Le doute est permis: question de compétence de l'équipage du nouveau bateau amarré par Bozizé.
Le
quotidien français Libération sonne le glas :
"Bozizé doit désormais former un gouvernement compétent
et faire le tri dans les nombreux «toubabs» français qui n'ont
pas manqué de rappliquer à Bangui pour le féliciter et lui
proposer leurs douteuses compétences." (26 mai 2005).
Le doute, plutôt là où le bas blesse, avait déjà été
souligné par l'ambasseur de France, M. Jean Pierre DESTOUESSE en poste à Bangui: «Pas des Ministres nuls dans le
prochain Gouvernement! ». ( 21 mai 2005)*
Bozizé se succède à
lui-même. Des félicitations parviennent de partout. Pour sa
part, le Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan,
tient à faire l'éloge de l'électeur centrafricain. Citons :
LEMONDE.FR, AFP, 25 mai 2005, 09h19 ("François
Bozizé est réélu à la tête de l'Etat centrafricain") ... Alors que le processus électoral a
été plusieurs fois menacé et retardé par des crises
récurrentes et en dépit d'une organisation chaotique lors du
premier tour, la campagne électorale et les deux tours de
scrutin se sont déroulés sans incident majeur, dans un pays à
l'histoire pourtant marquée par la violence politique.
Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a "fait
l'éloge" mardi des électeurs centrafricains,
soulignant que ce scrutin mettait un terme au processus de
transition avec "succès" et de façon "pacifique".
"Le secrétaire général réaffirme la disposition des
Nations unies à continuer de soutenir les efforts du peuple de
République centrafricaine dans son ensemble au moment où il
s'engage pour bâtir un meilleur avenir pour le pays",
a-t-il indiqué.
Un exemple d'élégance politique.
L'Avenir
Quotidien 27 mai 2005 - Qui a dit que l'élégance politique n'était pas
africaine !
Les résultats du second tour de la présidentielle
centrafricaine qui s'est tenu le 8 mai dernier ont été rendus
publics mardi à Bangui.
Selon le verdict des urnes qui est tombé avant-hier, le
président sortant François Bozizé l'a emporté avec 64,6% des
voix contre son adversaire l'ex-Premier ministre Martin Ziguélé
qui n'a lui réuni que 35% des suffrages. Comme tout le monde le
sait, cette élection du nouveau président de la Centrafrique
est sensée mettre un terme à cette transition mouvementée
comme il y en a dans plusieurs pays en Afrique.
Il y a beaucoup de faits qui méritent d'être examinés dans ce
processus électoral. Mais pour le moment ce qui a retenu
particulièrement notre attention c'est l'attitude du candidat
perdant Martin Ziguélé.
Aussitôt informé du verdict des urnes qui proclamait son
adversaire vainqueur, M. Ziguélé s'est incliné devant cette
décision, déclarant que c'était là le peuple centrafricain
souverain qui venait d'exprimer sa volonté, et qu'il n'avait
qu'à la respecter.
Il a enchaîné en présentant ses sincères félicitations à
l'heureux gagnant qu'il a invité à travailler pour le bien de
tous les Centrafricains.
A tout prendre, on se croirait aux Etats-Unis d'Amérique ou en
Europe Occidentale où l'alternance au pouvoir est un acquis de
la pratique politique, de sorte que gagner ou perdre est un
résultat incontournable de toute compétition, et chacun des
challengers ne peut expérimenter que l'un de deux.
C'est pourtant arrivé en cette Afrique des contradictions. La
réalité est que tout n'est pas allé pour le mieux comme dans
le meilleur des mondes, pour Martin Ziguélé représentant de
l'opposition centrafricaine. Il avait de quoi être amer et
appeler au soulèvement populaire. Tenez ! Ex-chef d'état-major
de l'armée centrafricaine, François Bozizé, a fomenté une
rébellion qui l'a aidé à prendre le contrôle de Bangui le 15
mars 2003, avec l'appui des troupes tchadiennes, pendant que le
chef de l'Etat, Ange-Félix Patassé, était en déplacement à
l'étranger. L'opposition pouvait, au vu de ce résultat
l'accuser d'avoir mis en place des institutions de transition
qu'il a manipulées pour rétablir un ordre constitutionnel
taillé à sa mesure. Au contraire, elle s'est dépassée, par le
canal de son représentant, pour ne considérer que l'essentiel.
C'est ce qu'on a perçu à travers les réponses de Martin
Ziguélé à un représentant des médias qui lui rappelait la
présence des militaires dans certains bureaux de vote le jour de
l'élection. M. Ziguélé a reconnu les faits, pour répondre à
la fin que cela était une bavure alors, sur le plan de la loi.
Mais que pour le résultat final, c'était irréversible. Il
considérait que le peuple centrafricain a trop souffert des
turpitudes politiques qu'il ne pouvait être question de lui en
imposer davantage. Au lieu de chercher à toujours remettre en
cause les résultats d'une phase du processus en cours, Martin
Ziguélé a préféré considérer cela comme un terrain
d'entente à partir duquel les centrafricains peuvent se
concerter pour un nouveau départ vers la concorde nationale.
C'est là un exemple de patriotisme, d'abnégation et
d'élégance politique. M. Ziguélé est un intellectuel
confirmé, dont l'instruction épouse harmonieusement les valeurs
morales. Ceci explique cela. C'est une expérience vécue dans un
contexte similaire à celui de la République démocratique du
Congo, à tous points de vue.
Puissent nos politiciens s'en inspirer afin de sortir ce pays des
griffes de l'égocentrisme et de l'obsession du pouvoir pour le
pouvoir. Qu'il s'élève aujourd'hui des Ziguélés en Rdc,
animés de l'amour de la patrie et de l'esprit de conciliation,
qui aient un ascendant positif et libérateur sur le peuple, et
l'amènent à la réconciliation nationale.Qui a dit que
l'élégance politique n'était pas africaine, avons-nous dit.
Par J. Marcel Mbuyi, L'Avenir Quotidien
Le général Bozizé couronné président
Liberation 26
mai 2005 - Il ne faut pas désespérer du pré carré.
Malgré la Côte-d'Ivoire, malgré le Togo, il existe encore des
anciennes colonies françaises d'Afrique qui ne réservent pas
que des mauvaises surprises. Pour une fois, tout s'est passé
comme prévu en République centrafricaine : François Bozizé,
soutenu par Paris, a été élu sans coup férir avec près de 65
% des voix face à l'ex-Premier ministre Martin Ziguélé, selon
les résultats du second tour de la présidentielle annoncés
officiellement mardi. Le général-président sortant fait coup
double en remportant 42 des 105 sièges de l'Assemblée
nationale.
Détesté. Ainsi prend fin la «transition consensuelle» mise en
place après le coup d'Etat du général Bozizé qui avait
renversé le président Ange-Félix Patassé, unanimement
détesté, le 15 mars 2003. Maintenant, reste à Bozizé à
appliquer le nom que s'est donné son propre parti, la
Convergence nationale Kwa na kwa, ce qui signifie en langue sango
«le travail rien que le travail». Parce qu'il y en a, du
travail. Si la Centrafrique, habituée aux coups d'Etat, a pour
une fois tenu des élections exemplaires, elle est aussi un
exemple de tous les maux que l'Afrique subsaharienne peut
concentrer : Etat déliquescent, fonctionnaires impayés depuis
des mois, enfants déscolarisés, chômage, sida, ressources
pillées, règne des milices, etc.
François Bozizé, 58 ans, s'il se présente comme l'homme
providentiel, n'est pas un nouveau venu dans la politique
centrafricaine. Nommé général de brigade en 1978, à 32 ans
seulement, par l'«empereur» Jean-Bedel Bokassa, il devient
ministre de la Défense de son successeur David Dacko, après
l'opération Barracuda de l'armée française qui avait renversé
en 1979 Bokassa devenu trop gênant. Après le coup d'Etat du
général André Kolingba, le 1er septembre 1981, il obtient le
portefeuille de l'Information et de la Culture. L'année
suivante, sa tentative de putsch échoue : il s'exile au Tchad,
puis au Bénin, où il est arrêté en 1989. Extradé vers
Bangui, il est emprisonné et torturé. Accusé de complot et de
menées subversives, il est néanmoins acquitté et libéré en
décembre 1991. En 1993, il se présente une première fois à la
présidentielle contre Ange-Félix Patassé, sans succès.
Patassé le nomme chef d'état-major en 1996. L'entente est
parfaite... jusqu'en octobre 2001 où, limogé, Bozizé s'enfuit
au Tchad pour échapper à l'arrestation.
Balayeur. En octobre 2002, il revendique une tentative de coup
d'Etat qui échoue. L'offensive de mars 2003, aidée par le
Tchad, est la bonne. Patassé, en voyage à l'étranger, prend
l'exil. «Je suis venu sauver le peuple centrafricain, proclame
à l'époque le général Bozizé. Et après, ma mission
s'arrête là.» Une fois de plus, le «balayeur» a voulu garder
le manche. Drôle de pèlerin que ce général, chrétien
pentecôtiste et fervent fidèle de l'Eglise du Christianisme
céleste-Nouvelle Jérusalem. Discret, voire austère, il ne
dédaigne pas pour autant les richesses terrestres. Le 17 avril
2004, les douaniers allemands ont eu la surprise de découvrir
une mallette remplie de diamants au bras de Bozizé qui venait de
débarquer d'un petit avion privé : il avait refusé les
contrôles en arguant de sa fonction de chef d'Etat. Déjà pris
à la gorge par des échéances financières, Bozizé doit
désormais former un gouvernement compétent et faire le tri dans
les nombreux «toubabs» français qui n'ont pas manqué de
rappliquer à Bangui pour le féliciter et lui proposer leurs
douteuses compétences.
Par Christophe AYAD, Libération
La France se félicite de l'élection du président centrafricain François Bozizé
PARIS,
XINHUANET, 26 mai 2005 -
La France a salué mercredi l'élection du président
centrafricain sortant François Bozizé et celle d'une nouvelle
Assembleé nationale.
"Nous saluons l'élection de M. Bozizé à la présidence de
la République centrafricaine ainsi que celle d'une nouvelle
assemblée nationale", a déclaré à la presse la
porte-parole adjointe du ministère des Affaires étrangères,
Cécile Pozzo di Borgo.
"Face à l'ampleur des défis économiques et financiers
auxquels ce pays est aujourd'hui confronté, la France poursuivra
son appui aux côtés de la communauté internationale et de
l'Union européenne, pour accompagner les efforts de redressement
de ce pays", a-t-elle ajouté.
M. Bozizé, 58 ans, arrivé au pouvoir en 2003 à la faveur d'un
putsch, a remporté la présidentielle du 8 mai en obtenant près
de 65% des voix.
Source (leconfident.net, 21 mai 2005) - http://www.wmaker.net/leconfident/index.php?action=article&id_article=153639&print=1
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