Centrafrique: la campagne électorale du 2eme tour bat son plein


Les partisans de Francois Bozize le 3 mai à Bangui
© AFP Desirey Minkoh

BANGUI (AFP) - samedi 07 mai 2005 - 13h29 - Orange d'un côté, vert de l'autre. La bataille électorale entre Martin Ziguélé et François Bozizé ne prend jamais de repos. Dès la nuit tombée, des "QG stratégiques" s'installent dans les rues de Bangui pour convaincre les Centrafricains indécis d'aller voter dimanche.

Bangui, 5ème arrondissement. Au bord de la route, un groupe de jeunes danse en cercle en agitant un large drapeau orange et chante bruyamment "papa Bozizé nous n'aimons que toi, papa Kwa na Kwa", du nom de la Convergence nationale le soutenant.

A 200 mètres à peine de cette "vague orange", le "quartier général" des partisans de son adversaire Martin Ziguélé poursuit tant bien que mal sa veillée. On y parle politique bien sûr mais, comme chez le pro-Bozizé, on y joue aussi aux cartes à la lueur d'un néon. Dans les deux camps, la stratégie est la même: aller à la rencontre des "vieux papas et veilles mamans" des quartiers pour les convaincre de voter au second tour des élections présidentielle et législatives.

"Depuis le début de la campagne, on réfléchit la nuit sur la stratégie pour la campagne car il y a beaucoup de fraudes. Le jour, on essaye d'aller dans les quartiers faire du porte à porte pour convertir les électeurs", lance Dieudonné Wamba, un artiste-peintre de 35 ans pro-Ziguélé. A côté de lui, deux jeunes vêtus de T-shirts à la gloire de l'ancien Premier ministre font une partie de ludo. Le visage de leur candidat trône tout sourire au dessus d'eux. "Martin Ziguélé président. Un homme neuf pour une Centrafrique unie", proclame l'affiche.

La décontraction est la même chez les partisans du général-président. Des jeunes boivent le café et bavardent. Près d'un arbre, d'autres jouent un étrange concert à coups de sifflets et en frappant du pied la terre battue. "Tous les soirs, on s'organise pour aller le lendemain matin expliquer aux gens qu'il faut voter aux législatives pour les députés du général", indique James Rangbawaboye Aimé, le coordinateur adjoint de ce QG. "La présidentielle, c'est déjà acquis", assure-t-il, "mais il faut qu'il soit à l'aise à l'Assemblée".

A l'exception du 4ème arrondissement de la capitale, où la tension est vive, les deux camps cohabitent paisiblement. Que ce soit dans la rue, dans les bars ou au passage de la caravane d'un des candidats, les deux parties se défient à coups de boutades. Les insultes qui ont agité le scrutin présidentiel de 1993 semblent oubliées. "Tu n'as plus qu'à aller pêcher!", lance en riant une jeune femme à un Yakoma, l'ethnie de l'ancien président André Kolingba qui, arrivé en troisième position au premier tour, n'a pas donné de consigne de vote à ses militants pour le second tour. Leur attitude constitue l'une des clés du second tour de dimanche.

"Nous, on essaye de les sensibiliser à la présidentielle pour Ziguélé. Lui et Kolingba sont tous les deux membres de l'UFVN" (Union des forces vives de la Nation, coalition anti-Bozizé), explique François d'Assises Bagando, coordinateur de la jeunesse du parti de M. Kolingba, le Rassemblement démocratique centrafricain (RDC).

Avec, semble-t-il, quelques difficultés. Membre du RDC, Innocent annonce ainsi qu'il va voter à la présidentielle pour "Ziguélé parce qu'il paye les arriérés de salaires". Mais qu'aux législatives, il ne votera "ni pour le candidat RDC ni pour la soeur du président Bozizé mais pour le ministre (de l'Education nationale) Karim Meckassoua", un candidat indépendant. Le travail de persuasion des "veilleurs de nuit" de la campagne électorale n'est pas de tout repos.

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