INTERVIEW  DU CANDIDAT  JEAN-JACQUES DEMAFOUTH (PRESIDENTIELLE 2005)

 

 

RFI :  Jean-Jacques DEMAFOUTH,  Bonjour !…

 

JJD-  Bonjour Monsieur Bois-bouvier

 

RFI  Etes vous partisan de la lutte armée contre François BOZIZE comme le laisse entendre l’entourage du Président Centrafricain

 

JJD – Je n’ai jamais été partisan de la lutte armée et j’ai  l’intention de me présenter aux prochaines élections présidentielles dans mon pays.

 

RFI  Vous- vous présentez ?

 

JJD-   Oui je serai candidat je vais me présenter

 

RFI  Vous  serez candidat mais vous vivez en France depuis 2 ans. A la suite d’une plainte contre vous vous risquez d’être jetés en prison le jour ou vous allez rentrer à Bangui comment allez vous faire ?

 

JJD-   Oui je serai candidat malheureusement le gouvernement a initié une procédure contre moi devant le tribunal militaire dans une affaire qui ne me regarde pas du tout. Et je pense que  pour que ces élections puissent se dérouler dans la paix il serait judicieux pour le gouvernement d’annuler toutes ces procédures qui ne concernent pas que moi mais d’autres personnes également  notamment les militants du MLPC qui sont en prison ou en résidence surveillée.

 

 RFI  La semaine dernière à Lomé vous avez rencontré le patron du MLPC le Président Ange Félix PATASSE mais apparemment sans résultat il ne  soutient pas

Votre candidature vous ne risquez pas d’être tout seul ?

 

JJD  Je ne suis pas allé voir le président PATASSE pour lui demander de soutenir ma candidature. Nous avons effectivement parlé des élections et je lui ai fais part de mes intentions. Il m’a dit qu’il faudrait que je m’adresse au Bureau politique de notre parti. Je pense que je ne serai pas le seul candidat du parti il y’aura peut-être des primaires.

 

 RFI  Pourquoi allez vous voir à Lomé celui qui vous a jeté en prison il y a trois ans et pourquoi ne vous réconciliez-vous pas avec votre ancien chef d’Etat major François BOZIZE.

 

JJD   le président PATASSE est le président de mon parti  le MLPC. Nous avons été des compagnons de lutte. Il faut regarder vers l’avenir sans oublier le passé. A ce sujet je voudrais rendre un vibrant hommage au Président GNASSINGBE EYADEMA  ainsi q’au peuple frère Togolais  qui ont accepté de le recevoir et de lui offrir  l’hospitalité et de m’avoir permis de le rencontrer.  L’exil n’est pas une chose facile.

Je n’ai jamais eu de problème avec le général François BOZIZE. Je m’apprêtais d’ailleurs à rentrer à Bangui quand j’ai été surpris par cette procédure m’empêchant dans de retourner dans mon pays. Nous avons été des amis. Tout ce qu’il dit, tout ce dont on  m’accuse est complètement faux. Je n’ai jamais été dans une histoire de lutte armée contre François BOZIZE. Je n’ai jamais recruté de mercenaires contre François BOZIZE. Je suis avocat et mon cabinet est à Paris et je n‘ai jamais été dans des histoires de mercenariat.

 

RFI   Ce qui frappe aujourd’hui c’est que vous vous rapprochez du Président PATASSE alors qu’il y a trois ans vous étiez beaucoup plus proche François BOZIZE. Est-ce que franchement le 28 mai 2001 là est ce que un putsch n’en cachait pas un autre ? Est-ce que le premier putsch de KOLINGBA ne cachait pas des 2è putschs BOZIZE  DEMAFOUTH contre PATASSE ?

 

 JJD Je n’ai jamais été avec le général BOZIZE dans un quelconque complot. Bien au contraire j’avais informé le président PATASSE des intentions du Général BOZIZE. Mais il ne m’avait pas cru. Et je suis retrouvé en prison et j’ai accepté d’affronter la justice de mon pays et j’ai été acquitté.

 

 Rfi    Est ce que vous estimez que François BOZIZE a joué un rôle dans votre arrestation.

 

JJD  Tout ce que je sais c’est que j’ai vu le général venir m’arrêter. C’est le général qui a conduit la troupe venue m’arrêter.

 

 

RFI   Vous voulez dire par-là qu’avant le 28 mai 2001 vous avez évoqué avec le général BOZIZE le départ de Ange Félix PATASSE ? Vous- vous êtes senti trahi par le même général BOZIZE quand il vous a arrêté ?

 

JJD  Tout ce que je sais ce sont les intentions du général BOZIZE. Je savais qu’il avait l’intention de faire un coup d’état et je lui avais prodigué des conseils. Je lui avais dis que le changement des institutions chez nous doit se faire dans le cadre constitutionnel.

 

 RFI   Vous- vous êtes rendus populaire auprès d’un certain nombre de soldats en vous battant pour leur prime d’alimentation est ce qu’aujourd’hui vous avez encore un contact privilégié avec l’armée ?

JJD  Je vous dirai oui Ce sont des citoyens Centrafricains avant d’être des militaires. Nous pouvons avoir des rapports de fraternité et on se connaît si l’on se rencontre dans la rue vous pensez qu’on ne va pas se  saluer ?

 

RFI   Vous pouvez  avoir des contacts rapprochés pour envisager peut-être un renversement du président actuel ?

 

 JJD            Je ne sais pas pourquoi vous m’accusez de ce genre de chose. Voyez vous on avait dit la même chose en 2001 lorsque j’ai été arrêté mais l’accusation était incapable de citer le nom d’un seul militaire complice de Monsieur DEMAFOUTH. Il y’en avait pas et j’ai été acquitté.

 

RFI   En  tant qu’ancien Ministre de la Défense que pensez-vous de la politique de recrutement dans l’armée

 

 JJD  Nous devons faire un  recrutement en tenant compte des équilibres ethniques pour ne pas faire une armée ethnique.

 

 RFI   Est le cas ?

 

JJD    C’est le cas aujourd’hui, comment pouvez vous faire une armée ave  des gens qui du jour  au lendemain étaient des braves civils se retrouvent avec des galons et commandent des militaires régulièrement formés.

Comment pouvez vous faire une armée avec des recrutements basés exclusivement sur des critères d’ethnie et des centres de commandement en dehors de l’état major ?

 

 RFI  Qu’est ce que vous savez de l’affaire  des militaires Centrafricains envoyés au Burkina révélé par la lettre du continent.

 

JJD  Là encore c’est un autre aspect des problèmes de notre armée. Comment peut on confier à un autre pays la formation commune de base de nos soldats alors que nous avons des officiers instructeurs qui peuvent le former sur place ? En ce qui concerne leur présence en côte d’ivoire je trouve que cela est très grave car la côte d’ivoire a trop souffert de la guerre et doit maintenant retrouver la paix et la stabilité. Nous avons trop souffert de ce genre de manœuvre qui n’honore pas notre continent. aujourd’hui dispose de dirigeants et de cadres

Qui veulent prendre en main leur destinées et je suis de ceux là que l’alternance se fait par les urnes et non par la guerre ?

 

 

RFI   Jean-Jacques DEMAFOUTH un certain nombre de militaires et d’anciens libérateurs déçus par François BOZIZE sont en train aujourd’hui de s’éloigner de lui peut-être même de se retourner contre lui et beaucoup  disent que l’ancien ministre de la défense Jean-Jacques DEMAFOUTH  est en contact avec eux

 

JJD   Je ne les connais pas et je n’ai pas été à l’origine du recrutement des libérateurs. Que celui qui les a recrutés, que celui qui leur a donné les armes puisse régler le problème.

 

RFI  C’est à dire que pour vous c’est la voie des urnes et en aucun cas  c’est la voie des armes.

 

JJD  Pour moi je suis clair c’est la voie des urnes et je vais être candidat parce que j’estime que le bulletin de vote doit être l’arme qu’il faut pour l’alternance politique. Depuis le 15 mars 2003 la situation de la RCA ne cesse de se dégrader. La situation est même pire que sous le règne du Président PATASSE. J’ai un projet pour la jeunesse de mon pays pour leur donner un espoir.  Donner espoir à tous ceux qui ont lutté depuis les années 1979, à tous ceux qui ont participé à tous les mouvements pour le changement et qui se trouvent aujourd’hui sans rien, à tous ceux et celles qui sont en situation d’échec scolaire  ou de sans emploi. Il faut donner de l’espoir.

Actualité Centrafrique de sangonet - Spéciale élection 2005