Qui de Patassé ou de Ziguélé Dondon voulait-il rouler dans la farine et tourner en bourrique ?

Par Dr Félix YANDIA

 

«L’Afrique est mal partie » était le titre du livre prémonitoire de René Dumond, au lendemain des indépendances africaines. La République Centrafricaine est bien arrivée ! Alors, Bravo ?! Voyons donc comment a été réalisé cet exploit digne de mon pays. Les hommes politiques ont choisi une vie publique, les partis politiques étant des patrimoines nationaux et les citoyens devant les interpeller directement pour attirer leur attention sur les manquements, les dérives, ou sur tout ce qu’on ne comprend pas. C’est ça la démocratie. Comme le dit Henri Mbila dans sa réponse à la lettre de Moammar   
Bengue-Bossin
, le désespoir, c'est de ne plus croire dans l'avenir. « Quand c'est ainsi, le premier réflexe est de revenir au passé pourtant hier vomi.  C'est naturel, c'est humain. Inlassablement, nous devons relever toutes les incohérences choquantes qui ne peuvent être tues, car ne pas le faire, constituerait de la complicité dans le mal rampant et envahissant ».

 

La République Centrafricaine est devenue effectivement indépendante en 1970. De 1960 à 1970, le trésor public était resté français, géré par des cadres français. C’est donc après dix bonnes années d’accompagnement et de formation que le trésor public français s’est dissocié pour laisser «l’argent du Blanc» aux Centrafricains et donc une gestion autonome des affaires publiques. C’est ainsi que naquit le Trésor Public centrafricain indépendant. La suite, on la connaît…

 

Le pays est indépendant, mais le Trésor Public est aussitôt devenu dépendant du Chef. Coutumier ou de village ? Les premières tensions de trésorerie commencèrent dès lors à se faire sentir, le soldat BOKASSA est devenu général, Président à vie, puis maréchal et la République bascule dans l’Empire au bout de seulement six ans. Normal, puisque l’argent du peuple est naturellement et d’abord celui du Chef, qui peut en disposer à volonté et les courtisans, pokers menteurs, se multiplient, se précipitent et s’agglutinent pour entretenir la cour.

 

On le savait ! Le Colonel BANZA avait payé de sa vie sa rigueur dans la gestion de la chose publique. On le sait, les gens qui dénoncent ces choses là n’avaient pas droit de cité. Ainsi, les gens sérieux se sont faits discrets, et les différents pouvoirs qui se succèdent ne dénoncent plus ou ne poursuivent plus que les voleurs des régimes déchus, tout en créant par la même occasion leur propres voleurs qui deviendront à leur tour des poursuivis ou des Chefs. Et tout le monde a compris. Même les biques. Il faut être Président. Et aujourd’hui, la boucle est bouclée dans ce pays de voleurs, de fainéants, de peureux, de dictateurs, de prédateurs et de menteurs.

 

46 ans après la proclamation officielle des indépendances, en lisant les différents communiqués concoctés par les différents Etats Majors des partis politiques, on a le droit de se demander si nos hommes politiques disposent au moins d’une infime conscience politique, dans le sens noble, hellénique, du terme ou disposent-ils plutôt d’un sens de prédation, de cueillette bien affûté, dans le sens nègre du terme. Chasser le naturel, revient-il  au galop ? Tout ce passe comme si nos hommes politiques, qui savent tout, n’ont pas le temps de réfléchir, ou de se rafraîchir la mémoire.

 

Ainsi, le MLPC qui a exercé et perdu le pouvoir sans nous dire comment et pourquoi le peuple a été libéré des mains du Mouvement de Libération du Peuple, un camarade est totalement dépité. Ses plus hauts dirigeants au perchoir de l’Assemblée Nationale y allaient déjà avec leurs critiques, sans propositions concrètes, comme s’ils préparaient déjà la relève. Et pourquoi avec les évènements de Paoua, le Colonel Marboua avait affirmé que, et je cite, «ce sont des parents qui sont en train de payer, de courir et certains sont tombés». Payer quoi ? Là, Marboua n’est pas allé loin et ce conciliabule satanique n’a pas donné de suite, et on attend toujours. Et rien n’est fait. Et alors, que de fourberies ! Dans ce pays où des agents de l’enseignement, des commis de l’Etat, des sergents devenus hommes politiques, bénéficient, à tort ou à raison, de la confiance due «aux grands frères», on peut se demander si la sénilité n’a pas désormais gagné d’autres hommes politiques et notamment au MLPC. Ce qui se passe au sein de ce parti mérite une attention particulière, un récapitulatif donc :

 

Les préoccupations des uns et des autres en cette période où l’insécurité et le désarroi s’emparent du peuple, où seul Médecins Sans Frontières (MSF) intervient dans la région de Paoua pour améliorer l'accès aux soins de la population victime d'un conflit entre troupes rebelles et forces gouvernementales, où les populations du nord vivent « sous occupation étrangère», où l’ensemble du pays est abandonné aux bandes armées, même les élus de la nation ne trouvent rien de mieux que de se bagarrer pour prendre la tête du parti, tout juste pour devenir Président. Les gens qui font confiance au MLPC sont capables de voter, alors ça mérite des coups bas. C’est du moins ce que laissent entrevoir certains communiqués, même pas porteurs de projets, depuis le début du processus électoral de 2005. Pourquoi, après la débâcle de mars 2003, un congrès d’autocritique n’a-t-il pas été convoqué par les principaux responsables de ce parti ? Un homme politique, sérieux, pas du tout ambigu, ne doit pas dire une chose à 10 heures, puis exactement le contraire à 16 heures. Le peuple ne se retrouve plus. Voyons donc !

 

Le samedi 20 novembre 2004, un congrès avait investi Ange Félix Patassé comme candidat aux élections. Et cela en l’absence de Monsieur Dondon qui avait sciemment boycotté la réunion. Les propos sortis de sa propre bouche, recueillis et publiés sous le titre DONDON, OPPOSANT DE PATASSE (www.leconfident.net du 25 novembre 2004) ne faisaient guère de doute : «Ecoutez, je n'ai pas d'avis à donner par rapport à un non événement. Parce que le congrès qui doit investir le candidat à la présidentielle doit être convoqué par le Bureau politique et non par une fraude des militants qui sont manipulés par le camarade Patassé depuis Lomé, le camarade Patassé a posé des actes contre lesquels nous nous sommes toujours élevés. Et comprenant qu'il va rencontrer des difficultés au niveau du parti pour se faire investir tout seul, alors qu'il y a plusieurs candidats, il s'est mis à manipuler un certain nombre de camarades qui ne sont pas habilités à organiser une Assemblée Générale. D'ailleurs, ce n'est pas une Assemblée Générale qui doit investir le candidat du MLPC, mais plutôt un congrès dûment convoqué par le Bureau Politique, et à ce congrès, seront représentées toutes les Fédérations. Voilà comment ça doit se faire … Elle (cette investiture) est évidemment nulle et non avenue, parce que la décision investissant le camarade Patassé est prise par un organe qui n'est pas habilité». Sans commentaire…

 

Par la suite, Dondon était lui-même candidat à l’investiture du MLPC pour les Présidentielles de 2005. Tout ça, pour obtenir une (1) voix (sa propre voix, peut-être) contre 36 à son concurrent Martin Ziguélé. Donc, si les ambitions étaient là, les moyens manquaient...

 

A Libreville, il paraît que Dondon était parti soutenir la candidature du recalé Patassé. Dans ce cas, le représentant de Patassé devait rester en contact téléphonique permanent avec le représenté Patassé pour que ce dernier suive l’évolution de la situation. Mais non ! A la sortie du conclave, le sourire était figé, pincé et même coincé, et le regard perdu. Tout porte à croire qu’on est parti pour sa propre cause, et peut-être un peu seulement au nom du Grand Camarade. Et tout le monde a compris, sauf le Moyen Grand Camarade. Si non, comment comprendre qu’un ancien Président de l’Assemblée Nationale, faiseur de lois donc, se range derrière une décision juridiquement illégale, puisque «le bureau politique du MLPC prend acte de la décision de Libreville, qui a entériné l'invalidation de la candidature de M. Ange-Félix Patassé, bien que « non fondée juridiquement ». Ce même bureau dirigé par le premier vice-président du parti, Luc Apollinaire Dondon Konamambaye décide de soutenir M. Martin Ziguélé, initialement candidat indépendant, et le bureau politique du MLPC, par la voix de ce même premier vicieux Président, qui rajoute, en demandant aux militantes et militants, ainsi qu'aux sympathisants du parti, de se mobiliser autour de la candidature de Martin Ziguélé, conformément à la décision du Conseil Politique National du 11 décembre 2004.

 

Constatant l’ambiguïté de Dondon, la réaction de Patassé ne s’est pas attendre. Le Président Patassé demanda donc à tous les militantes et militants du parti « de se lever et se mobiliser pour faire échec aux agissements de tous les traîtres dissimulés au sein de la direction du parti et barrer la route à la dictature militaro-fasciste de Bozizé», et d’affirmer enfin qu'il n'avait pas mandaté le vice-président du MLPC Luc Apollinaire Dondon pour le représenter à Libreville. Ce dernier aurait signé les accords en son nom et sur sa propre conscience. On comprend pourquoi Apollinaire ne s’est toujours pas rendu à Lomé pour rendre compte à Patassé de tout ce qu’il fait à Bangui au nom de Patassé. Et Patassé a désigné son représentant, Me Lin, pour les zones Centrafrique, Afrique, Europe, Amérique, Asie, Extrême et Moyen-Orient, Australie, Togo, Pacifique et Sibérie.

 

Qui de Patassé ou de Ziguélé, DONDON voulait-il rouler dans la farine, et tourner en bourrique ? Les deux probablement ! Comme il paraît que des mbongo, ces Cfa craquants, traînent toujours dans les bureaux d’Omar Odimba, ça pouvait constituer un motif supplémentaire de perturbation et de déconcentration totale pour ce très spécial représentant de Patassé. Qui est le traître alors ? Va-t-on nous dire que la manœuvre est claire et limpide, pas du tout obscure, qu’on a vraiment défendu «la main qui a donné à manger», qu’on n’a pas tenté un «parricide» ? Et avec la liste des ministrables donnée en catimini à Bozizé au lendemain de la victoire, Bozizé en a fait ce qu’il pouvait faire. Et se porter candidat à la présidence de l’Assemblée quand on sait déjà où se trouvait la majorité… Puisqu’on a menti à Patassé, T.C persistera t-il, jurera t-il et signera t-il ?

 

Comme aimait à dire Ange-Félix Patassé lui même, «le mensonge court vite, vite. La vérité vient doucement, doucement, rattrape le mensonge. Et pan ! Le menteur est à terre, évanoui», comme ces Colonels qui s’évanouissent dès qu’on veut les mobiliser dans le cadre des accords du 21 avril 2005 qui les lient à Bozizé, pour aller au front et combattre l’insécurité. C’est aussi, comme disait mon cousin : «mvénè à hon wataka».

 

C’est dans ce repli actuel que DONDON découvre que ce qu’il appelait naguère «un non évènement » est en fait un «évènement» majeur, sans se demander comment on en est arrivé là. Et on comprend la rage et les récriminations peu honorables d’un Dépité qui privilégie aujourd’hui les règlements de comptes en règle, fabriquant ou exhumant des faits qu’il aurait dus dénoncer quand il était la deuxième personnalité de l’Etat, aux moments des faits, pour que les contrevenants soient châtiés correctement. Complicités ou pas, règlements de comptes personnels ou pas, c’est ça qui rend ses discours flous, ambigus, inaudibles et surtout mesquins et finalement enfantins. Alors comme diraient les Coréens, ndjoiyï, on ne dis pas à huit (8) heures une chose, pour dire exactement le contraire à seize (16) heures. Des finances de la campagne, qu’on rappelle avec boulimie, chacun a peut-être le droit d’exiger le remboursement de sa contribution, et là si on gueule, les militants comprendraient.

 

Mais, pour un homme qui veut devenir Président, courir sans façon après «les petites cotisations » des militantes et des militants, ça me dépasse. Créer et entretenir un climat délétère, exécrable dans un Parti, ne suffit pas pour être Président. Et pour faire quoi ? Là, on ne nous a rien dit. De cette façon, on ne peut que démobiliser les Camarades et manquer de crédit. Après s’être élevé contre des actes posés et ne sachant plus comment commenter le verdict du jugement par contumace prononcé contre le Président Ange Félix PATASSE le mardi 29 août 20, et pour ne pas être le dindon d’une farce, les dépités peuvent prendre leur courage à deux mains : le MLPC courant dondoniste. Et les courants peuvent s’affronter démocratiquement, dans les règles de l’art démocratique, dans un pays civilisé. Ce sera plus sain ! Maintenant avec ce TC qui clame avec force qu’il n’est pas encore « complètement inféodé» et donc partiellement indépendant et inféodé de sa poche, il est temps de rejoindre sa place parmi ces retraités du Trésor Public, et on comprendra mieux ce qu’on a fait de toutes ces années de parlementaire. Par l’approche, le langage de T.C est plus que révélateur, puisqu’il voit des « journalistes dans la proche », disons que lui, il est dans l’approche du fin fond de la poche de Dondon. Dès qu’on y sera, on va crier « taupe contacte » ! T.C, la preuve contraire est là, dans l’approche !

 

Vingt ans de vie parlementaire sans aucune loi Dondon, et on veut tout juste devenir Président ! Les propos régionalistes et ethniques sont à bannir, maintenant que les bandits armés et les zaraguinas opèrent leurs razzias en toute impunité et donc en toute légalité sans distinction de région ou d’ethnie ; puisque Bozizé peut lâcher des hommes en armes dans la nature, comme cela avait été le cas avec ses compagnons Libérateurs au lendemain du 15 mars 2003, pratique qui se poursuit avec nos enfants Facas qu’il envoie aux fronts, sans se préoccuper de leurs moyens de subsistance. Une manière de leur dire, démerdez-vous ! Et le résultat est là, à 100%.

 

Alors, ne rajoutons pas des fratricides au nom d’un supposé parricide. Patassé se porte bien, dispose encore des flèches démocratiques dans son carquois pour continuer le combat démocratique. Car, dans cette nation, je ne vois pas ce qui empêcherait un KOYAPAOUA d’être candidat aux législatives à Paoua, à Carnot ou à Mobaye … Pour quelle(s) raison(s) nos hommes politiques, à l’exemple de ce molenguépaoua, qui ont des ambitions présidentielles affichées, simplement contenues par intermittences, prennent-ils en otage, usent-ils et abusent-ils de la confiance de leurs frères et concitoyens dans leur région natale ? Sont-ils des chefs négriers ? ça y ressemble beaucoup. Je le dis comme ça, mais il faut aussi réfléchir au delà de ce que je dis, puisque c’est vous qui le faites.

 

Avec ce qui se passe à Paoua, depuis les révélations MARBOUA-WAFIO-DONDON, que fait concrètement le dépité molenguépaoua ? En tant qu’élu de cette localité, comment ne pas se lancer un défi en se rendant soi-même, même à pied s’il le faut, drapé du ruban aux couleurs nationales, étendard de la patrie à la main, auprès de cette population meurtrie, quitte à être le premier à tomber, dans ce pays de menteurs, de peureux, de craignant-la-mort ? Pourtant, en chemin, on sera nourri et accompagné par une nuée de gamins de village en village. Un vrai don2. Un Dondon donc ! Joseph Bendounga lui au moins, s’il était député, il le ferait.

 

Pourquoi se cantonner juste sur la lutte pour le leadership au MLPC, alors que des hommes, des femmes et des enfants sont en train « de courir et de tomber » comme des lapins ? Les Sosthènes Nguétel et Florence Ndouba étaient en prison et on les oublie comme s’ils ont fait ce qu’ils n’ont pas fait, ou qu’ils aient fait ce dont on les accuse ? Alors, je ne comprends plus le sens des luttes politiques de nos leaders, dans ce pays de dictateurs, de prédateurs ! Ce n’est vraiment pas la peine que les Centrafricains soient éternellement les dindons d’une farce, sans projets de société, sans une vision claire de la vie d’une Nation ! Que de délations et de dénonciations dans cette fourmilière, sans jamais dire ce qu’on a fait soi-même de mal. Je suis persuadé qu’au moins, on ne va pas confondre le verbe faire et le verbe dire. Car, le risque est là !

 

Luc Apollinaire Dondon, qui organise sa petite cour pénale par presse interposée, se camouflant derrière le FODEM qui est lui même derrière les pages de journaux, peut donc se rapprocher de Boyssembé pour savoir que faire de l’histoire par omission constitue un grossier mensonge. Et aussi, il doit se rapprocher de la barre, où siège encore la vraie cour pénale, pour détailler au peuple les actes posés par Patassé et contre lesquels il s’est toujours élevé, et pour dire à Bozizé où se trouvait la Caisse Noire de l’Assemblée Nationale au soir du 15 mars 2003, dans ce pays de voleurs qui crient toujours aux voleurs. Rater pareille occasion, c’est se faire passer pour un menteur, un simple entretien de calomnie.

 

Est-ce Apollo qui est tombé de la lune dans la farine, ou est-ce le Shaolin que l’on veut rouler dans la farine ? Et cet alias Abdoulaye Miskine qui exhibe ses photos de jeune homme comme le font ces vieillards émigrés qui envoient leur photo de vingt ans pour épouser une jeune fille du village natal. C’est un menteur. Et on en profite pour tuer à PAOUA, et Dondon fait semblant de s’occuper de choses bien plus importantes à Bangui, c’est-à-dire en fait son positionnement personnel. Et c’est criminel au même titre que les crimes de BOZIZE et de NGAÏKOISSET. 

 

Et ces mêmes hommes politiques qui réclament un dialogue politique ! Quand même ! Là, Bozizé a raison de dire que c’est un pays d’éternelles palabres. Quel dialogue encore? Que les rebelles regagnent l’armée de leur pays. Que les exilés regagnent leur pays. Que les résolutions du dialogue national soient impérativement appliquées, point par point.

Puisque nous sommes arrivés, il n’y a plus rien à redire ou à refaire. Et surtout, de plus en plus rien à se partager ! Depuis que la cour constitutionnelle décide de prendre ses responsabilités dans ce processus de l’éternel recommencent qui a trop duré, les cloisons se transformeront de plus en plus en cellules. Le peuple ne nous a pas élu ministre ! Qui a trahit le peuple dans cette histoire ?

 

             (04 septembre 2006)