DIATRIBE D’INVERSION DES PROBLEMATIQUES ESSENTIELLES ( DIPE)

OU DIALOGUE POLITIQUE INCLUSIF ( DIP) ; LE DILEMME CENTRAFRICAIN.

 

 

Depuis le 8 décembre 2008, Bangui ; la capitale de Centrafrique est le théâtre d’un déjeuner ragoutant  de l’oligarchie militaro-politique avec leur propre diable ; à savoir l’absence de projet de société depuis les indépendances. Finiront-ils ce déjeuner sans se salir les mains et par une danse avec ce diable ! La communauté internationale ; témoin de cette affligeante parodie se contentera-t-elle de quitter les lieux dans la posture de Ponce Pilate  en dépit de l’excellente plaidoirie de Maître Pouzer (rapportée par Adrien Poussou de l’hebdomadaire Indépendant) et de la  gangréneuse proposition de l’ex-président André Kolingba ; lequel, non seulement à boycotter le sommet mais à manquer l’occasion de se taire.

Ce survol contextuel fait , revenons aux choses sérieuses. Comme l’a si bien rappelé Maître Pouzer, en 48 ans d’indépendance, l’oligarchie militaro-politique de ce beau pays s’est toujours vautrée dans le mimétisme symbolique à coups de trahisons, de traitrises, de forfaiture et d’ostracisme. La marque de fabrique de l’oligarchie militaro-politique de la République Centrafrique se caractérise par la capacité à  dévoyer, bifurquer et infester l’idée même de l’Etat, de ses biens ; « rés public » et pire encore de démocratie. Le comble de cette l’imposture depuis le dernier dialogue nationale est la volonté affichée du régime en place, de transformer ce pays en sanctuaire de l’errance et le gisement à ciel ouvert de l’obscurantisme. Le présent point de vue n’a pas pour objectif de déplorer. Je n’ai ni la qualification ni l’expérience.

En revanche, je voudrais bien analyser, explorer ce que DPI signifie à la lumière des premiers discours ; faute de projet de société impliquante pour le peuple Centrafricain et avec le peuple Centrafricain, par des instruments à mettre en œuvre. N’assiste-t-on pas à la naissance d’un autre mais mélodramatique dilemme  auquel l’oligarchie militaro-politique nous a accoutumés, en offrant deux semaines de tribune pour des folkloriques  Diatribes d’Inversion des Problématiques Essentielles ( DIPE) au lieu d’un Dialogue Politique Inclusif (DIP) avec des enjeux bien configurés, des représentations lisibles et susceptibles de mobiliser des partenariats et des coopérations (1)  

Je prends le risque d’avoir très tôt raison comme c’était le cas lorsque je m’inquiétais dès le lendemain du coup d’Etat du 15 mars que le Professeur Goumba avait bradé sa virginité et probité politique.( Voir mon article intitulé «  Quand un concept interpelle son auteur » dans les colonnes de Sangonet  Avril- Mai 2003)

J’espère que l’évolution des faits et l’histoire acquitteront le subversif que je suis ; pas pour plagier platement Ché - guévara [ sans filiation idéologique]

 

A mon humble avis ,la vraie problématique qui devrait inspirer les travaux du  DIP est la suivante : Conduire les 6 régions de la République Centrafricaine vers le progrès et l’émancipation inspire-t-il les préoccupations des oligarchies militaro-politique et politico-religieuse, qui sont aux commandes du pays. Le sort des communautés centrafricaines hante-il leurs actions politiques et les politiques de leurs actions ? Ce DPI sera-t-il l’occasion de mise en perspective historique de la trame des enjeux actuels et futurs de la participation des six régions à la construction des valeurs républicaines et des référentiels démocratiques. ? A partir de quels postulats politique, historique et anthropologique, le DPI construira-t-il les résolutions et élaborera-t-il les préconisations ?  

 

I : Lire « Diatribe d’Inversion des Problématiques Essentielles »  (DIPE) au lieu de «  Dialogue Politique Inclusif  ( DIP) »

 

Le constat que font les micros baladeurs  laisse entrevoir la représentation qu’a Bangui de l’ancrage de ce pays dans le concert des Etats- nations de la sous-région, dans l’Afrique subsaharienne en particulier et dans la communauté internationale en général.

 

Ce constat inspire la thèse suivante : La majorité parlementaire, la mouvance présidentielle et la classe militaro-politique, à l’exception de sa forte capacité de nuisance, particulièrement de propagande [ renvoie au logo et aux différentes rubriques du site du dpi : www.dpi-rca.org

Même si le régime du Général-Président aime à se distinguer par la fourberie et carburer à la flagornerie, la décence élémentaire invite à une bonne préparation de cette rencontre. Les préparatifs et le déroulement du dernier congrès extraordinaire du MESAN dont le dénouement tristement célèbre est le changement historique des institutions Républicaines de l’époque ; la République érigée en Empire, auraient pu inspirer les amateurs du Général. Il s’agit de prouver à la communauté internationale qu’en République Centrafricaine, on a un savoir-faire et un savoir-être en termes d’organisation de rencontre où l’on nous regarde.

Ce ne sont pas les instruments de préparation d’un sommet de cette importance qui manquent. Le concept même de dialogue inspire l’itinéraire à suivre. Si l’on n’est pas outillé pour mener à bien des projets de cette envergure, comment peut-on prétendre amener un pays aux intérêts contradictoires ; voire paradoxaux à identifier les facteurs déclencheurs de crises à répétition et repérer les voix et voies romaines de construction de son émancipation.

 

Le monde a changé et se métamorphose de jour en jour sous l’influence de la mondialisation et nous continuons en Centrafrique, à user des ingrédients des luttes pour les indépendances.

 

Le dialogue manque de trame et la représentation qu’en fait celui des mains duquel l’occasion a été arrachée confine à la réunification sur un même territoire deux réalités politiques liberticides, déshumanisantes et gravissivement appauvrissantes pour une population déjà ex-sangue.. Ces réalités politiques actualisantes auxquelles je me réfère sont : Guatanamo et la Tchéchénie ; sans oublier la Somalie.

Mais, m’inspirant des analyses de Karl Marx – là aussi, sans filiation ni politique ni idéologique ] il ne suffit pas d’analyser la société pour le plaisir de l’analyser. Il faut mettre en évidence les mécanismes qui handicapent son changement et travailler à les transformer pour que cette transformation entraîne les changements nécessaires.

 

1-1               : La question de l’assignation d’une partie du territoire sous régime équivalent à Guatanamo - Tchétchénie et Somalie.

 

Le classement mondial de la pauvreté publiée par le PNUD à lui seul devrait servir de fouet pour un dialogue [ RCA 173è sur 177]. On retrouve l’impact de ce classement dans le rapport 2009 de L’Unesco  intitulé : L’Education pour tous. En gros, sur les 6,5milliards d’êtres humains qui peuplent la planète, la fragilité devant la vie des moins de 20 ans trouve son origine dans l’absence et/ou l’insuffisance des structures de formation et d’éducation à la citoyenneté. Tenons un raisonnement a contrario : le tableau n°1 du rapport, relatif aux taux de survie par année d’études des élèves des deux sexes âgés de 10 à 19 ans fait observer que 80 % des analphabètes vivent dans 20 Pays situés entre le 157 et le 177. Dans deux pays du Sahel, le Mali où l’éveil citoyen se construit patiemment malgré la pauvreté, le Niger, les enfants ont deux fois moins de chance de terminer le cycle fondamental ; c’est-à-dire le primaire que ceux du Veit-nam ou du Laos. Que peut-on dire de la situation en Centrafrique depuis le 15 mars 2003. Parlera-t-on des objectifs du  Millénaires pour le Développement en Centrafrique et durant ce DPI ; qui est en réalité un DIP  s’agissant des populations des villes et communes rurales de Paoua, Kabo, Batangafo, Kaga-Bandoro, Birao, Ouada, Ouadda-Djalé et de Sam-Ouandja ?

 

Le sort des enfants de ces régions s’apparente à ceux des enfants de la TchéTchénie, de la Somalie et des prisonniers de Guatanamo. Qui ce sort indigne ? Les oligarchies militaro-politique et politico- religieuse se posent -elles des questions à leur sujet ?

 

Cherche-t-elle à explorer les voies et moyens pour sortir ces jeunes poussent de l’absence d’avenir et du désespoir ? La question est-elle inscrite à l’ordre du jour du fameux DPI – que je suggère de qualifier de DIPE- quant aux institutions à faire émerger ?

 

1-2                : Le Centrafrique est devenu le sanctuaire de la désinstitutionalisation plutôt que de simple crise des institutions.

 

J’entends par désinstitutionalisation l’effilochage systématique et systémique des institutions héritées de la colonisation ; la famille, la société civile dont le rôle et les missions des syndicats, les missions de l’armée et de la gendarmerie, les administrations civiles et militaires.

Alors que les pays d’Afrique, qui ont en partage avec le territoire Centrafricain,  un socle de valeurs communes en matière de culture politique, ne connaissent que des crises, le Centrafrique se distingue par une culture du démantèlement des institutions et l’instauration d’un habitus politique fondé sur la recherche des réponses individuelles aux problèmes et non sur la recherche des réponses structurelles aux problèmes. Ces pratiques se sont fossilisées et ont contribué à créer, puis perpétuer le climat de défiance et de méfiance. La suspicion généralisée, l’impunité, la dictature de l’immédiat et l’absence de référentiel républicain sont autant de vermines qui ont fragilisé l’épine dorsale des institutions. [Le Centrafrique  renvoie à la face du monde l’image d’un Etat où l’on aime davantage bâtir sur du sable que sur du roc ; pour employer une métaphore biblique]

Les institutions en Centrafrique sont dominées par deux grandes tendances : la première ; une inclinaison à la falsification de l’histoire des institutions et la seconde ; on préfère de loin la récusation  péremptoire à la réfutation .

-         La posture de falsification de l’histoire. Malgré le délitement et la déliquescence du tissu social , la montée vertigineuse et vertiginogène de la  tendance  messianique et du comportement rédempteur des mœurs politiques en Centrafrique est loin d’être un phénomène en voie de disparition. Le génie politique de la falsification de l’histoire réside dans l’addiction à humilier et dégrader par des invectives, plutôt que de tracer la voie de l’émancipation à suivre, d’esquisser un projet de société où, même l’idiot du village s’attend à une insertion sociale. Boganda a marqué de son sceau la République Centrafricaine par le drapeau, l’hymne, l’armoirie et l’esquisse d’un début de vie démocratique. En dépit de sa mégalomanie, Bokassa a doté la République Centrafricaine d’une université et ses différentes composantes, d’une Ecole Normale Supérieure, la TV de Bangui et la défunte Académie militaire. Qu’on le veuille ou non, l’histoire a mis ces réalisations sur le crédit de Bokassa. L’entreprise de régionalisation initiée par Patassé n’était qu’à son balbutiement quand le vacillement du pouvoir suite aux mutineries à répétition, a commencé.

Lorsque l’on observe les structures des communautés qui composent la République Centrafricaine, on en vient à la à se poser la question suivante : Comment se fait-il que partout ailleurs en Afrique subsaharienne sauf en Somalie et au Zimbabwé, on fait l’effort d’adapter les structures sociales aux mutations du monde alors qu’en Centrafrique, on excelle dans le travestissement !. D’aucuns en Afrique Subsaharienne n’admettent que les années 80 ont sonné la fin du capitalisme d’Etat et celle de l’Etat interventionniste dans l’hémisphère Nord alors que dans celui du Sud, elle remettait en question le marché des matières premières et des produits de base. Contrairement aux approximations de certains hommes politiques Centrafricains, les entreprises du secteur dit formel produisent trop timidement pour que l’on parle de croissance. Notre système économique étant structurellement artisanal et relevant majoritairement à la fois de semi formel et de l’informel avec très peu d’articulations entre eux, c’est de l’amélioration des modes et méthodes de production qu’il faut parler qu’autre chose. De même, nos dirigeants ne cessent de faire injure à l’intelligence des Centrafricains au sujet de l’enclavement géographique du pays.  Pour s’autoamnistier, ils n’arrêtent pas d’imputer la pauvreté du pays à notre enclavement géographique. Cette thèse a eu ses heures de gloire mais elle a maille à résister à l’analyse. Elle confine d’ailleurs à de l’escroquerie intellectuelle ; voire de l’apologie de forfaiture et de concussion. 

-         Quant à la préférence à récuser plutôt que de réfuter, elle se traduit, non seulement par l’absence  de leadership, mais aussi par un management à la hussarde fondé sur la prescription et l’injonction ;  confondant souvent la connaissance et  la compétence dans tous les lieux de socialisation ; famille, église, école et travail. Le Centrafrique a la singularité de manquer de projet de société et de repères légitimés par l’ensemble des communautés qui composent le corps social. Tous ceux qui détiennent un bout de la connaissance se croient investis des pouvoirs de médiation sociale. La préférence à récuser est générateur de germes d’affrontements et de guerre et donc de dénis : déni de droits fondamentaux, déni de droits à la dignité, déni de valeurs humaines et républicaines, déni de respect à la vie de l’autre. Les mœurs politiques en Centrafrique ont la particularité d’être ethnocentrique et sans ancrage épistémologique. Pour dire les choses autrement, par rapport à quels repères et références anthropologiques, sociologiques et historiques certains s’auto proclameraient tels ou tels et s’auto affranchiraient, et laisseraient d’autres dans le dénuement total ?

Ce n’est pas simplement parce que je suis par nature à la fois insurgé et subversif mais, le logo du DPI fait honte par l’image qu’il renvoie. Une analyse sémiologique amènerait à se demander si retrait du fusil entraînerait un rapprochement automatique de la paix et de la réconciliation ; qui plus est, est-ce la réconciliation qui a pour corollaire la paix ou vice versa !

En 48 ans d’indépendance ( 13 août 1960) et (50 ans de proclamation de l’ex territoire de l’AEF ; Oubangui-Chari devenu République Centrafricaine) nous avons connu 7 chefs d’Etat (2 civils et 5 militaires), 3 régimes d’Actes constitutionnels, 4 Républiques ( 4 Constitutions), et 1 empire.  

 

En quoi le pays a-t-il changé, en dehors du fait que le mène à marche forcé vers des aventures individuelles ?  Quelles traditions de dialogue politique et de construction de projet de société laisseront nous à nos enfants ? Le dialogue politique inclusif que l’Afrique du Sud, le Mali, le Bénin, le Nigéria et même la Côte d’ Ivoire ont pratiqué n’était pas ramené à des incantations magistrales dites ex-cathédra.

 

Les organisateurs du DPI ont badigeonné la vitrine de diatribe,  des concepts et des notions qui, pour d’autres pays d’Afrique correspondent à des cheminements douloureux mais comportant des clés de lecture de leur avenir. Dans le mot « dialogue » il y a le concept de « dialogique ». Dialogique entre les composantes de l’oligarchie militaro-politique, dialogique entre les composantes de la société civile, dialogique entre les partis politiques et les syndicats.  Le DPI présente-t-il des caractéristiques susceptibles de faire de lui, la résultante de ces dialogiques !

 

II) Défaut de clé de compréhension des enjeux du DPI.

 

L’état des lieux fait par M° Pouzer, aussi envoûtant que déroutant soulève trois questions  et laisse ; en terme de posture d’investigation, la problématique du postulat politique, historique de la participation des communautés des six régions à la construction future de la vie démocratique aux lendemains des assises.

 

1) Le DPI catalysera et impulsera-t-il un pacte républicain dont la paix et la bonne gouvernance ne sont que, les deux aspects visibles de l’iceberg ?

 

2° Le DPI va-t-il se réduire à un exercice d’exorcisme du nauséabonde Dialogue nationale ? En quoi le premier est-il différent du second ; à l’exception du pardon à l’esbroufe entre les anciens chefs d’Etat et l’actuel ?

 

3°Quelles sont les institutions politiques, sociales et territoriales qui émergeront de ce conclave pour préparer l’entrée des communautés centrafricaines dans le XXI è siècle, tant  à l’échelon de la CEMAC qu’au sein du Népad ; et par voie de conséquence rendre leur territoire attractif à la mondialisation ?

 

Les jeunes Centrafricains ne sauraient faire l’économie de ces questionnements, pour se contenter de voir les acteurs du cirque Bozizé, se mettre en scène et se livrer ; sans ivresse aucune ; à leur jute favorite. Ils ne sauraient non plus se contenter de déplorer ou de prescrire quoi que ce soit à qui que ce soit.

 

 

Si le Général –Président a une vision rétrécie des attentes et des enjeux de ce dialogue, amenons le, à regarder loin et à corriger les angles morts de son rétroviseur. Amenons le, à donner à l’évènement l’envergure qui convienne. Aidons le à réaliser les différents niveaux d’intrication et d’imbrication tant au niveau national, régional que mondial.  

 

2-1 : Faire émerger un pacte républicain par l’implication des communautés économiques villageoises de développement !

 

Si le DPI n’élabore pas l’architecture globale des solutions aux problèmes posés par la misère dont meurent nos communautés rurales et péri-urbaines, il n’aurait servi qu’à être une tribune à diatribes pour les tribuns tout type et toute marque ; tribun militaro-politique, politico-religieux, icône et autres mystificateurs et pires manipulateurs de symboles.  Après avoir massacré les villageois sans défense et sans porte voix, la décence élémentaire n’inviterait-elle pas, notamment devant l’histoire, à consacrer du temps à explorer les voies et moyens pour renforcer leurs capacités humaines et organisationnelles afin qu’ils soient à même de se défendre eux-mêmes devant les effets pervers de la mondialisation.

 

Les outillés selon moi revient à favoriser l’émergence des mécanismes d’instrumentation pour les accompagner dans leur lutte contre les facteurs de régression au lieu de pérenniser l’instrumentalisation de l’enclavement géographique ou de leur miroiter le mirage du développement à partir de la prétendue richesse de notre sous-sol. Si le diamant génère le développement, pourquoi les villes Centrafricaines situées en zones diamantifères ne sont ni des Anvers ni certaines villes d’Afrique du Sud ?

 

Enfin, j’entends par explorer les nouvelles voies, le fait de repérer les leviers porteurs de transformation, de favoriser l’éclosion des pôles structurants dans les régions. Ce qui signifie une implication de toutes les institutions dans l’appropriation des valeurs et la légitimation des référentiels de résolution des problèmes qui se posent à la République et à la démocratie ; comme partout ailleurs. Renforcer leurs capacités humaines et organisationnelles de toutes les communautés, qui composent les 6 régions afin qu’elles admettent et légitiment une chose ; les solutions que l’Etat met au point pour répondre aux problèmes qui se posent aux Centrafricains soient des solutions structurelles et non individuelles, voire ponctuelles. Que la gouvernance ne se réduise pas à sa dimension technique mais qu’il s’agisse d’une vision globale de l’Etat où la dialogique entre les institutions deviennent une réalité visible. Que les partis politiques, les syndicats apportent leurs contributions à la lutte contre l’institution séculaire de l’illégalité légitimée et de la légitimité jamais légalisée dans les rapports d’échange et de production.

 

Le succès d’une telle entreprise nécessite que ces valeurs soient déclinées dans les unités pédagogiques et qu’elles inspirent des outils de remédiation cognitive pour les formations à l’ENA, l’ENS, dans les UFR, les écoles de formation de la police nationale, INEMS, et des options dans les lycées en vue du Baccalauréat.  

 

Combattre la corruption, la concussion, la forfaiture se fait à l’aune d’un corpus doctrinale et un ancrage épistémologique ; l’ensemble décliné aux travers des outils de remédiation cognitive. La réconciliation nationale et la paix sont des concepts d’origine biblique, anthropologique et philosophique [ voire les travaux d’exégèses  et d’herméneutique expliquant la réforme protestante, particulièrement les doctrines de Luther et Calvin sur les trois colonnes de l’Eglise]. Le champ politique a investi ces concepts très tardivement aux lendemains des la première guerre mondiale 

Ces concepts impliquent la mise en place d’outils cognitifs ; des connaissances, une didactiques pour les transmettre, des politiques budgétaires et la configuration de l’ensemble des champs recouvrant la citoyenneté. En d’autres termes, la réconciliation nationale et la paix ne se décrètent pas après 12 jours de diatribes et d’invectives aggravées par des injures. La réconciliation nationale et la paix se construisent, se fabriquent. C’est un chef d’œuvre de longue haleine qui se déclinent politiquement, économiquement, socialement et psycho-sociologiquement.

La mise en œuvre de ces concepts ne doit pas être réduite à un affichage sous forme de logo pour complaire aux bailleurs de fonds  dont le réseau françafrique. Elle suppose un courage politique hors pair  qui confine à l’élaboration de l’identité nationale  à laquelle il faut inviter toutes les communautés à adhérer ; même leurs voix off de l’extérieur ; s’agissant des marionnettes de l’intérieur.

 

2-2 : Refonder le territoire et la coopération sur le paradigme de la solidarité internationale.

 

Le postulat de départ de ce DPI fait injure à l’intelligence humaine minimum et à la foi du charbonnier. Sans être de mauvaise foi et avec tout le respect qu’il faut devoir au régime du Général-Président , aux différentes oligarchies qui ont préparé le DPI, il n’ y a pas de paradigme ; de même qu’il n’en avait pas eu lors  du défunt et nauséabonde dialogue national.

Pourquoi m’autoriser doctoralement une telle appréciation ? Resituons les choses dans leur contexte pour être plus pertinents. La pauvreté tenait déjà les communautés centrafricaines en tenaille depuis le règne du capitalisme d’Etat et malgré la relative bonne tenue du marché des matières premières. A l’exception des agents civils et militaires de l’Etat ; les maires des communes rurales, les chefs de villages et les chefs de Canton ; au lieu d’être formés sont plutôt inspectés.

 

Ces institutions rurales de proximité sont laissées à leur sort. Les tournées des préfets, les audiences foraines des magistrats sont autant d’occasion de collectes de dons. Je n’ai pas le souvenir que nos parents en milieu rural soient préparés aux changements du monde, que leurs capacités soient renforcées aussi bien sur le plan humain que organisationnel. Je n’ai pas non plus le souvenir que les inspecteurs des travaux agricoles aient été formés pour introduire dans la notion de développement rural, la dimension développement de l’être et développement de l’avoir.  

Sous le régime Kolingba, on a mis en place une formule bidon visant à supplanter les Préfets auprès des communautés rurales. C’est la formule de ministre résidant. Les partis politiques d’opposition ont applaudi de deux mains la formule, malgré ses nombreuses carences. Ces ministres dits résidants organisent la percée ponctuelle des aides humanitaires venant des pays occidentaux. Rien n’est structurel tout est ponctuel et local.

La bonne gouvernance que l’on affiche, la lutte contre la corruption que l’on prône ne sont que des slogans, de la poudre aux yeux et de la propagande politique. Aucune instrumentation en vue de vérifier la crédibilité et d’évaluer les processus intermédiaire de réalisation. Elaborera –t-on un code de déontologie  par branches professionnelles qui soit différent de celui ; métaphysique et continental hérité de la colonisation  dont les syndicats et les partis politiques seraient les inspirateurs et les porteurs de projet ?  La jeunesse centrafricaine doit discerner ce qui participe de l’éducation à la citoyenneté qu’il faut absolument pérenniser, de ce qui n’est que poudre aux yeux. La religion de l’appel à la compassion de la communauté internationale n’aboutit qu’à faire de notre pays, le sanctuaire des passagers clandestins.

L’économie du monde d’aujourd’hui est une économie de la connaissance. Sa trame est faite à la fois de capital humain et de capital social, ce qui induit une redéfinition de l’aide. Deux notions politico-économique et financier clés en constituent le socle ; le consensus de Washington et le principe de subsidiarité. Tous les politiques du monde, depuis le démantèlement de l’empire soviétique après l’écroulement du mur de Berlin en Août 1989 considèrent l’aide, davantage comme une béquille qu’une prothèse. La solidarité internationale repose sur le contrat d’émancipation, le soutien ponctuel ou ce que j’appellerai « mettre une économie sous perfusion au lieu de la dialyser ad vitam aeternam »  

Je soutiens, signe et persiste que l’absence de postulat du DPI se voit au manque d’allusion aux objectifs du millénaire pour le développement dans tous les discours ; faisant ainsi de nous, le pays de la périphérique aussi bien de la CEMAC que du reste du monde ( 173è sur 177)

 

 

 

 

 

Conclusion :

J’ai essayé de pointer du doigt les problématiques que le DPI a occultées. Ma thèse est unique ; si le DPI considère que la bonne gouvernance se réduit, pour les oligarchies militaro-politiques et politico-religieuse à une démarche comptable et à l’aspect mécanique du management, il n’est rien d’autre qu’un cénacle de diatribes d’inversion des problématiques essentielles.

 

En revanche si l’objectif du DPI est de rendre toutes les communautés centrafricaines capables de capter les externalités technologiques positives que la solidarité internationale génère un peu partout dans le monde , alors il est porteur de sens et de leadership . Si le DPI vise à encourager l’articulation de l’adaptation des communautés centrafricaines à la modernité à l’invention de nouveaux modes de production  dont le corollaire est la transformation des rapports de production, par l’émergence des mécanismes politiques pérennes alors le DPI  accouchera la nouvelle identité centrafricaine, insérable au sein de la CEMAC et permettra aux Centrafricains de repérer les leviers de transformation à moyen et long termes de leur pays et mettra la République Centrafricaine en situation d’accéder aux étapes préalables de réalisation – ne serait-ce que de l’un des 8 Objectifs du Millénaires pour le Développement dont l’évaluation est prévue pour 2015.

En raison de ces enjeux, prions que le DPI ne se transforme pas en concert de gyrophares  des pompiers-pyromanes

Je souhaite réussite aux travaux du DPI .

 

 

Gervais Douba

Enseignant en sciences de gestion ( UIT- Université de Rouen

Vice Président de la section française de DEI

Président-Fondateur de Symbiose Ingénierie Internationale

Essayiste.

Samedi 13 Décembre 2008 16h12mn 11s

 


1) G. Douba « Rangoon ; modèle et source d’inspiration pour Bangui » in  L’Indépendant.