3D = 2FD; LA FORMULE  DE  FABRICATION DES  ENTITES CHAOTIQUES INGOUVERNABLES. Cas du Centrafrique.

 

Par Gervais Douba.

Enseignant en sciences de gestion  IUT(Université de Rouen)

 

La transition chaotique qui s’achève, aurait permis aux Centrafricains de mesurer les limites de capacité d’analyse des problèmes d’un pays en proie aux turbulences à répétition et aux pouvoirs vacillants.

Pour peu qu’on ait pris le temps de lire les déclarations de foi des différents postulants au siège suprême, l’on se rend compte qu’eux-mêmes ont une autre lecture de cette mission  qui est celle d’incarner la légitimité nationale et de défendre les intérêts supérieurs de l’Etat-nation . Ils ont une approche messianique et rédemptrice du pouvoir alors que tous les systèmes socio-économiques du monde chancèlent en raison de profonds clivages, de vastes transformations internationales où toutes les formes de pouvoir sont en crise. Alors que tous les pays d’Afrique notamment la sous-région se préoccupe avec acuité des questions de l’avenir de leur positionnement de leur pays et de leurs ressortissants dans le concert des Etats-nations, la classe politique Centrafricaine s’est évertuée à faire l’autruche. Je m’explique :  Depuis les indépendances nominales du 13 Août 1960, le Centrafrique a connu cinq constitutions à l’image de sa mère patrie la France. Il n’ y a eu que deux Présidents civiles pour une durée totale de magistrature suprême de 17,5 ans que l’on peut répartir ainsi : Dacko 1 ( 1960-1965) : 5ans et Dacko 11 (1979-1981); 2, 5ans soit un total de 7,5ans au pouvoir. Patassé 10 ans au pouvoir.  En revanche, les régimes militaires sont les régimes qui ont le plus duré. Bokassa( 1966-1979) , 14 ans, Kolingba (1982-1993) ;12 ans et Bozizé depuis 2ans., soit un total provisoire de 28 ans. Mon découpage n’est pas net mais le questionnement qu’engendre mon petit calcul est le suivant : Comment expliquer les difficultés du Centrafrique à installer un régime garant d’une paix sociale et d’un projet démocratique et économique crédibles, fiables et pérennes. Pourquoi les richesses minières de ce pays ne permettent pas d’amorcer une dynamique de développement ; des êtres et développement des infrastructures ?

Sans  faire un procès d’intention à ces brillantissimes candidats aux  récentes présidentielles, ils ont, avec une naïveté déconcertante, affiché leur volonté de faire de ce siège, un repaire où ils tendraient à loisir toute sorte de piège, au lieu de proposer des repères pour lutter contre le triangle de la misère qui nous gangrène. Tous ont eu une lecture réductrice des facteurs générateurs de la misère en y voyant qu’un aspect conjoncturel. Tous ont eu comme projet politique de nous traiter tels que nous sommes, au lieu d’ambitionner de nous tirer vers le haut ; c’est-à-dire nous traiter tels que nous devrions être pour qu’à terme, nous ayons la chance d’y parvenir. On s’attendaient à ce que les « petits fils de Boganda » [ Ce n’est pas un culte de la personnalité mais une référence en terme de projet et de dynamique impulsée] prennent dignement le relais, voilà qu’ils proposent tous, un schéma directeur suranné et désuet de société que même leur grand’ père, tenant compte de l’environnement international, se garderait bien de s’y aventurer .

Ils ont tous, une culture politique digne des lendemains des indépendances et se sont permis de jouer aux potentiels despotes éclairés, en insultant ceux là mêmes dont ils ont sollicité le suffrage, notamment dans la justification de leur échec. Les raisons qu’ils ont invoquées, sont proches de l’insulte si ce n’est pas pour traiter les électeurs de déficients mentaux. L’offre que notre classe politique a faite, s’apparente davantage à un geste de pompier pyromane. Je veux dire par là qu’à l’instar de certains pompiers en occident, plus il y a le feu, plus les sorties sont rémunératrices alors, la tentation est grande au risque de violer les règles élémentaires de déontologie.  Aucun d’eux n’a osé amener sur la place publique, le débat de la résistance de la corporation militaire au pouvoir civil. Pour quelles raisons sociologiques l’armée Centrafricaine considère le coup d’état comme seul mode d’accession au pouvoir politique ? Je crois – sans passer pour un partisan de Patassé- que les tristements célèbres DN et le CNT ont brillé d’absence sur cette question. 

Avant le second tour qui fera migrer M. Bozizé, de Président auto-proclamé et auteur de l’euthanasie politique du régime Patassé, au rang de Président élu au suffrage universel,il nous semble important de proposer une analyse de ce qui s’est passé et une clé de lecture de ce pouvoir envoûtant et déroutant, fascinant et intrigant, pour les générations à venir. Il me semble important d’inviter les jeunes- comme je l’ai déjà fait dans un article précédent et relatif à l’exaltation du juvénisme, à se demander avec moi, sur les conditions d’émergence des initiatives et comment ces initiatives peuvent  changer, voire influencer la société .

Sans passer pour l’expert de service, lorsqu’au cours d’un rendez-vous démocratique, la classe politique contribue davantage à insulariser le pays par rapport au reste du monde, par l’aggravation de sa singularité et cela par des contre vérités,n’est-il pas urgent de sonner le glas  en inventant une autre marque de fabrique ?

 

I) Contribuons à changer la formule de construction des entités chaotiques ingouvernables.

 

1-1 : Etat des lieux :

 

Si l’on peut modéliser notre situation socio politique depuis lors ,jusqu’à la veille de l’homme de la transition chaotique, c’est-à-dire de la transition dans le brouillard, on peut se servir de cette formule :

 

3D = 2FD

 

-  Le premier ; c’est le D de Déni : notre société a fondé sa culture politique et son fonctionnement administratif  sur le Déni : Je vous renvoie aux travaux du DN. Et les analyses que j’avais faites en son temps.

Depuis toujours et particulièrement sous le régime Patassé, le déni des droits et liberté a été érigé en système de gouvernement. Les intrigues de palais, les nominations à des postes sur des bases douteuses ne résultent pas du tribalisme ou du népostisme seuls. C’est l’expression sournoise du Déni qui a occasionné des mutineries à répétition au point de faire vaciller le pouvoir.

Il a fallu que la communauté internationale  maintiennent le régime militairement sous dialyse- faute d’avoir perdu son ancrage démocratique    - et   économiquement sous perfusion, jusqu’au départ fatal de Niamey.

 

-  Le deuxième D ; est le D de Désinvolture. La désinvolture est la conséquence du déni. Sa manifestation est le mépris des autres, l’arrogance portée à son apogée. Ses principales conséquences sont : la censure, les intimidations et le bâillonnement…

 

-   Sous tous les régimes qui se sont succédés, des civils inféodés au pouvoir ont été plus royalistes que le Roi. Bien que n’ayant aucune légitimité politique, ils décidaient en lieu et place du politique ; ce qui n’est pas de nature à plaire aux adjudants et capitaines. Curieux de remarquer que Kolingba et Bozizé ont pu s’exfiltrer du territoire alors que le pays est quadrillé.[ Dieu merci, ils ont la vie sauve et c’est tant mieux pour eux et leurs familles]. Ce n’est pas une première en Afrique Centrale, Hissène Habré a réussi à s’exfiltrer du territoire et récemment, les G.I. ont eu maille à partir avec Saddam…

 

-   Le troisième D est le D de Déficit : Déficit de dialogue, déficit d’éducation politique, déficit de préparation et d’implication qui aboutit à s’en remettre au culte de la personnalité et à faire du chef un omnipotent et un infaillible. Déficit de projet de société qui fait place à des juxtapositions et de rafistolage, des solutions de type « rustines », des réformettes sans lien avec les intérêts supérieurs du pays ou les intérêts du service… 

 

L’interaction des ces trois D ou la somme des trois D engendre une culture des armes. Les militaires se croient tout permis parce qu’ils ont les armes. La culture de la prédation violente s’est emparée de nous au point qu’on obtient les diplômes sans grand effort ou après avoir intimider l’Etat. On casse tout et seuls, les membres des castes et les suzerains de la féodalité militaro-civile et leurs félons ont la sécurité de l’emploi et des revenus.

 

 Quant au 2FD

 

- Le premier F est le F de la Falsification de l’histoire, des institutions. Nous entretenons et pérennisons la culture de la Falsification. Cette culture rappelle Kroutchev qui disait que l’histoire n’a pas besoin de passé… En d’autres termes, l’histoire n’a pas de référence, se construit au jour le jour et par celui qui est au pouvoir… Ce qui est grave ! Tous nos chefs d’Etat et leurs gouvernements successifs, toutes les autorités civiles et militaires, les responsables des Eglises, ont bâti leur domination sur nous en falsifiant l’histoire ; ce qui a compromis irrémédiablement l’identité Centrafricaine.

 

- Le deuxième F est le F de la Forfaiture.

La culture de la forfaiture et de la prévarication explique l’absence d’esprit de responsabilité. Notre culture politique est tissée de fibres de Forfaiture, de prévarication, de concussion et donc de prédation. La forfaiture a touché insidieusement toute notre couche sociale ; des associations aux églises en passant par tous les services de l’Etat. Elle nous rend tous, potentiellement corruptibles…

- Le dernier D est le D de Déclin, de la déficience et non de la Défaillance.

En cinquante ans d’indépendance nominale, tout est toujours à reprendre et rien n’est jamais acquis. L’héritage de la colonisation est soit dilapidé, soit détruit matériellement ou dévoyé voire bifurqué. Nos institutions n’ont rien de solide. L’amateurisme et l’improvisation nous caractérisent et ont atteint un niveau pire qu’ailleurs. Notre classe politique et notre société civile pansent les institutions ( vision à courte vue) au lieu de les penser ( recherche d’envergure et mise en perspective). La société civile  a cessé d’être catalyseur de la réflexion et de l’action politique et passe plus son temps à séduire le pouvoir pour qu’il lui conserve ses faveurs acquises et protège ses privilèges territoriaux notamment l’ordre des préséances protocolaires.

 

Une société dont les institutions déclinent régulièrement et inexorablement est une société qui n’est pas seulement en crise mais c’est une société qui se désinstitutionnalise. Par voie de conséquence, perd la boule, donne l’occasion à d’autres pays et partenaires notamment mafieux de devenir maîtres de son destin en se prévalant des raisons humanitaires. Lorsque la structure socio-économique d’un pays ne génère que des crises politiques et idéologiques, socio-économiques et que ces crises se prolongent, elles engendrent des dictatures sous toutes les formes : dictature militaire, syndicale, religieuse, dictature des pouvoirs, des autorités techniques, un mélange de genre et donc multiplient les foyers d’autocraties et de conflits et les laissés pour compte. C’est la genèse de la désinstitutionnalisation. Le Centrafrique y est en plein. [ Je mets volontiers « le » pour rester fidèle à ma référence ; Boganda].

 

 

I-2 : Ne pas laisser la fantaisie des gouvernants s’enraciner.

 

Comme nous venons de survoler sommairement, pour changer les institutions, il faut  s’inspirer de la prudence de nombreux modèles de réformes dans l’histoire et proposer cela en tant que défi à relever et se méfier des certitudes à la gomme de nos gouvernants ou de notre classe politique ; expertes et voltigeuses  en thérapie de choc.

Les causes de nos échecs ont des racines beaucoup plus profondes. Les expertises standards des forces occultes, celles des généraux à la retraite ou des Chicago boys du FMI, de la Banque mondiale et de la BDEAC voire de la CEMAC ne suffisent pas car, ces expertises cernent et encerclent mal les fondements de l’économie de marché et les processus des réformes.  

Il convient de remarquer qu’à l’occasion des fenêtres d’opportunité ouvertes par le brouillard de la transition, le reflex de survie a provoqué dans la population une sorte d’inertie au changement et elle s’est dépêchée, pour protéger ses anciens intérêts acquis, d’acclamer le coup d’Etat. Quand aux vagues de retour au pays, mêmes pour des leaders politiques, elles se passent de commentaires et je me garde de jeter la pierre à qui que ce soit ; d’ailleurs ce n’est pas l’objet de cette analyse. Je veux simplement inviter le lectorat à pointer du doigt un phénomène majeur ; notre capital social et organisationnel ( notre infrastructure sociale) est très fragile et difficile à reconstituer une fois dilapidé. Les salaires ne sont pas payés ( c’est comme terre altérée qui soupire après l’eau du ciel- dit un Cantique Chrétien) et promettre de rattraper les arriérés chroniques était un slogan mobilisateur pour les Centrafricains mais, de récupération pour les bailleurs de fonds étrangers : la Banque Africaine de Développement, la CEMAC etc qui ont consenti des facilités de caisse ou autres rallonges…  

 

Notre classe politique et la société civile nous ont habitué à recevoir la manne venant d’eux , pour que nous dépendions d’eux et restions dans le brouillard. C’est ainsi que pour nous, cette classe est notre poule aux œufs d’or.

 

Notre culture politique est une culture de la dépendance et du passager clandestin et ceux qui nous gouvernent la gèrent jalousement à leur profit. En cas de contention avec la politique, il suffit qu’ils désignent un bouc émissaire  de type « mauvaise conjoncture » ou font un chantage de demander l’asile politique à l’étranger et ils se dédouanent. Sans insinuer du populisme, la vérité est la suivante : si le pays est aussi ex-sangue que ça, comment nos gouvernants font pour devenir en moins de deux ans des châtelains ! Comment les officiers subalternes et supérieurs, les étudiants sortis à peine des études et n’ayant aucune expérience de la gestion de la chose publique ou la transversalité est déterminante, parviennent-ils à accéder à un bien-être de façon fulgurante.    

Sans faire la chasse aux sorcières et ériger le soupçon en culture politique, apprenons à demander à nos dirigeants de rendre des comptes. Saisissons nous de nos représentants au parlement, pour qu’ils posent de vraies questions, soulèvent de vrais débats ou constituent d’authentiques commissions d’enquête parlementaires. Personne sur terre n’est irremplaçable ou n’est indispensable. Si celui que nous avons élu ne s’acquitte pas de son mandat avec compétence, demandons lui de nous rendre des comptes ou retirons lui notre confiance…Réfutons l’idée selon laquelle les administrations sont neutres. L’ENAM, l’Université, les Instituts d’enseignement et de formation civile, militaire et paramilitaires etc sont en osmose avec l’Etat et sont au service de son idéologie. Exigeons que tout soit entrepris pour qu’il soit mis fin à la formule :

 

3D = 2FD

Cessons avec le désordre et la violence politique et sociale  en ensemençant une culture politique d’alternative et en résistant à la manipulation par les politiciens à la culotte courte, obscurantistes qui, ne savent rien d’autre que de faire des jeunes des boucliers humains. Alors que l’on tire à balle réelle sur les pauvres manifestants, ces derniers et leur famille sont souvent mis à l’abri par l’étranger et à l’étranger.  

 

II : Construire les partis politiques, l’Etat  et la société civile autour des intérêts du citoyen.

 

Refusant d’entrer dans les poncifs, je voudrais qu’on fasse un arrêt sur image des modes d’accès au pouvoir et d’accès à la richesse.

Nous récusons l’expertise économique et sociale à nos candidats déçus et les messes basses qui ont suivi l’entre deux tours. Quels sont les faits et les valeurs que véhiculent nos candidats ? Ils avaient été artisans d’une construction constitutionnelle. A leur nez et barbe, le premier geste de Bozizé a été, de donner un coup de canif à la constitution, par cour constitutionnelle interposée. C’est un deuxième coup d’Etat et le signal, que ce régime ne brillera que par coup de force et est parti pour faire, lui aussi 13 ans comme ses prédécesseurs militaires…

La voie indiquée pour naviguer dans ce monde qui bouge, est la recherche de l’autonomie des peuples dans un contexte d’interdépendance et non l’allégeance dans un contexte dit d’indépendance. Quelles sont les transformations qu’il faut impulser pour tenir sur les vagues agitées de la mondialisation…

 

II-1 : Le territoire comme point d’appui d’une mise en perspective de développement.

 

Le modèle de développement auquel se réfère le Centrafrique-comme la plupart des Etats -nations, a fondé et fonde principalement sa cohérence sur l’entreprise et le marché.

- L’entreprise- peu m’importent la forme et l’objet- est un système apte à transformer des connaissances scientifiques et techniques diverses en processus de production et en produits. L’entreprise et l’esprit d’entreprendre ont progressivement façonné  les univers, le monde et ont imposé leur vision et leur système de gestion des organisations. Ils font preuve d’énormes capacités d’adaptation mais restent  majoritairement organisés autour de la production et la vente des produits et/ou services. La tendance dans certains pays  tel que l’Afrique du Sud, La Tanzanie, le Ghana est d’impulser l’esprit d’entreprendre dans les communes et les villages.

 

 -  En revanche  le marché ; lieu de rencontre de l’entreprise et de ses clients- a imposé l’échange marchand  comme référence quasi unique de l’échange social et a organisé l’échange à une échelle de plus en plus vaste et désormais mondial.

 

Pour leur développement et leur expansion, l’entreprise et le marché considèrent les particularités des territoires, les singularités culturelles comme des barrières ou des cloisons ; donc des obstacles. C’est pour cette raison qu’ils sont de connivence pour remplacer les territoires particuliers par des espaces plus homogènes, largement plus ouvert au «  progrès » et au développement matériel.

C’est cette dynamique de globalisation qui désarticule voire désarçonne l’espace et la société. Le territoire,lieu traditionnel de construction de la cohérence de la société, de renforcement du lien social, lieu privilégié d’organisation des solidarités  perd sa fonction intégratrice.

Les 3D=2FD ont contribué à rendre le Centrafrique plutôt répulsif qu’attractif. Une seule hirondelle ne faisant pas le printemps, les promesses de campagnes selon lesquelles  on transformera le pays par telle ou telle baguette magique, les enfants prodiges et les virtuoses des transformations, ont menti. Le Centrafrique ne se réduit pas aux grands centres urbains, il y a le monde rural. Etant donné la complexité et les intrications des situations qui nous entourent  on était en droit d’attendre des soupirants à la magistrature suprême, un changement de paradigme qui impliquerait un changement dans la représentation du Centrafrique dans le monde.

Puisqu’ils ne l’ont pas fait, faisons émerger une autre approche du développement dont le fondement seront le capital humain et le capital social.

Lorsque l’on parle développement, en général, on ne vise que les infrastructures ; c’est-à-dire le développement de l’avoir. Faisons entrer dans le développement, les deux dimensions, le développement de l’être et le développement de l’avoir.

C’est l’articulation des deux qui doit faire l’objet des politiques générales depuis les municipalités rurales jusqu’aux grands centres urbains. Cette optique doit être la feuille de route de la future législature.

 

Le capital humain est constitué des facteurs résiduels, du savoir-faire accumulé à la capacité d’analyse des situations d’un individu. La mise au service de la nation du capital humain n’est pas une entrée en sacerdoce ; en tout cas ce n’est pas et ça ne sera jamais ma position.

Pour ce qui est du capital social ou infrastructure sociale, c’est la traduction en terme de réseau des professions et métiers et leurs capacités à être des locomotives du développement local.

Je ne propose pas de rêver de toutes pièces un Centrafrique qui serait à l’opposé du monde réel mais de relier entre eux, le capital humain et le capital social et les tendances déjà à l’œuvre dans les communes rurales. Pour les ancrer dans l’espace territorial, les accélérer et  leur donner plus de cohérence, il faut leur fournir une assise théorique. Quels sont les outils et les moyens, les valeurs à mobiliser, à mettre en œuvre, pour lutter contre la pauvreté ?

Le calendrier électoral étant encore loin, c’est l’occasion où jamais il convient de sommer les parlementaires et les partis politiques à s’occuper davantage des gens au lieu de perdre leur temps à restaurer les lieux…

 

II-2 : Repenser le territoire et le développement  en liaison avec le monde qui bouge.     

 

L’ enjeu est d’inverser l’ordre des choses ; partir du micro pour faire éclore un macro. Le modèle de transformation que nous avons connu va de Bangui à Bambari ou Bouar ou Berbérati ou MBaîki et que sais-je encore.

Et si l’on faisait autrement ? La mise en avant du paramètre micro induit une révolution des compétences et des aptitudes. Les conditionnalités de réussite de ces paramètres résident dans les capacités de mutation et d’adaptation des citoyens ; l’amélioration du capital humain à l’échelle d’une commune qui trouve son terrain d’expérimentation dans le capital social. Concrètement, il s’agit d’inclure parmi les nouvelles compétences des citoyens, une capacité accrue à faire converger aussi bien leurs émotions que leur capacité d’analyse. Diaboliser la mondialisation – comme l’ont fait certains orateurs lors des meeting- relève de l’obscurantisme.

 

Loin de moi la prétention de faire l’anamnèse de notre incurie mais aujourd’hui, la révolution des compétences a accru la capacité d’apprentissage des individus, a enrichi leur carte cognitive et a permis l’élaboration de scénarii qui leur permettent d’anticiper le futur. Ce qui signifie que de nombreux Centrafricains ne sont plus bêtement groupies des hommes politiques ou de la classe politique notamment lorsqu’ils s’aventurent dans la description des mécanismes internationaux ou quand ils essaient de décrypter les retombées Centrafricaines des décisions  des légitimités supranationales. Notre classe politique se refuse à avouer ses limites dans le décryptage des mécanismes internationaux mais, excelle dans les raccourcis ou, nous rend victimes des décisions supranationales.

Résistons à la facilité qu’à notre classe politique d’abuser de notre crédulité et exigeons d’être mobilisé que sur des objectifs clairs, lisibles que nous comprenons et la fiabilité des moyens que l’on met en œuvre. Déplaçons le centre de gravité de l’autorité.

 

Conclusion générale.   

 

Le centre du monde change sous l’effet conjugué de plusieurs facteurs.

 

La lutte contre la pauvreté nous fait obligation d’arrêter de continuer à être des passagers clandestins du système économique mondiale et de prendre place – non seulement en tant qu’Etat-nation - mais aussi en tant que population entreprenante et créative pour être parmi les nations qui profiteront des objectifs de développement du millénaire ( 2000-2015)

 

A quand, le prochain coup d’Etat qui suspendra la constitution. Mais surtout à quand, la construction des institutions démocratiques où les militaires seront politiquement mûrs et responsables et non des agités et des aventuriers politiques à la gâchette facile. 

© Actualité Centrafrique de sangonet (07 mai 2005)