MOUVEMENT POUR
ET LE
PROGRES SOCIAL
(M.D.I)
DEMOCRATIE
TRAVAIL
INDEPENDANCE
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BUREAU POLITIQUE
SECRETARIAT
GENERAL
CONTRIBUTION
AU DEBAT SUR LE DIALOGUE
Le
28 juillet 2006, le Chef de lEtat a présidé une
concertation avec les forces vives de la Nation sur la sécurité.
Si le MDI se félicite de linitiative prise par le
Président de la République en réponse à la forte demande de
certains compatriotes, force est de constater que la concertation
a presque éludé deux questions de fond :
-
Dialoguer avec qui ?
-
Dialoguer pour déboucher sur quoi ?
I- Dialoguer
avec qui ?
Cette question
renvoie inévitablement à deux autres :
a)
Quelle est la réalité de cette rébellion tant en hommes,
matériels, moyens logistiques et portion du territoire occupée
b)
Quels sont les véritables patrons de cette rébellion
La
question relative à limportance réelle de cette
rébellion interpelle larmée nationale et les services
spécialisés qui sont les mieux placés pour indiquer
leffectif de nos compatriotes entrés en rébellion, les
types darmes et les moyens logistiques utilisés. Le pays
fait-il face à des groupes armés sans véritables leaders,
apparentés à des bandits comme en 1982 dans lOuham-Pendé
ou à une rébellion structurée et bien organisée ?
Au
plan politique, cette question nest pas dénuée
dintérêt dans la mesure où la réponse est de nature à
influencer le comportement du Gouvernement.
Face
à une rébellion organisée qui existe réellement sur le
terrain, aucun centrafricain de bon sens ne peut sopposer
au dialogue avec celle-ci. Mais à contrario, si
linsécurité entretenue dans lOuham-Pendé et au
Nord-Est de notre pays est le fait de quelques dizaines
dindividus plus ou moins bien armés se cachant derrière
les rebelles tchadiens du FUC et capables tout au plus de
quelques embuscades, on ne peut raisonnablement demander au
Gouvernement de se rabaisser pour engager un quelconque dialogue
avec ceux-ci. Il le ferait quil créerait les conditions
dune instabilité politique chronique.
Le
chantage à la lutte armée paralyserait ce Gouvernement qui
vivrait sous la menace permanente des groupes agitant le recours
aux armes comme moyen privilégié pour régler les conflits
politiques.
La
direction effective de cette rébellion armée est lune des
questions incontournables du débat actuel. Quels sont les
véritables chefs de ces mouvements insurrectionnels ?
PATASSE et DEMAFOUTH ou MISKINE, DJADDER et LARMA ?
PATASSE
et DEMAFOUTH nient de toutes leurs forces en être les auteurs.
Par contre MISKINE, DJADDER et LARMA rivalisent
dardeur pour revendiquer la paternité de la rébellion et
des attaques contre les FACA y compris celles perpétrées par
les rebelles tchadiens.
Lever
et entretenir une rébellion armée nest pas à la portée
du premier aventurier. Cela demande des moyens financiers,
politiques et diplomatiques que nont ni DJADDER, ni LARMA
et encore moins MISKINE. Ceux-ci ne sont que des comparses.
Au
risque de ridiculiser notre pays, on ne peut pas sérieusement
demander au Gouvernement de la République et encore moins au
Président de la République de dialoguer avec un Miskine ou
DJADDER alors que les véritables chefs se tapissent dans
lombre. Ceux qui tirent les ficelles Patassé en
loccurrence sont ceux-là qui pendant les dix (10)
années du régime déchu, ont pillé les ressources naturelles
de notre pays (mines, bois etc.), détourné laide publique
au développement et tissé des relations avec toutes sortes de
milieux y compris les milieux mafieux. Ils ont pu ainsi
constituer un trésor de guerre et un réseau de relations
quils mobilisent aujourdhui contre le peuple
centrafricain. Cependant, Patassé ne veut pas reconnaître sa
responsabilité dans le déclenchement de la rébellion de PAOUA,
encore moins celle à nos frontières avec le SOUDAN. Dans ces
conditions comment dialoguer avec quelquun qui se dit
étranger à linsurrection armée sévissant dans certaines
de nos régions. Que Patassé prenne ses responsabilités en
revendiquant la paternité de la rébellion (toutes les
informations dont disposent les autorités ne laissent planer
aucun doute), cela aurait lavantage de clarifier le débat
et fournirait une réponse sans ambiguïté à la question de «
dialoguer avec qui ?». Mais tant quil
continuera à jouer au chat et à la souris, à se cacher
derrière MISKINE ou DJADDER cette question reviendra toujours.
Il
revient donc au Gouvernement de prendre en toute connaissance de
cause la décision qui convient le mieux aux intérêts
supérieurs de
Dans
lhypothèse contraire le pays comme en 1982 est
confronté à des groupes ne constituant pas une menace réelle
le Gouvernement devra mettre à contribution la médiature,
le Comité de Suivi des Actes du Dialogue National et les leaders
dopinion des localités touchées (Chefs de groupe et de
village, chefs religieux, associations des femmes et jeunes, etc.,)
pour convaincre les jeunes enrôlés dans ces maquis à renoncer
aux armes moyennant une politique de réinsertion dans la vie
active à travers des programmes tel que le DDR.
II- Dialoguer
pour déboucher sur quoi ?
Enfin
la dernière question incontournable du débat sur le dialogue a
trait aux objectifs du dialogue. Le dialogue avec les
leaders reconnus de la rébellion débouchera t-il sur quoi ?
Hormis
la paix qui est lobjectif général recherché,
dautres objectifs portés par lopposition non armée
et armée sont en embuscade. Il sagit de :
-
La remise en cause des institutions issues des dernières
consultations populaires de 2005 ;
-
Lamnistie en faveur de PATASSE, MISKINE, DEMAFOUTH et
autres.
La
remise en cause des institutions actuelles est à
lévidence lobjectif visé par lopposition
armée mais également par une partie de lopposition non
armée à linstar du MDREC qui na de cesse de
demander la démission du Chef de lEtat dans tous ses
communiqués de presse et dont le Président, récemment en
France, a appelé à lorganisation de nouvelles élections.
Pour
le MDI, les institutions de la République ne sont pas en crise.
La Présidence de la République, lAssemblée Nationale, le
Gouvernement et la Cour Constitutionnelle fonctionnent
normalement. La Médiature et le Haut Conseil de la Communication
sont dans la phase de mise en place. Demain ce sera le tour du
Conseil Economique et Social dont le texte fondateur vient
dêtre adopté par lAssemblée Nationale. Quest
ce qui justifie de la part de lopposition non armée une
exigence aussi démesurée sinon la volonté de perpétrer un
coup détat contre les institutions issues des élections
démocratiques et saluées comme telles aussi bien par les
centrafricains que par la Communauté Internationale ?
Accéder à une telle demande constituerait un précédent
dangereux pour la stabilité de nos institutions et enlèverait
au verdict des urnes sa raison dêtre. Ce serait une
manière denvoyer un message fort aux candidats malheureux
aux élections quils peuvent toujours compter sur un 3ème
tour, à savoir un coup de force contre les institutions.
En
tant que Parti démocratique, le MDI ne saurait cautionner une
telle démarche quil condamne sans réserve.
De
la même manière, le MDI nentend pas que limpunité
soit ancrée dans les murs politiques en RCA. Amnistier les
graves crimes économiques et de sang commis sous le régime du
Président PATASSE venant après lamnistie accordée aux
partisans du Président KOLINGBA, ne consacrerait-il pas
définitivement limpunité en RCA ?
Le
risque en tout cas est grand de voir naître de nouvelles
vocations à instaurer des régimes de dictature parmi les
prétendants à lexercice du pouvoir suprême dès lors où
limpunité est garantie quels que soient les crimes commis
par nos dirigeants. Cette position de principe affirmée, le
Parti nen est pas moins conscient de la complexité du
problème dans le contexte actuel de la RCA. Après des
années de crises récurrentes qui ont ruiné le pays et
accentué la paupérisation de la population, les centrafricains
aspirent à la paix et à un mieux être. Le Gouvernement ne peut
pas ne pas prendre en compte cette exigence de la population et
si le prix à payer passe par une nouvelle amnistie, le MDI
malgré son opposition de principe, en comprendrait le bien
fondé. Le tout au nom du réalisme politique.
La
problématique du dialogue liée à linsécurité
grandissante dans notre pays, est une question hautement
politique quil faut éviter daborder de façon
sentimentale en occultant sa dimension politique. Nous avons
tenté, à travers cette contribution, de recentrer le débat
autour de ces questions politiques que nous souhaitons partager
avec tous les compatriotes.
La concertation lancée par le Président de la République a ouvert le débat qui doit se poursuivre dans tous les milieux afin quune solution conforme aux intérêts du peuple centrafricain en soit dégagée.
Le
Bureau Politique
(mise
en ligne le 28 août 2006)