PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE                               REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE                                                                                                                                              **************************************

               

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          HAUT COMMISARIAT                                                              

AUX DROITS DE L’HOMME ET A LA
          BONNE GOUVERNANCE

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DECLARATION DE LA REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE A LA 40e SESSION ORDINAIRE DE LA COMMISSION AFRICAINE DES DROITS DE L’HOMME ET DES PEUPLES, PAR LE HAUT COMMISSAIRE A LA PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE, CHARGE DES DROITS DE L’HOMME ET DE LA BONNE GOUVERNANCE.

 

Banjul, la Gambie du 15 au 29 novembre 2006

 

Madame la Présidente ;

Mesdames et Messieurs les Commissaires ;

Honorables Délégué(e)s des Etats ;

Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations Non Gouvernementales de défense des Droits de l’Homme ;

Mesdames et Messieurs.

                                              

Avant de vous présenter la situation des droits de l’Homme dans mon pays après la présentation de notre rapport initial et périodique lors de la 39e Session en mai dernier, permettez-moi d’une part, de remercier les autoritẻs et le peuple frère gambien pour la qualité de l’accueil qui nous a été réservés depuis notre arrivée  dans cette ville et d’autre part, de saluer les efforts incessants consentis par notre Commission malgré l’insuffisance de ses ressources afin que le respect et la protection des droits de l’Homme deviennent une réalité vivante sur notre continent.

 

Les observations conclusives de la Commission sur le rapport initial et périodique de la République Centrafricaine ont retenu l’attention du Président de la république, Chef de l’Etat et du Gouvernement, résolument déterminés à intégrer les valeurs et principes des droits de l’Homme dans les mœurs nationales, ce qui s’est traduit par l’adoption de plusieurs mesures d’ordre réglementaire et législatif y relatives dont entre autres :

 

-         La ratification du Protocole relatif à la Charte Africaine des droits de l’Homme et des Peuples, portant création d’une cour Africaine des droits de l’homme et des Peuples ;

 

-         La transmission au bureau de l’Assemblée nationale actuellement en session, du projet de loi autorisant la ratification du Protocole à la Charte Africaine relatif aux droits des femmes ;

 

 

-         L’adoption par l’Assemblée nationale de la loi sur la violence à l’égard des Femmes et des Jeunes Filles ;

 

-         Le lancement officiel du processus de l’élaboration du Plan d’Action National de Promotion et de Protection des droits de l’Homme ;

 

-         La création du Comité National d’élaboration d’une législation sur les Peuples Autochtones et les réfugiés, chargé de préparer le projet de loi, portant ratification de la convention 169 de l’OIT ;

 

-         Les démarches menées en vue de construire une prison pour enfants ;

 

-         La poursuite du paiement régulier des salaires à terme échu ;

 

-         Bientôt les Etats généraux de la Justice visant à mener des réformes efficaces afin de rendre la justice beaucoup plus transparente et plus proche des justiciables ;

 

-         La dissolution et la réforme de l’administration douanière très corrompue ;

 

-         La mise en valeur enfin de nos richesses du sous-sol notamment par l’exploitation de l’uranium et la révision des conditions de délivrance des permis exploitation forestière et minière qui va enfin permettre au gouvernement d’améliorer les conditions de vie et d’existence des  populations centrafricaines…

 

Cependant, Mesdames et Messieurs,

 

Au moment où le Gouvernement et tout le peuple centrafricain, sont concentrés sur la reconstruction du pays complètement détruit après plusieurs années de crises, dues essentiellement au non-respect des droits humains et à une politique d’exclusion, de haine tribale et régionaliste par le régime défunt, voilà que les maîtres de cette rétrograde politique, insoucieux du malheur du peuple centrafricain s’arroge le droit, avec l’appui d’un pays frère pourtant, le SOUDAN, d’agresser et d’occuper une partie Nord de notre territoire, la ville de BIRAO, occasionnant ainsi de nombreuses pertes en vies humaines, des violences et prises d’otages, pillages et destructions de biens et d’autres crimes perpétrés contre la population civile, faisant plusieurs milliers de déplacés. C’est une atteinte grave non seulement à l’intégrité territoriale d’un Etat souverain, mais également aux Droits de l’Homme et au droit international humanitaire.

 

Le peuple centrafricain, lassé d’être toujours victime innocente des appétits des criminels aventuriers et autres assoiffés de pouvoirs, vient en date du 08 novembre 2006, dans toutes ses composantes et sensibilités socio-politiques de descendre dans la rue aussi bien à Bangui, la capitale que dans toutes les grandes villes du pays pour dénoncer cette agression d’une partie de son territoire, qui remet ainsi en cause tous les efforts de reconstruction et de démocratisation du pays entrepris depuis le 15 mars 2003, et interpellant à cette occasion d’une part,

 La communauté internationale quant à son mutisme alourdissant sur cette situation qui menace la paix et la sécurité dans la sous région d’Afrique centrale,

et d’autre part, les Organisations Non Gouvernementales Centrafricaines de  Défense des Droits de l’Homme qui n’ont pas joué leur rôle de défenseur des Droits de l’Homme dans la gestion de cette crise qui constitue une grave atteinte aux libertés et droits fondamentaux ainsi qu’à l’intégrité territoriale.

 

Madame la Présidente ;

Mesdames et Messieurs ;

 

Le conflit du Darfour soudanais est entrain de s’étendre inexorablement au Tchad et à la République Centrafricaine si aucune action vigoureuse et énergique de la communauté internationale n’est engagée pour y mettre un terme. A cet effet, nous saluons le courage et la détermination de l’Union Africaine qui, en condamnant l’agression et l’occupation de la ville de BIRAO dans la partie Nord du territoire centrafricain, reste engagée à promouvoir la démocratie et le respect des droits de l’Homme en Afrique, et plus particulièrement en République Centrafricaine.

 

Le gouvernement et le peuple centrafricain, ici, par ma voix demande solennellement à la Commission Africaine des droits de l’Homme et des Peuples d’être son avocat auprès du Conseil de sécurité et de Paix de l’Union Africaine afin d’appuyer la mise en application dans toute sa rigueur de la résolution 1706, du Conseil de Sécurité relative au déploiement d’une Force des Nations Unies à la frontière tchado-soudano-centrafricaine afin de garantir la sécurité des populations civiles de cette région.

 

Voilà un nouveau défi qui vient s’ajouter à d’autres déjà nombreux, auxquels la Commission Africaine est appelée à apporter sa contribution à la recherche de solution et de règlement de conflits sur notre Continent. Le peuple centrafricain n’aspire Madame la Prẻsidente, Mesdames et Messieurs les Commissaires qu’à la paix pour un développement humain et durable de son pays.

 

Je vous remercie pour votre bien aimable attention.

 

                                                                                  Fait à Banjul, le 16 novembre 2006