Des milliers de Centrafricains fuient les combats et se réfugient au Tchad

DAKAR, le 3 août 2005 Nations Unies (IRIN) - Plus de 2 000 centrafricains se sont réfugiés au Tchad au cours des deux dernières semaines, fuyant les attaques lancées contre leurs villages, et de nombreux cas de viols commis sur des jeunes filles ont également été rapportés, a indiqué mardi un représentant des Nations unies.

Selon M. George Menze, représentant du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) à Gore, une ville du sud du Tchad, des réfugiés ont expliqué que des hommes armés avaient attaqué leurs maisons, pillé leurs réserves de nourriture, volé leur bétail et violé des jeunes filles.

« Le nombre de réfugiés ne cesse d’augmenter », a indiqué à IRIN M. Menze. « Dans ces conditions, il n’est pas évident qu’ils retournent un jour chez eux ».

La semaine dernière, le HCR dénombrait 400 nouveaux réfugiés tout en précisant qu’il n’avait pas encore pu accéder à tous les villages. Mais mardi, M. Menze affirmait qu’au moins 2 200 centrafricains s’étaient réfugiés au Tchad au cours des quinze derniers jours.

Ces récentes attaques sont la preuve manifeste du climat de terreur qui règne dans le nord de la République centrafricaine. Longtemps secoué par des troubles politiques, ce pays a un passé émaillé de nombreux coups d’Etat militaires et partage avec le Tchad voisin une zone frontalière très instable.

Le nord de la RCA est actuellement inaccessible aux agences de l’ONU et aux organisations humanitaires internationales en raison de problèmes de sécurité. Une mission d’évaluation des Nations unies est actuellement dans la région pour estimer la situation sécuritaire et pour l’instant, les travailleurs humanitaires n’ont pas une idée précise de ce qui s’y passe.

« Si nous n’avons pas une idée précise de la situation sécuritaire de part et d’autre de la frontière, il nous est difficile d’évaluer l’ampleur du problème », a indiqué Marie-Christine Boccoum, représentante du HCR à N’Djaména, la capitale tchadienne.

Des réfugiés centrafricains ont affirmé au HCR que les affrontements impliquant les forces armées nationales les avaient contraints à fuir leurs villages.

« Selon les réfugiés arrivés au Tchad, les combats du 23 juillet, dans le village de Kadjama, avaient opposé les forces gouvernementales à un groupe armé », a expliqué Mme Boccoum.

Un haut responsable des forces armées centrafricaines a confirmé que ses troupes menaient avec les troupes tchadiennes des opérations de ratissage afin d’éliminer les bandes de criminels qui sévissaient dans la région.

« L’opération conjointe a commencé en juin et nous continuons de pourchasser ces criminels », a-t-il déclaré.

Pour certains travailleurs humanitaires et représentants de l’ONU, les bandes armées qui s’en prennent aux populations civiles sont constituées de bandits et de certains ex-rebelles qui avaient aidé l’actuel président, François Bozizé, à s’emparer du pouvoir pendant le coup d’Etat de 2003. M. Bozizé avait été élu président de la République centrafricaine en mai dernier.

La saison des pluies ralentit les opérations du HCR

Le HCR a commencé à transférer la dernière vague de réfugiés vers le camp d’Amboko, près de Gore, où ils seront nourris. Ils pourront également bénéficier d’une aide humanitaire.

Selon M. Menze, 1 166 réfugiés ont été transférés dans ce camp, depuis mardi, et d’autres convois sont prévus pour le reste de la semaine, si le temps le permet.

La saison des pluies est bien avancée au Tchad. Les fortes pluies qui s’abattent sur la région rendent parfois les routes impraticables pendant plusieurs jours.

Plus de 2 000 nouveaux réfugiés ont été enregistrés au cours des deux dernières semaines de juillet. Ceux-ci sont arrivés alors que le HCR finissait d’installer les milliers de réfugiés centrafricains qui avaient fui leur pays en juin.

Mais avant les vagues de réfugiés des mois de juin et de juillet, 30 000 personnes vivaient déjà dans des camps au Tchad. Elles avaient quitté la République centrafricaine pour fuir les combats de 2002.

Comme de nombreux travailleurs humanitaires, Maeke Huelsmann, responsable de Médecins sans frontières - Pays Bas au Tchad, pense qu’il faut s’attendre à de nouvelles vagues de réfugiés centrafricains.

« Je pense que d’autres réfugiés arriveront. Il n’y a aucun signe d’une amélioration de la situation sécuritaire », a-t-elle déploré.

La grande instabilité qui prévaut dans le nord de la République centrafricaine fait que les habitants sont privés de soins de santé et d’autres services de base, expliquent les travailleurs humanitaires.

A en croire Mme Huelsmann, le simple bruit du moteur de la voiture de MSF fait paniquer les villageois de la région et ceux-ci s’enfuient pour se cacher.

« Ces gens sont très traumatisés », a-t-elle expliqué. « Vous entrez dans ces beaux villages et vous vous demandez pourquoi leurs habitants vivent dans des tentes ou sous des bâches, au Tchad. Ils doivent sûrement vivre dans des conditions difficiles ; mais ils n’ont rien à perdre ».

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