CENTRAFRICAINES, CENTRAFRICAINS

TRES CHERS COMPATRIOTES

 

Il est des moments dans la vie d’une personne, d’une communauté, d’un peuple où s’opèrent les choix décisifs qui engageront à jamais leur destin.

Avec les présentes élections, présidentielles et législatives groupées, nous sommes confrontés à l’un de ces moments héroïques et forts.

En effet, par votre suffrage, vous déterminerez les modalités de la nécessaire reconstruction de notre pays meurtri, par plusieurs années de crise et celles de son intégration dans une Afrique renaissante ; mais aussi et fondamentalement, vous déterminez celles de son insertion dans cette unique civilisation planétaire qui se déploie sous nos yeux avec le processus de mondialisation et de globalisation.

Par votre suffrage, vous donnerez donc les réponses à ces trois (3) défis majeurs qui conditionnent le Centrafrique, l’Afrique, et le Monde que nous aurons à léguer à nos enfants et petits enfants.

Pour ce faire, vous avez été et serez encore sollicités de toutes parts :

En vous laissant séduire par l’esprit d’aventure, vous risquez fort de faire le lit du démon de l’anarchie et du chaos.

Filles et fils de Centrafrique, frères et sœurs, chers cadets,

Pareille alternative, d’anarchie ou de dictature, de repli ou d’aventure, est inacceptable, car se sont deux (2) manières d’avilir et d’opprimer la personne humaine.

Pour y faire face, il n’est pas d’autre issue, croyez-moi, que

Et c’est tout là le sens de ma candidature aux présentes élections présidentielles.

Peuple Centrafricain !

La Transition Consensuelle qui s’achève a été le fruit d’une lutte victorieuse de libération nationale fondée sur la conjonction de forces politiques, militaires et civiles.

Elles étaient toutes décidées à briser un régime dictatorial qui ne se souciait ni du sang versé, ni des chairs violées.

Par la suite, " certains " ont voulu s’approprier à eux seuls la victoire et réécrire l’histoire en oubliant la contribution, parfois anonyme, mais essentielle, de nombreux compatriotes :

On ne reconstruit pas la vérité historique avec des morceaux de mensonges et une absolution.

Cela dit, il convient de se rappeler que la grande manifestation organisée le 28 mars 2003 a offert une légitimité populaire aux nouvelles autorités permettant ainsi de s’attaquer en toute confiance aux problèmes minant le pays.

Elle n’était pas un blanc – seing pour s’affranchir des lois, s’isoler dans un système de faveurs et de bons plaisirs.

C’est pourquoi, nommé Premier Ministre, j’ai jugé nécessaire d’ouvrir la page d’une véritable révolution démocratique avec la pleine conscience que si le mot pouvait faire peur, de nombreux compatriotes souhaitaient la chose.

Cette révolution démocratique signifiait en un sens socio-économique un nouveau mode de répartition des pouvoirs, des richesses et des mérites relativement favorables au plus grand nombre.

Je suis fier de ce qu’avec mes Ministres, nous avons pu accomplir en huit mois et demi de Gouvernement pour aller dans cette direction.

J’en avais déjà parlé de manière succincte à l’occasion de la cérémonie de mon départ de la Primature.

Devenu Vice – Président de la République et, dans la réserve qui sied à la fonction, je me suis attaché à tout faire pour que soient préservés les droits et libertés chèrement acquis pour déboucher sur l’exercice d’un pouvoir représentatif désigné par élections.

Aujourd’hui, la transition se referme avec ses hommes et ses institutions.

Nous devons écrire une nouvelle page de l’histoire de notre nation, et pour ce faire

Pour aborder cette nouvelle phase, il n’est pas fortuit de faire un bilan de la situation finissante, de revoir l’héritage de quatre (4) décennies d’indépendance.

Et croyez-moi, c’est avec une profonde amertume que je voudrais l’évoquer en quelques mots.

L’évidence aujourd’hui, c’est que notre pays est tombé bien bas.

 

Entre les années 1990 et 2000, l’indicateur de développement humain pour la République Centrafricaine est resté inchangé :

Classée au 154ème rang sur 174 pays en 1995, elle a régressé au 165ème rang depuis 1996.

Ainsi, notre pays se voit relégué dans le peloton de queue, parmi les dix (10) pays les plus pauvres de la planète.

Sept (7) centrafricains sur dix (10) se retrouvent en dessous du seuil de pauvreté, fixé au niveau international à 1 dollar américain par jour.

De nombreux compatriotes n’ont pas accès aux services de santé.

La possibilité d’être examiné par un médecin reste faible d’autant plus que la plupart d’entre eux exercent à Bangui.

Le taux de scolarisation, qui était de 37 % en 1994 est tombé à 24 % en 1999, niveau plus bas que celui de l’année de l’Indépendance du pays.

Près de 60 % des enfants de 6 à 11 ans ne sont pas scolarisés en raison de l’insuffisance du dispositif scolaire et du manque de personnel enseignant.

La situation désastreuse des systèmes sanitaire et éducatif, sans conteste, procède de la faiblesse chronique des ressources de l’Etat.

Nous avons un budget qui atteint péniblement les 60 milliards de francs CFA alors que bien des pays d’Afrique qui étaient hier loin derrière nous au moment de l’Indépendance, ont aujourd’hui des budgets avoisinant les 300 milliards de francs CFA l’an.

En réalité, la gestion laxiste et opaque des finances publiques reste l’une des causes fondamentales des crises à répétition, que traverse le pays depuis plusieurs années.

Elle n’a pas permis l’amorce d’une véritable relance économique pour l’amélioration des conditions de vie de nos populations.

On a pu souligner que la gestion opaque du patrimoine de l’Etat et l’affairisme des dirigeants politiques au plus haut niveau, handicapait le pouvoir de l’Etat.

De fait, les Institutions de la République sont affaiblies, créant ainsi des conditions favorables à la criminalisation de l’Etat.

Le Centrafricain n’a d’ailleurs plus confiance en la justice de son pays du fait de son faible rendement.

Un climat permanent d’insécurité et d’instabilité s’est installé depuis plusieurs années.

Le pays connaît une criminalité multiforme allant des vols simples aux vols à mains armées auxquelles il faut ajouter le phénomène des coupeurs de route dans l’arrière pays.

C’est dans ce contexte que de plus en plus les valeurs triomphantes sont devenues celles du clientélisme, de la délation, du tribalisme et de la corruption, comme si le pays était aspiré sur tous les plans dans un gouffre sans fond.

Très chers Compatriotes

Sachez-le, nous ne sommes pas condamnés à subir l’évolution vers une clochardisation sans retour.

Il est plus que temps de nous investir, ensemble, dans l’inversion de cette tendance, en montrant à la face du monde notre capacité propre à édifier un Centrafrique nouveau, notre capacité propre à prendre en main notre destin en nous appuyant sur des femmes et des hommes pourvus de l’expérience, de la sagesse, et de l’autorité nécessaire à la conduite responsable des affaires de l’Etat.

Ensemble, il nous faut remettre la personne humaine au cœur du choix de société, de civilisation, remettre chaque personne en état de pouvoir vivre comme personne humaine pour ainsi sécher les pleurs les larmes, et souffrances du centrafricain.

Ensemble, il nous faut remettre le Centrafrique en (ordre de) marche pour ainsi développer le pays en valorisant son fabuleux potentiel de richesses.

Aussi est-ce pour répondre à ces attentes que j’ai ancré vos espérances dans une démarche cohérente faite

Cette démarche, à mon sens, dessine un Centrafrique pour tous.

 

LA PAIX ?

Elle n’a pas le même contenu selon la bouche qui prononce le mot :

Je me refuse à donner le nom de paix à un monde du silence couvrant la haine, les rancœurs et les ambitions les plus viles.

Comme l’affirmait remarquablement en son temps le Pape Pie XI : ‘’il faut une paix qui pénètre et apaise les esprits, les incline et les forme à une bienveillance fraternelle…’’.

Cette paix là, dont l’assise première est la JUSTICE, exige des réponses claires au plan moral et socio–économique, tout autant qu’au plan diplomatique et militaire.

C’est pour l’établir durablement que je frapperai au cœur le désordre et l’injustice qui se nourrissent de l’intolérance et de la discrimination.

 

Cette action commande d’abord un désarmement général, progressif, contrôlé, et la réalisation du Programme DDR des Ex - Combattants

(…)

Afin de garantir la sécurité intérieure et aux frontières, la Force Publique sera réhabilitée et redéployée territorialement en assurant la restructuration des FACA, la réadaptation de la Gendarmerie et la modernisation de la Police.

(…)

Le deuxième axe de mon action pour l’établissement d’une paix durable visera à l’effondrement de l’Etat patrimonial au profit d’un véritable Etat de droit :

En renforçant la lutte contre la corruption, l’impunité et la délinquance mafieuse, je m’attacherai à rétablir la confiance de nos partenaires extérieurs et des citoyens vis à vis des décideurs publics.

L’assainissement résolu de l’Administration dans ses composantes Finances Publiques, Fonction Publique, Biens et Marchés Publics, en sera le facteur – clé qui s’appuiera sur la promotion de l’éthique et du professionnalisme.

Le dernier axe de mon action sera la promotion d’une véritable éthique de paix pour appeler chacun à réaliser un citoyen nouveau, une communauté nouvelle.

seront les vecteurs et le ferment du raffermissement de la nécessaire réconciliation entre nous mais aussi avec nos amis extérieurs.

 

LA BONNE GOUVERNANCE ?

Elle se caractérise communément par la participation, la Transparence et la responsabilité, l’efficience et l’efficacité, la primauté du Droit et l’équité.

Parce que la conduite des affaires d’un Etat est une affaire trop sérieuse pour être abandonnée aux appréciations et émotions subjectives, il importe qu’un postulant à la Magistrature suprême définisse clairement les principes (ou les critères d’évaluation) de son action.

En désignant la Bonne Gouvernance comme méthode, j’entends veiller à la stricte application de ses sept (7) principes pour redonner vie à la devise de notre République qui elle même peine à en transmettre le sens.

Je prends donc ici et maintenant, solennellement et devant vous, trois (03) engagements essentiels en la matière.

  1.  
  2. Mon premier engagement est celui de l’unité qu’il faut rendre plurielle.
  3. Je reste convaincu qu’au sortir des périodes de partis uniques, nous n’avons pas su ou voulu organiser le pluralisme nécessaire à la cohésion sociale, à organiser la coexistence entre communautés.

    Cela explique à mon sens que l’unité nationale ait été à maintes reprises soumise à rudes épreuves. Je discerne donc ici plusieurs progrès nécessaires à traduire en objectifs opérationnels pour asseoir la Bonne Gouvernance :

    - l’exercice indépendant de la justice, notamment l’indépendance du juge vis à vis des pouvoirs et de l’argent, du rang ou du sang ;

    - la formation indépendante de l’opinion, notamment par l’accès des citoyens à des sources d’information, de connaissances, de science, indépendantes de l’Etat ;

    1. La conception que j’ai de l’Homme, héritée du " Zo Kwé Zo ", m’incite à considérer tout être humain comme une personne pleine et entière.
    2. Elle m’impose l’impératif catégorique de rechercher la possibilité pour tous, c’est à dire plus exactement pour chacun, de devenir pleinement homme à savoir pleinement une personne humaine éminemment digne.

      En ce sens,

      • La formation intensive de notre jeunesse pour relever les défis du futur;
      • L’émancipation de la femme dans le cadre du concept genre ;
      • La responsabilisation des Autorités locales représentatives et élues dans un cadre décentralisé  ;
      • Le renforcement des capacités des organisations de solidarité et de protection des Droits de l’Homme ;
      • la dynamisation des organisations professionnelles

      m’apparaissent comme des processus par lesquels les citoyens et les divers groupes, de manière efficace, exprimeront leurs intérêts, exerceront leurs droits juridiques et assumeront leurs obligations pour recouvrir leur dignité.

      Je prends donc ici mon deuxième engagement de rendre la dignité concrète.

      Mon troisième engagement sera de rendre le travail décent.

      Bien sur, le souci de beaucoup de nos compatriotes, surtout parmi les jeunes, est de trouver du travail.

      C’est aussi un de mes soucis majeurs qu’il soit interdit à de millions d’êtres alors qu’il est un moyen fondamental de s’assurer une subsistance.

      L’examen de la situation qui lui est faite et des changements à accomplir doit conduire à définir une vraie politique en la matière à l’occasion de la tenue d’Etats Généraux.

    3.  
    4. Pour ma part, je suis déterminé :

      • à garantir un revenu décent, notamment aux fonctionnaires, aux salariés du secteur privé, aux paysans et producteurs directs ;
      • à agir pour l’emploi et la formation professionnelle ;
      • à défendre la protection sociale et restructurer le système de prévoyance sociale ;
      • à renforcer le dialogue social tripartite[Gouvernement, Employeurs et Travailleurs] ;
      • à rénover et faire respecter la législation du travail.

      Je vous ai parlé de mon exigence : la Paix.

      Je vous ai parlé de méthode : la Bonne Gouvernance.

      Je voudrais à présent vous entretenir de ma perspective :

      L’ERADICATION DE LA PAUVRETE

      Aujourd’hui, dans de nombreux Etats, mais particulièrement en Centrafrique, la pauvreté se répand de manière dramatique et affecte de nombreuses franges de notre population.

      Fléau aux multiples visages, elle s’illustre de façon angoissante par l’ampleur de la malnutrition, la dégradation de l’état de santé due particulièrement aux ravages du SIDA et du paludisme, la progression inquiétante de l’analphabétisme et de l’illettrisme, le défaut de logement et d’environnement salubres, etc.

      Les groupes les plus vulnérables, en particulier les femmes, les enfants et les personnes âgées sont le plus gravement affectés.

      Dans l’ensemble, la pauvreté représente une menace pour la société elle-même et pour son développement. C’est pourquoi nous devons à moyen terme tout mettre en œuvre pour l’éradiquer.

      J’ai l’intime conviction que seule une démarche de pensée combattante peut traduire le nécessaire effort collectif permettant l’évolution sinon, l’émancipation sociale des populations.

      Elle appelle la formation des masses et de l’opinion publique, appuyée sur une mobilisation par des élites dotées d’une grande capacité d’animation et de dynamisation.

      C’est l’enjeu de notre politique économique, sociale et financière.

      Le premier volet de cette politique consiste à mettre en œuvre une gestion macro économique rigoureuse et des reformes structurelles vigoureuses au service de l’entreprise et du secteur privé.

      En ligne avec la stratégie de développement global endogène et intégré, orientée vers une forte augmentation de la productivité, je m’attacherai dans un deuxième volet à valoriser les richesses de la Nation par :

      • La réalisation de l’autosuffisance alimentaire et la réorganisation du système productif ;
      • Le désenclavement et la promotion des exportations ;
      • L’amorce de l’industrialisation dans le cadre de l’intégration régionale.

      Enfin, le troisième volet de cette politique portera sur la décentralisation d’un certain nombre d’activités vers les régions.

      Cinq [5] programmes régionaux de développement rural intégré seront mis en œuvre comprenant :

      • Le programme des zones forestières et caféières du sud ouest et de centre sud ;
      • Le programme des zones de savanes vivrières et pastorales du centre sud ;
      • Le programme de développement des savanes cotonnières et pastorales du Nord Ouest et du centre ;
      • Le programme de développement des savanes cynégétiques et touristiques du Nord et du Nord – Est ;
      • Le programme de développement des zones périurbaines.

      PAIX,

      BONNE GOUVERNANCE,

      ERADICATION DE LA PAUVRETE :

      Ces orientations que je fixe pour la politique de la nation se traduiront dans le programme d’action du Gouvernement que vous me donnerez.

      Il aura à cœur de les mettre en œuvre.

      Aussi, est – ce pour aller vers ce changement radical de votre vie quotidienne, vers ce changement radical de votre avenir que je vous convie à vous rassembler dés le 1er tour sur ma candidature et celle des députés de mon Parti, le Front Patriotique pour le Progrès ( FPP).

      Le rassemblement que je propose ne sera pas celui de la confusion, de la haine, ou de l’illusion.

      J’ai la ferme conviction que vous agirez en votant non pas en fonction de la situation qui est mouvante, mais en fonction de la capacité que vous prêterez aux candidats d’affronter les défis de demain.

      • Je ne serai pas le Président qui vient pour voler et s’enrichir
      • Je ne serai pas le Président qui vient pour tuer et terroriser
      • Je ne serai pas le Président qui vient pour tromper et mentir
      • Je ne serai pas le Président qui vient pour diviser et rejeter.
    5. Je vous ai dit ce que je ferai.

      Vous savez que je le ferai réellement.

      Je compte sur vous pour que vive la République Centrafricaine,

    6. Vive le Peuple Centrafricain.

    7. Je vous remercie.