner une dimension tragique à ces missions. Un accident de la route ayant entraîné une fracture du bras pour un volontaire. Mais surtout la folle randonnée de Diallo Moudou, un volontaire malien, qui par deux fois a échappé à la mort dans la sous-préfecture de Aboua, préfecture du Nana-Mambéré, au Nord de Bangui. A chaque fois, une embuscade tendue par des rebelles a été évitée grâce à la prompte et courageuse réaction des militaires qui escortaient ce volontaire et qui n’ont pas hésité à riposter aux coups de feu des assaillants.

Passé l’évocation de ces deux faits qui par leur dénouement heureux revêtent du coup un caractère anecdotique, les volontaires ont remercié le Programme des nations unies pour le développement (Pnud) pour les conditions optimales de travail qui leur ont été offertes. Téléphone satellitaire, véhicule tout terrain (4x4 robuste et de luxe) sont les éléments de base pour ceux qui devaient braver les pistes de ce pays très enclavé. Certains en ont bavé. «Nous avons dû à certains moments descendre de la voiture, à l’aide de pioches et pelles et à la force du bras sortir le véhicule d’un bourbier pour continuer», raconte le doyen des volontaires.

Ces volontaires ne sont qu’un pan de l’apport multiple qui aura été celui de la communauté internationale pour la réussite de ces élections couplées en Rca. Le processus a été entièrement financé par des fonds étrangers. L’apport du gouvernement centrafricain qui était évalué à un milliard au départ a été ramené à une volonté politique pour asseoir un cadre légal à même de garantir un scrutin transparent. Les pleins pouvoirs donnés à la Cemi pour la conduite du processus ont été une exigence préalable à tout financement. Stan Nkwain, représentant résident du Pnud à Bangui, ne tait pas le fait que pour compter sur le Pnud, il faut une commission entièrement indépendante car «Pnud veut dire acceptation d’un certain niveau de transparence». La menace d’un retrait du Pnud est même restée constante durant tout le processus si l’indépendance de la Cemi était remise en cause. Dès lors, on comprend mieux comment l’influence de l’administration a été ainsi amoindrie au point de devenir inexistante dans une loi électorale en Afrique.

Moyens
Avant le début des opérations de vote, les 700 millions de francs Cfa préalablement investis par Bangui ont été entièrement remboursés par l’Union Européenne. Cette dernière a été le principal bailleur avec un apport chiffré à 5 millions d’euros (environ 3 milliards 275 millions Fcfa). Les autres donateurs sont la France (un millions d’euros), le Pnud (800 000 dollars américains), l’Italie (300.000 euros), les Etats-Unis (250.000 euros), la Ceeac (50 millions Fcfa), le Bonuca (35 millions Fcfa).

Au total, c’est près de cinq milliards et demi de francs Cfa qui ont été mis à la disposition du Projet d’appui au processus électoral en Rca piloté par la représentation du Pnud en Centrafrique sous la coordination de la Division de l’assistance électorale au siège de l’Onu à New York. Cet argent a servi à l’acquisition et à l’acheminement du matériel électoral ainsi qu’à mettre en place toute la logistique nécessaire. Dans le convoi du matériel de vote et de la logistique, l’apport de la force de la Cemac stationnée à Bangui et des forces armées centrafricaines a été très importante. Il est à ranger dans le volet des dons en nature. Tout comme l’octroi d’un bâtiment appartenant au Pnud pour le siège de la Cemi et 27 ordinateurs pour le traitement des données.

Au-delà de la collecte de cette manne financière et de sa redistribution, le Pnud a offert une assistance technique à travers quatre experts dans les domaines suivants: statistique- informatique, logistique-finances, droit, communication. Pour cette première en Afrique d’implication intégrale dans un processus électoral de bout en bout, le Programme des nations unies pour le développement estime son contrat rempli. En attendant la proclamation définitive des résultats et les missions d’évaluation attendues dans les prochaines semaines pour tirer toutes les leçons de cette expérience.

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