************************************************************ UNITE-DIGNITE-TRAVAIL
HAUT
COMMISARIAT
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DECLARATION DE LA REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE A LA 40e
SESSION ORDINAIRE DE LA COMMISSION AFRICAINE DES DROITS DE L’HOMME ET DES
PEUPLES, PAR LE HAUT COMMISSAIRE A LA PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE, CHARGE DES
DROITS DE L’HOMME ET DE LA BONNE GOUVERNANCE.
Madame la Présidente ;
Mesdames et Messieurs les
Commissaires ;
Honorables Délégué(e)s des
Etats ;
Mesdames et Messieurs les
Représentants des Organisations Non Gouvernementales de défense des Droits de
l’Homme ;
Mesdames et Messieurs.
Avant
de vous présenter la situation des droits de l’Homme dans mon pays après la
présentation de notre rapport initial et périodique lors de la 39e
Session en mai dernier, permettez-moi d’une part, de remercier les
autoritẻs et le peuple frère gambien pour la qualité de l’accueil qui
nous a été réservés depuis notre arrivée dans cette ville et d’autre part, de saluer
les efforts incessants consentis par notre Commission malgré l’insuffisance de
ses ressources afin que le respect et la protection des droits de l’Homme
deviennent une réalité vivante sur notre continent.
Les
observations conclusives de la Commission sur le rapport initial et périodique
de la République Centrafricaine ont retenu l’attention du Président de la
république, Chef de l’Etat et du Gouvernement, résolument déterminés à intégrer
les valeurs et principes des droits de l’Homme dans les mœurs nationales, ce
qui s’est traduit par l’adoption de plusieurs mesures d’ordre réglementaire et
législatif y relatives dont entre autres :
-
La
ratification du Protocole relatif à la Charte Africaine des droits de l’Homme
et des Peuples, portant création d’une cour Africaine des droits de l’homme et
des Peuples ;
-
La
transmission au bureau de l’Assemblée nationale actuellement en session, du
projet de loi autorisant la ratification du Protocole à la Charte Africaine
relatif aux droits des femmes ;
-
L’adoption
par l’Assemblée nationale de la loi sur la violence à l’égard des Femmes et des
Jeunes Filles ;
-
Le
lancement officiel du processus de l’élaboration du Plan d’Action National de
Promotion et de Protection des droits de l’Homme ;
-
La
création du Comité National d’élaboration d’une législation sur les Peuples
Autochtones et les réfugiés, chargé de préparer le projet de loi, portant
ratification de la convention 169 de l’OIT ;
-
Les
démarches menées en vue de construire une prison pour enfants ;
-
La
poursuite du paiement régulier des salaires à terme échu ;
-
Bientôt
les Etats généraux de la Justice visant à mener des réformes efficaces afin de
rendre la justice beaucoup plus transparente et plus proche des
justiciables ;
-
La
dissolution et la réforme de l’administration douanière très corrompue ;
-
La mise
en valeur enfin de nos richesses du sous-sol notamment par l’exploitation de
l’uranium et la révision des conditions de délivrance des permis exploitation
forestière et minière qui va enfin permettre au gouvernement d’améliorer les
conditions de vie et d’existence des
populations centrafricaines…
Cependant,
Mesdames et Messieurs,
Au
moment où le Gouvernement et tout le peuple centrafricain, sont concentrés sur
la reconstruction du pays complètement détruit après plusieurs années de
crises, dues essentiellement au non-respect des droits humains et à une
politique d’exclusion, de haine tribale et régionaliste par le régime défunt,
voilà que les maîtres de cette rétrograde politique, insoucieux du malheur du
peuple centrafricain s’arroge le droit, avec l’appui d’un pays frère pourtant, le
SOUDAN, d’agresser et d’occuper une partie Nord de notre territoire, la
ville de BIRAO, occasionnant ainsi de nombreuses pertes en vies humaines, des
violences et prises d’otages, pillages et destructions de biens et d’autres
crimes perpétrés contre la population civile, faisant plusieurs milliers de
déplacés. C’est une atteinte grave non seulement à l’intégrité territoriale
d’un Etat souverain, mais également aux Droits de l’Homme et au droit
international humanitaire.
Le
peuple centrafricain, lassé d’être toujours victime innocente des appétits des
criminels aventuriers et autres assoiffés de pouvoirs, vient en date du 08
novembre 2006, dans toutes ses composantes et sensibilités socio-politiques de
descendre dans la rue aussi bien à Bangui, la capitale que dans toutes les
grandes villes du pays pour dénoncer cette agression d’une partie de son territoire,
qui remet ainsi en cause tous les efforts de reconstruction et de
démocratisation du pays entrepris depuis le 15 mars 2003, et interpellant à
cette occasion d’une part,
La communauté internationale quant à son
mutisme alourdissant sur cette situation qui menace la paix et la sécurité dans
la sous région d’Afrique centrale,
et
d’autre part, les Organisations Non Gouvernementales Centrafricaines de Défense des Droits de l’Homme qui n’ont pas
joué leur rôle de défenseur des Droits de l’Homme dans la gestion de cette
crise qui constitue une grave atteinte aux libertés et droits fondamentaux
ainsi qu’à l’intégrité territoriale.
Madame
la Présidente ;
Mesdames
et Messieurs ;
Le
conflit du Darfour soudanais est entrain de s’étendre inexorablement au Tchad
et à la République Centrafricaine si aucune action vigoureuse et énergique de
la communauté internationale n’est engagée pour y mettre un terme. A cet effet,
nous saluons le courage et la détermination de l’Union Africaine qui, en
condamnant l’agression et l’occupation de la ville de BIRAO dans la partie Nord
du territoire centrafricain, reste engagée à promouvoir la démocratie et le
respect des droits de l’Homme en Afrique, et plus particulièrement en
République Centrafricaine.
Le
gouvernement et le peuple centrafricain, ici, par ma voix demande
solennellement à la Commission Africaine des droits de l’Homme et des Peuples
d’être son avocat auprès du Conseil de sécurité et de Paix de l’Union Africaine
afin d’appuyer la mise en application dans toute sa rigueur de la résolution
1706, du Conseil de Sécurité relative au déploiement d’une Force des Nations
Unies à la frontière tchado-soudano-centrafricaine afin de garantir la sécurité
des populations civiles de cette région.
Voilà
un nouveau défi qui vient s’ajouter à d’autres déjà nombreux, auxquels la
Commission Africaine est appelée à apporter sa contribution à la recherche de
solution et de règlement de conflits sur notre Continent. Le peuple
centrafricain n’aspire Madame la Prẻsidente, Mesdames et Messieurs les
Commissaires qu’à la paix pour un développement humain et durable de son pays.
Je
vous remercie pour votre bien aimable attention.
Fait
à Banjul, le 16 novembre 2006