Centrafrique – s’il y a échec, à
qui la faute ?
Les institutions qui avaient été identifiées dans la constitution par les
enfants de ce pays comme des éléments indispensables à la gestion moderne de la
société civile centrafricaine seraient aujourd’hui en place. Et depuis l’adoption de cette constitution,
puis la tenue des élections présidentielles et législatives, l’on avait
volontier assumé que tout ceux et celles qui avaient été désignés pour conduire
ces instances avec diligence et dynamisme vers la réalisation des grandes
aspirations de développement du pays, auraient été à la hauteur des
tâches. Malheureusement aujourd’hui, le
peuple aurait des raisons d’avoir des doutes quant à ce qui concerne les
habilités et les capacités que ces hommes et ces femmes auraient à
effectivement jouer leurs rôles et à mener les enfants du pays vers la
réalisation de leurs rêves, à l’instar de ceux d’ailleurs, plus ambitieux.
Rappelons plus simplement ces rôles !
Le Président de
Toute la forme requise pour le bon fonctionnement des affaires de l’état
serait donc véritablement en place. Mais
seulement voilà, l’habit ne fait pas le moine, avait-on entendu dire! Et le moine centrafricain serait vêtu de
loques, parce que ces institutions républicaines et la société civile dans son
ensemble ne joueraient pas véritablement les rôles qui leurs avaient été
assignés ou encore les responsabilités que le gouvernement s’était adjugées. La vision du développement économique et
social, les discours politiques, les actes posés par le gouvernement de Bozizé,
par l’assemblée nationale et par les autres entités n’arriveraient toujours pas
à convaincre l’observateur avisé d’un progrès quelconque, ferme et durable,
malgré toutes les promesses faites, toute l’énergie, tout le temps et tous les
moyens investis. Et l’on s’en
convaincrait facilement car si les médias nationaux dans leurs différentes
éditions ne mentionnaient pas la Banque Mondiale, le Fond Monétaire
International, l’Union Européenne, la Cémac, ou certains pays amis dans leurs
actions d’aide à la Centrafrique, il n’y aurait vraiment pas grand chose à
inscrire au tableau de chasse du gouvernement de Bozizé. Mais, est-ce que les institutions du pays et
les enfants de la Centrafrique ne devraient exister et fonctionner que grâce à
toute cette générosité de l’aide extérieure?
Qu’est-ce qu’enfin les fils et les filles du pays devraient faire pour
eux-mêmes et le pays et par eux-mêmes?
Est-ce que tout le monde s’était résigné à attendre éternellement que ce
développement dont on parle arrive uniquement de l’extérieur, via le port de
Douala ou via un transfert de fonds sur un compte dans une banque de la
place? Est-ce que ces cadeaux ou dons
des pays amis, ces accords de financement de projets, et ces séminaires de
formation avaient vraiment apporté depuis les solutions définitives aux
problèmes du pays ou encore avaient finalement empêché les fonctionnaires
centrafricains et leurs nombreuses familles, les petits commerces, les petites
gens de continuer à crier, et pour cause, que tout ne va plus dans le
pays? Ces lamentations constantes de la
majorité de la population ne seraient-elles pas le signe que rien de ce qui
avait été entrepris avec le consentement du gouvernement ou par le gouvernement
n’avait toujours pas réussi à éradiquer les maux essentiels que vit le
pays? Mais ne vous méprennez point! Nous n’insinuons pas ici qu’il faille refuser
toute cette aide financière, technique ou matérielle et ces marques de bonne
camarederie. Ce que nous voudrions dire
c’est qu’il faudrait penser les véritables solutions et les mèthodes autrement
que ce qui avait été fait jusqu’aujourd’hui, si les enfants du pays voudraient
réellement mettre en place les solutions permanentes aux grands maux de la
Centrafrique. Enfin, les affaires du
pays devraient être traitées de manière plus pratique, plus réaliste, plus
sincère, plus convaincante, et avec beaucoup plus de rigueur.
L’on pourrait montrer du doigt les nombreux responsables de cette absence
de progrès. Ce manque de progrès serait
caractérisé par l’absence absolue d’un leadership adéquat de la part d’un
individu (le président de la république), d’une institution (les honorables
députés, les membres du gouvernement, les magistrats, et les militaires) ou de
la société civile (les chefs de partis politiques, les responsables syndicaux,
les chefs de confessions religieuses, les responsables d’associations) qui,
chacun en ce qui le concerne, n’avaient pas été capables de jouer pleinement et
effectivement leurs rôles, de réunir un consensus, de penser de manière
pratique les stratégies aux nombreux problèmes, de proposer des solutions solides
et permanentes susceptibles d’apporter rapidement au pays la prospérite
économique tant attendue. La société
civile toute entière n’aurait-elle pas aussi des responsabilités dans ce qui se
passe dans le pays? Les citoyens
avaient-ils crû que la tenue du dialogue national et la proposition d’une liste
de recommandations au gouvernement de Bozizé ouvriraient enfin la porte vers des
bonnes solutions pratiques? Les citoyens
avaient-ils crû que l’établissement d’une constitution, puis la tenue des
élections présidentielles et législatives mettraient en place tout le leadership
nècessaire qui proposeraient enfin les solutions efficaces aux maux chroniques
du pays? Les syndicats, les agents de
l’état en activitè et ceux à la retraite, les parents d’élèves, les étudiants,
les membres des diverses associations et des confessions religieuses et tous
les militants des partis politiques dans le pays manqueraient-ils les
véritables capacités nécessaires pour une analyse aiguë des solutions aux
problèmes économiques, politiques et sociaux?
Que devraient-ils envisager, chacun en ce qui le concerne, pour
identifier les sources des maux sociaux, pour évaluer les valeurs intrinsèques
de leurs leaders, pour mettre en place les solutions pratiques et simples aux
problèmes de chaque jour?
Si hier Patassé et les membres du bureau politique du MLPC n’avaient songé
qu’à ressasser et supputer les images des victoires électorales passées, si
aujourd’hui Bozizé et ses fidèles n’arrivent pas à sécuriser le territoire
national et à offrir au peuple ce qu’il demande, qui donc devrait porter les
responsabilités des échecs? Et surtout,
qui donc devrait rechercher urgemment et trouver les solutions
adéquates ? Le gouvernement? Les honorables députés? Les magistrats? Les salariés, les retraités et les boursiers
eux-mêmes? Les syndicats? Les électeurs qui par leurs votes avaient fait
les mauvais choix de leurs leaders politiques?
Mais dites-nous donc qui!
Jean-Didier Gaïna
Virginie, Etats-Unis d’Amérique (Sun, 5 Nov 2006)