Déclaration de l'ancien Président Ange-Félix Patassé lors du DPI

 

Monsieur le président de la République et très cher frère François Bozizé,

Messieurs les chefs d’Etat et de gouvernement,

Monsieur le premier ministre, chef du gouvernement.

Messieurs

Respectueux du sacro saint principe constitutionnel à savoir la laïcité de l’Etat centrafricain, qu’il me soit permis de rendre solennellement. Gloire, Majesté, Magnificence et Reconnaissance à Dieu le Miséricordieux.

Le Dieu des exilés qui nous a permis mes compagnons d’exil et moi - même de revenir en terre centrafricaine hier et qui est également la nôtre.

Aussi, est-il besoin de le rappeler que beaucoup d’hommes politiques sont morts en exil sans que leur dépouille mortelle ne soit transférée dans leur terre natale. Nous lui disons merci pour sa grâce divine.

Nous rendons un hommage appuyé et mérité à notre Doyen, le Doyen des chefs d’Etat d’Afrique, Son Excellence El Hadj Omar Bongo Ondimba, président de la République gabonaise, médiateur de la CEMAC dans la crise centrafricaine. Il ne s’est jamais lassé d'accompagner, d'encourager le peuple centrafricain dans la voie de recherche de solutions pacifiques aux crises militaro politiques récurrentes, et au peuple frère gabonais ainsi qu’à son gouvernement.

Hommage à notre frère, Mouammar Kadhafi, guide de la Grande Jamahiriya libyenne, Médiateur de la zone CEN SAD, pour ses actions constantes en République centrafricaine.

Hommage mérité au peuple frère togolais et à son regretté le Général Gnassingbé Eyadema, dirigeant et timonier de la République togolaise qui nous a accordé l’asile.

Ces hommages vont également à l’endroit de son digne, successeur Faure Essozima Gnassingbé, président de la République togolaise.

Hommage également aux présidents de la CEMAC et d’Afrique, à leur peuple respectif pour le soutien au processus de paix et de réconciliation véritable en République Centrafricaine.

Hommage à la France et à son président Nicolas Sarkozy pour sa vision nouvelle pour la coopération dynamique et sincère avec l'Afrique montante.

A l’Union africaine pour son assistance multiple et multiforme,

A tous les systèmes des Nations Unis et à son Secrétaire général et plus particulièrement à la Croix rouge internationale pour son assistance aux populations vulnérables

A toutes les confessions religieuses pour leur implication positive dans le processus de paix en Centrafrique.

Notre reconnaissance à tous les amis de la République Centrafricaine pour leurs actions salvatrices pour sauver notre pays, pour la sortie des crises récurrentes qui ont secoué depuis plusieurs années notre pays.

Ces hommages vont également à l’endroit des hommes de bonne volonté et sans le concours desquels ces assises n’auraient pu avoir lieu.

«Nous en sommes tous responsables sans exception».

Mesdames, messieurs

Très chers compatriotes,

Comme le dit Ecclésiaste:

«Il y a un temps pour se taire, et un temps pour parler.

Un temps pour faire la guerre, et un temps pour faire la paix»

Oui, la République Centrafricaine, patrie de Barthélemy Boganda et de nombreux martyrs doit renaître impérativement. Nous en sommes tous les orphelins. Il ne se passe jamais de jour que les fils et les filles de la République Centrafricaine soient battus, brimés, humiliés, torturés, rackettés, assassinés. Nous en sommes tous responsables sans exception. La tenue du Dialogue politique inclusif est une émanation du peuple centrafricain qui aspire légitimement à la paix, à la justice, justice équitable et à la sécurité, au développement harmonieux et durable.

Le Dialogue politique inclusif est également l’émanation de la communauté internationale qui veut nous accompagner dans la voie de la démocratie.

Oui! Le Dialogue politique inclusif est un rare moment qui nous donne une chance à saisir.

«La République centrafricaine n’est pas un gâteau»

Mesdames, Messieurs

Très chers compatriotes.

Permettez nous de partager avec vous notre vision du Dialogue politique inclusif.

Le Dialogue politique inclusif ne doit pas être l’affaire du seul pouvoir avec les groupes politico militaires, ni l’affaire exclusive du pouvoir avec les partis politiques dits de majorité présidentielle, ni de l’opposition démocratique, ni encore une affaire d’intellectuels petits bourgeois. Et oui! C’est ça la vérité (Applaudissements).

Merci. Le Dialogue politique n’est pas un tribunal ou un lieu de règlement de compte. L’issue du Dialogue politique ne doit pas être l’occasion de répartition de postes de responsabilité entre les participants. (Applaudissements).

Je vous remercie et je reprends (rire dans la salle).

L’issue du Dialogue politique inclusif ne doit pas être l’occasion de répartition des postes de responsabilité entre les participants, prosaïquement appelée la partage de gâteau.

La République Centrafricaine n’est pas un gâteau, à la rigueur elle est une personne morale voire physique. Nous estimons humblement qu’il doit principalement être un lieu de sincère mea culpa, de repentir et de véritable sincère pardon entre tous les enfants de la République Centrafricaine.

Oui! Le véritable pardon n’est pas une faiblesse mais une puissance qui libère de I’ esclavage, de la haine viscérale et qui affranchit de tout sentiment de crime passionnel.

Le Dialogue politique inclusif doit être l’ultime occasion de poser sans complaisance le diagnostic de la République centrafricaine depuis son accession à la souveraineté internationale afin d’y apporter des traitements appropriés sur des bases objectives et justes dans un nouveau climat de complémentarité et de fraternité qui a toujours caractérisé notre pays la République Centrafricaine, pays de Barthélemy Boganda et des Martyrs centrafricains.

C’est pourquoi, chers compatriotes, en vérité le destin de notre pays est avant tout entre nos mains. Il nous revient de prendre conscience afin de nous lever comme un seul homme pour conjurer le démon de la destruction de notre beau et riche pays, la République Centrafricaine.

L'unité nationale, la réconciliation nationale voire réformateur resteront longtemps des voeux pieux si les discours ne sont pas traduits en actions concertées et concrètes.

Mesdames, Messieurs

Chers compatriotes.

L’Afrique montante et combattante a besoin de tous ses fils et toutes ses filles dans ce monde en perpétuelle mutation avec des facteurs mobilisateurs pour la construction de notre continent par une dynamique politique de mise en valeur de nos richesses nationales continentales, mais, hélas! Aussi des facteurs déstabilisateurs si nous ne prenons garde.

L’élection de notre cher frère Barack Obama à la magistrature suprême des Etats-Unis doit interpeller la conscience politique africaine. Nous lui souhaitons plein succès dans sa mission, et que Dieu Tout Puissant sur lui d’abondantes bénédictions.

Oui Chers compatriotes

Ayons des ambitions nobles, responsables et légitimes pour notre cher, beau et riche et justes dans un nouveau climat pays, la République centrafricaine.

Toutefois, nous devons poursuivre des actions nobles et responsables. Ces ambitions légitimes doivent être accompagnées des compétences appropriées et responsables par tous.

Car une ambition sans compétence est un crime contre l’humanité disait Châteaubriand.

Le Dialogue politique inclusif doit proposer nécessairement le pari de responsabilité au risque que la République centrafricaine ne soit marginalisée par les autres nations.

Les crises énergétiques suivies des crises alimentaires et plus récemment la crise financière internationale interpellent tous les Africains, gouvernements et gouvernés à se mobiliser, à se concerter.

Les crises énergétiques suivies des crises alimentaires et plus récemment la crise financière internationale interpellent tous les Africains, gouvernements et gouvernés à se mobiliser, à se concerter pour dresser une barrière infranchissable à la pauvreté qui mine notre continent et pourtant éminemment riche.

D’accord avec le Roi Ghezo «... Nous affirmons: Si tous les fils du continent et plus particulièrement les fils et les filles de la République Centrafricaine venaient par leurs mains assemblées boucher les trous de la jarre percée, le continent et la RCA seront sauvés».

Par conséquent, nous voici au rendez-vous du donner du meilleur de nous même sans rien demander en retour au peuple centrafricain qui attend beaucoup et légitimement de ses dirigeants, de ses cadres pour redresser la situation actuelle de la République Centrafricaine.

Des solutions existent véritablement. Avec courage et abnégation, nous donnerons une nouvelle impulsion à notre pays immensément riche.

Messieurs les présidents,

Devant vous, devant le peuple d’Afrique et devant le peuple centrafricain, notre délégation fera des propositions appropriées comme approche dans tous les domaines de la vie nationale eu égard à notre expérience de la longue lutte de la libération nationale par la voie politique, privilégiant le dialogue et la concertation entre tous les Centrafricains sans exclusion.

Chers compatriotes,

En venant parmi vous dans notre beau pays aujourd’hui, seul je voudrais une fois de plus vous remercier pour toute l’estime que vous m’avez accordée pendant le décès de mon épouse, votre fille Angèle que vous avez tant aimée.

Monsieur le président Bozizé,

Le peuple centrafricain nous interpelle tous, Nous avions le grand et aussi le redoutable privilège de conduire son destin. Levons-nous et lançons un véritable appel à la réconciliation nationale en nous élevant au-dessus des divisions partisanes nuisibles à l’Unité nationale.

Nous n’avons qu’une Patrie, un seul peuple, une seule devise: Unité-Dignité-Travail.

Succès, pleins succès aux assises de ce rendez-vous Centrafricano -Centrafricain.

Je vous remercie.

 

Source : lemlpc.net  - Le 11 décembre 2008