Comment les Opérateurs de Télécommunications des pays riches, en particulier ceux  de l’Union Européenne, ASSASSINENT-ILS le Développement National des Télécommunications des Pays Africains?
Une re-colonisation annoncée : l’exemple de la Gateway Internationale Unique de la République Centrafricaine.
 
Notre gouvernement a pris une initiative originale pour relancer le développement des Télécommunications au niveau national, tout en assurant le développement de la concurrence, par  la mise en place d’une « Gateway Internationale Unique ». Laquelle Gateway Internationale Unique  offre à l’ensemble des opérateurs fixes et mobiles nationaux, ainsi qu’aux opérateurs internationaux un point d’accès unique et mutualisé pour l’ensemble des communications échangées avec l’international. Cette initiative résulte d’un constat économique qui tient, en premier lieu, à la situation des réseaux de Télécommunications Internationaux dans les pays enclavés comme la Centrafrique, et en second lieu, aux effets pervers qu’a produit dans ce pays la libéralisation brutale et non maîtrisée de l’accès aux Télécommunications Internationales :
 
-Le développement des investissements dans les réseaux nationaux est freiné du fait de la nécessité pour les opérateurs nationaux de réserver une partie importante de leurs ressources de financement dans des dépenses onéreuses d’équipements et de location d’accès satellitaires internationaux.
 
-La libéralisation de l’accès aux télécommunications internationales a conduit à une situation paradoxale d’appauvrissement général de l’ensemble du secteur des télécommunications de Centrafrique. Les pertes d’économies d’échelles liées au recours individuel des opérateurs à des solutions satellitaires n’ont pas été compensées par les gains d’efficacité promis par les économistes occidentaux, bien au contraire. Ces économistes, qui ont prôné ces réformes au niveau international, ont oublié que le développement des réseaux de télécommunications des pays en voie de développement, qui reste dramatiquement insuffisant, repose très largement sur les revenus d’interconnexion téléphonique entrante payés par les opérateurs internationaux, et notamment par les opérateurs des pays développés. En introduisant, une concurrence totale sur l’interconnexion internationale, nous avons en fait fragilisé la capacité de nos opérateurs à résister à l’écrasement des prix payés par les grands opérateurs internationaux. Les prix se sont effondrés et la stratégie des opérateurs des pays développés a été d’encourager cet effondrement en favorisant ainsi leur maison mère au détriment même de leur filiale locale: saviez-vous que dans la plupart des cas, il est plus cher pour un abonné français au téléphone fixe d’appeler un abonné mobile français que d’appeler un abonné mobile de Centrafrique ?
 
Le paradoxe économique est bien là : cette concurrence brutale et non maîtrisée sur l’accès à l’international a permis une baisse drastique des prix des appels internationaux au bénéficie des consommateurs des pays riches, mais en appauvrissant nos opérateurs nationaux. Cette concurrence continue de freiner les projets de déploiement des réseaux fixe et mobile sur notre territoire, et n’a même pas permis de baisse des prix pour les utilisateurs déjà raccordés aux réseaux existants.
Le maintien de cette situation est-il juste et équitable vis-à-vis des pays en voie de développement comme le nôtre ?
 
Notre réponse a été la mise en place d’une « Gateway Internationale Unique »: elle permet d’augmenter les tarifs des taxes de répartition appliquées aux opérateurs internationaux pour le trafic téléphonique à destination de la Centrafrique, cela pour les porter à des niveaux plus raisonnables et surtout comparables à ceux des autres pays africains. Elle permet ainsi de mieux rémunérer les opérateurs locaux. L’excédent de revenus étant affecté de façon transparente à des fonds spécifiques dédiés à des projets de couverture par un service universel des télécommunications. Ces fonds visent notamment à permettre le développement de la téléphonie et de l’accès à Internet dans les zones non couvertes par les réseaux de télécommunications, notamment en milieu rural.
Cette initiative est établie en concertation étroite avec les principales institutions internationales qui soutiennent le développement économique durable dans notre pays.

En outre, elle s’inscrit avec cohérence dans la logique des réformes du cadre réglementaire des Télécommunications et répond par la même occasion aux besoins de l’ensemble des opérateurs de téléphonie en Centrafrique. Il faudrait aussi rappeler qu’elle constitue une stratégie claire et transparente de développement d’une économique durable des offres de télécommunications dans notre pays, en incluant rapidement les services IP quasi inexistants, seule voie d’accès à l’économie mondialisée.

 
Or que voit-on ?
Des alliances officieuses, à l’image de celles des opérateurs mobiles de certains pays de l’Union Européenne récemment condamnés pour non-respect de la concurrence, refusent de payer le prix d’accès en Centrafrique et cherchent à écrouler le trafic en refusant délibérément d’acheminer les communications, des français par exemple, vers la Centrafrique. Il s’agit là, d’un assassinat en règle de tous les efforts que nous déployons par la mise en place des groupes puissants qui ont ruiné les économies des télécommunications de plusieurs pays africains, en pratiquant une concurrence déloyale et  en ayant une attitude de re-colonisation souterraine intolérable, à l’heure de la mise en place d’une économie qui se veut équitable par les gouvernements des pays développés. 
 
Aujourd’hui, l’ensemble des opérateurs de Télécommunications de la République Centrafricaine est connecté à la Gateway Internationale Unique et soutient ainsi l’action du gouvernement. Le tarif d’interconnexion a été relevé de 6 cts USD à 15 cts USD, le mardi 21 novembre 2006, et nous souhaitons que l’engagement des Gouvernements des pays riches à aider les pays africains se concrétise par l’acceptation et le respect de ce tarif par l’ensemble de leurs Opérateurs de Télécommunications.
  Le Ministre des Postes et Télécommunications Chargé des Nouvelles Technologies
  Fidèle GOUANDJIKA