FODEM : A VOS ORDRES ! MON GENERAL

(Vers un dialogue forcé et des conclusions imposées)

Depuis son accession à l’indépendance, la République Centrafricaine est minée par des haines récurrentes et des rancœurs qui habitent ses différents hommes politiques. Victime du manque de grandeur d’esprit de ses dirigeants. Victime de la rapacité et du cynisme de ses hommes politiques. Et depuis, ce peuple « longtemps soumis, longtemps brimé par tous», vit toujours dans le mépris total de ses hommes politiques : pas une seule tournée pour remercier les électeurs, pas un geste en direction d’une ONG locale. Après les élections, nos Députés Ministres d’Etat ont tourné le dos à la population. On peut aussi citer pour mémoire les relations DACKO-GOUMBA et l’acharnement actuel dont fait preuve un Président démocratiquement élu envers certains de ses compatriotes, ses supérieurs de l’époque, DEMAFOUTH Ministre de la défense et PATASSE le Président de la République. Malgré la Conférence Nationale, les Grands Débats et le Dialogue National organisés dans ce pays avec leur cortège de pardons mutuels et d’accolades devant les chefs d’Etat des pays amis, rien n y fait. L’héritage reste entier. Il pourrit la vie de tout un pays, pendant que le sage, le doyen, fait la carpe.

Aujourd’hui, seul un quatuor de mafieux centrafricains, parrainés par des Présidents de la sous région, a accaparé les pouvoirs de l’Etat en Centrafrique. Et c’est la descente aux enfers, avec de gros mensonges dans une sauce de la veille de la veille. Au nom d’une franche rupture que personne ne voit venir, avec les méthodes des régimes précédents, ces drôles estiment à eux quatre avoir déjà constitué un gouvernement de large consensus. Ils étaient tous des proches collaborateurs de l’ancien Président Ange Félix Patassé (Premier Ministre : Jean Paul NGOUPANDE ; Ministres : Charles MASSI et Chef d’Etat Major des armées : François BOZIZE) et même déjà ministres du Président Général d’armée Kolingba, il y a plus de 20 ans. Etonnant que ceux-là ne disent rien des agissements de leurs mêmes collaborateurs. Et c’est là la source de notre malheur. Chacun tenant l’autre par la barbichette. Et les Centrafricains souffrent dans leur pourtant riche et beau pays.

Mot pour mot, nos démocrates adeptes du recommencement avaient dit les mêmes choses des précédents régimes. Avec Patassé, ils ont fait ce qu’ils avaient dénoncé du régime Kolingba, et avec Bozizé, ils font ce qu’ils ont dénoncé du régime Patassé. Puisqu’ils étaient dans tous les régimes, qu’ils nous disent ce qui a changé d’un régime à l’autre. Ainsi, nous n’en démordrons pas jusqu’à ce qu’ils crachent ce morceau trop gros pour leur gosier. CQFD. Et ce petit jeu risque de durer encore cinquante ans !

Mais cette fois-ci, les choses s’annoncent bien. Et Bozizé est content, bien que lié par des accords officieux ! Le Fodem ne veut pas de cloison comme à la confesse. Il veut parler droit dans les yeux du Pasteur Bozizé dans cette situation où le manque d’espérance conduit au pire. Un enfant de 16 ans qui fait une démarche officielle pour un visa, qui peut donc être suivi par les autorités congolaises dans ses déplacements, est fait otage. Son frère chef rebelle majeur est responsable de ses actes devant la loi comme Bozizé l’était avant le 15 mars 2003. Faut pas simplement se divertir avec sa montre. Le temps passe. Irréversiblement.

Que des propos va-t-en guerre quant-on dispose des moyens de l’Etat, dans ce vaste pays sous peuplé avec une armée essentiellement constituée d’officiers supérieurs costumés, pas du tout «peureux» et surtout pas «fainéants». Sauf qu’ils ont découvert sur le tas la Bible ou le Coran qu’ils ne quittent plus. Les hommes de troupes quant à eux sont des recrues de la première rébellion en RCA, des simples miliciens « peureux» et «fainéants» à la gâchette facile dans les villes et dans les villages, et qu’on décapite paraît-il comme des poulets aux premières escarmouches. Et ce sont ceux-là qu’on envoie aux fronts, à l’abattoir, dans ce pays gagné par la misère et le désoeuvrement. A part l’armée, il n’y a pas d’autres choix : plus de recrutement dans la fonction publique, et les rares sociétés d’états étant dilapidées ou détruites par des rebelles et des mutins, les produits agricoles ne sont plus achetés. Le pays retourne à la brousse, une vraie jachère.

Tout n’est pas perdu pour autant. La société civile centrafricaine a fait preuve de civisme et de maturité dans son devoir d’information et de propositions constructives. Elle a donc pleinement participé et contribué à l’animation d’une vie véritablement démocratique dans le pays, envers et contre tous ceux trop occupés à manger. Et surtout contre les obstinations guerrières et dictatoriales d’un régime mafieux. Aucun autre président que Bozizé n’a bénéficié d’un tel climat propice, de cet apport traduisant la volonté collective de ses compatriotes. Mais l’entêtement, l’ignorance, les intérêts mafieux dominent et minent  tout un pays. Et les alliés de Bozizé, ces faiseurs de recommencement, qui comme lui, tiennent des propos va-t-en guerre et restent absorbés par des calculs d’intérêts mafieux, claniques et vengeurs. Il faut rappeler les termes de l’Accord du 21 avril 2005, par lequel certains leaders de Parti Politique avaient apporté leur soutien au Général d’Armée François BOZIZE en vue de la mise en place d’un Gouvernement, et surtout pour l’éradication de l’insécurité et le redressement économique, car en totalisant 12 mois d’arriérés de salaire en seulement quatre années de cogestion, soit ¼ ou un an, un record est battu dans l’histoire de la R.C.A. Nouveauté depuis les origines de la RCA ! Que des mensonges, toujours des mensonges.

Et cela tombe bien, puisqu’il paraît que «la mission d’un soldat est de se trouver là où le devoir de défense de la Patrie lui en fait obligation, et si nécessaire, d’y sacrifier sa vie», en tuant ses propres compatriotes, le Ministre Président Général Bozizé peut, les yeux dans les yeux, dire : « Mon Colonel Charles, je vous nomme commandant du cantonnement Nord !  A Birao ! Résidence, Tiringoulou» « Pour mettre hors état de nuire les partisans de l’éternel recommencement » !! «Par les temps qui courent », le Déby de boisson a ses propres soucis. Les mêmes que les nôtres. Pas la peine de chercher de déshabiller Itno pour habiller François.

Et certainement, nos vaillants Colonels Ministres d’Etat répondront : « A vos ordres ! Mon Général.» Et si l’on entend FÖH DĒM (en Gbaya), c’est vraiment un «paresseux». Et si l’on entend PIÑŨ (en Mandjia), c’est un peureux, alors là jetons l’éponge. On comprendrait ainsi, comment « les hommes centrafricains (...) sont de mauvaise foi », pourquoi, « ils ont une préférence pour la rébellion (l’expérience), les détournements, le vol, mais ils sont fainéants et peureux ». Et aussi, on comprendra du coup, comment nos officiers ne sont pas que des « peureux » et que des « fainéants », et surtout pas des vaniteux « ne craignant pas la mort ».

Si non, au cas où les enfants des autres viendraient à tomber ou à être faits prisonniers, le dialogue serait imposé par les mêmes parrains avec des conclusions que l’on devine déjà, car c’est une affaire d’intérêts mafieux sous régionaux. Et çà, ça ne se passera plus comme ça.

 

Dr Félix YANDIA