Le
président centrafricain sortant François Bozizé, arrivé au
pouvoir en 2003 à la faveur d'un putsch, a remporté haut la
main la présidentielle du 8 mai en obtenant près de 65% des
voix face à l'ex-Premier ministre Martin Ziguélé, candidat du
MLPC l'ancien parti au pouvoir d'après les résultats
définitifs annoncés mardi par la Commission électorale mixte
indépendante, la CEMI.Le général Bozizé a fait coup double avec la victoire aux législatives de la coalition réunissant ses partisans de la Convergence nationale « Kwa na kwa » et ses alliés dépassent d'ores et déjà les soixante sièges sur 105 de l'Assemblée nationale mais pour cela, il lui faudra continuer d'ouvrir le jeu. Martin Ziguelé reconnaît sa défaite et appelle ses partisans au calme.
Large vainqueur de cette présidentielle, François Bozizé aura une majorité à la chambre. C’est un véritable succès. Mais le chef de l'État va devoir désormais ouvrir son gouvernement à ses nouveaux alliés et se mettre rapidement au travail s'il veut faire revenir au plus vite les bailleurs de fonds et éviter un troisième tour social.
Un processus jugé globalement positif
Martin Ziguelé sort la tête haute, lui qui a créé la surprise en acculant le président sortant à un second tour. Lui, surtout qui a reconnu sa défaite et félicité le vainqueur. le MLPC n'obtient que 11 sièges sur 105 à l'Assemblée nationale et dénonce des fraudes. Quant au RDC d'André Kolingba, il n'a que 8 députés.
Dans l'ensemble, les Centrafricains ont voté sur des critères régionalistes, mais ils ont voté dans le secret de l'isoloir et c'est déjà une victoire. Autre performance à souligner, celle de Jean Wilibiro Sacko, apparu comme le garant de l'indépendance de la Commission électorale qu'il préside. Deux couacs cependant : l'entrée en scène d'éléments de la garde présidentielle et l'étonnante défaite de Nicolas Tiangaye, le président du Parlement de transition qui affrontait un candidat de la Convergence pro-Bozizé dans le quatrième arrondissement de Bangui, estime avoir été volé. Il déposera un recours devant la Cour constitutionnelle de transition. L'affaire Tiangaye jette une ombre sur un processus jugé globalement positif par les observateurs de vie politique centrafricaine.
Carine Frenk (RFI, 25/05/2005)