La ville de Bangassou est plongée dans l'obscurité après les festivités du 1er décembre 2005

Décidément Monsieur Remy Semdouto, préfet du Mbomou n'est pas homme à se laisser faire.
Quelques jours seulement après la célébration du 1er Décembre dans sa localité, l'ENERCA vient d'ordonner la fermeture de courant dans la ville de Bangassou. Cette situation n'est pas pour plaire à M. Semdoutou, qui en a profité pour dénoncer certains maux dont se sont rendus coupables même certains membres du gouvernement.
Nous publions ici l'intégralité de la déclaration du préfet de Bangassou.

La ville de Bangassou est plongée dans l'obscurité. L'ENERCA n'accuse aucune panne. Elle a cessé volontairement de fonctionner et pour raison, les 1000 litres de gaz oïl pré financés par la Direction générale à Bangui auprès de Total ont été confisqués par le Chef de Station Total de Bangassou, pour une dette de carburant contractée par le Chargé de Mission au secrétariat général du gouvernement, chargé des Relations avec le Parlement, responsable et gestionnaire du comité d'organisation de la fête du 1er Décembre 2005 à Bangassou.

La facture détaillée de carburant servi destiné dit-on à l'alimentation de seize (16) véhicules des officiers, supposés bénéficiaires dès le départ de Bangui de leur dotation en carburant aller et retour. Bangui, Bangassou, Bangui. Cette facture détaillée de carburant d'un montant de 936.325 Frs, appelle de notre part beaucoup de réserves. Aussi, voudrions nous ici attirer très respectueusement la très haute attention de son Excellence Monsieur le Premier Ministre Chef du gouvernement et de Messieurs et Mesdames les membres du gouvernement, surtout de son Excellence Monsieur le Ministre Chargé du Secrétariat général du gouvernement, Président du Comité National d'organisation des fêtes, que les Objectifs novateurs recherches ?
Par son Excellence, Monsieur le Président de la République Chef de l'État, le général d'Armée François Bozizé Yangouvonda à travers les organisations de certaines manifestations dans l'arrière pays ne sont entre autres que de rapprocher davantage la population pour toucher du doigt leurs grands problèmes en vue de rechercher des solutions à court, moyen et long terme, d'aider les villes provinciales choisies pour abriter les fêtes à refaire partiellement leurs routes dégradées depuis plus d'une décennie, a bénéficié surtout du mobilier, des matériels et des médicaments à travers un budget adopté en conseil de ministre. Malheureusement, dès que les cérémonies prennent fin, les responsables d'organisation s'acharnent sur les équipements ayant permis l'organisation de la fête et presque tous les matériels amenés de Bangui sont presque tous repartis à Bangui. La question fondamentale qui mérite d'être posée est de savoir si le retour à Bangui après le 1er Décembre 2005 à Bangassou, tout ce qui a été ramené et comptabilisé et déposé en lieu sûr et la situation exacte soumise à l'appréciation du Conseil des Ministres. Si tel n'est pas le cas, la civilisation pour la bonne gouvernance, la lutte acharnée contre les biens de l'État dans notre pays, a encore du chemin à faire.

Vendredi 23 Décembre 2005

LE PREFET DU MBOMOU REMY SEMDOUTO

Source : http://www.leconfident.net

 

Vous avez pris connaissance comme moi de cette intervention du préfet du Mbomou contre un type d'agissement qui contribue non seulement à entretenir financièrement des Nababs de la haute hiérarchie politico-administrative de Bangui mais encore à décrédibiliser l'Etat et à éloigner les Centrafricains des hommes politiques.
Je dispose des informations qui le confirment en tout point la publication du journal Le Confident et qui lèvent par ailleurs un coin de voile sur les pratiques des kota zo qui entourent le président Bozizé.
Jugez en :

- Les routes de le ville ont été ravinées par les pluies depuis des lunes,

- le collège, le lycée et les écoles sont dans un état épouvantable : tôles datant de l'époque coloniale, rouillées, percées, parfois emportées par les intempéries, la rentrée scolaires tarde à être effective pour toutes les écoles et tous les élèves à cause des arriérés de salaires,

- le bureau de poste (oui vous avez bien lu : 1 bureau de poste pour un chef lieu de préfecture !) est fermé depuis plus de 6 mois faute de moyens et de professionnels,

- l'hôpital général n'est hôpital que de nom. Cet établissement est dans un état de dénuement total,

- Le bureau de la préfecture regroupe celui de la sous-préfecture de Bangassou, quelques services extérieurs notamment celui des finances est lui aussi dans un état de décrépitude avancé : toiture en très mauvais, percée par-ci et là, peinture délavée, absence de matériels et rupture de stock.

J'y ai trouvé cependant en octobre 2005 pendant mes vacances là-bas, un sous-préfet, un préfet intérimaire et un maire tous assez dynamiques, proches de leurs administrés, parfaitement conscients des difficultés du pays, toujours à la recherche des solutions convenables et sans tapage. Leur courage a bien sûr des limites. Alors lorsque le président de la république se déplace pour fêter la proclamation de la république dans leur localité, ils espèrent des retombées réelles pour la ville et pour leurs populations : réparation des routes, réfection au moins des bâtiments administratifs les plus délabrés, livraison de produits et fournitures pour les écoles, l'hôpital, les dispensaires. Il semble que de d'argent ait été débloqué : combien ? Personne n'en sait rien mais tout le monde en parle. L'argent a été débloqué pour la fourniture de l'ENERCA local en gazoil pour l'éclairage public (pendant que la population meurt des conséquences d'insalubrité et de maladie !) Or cet argent n'est jamais parvenu à Bangassou !

On dit que 100.000 F cfa ont été débloqués pour un repas à servir aux enseignants et personnalités de la ville. Le Préfet n'y est pas allé. L'homme tient à sa dignité. Plusieurs instituteurs et professeurs ont décliné l'invitation.

Mieux, alors que les écoles privées ont ouvert leurs portes dès début octobre 2005 et sont submergées par des demandes d'inscription y compris des parents instituteurs et des kota fonctionnaires, alors que chacun sait que les écoles privées, en particulier celles de la mission catholique font un excellent travail et ont des résultats incomparables à ceux des écoles publiques, le ministre de l'éducation nationale s'est permis de les dénigrer lors d'une intervention publique. Il a ainsi soulevé l'opprobre des parents d'élèves et de l'archevêché.

Le seul établissement de santé bien tenu, qui fonctionne à la satisfaction des populations démunies et des personnes atteintes par le VIH-SIDA, est tenu par l'église catholique; soutenu par une oeuvre italienne. Il renfloue assez souvent l'hôpital général en médicaments. J'ai reçu des témoignages concordants dans ce sens lors de mon voyage sur place. Les ministres qui ignorent tout de la réalité, feraient mieux de se taire au lieu de chercher à opposer les gens et à allumer le feu. L'exemple de Patassé, le pyromane, n'a pas servi de leçon ! Assurément...

Nous savons depuis toujours que la RCA en général et la région du Mbomou recèle de pierres précieuses, de l’or, des métaux précieux, stratégiques et du pétrole. De Beers, le géant sud-africain qui contrôle entre 80 % du commerce du diamant dans le monde s’est implanté à Ouango, dans le Mbomou. Le déplacement du président Bozizé à Bangassou n’est donc pas fortuit à un moment où ce pays béni des dieux mais appauvri par la cupidité de ses dirigeants et intellectuels tire le diable par la queue, incapable de satisfaire ses obligations les plus élémentaires c'est-à-dire, payer normalement ses fonctionnaires.

Chacun sait pourtant que des aventuriers Sud-Africains ont pillé des années durant le diamant de la zone de Bria, avec le concours de Patassé sans rien débourser au trésor public centrafricain. Les Centrafricains laissent faire. Ceux du Mbomou se laisseront-ils plumés sans bouger ?

Un préfet vient de parler. sais que les représentants de De Beers ont été interpellés en septembre Je dernier par les villageois de Ouango et de Bangassou. Des hommes simples mais d’honneur qui, à l’exemple de leurs aïeux, n’entendent pas se laisser déposséder. A défaut de leaders instruits des turpitudes de ce commerce qui spolie la RCA depuis des lustres et capables de défendre les intérêts de la patrie et de la région, ils ont exigé que De Beers organise un débat sur son entreprise et ses intentions en terre oubanguienne.

Gageons que leurs démarches et la prise de position du préfet du Mbomou éveillent les consciences et interpellent les borgnes et les soudards qui grenouillant autour de Bozizé, jouent avec l’argent public et le destin des Centrafricains.

Paris le 30 décembre 2005. JB PELEKET

Actualité Centrafrique de sangonet