Appel à candidature à l'élection présidentielle 2005 et réponse de Jean-Paul NGOUPANDE


 

APPEL A CANDIDATURE

du Compatriote Jean-Paul NGOUPANDE

à la Présidentielle de janvier 2005

 

 

- Compatriote Jean Paul NGOUPANDE, Président du Parti de l’Unité Nationale (PUN),

 

- Chers amis représentants des partis politiques, des organisations syndicales, des confessions religieuses, des associations et organisations non gouvernementales, Distingués Invités du BONUCA de la  Force CEMAC et de la Commission Electorale Mixte et Indépendante,

 

J’ai l’honneur de prendre la parole au nom des militantes et Militants du PUN, présents à Bangui ainsi que tous ceux qui sont à pied d’œuvre dans l’arrière-pays, tout d’abord pour dire merci à notre Dieu Tout Puissant qui a toujours béni et protégé la République Centrafricaine et qui préserve toujours notre peuple de tout mal en dépit des multiples crises qu'a connu ce pays.

 

Chers compatriotes du PUN, distingués invités, la journée du 10 octobre 2004 revêt pour nous une importance capitale pour l’avenir politique de notre pays.

 

En effet, depuis l’indépendance, il cherche en vain le développement alors que nous disposons de tous les atouts. Depuis plus d'une décennie, notre pays cherche en vain sa voie d'accès à une démocratie véritable.

 

En 1990, les Forces Vives de la Nation, à l'instar d’autres pays d’Afrique, se sont soulevées pour réclamer la démocratie et le multipartisme. Cette démocratie, acquise après une lutte acharnée et au péril de la vie de certains a été rapidement confisquée par certains fils et filles de ce pays. Ainsi des frustrations sont nées, entraînant des réactions parmi lesquelles celle du Général de Division François BOZIZE qui, pour résister à une arrestation arbitraire a pris les armes, d’abord pour se défendre.

 

La gestion passionnée et subjective de cette crise a détruit non seulement le climat de confiance entre les dirigeants centrafricains et le peuple, mais aussi le peu de structures économiques dont dispose notre pays. Elle a duré plus d’une année. Plus d’une année de souffrance, plus d’une année de pleurs, mais aussi plus d’une année de prière.

 

Ainsi le 15 Mars 2003, Dieu, le Tout Puissant a exaucé la prière du peuple centrafricain. Pour nous, militantes et militants du PUN, le 15 MARS 2003, loin d’être une victoire, était plutôt la levée de l’obstacle qui empêchait l’épanouissement de notre formation politique même si déjà à partir du dernier trimestre 2002, le PUN était le fer de lance de la remobilisation des partis politiques de l'opposition ayant conduit à la création de la Concertation des Partis Politiques de l'Opposition (CPPO). Donc le 15 Mars 2003 devait nous donner l’occasion de vaquer librement à nos activités politiques. Malheureusement, notre grande surprise est de constater que nos alliés d’hier nous considèrent aujourd'hui comme des adversaires et nous diabolisent. Pire encore, certains qui nous combattaient hier ont vite fait de se positionner auprès de nos alliés pour continuer les  mêmes  pratiques que nous avons tous décriées hier, de ce comportement, nous ne citons pas d’exemple pour le moment et nous acceptons de mettre tout cela sur le compte d’une transition fragile.

 

Nous voudrions ici exprimer toutes nos gratitudes au Général de Division François BOZIZE, à tous les hommes de tenue qui ont soutenu son action sans oublier tous les acteurs qui sont les partis politiques, les organisations syndicales et des droits de l'homme, la presse, les confessions religieuses dont la lutte multiforme a permis ce changement. Nous demandons aux partis politiques responsables de se préparer pour prendre la relève.

 

La catastrophe dans notre pays est trop grande et il faudra une vision politique rigoureuse pour nous en sortir. D'où l'appel à la responsabilité des partis politiques pour relever ce défi à partir du moment où l'opinion nationale et internationale nous observent avec beaucoup d'attention.

 

Ainsi, considérant la gravité de la situation actuelle de notre pays sur le plan économique, social et politique,

 

Considérant que ni un seul parti politique, ni une seule ethnie, ni une seule corporation ne peut sortir le pays de cette situation;

 

Considérant la carrière politique du Compatriote Jean Paul NGOUPANDE qui a toujours répondu présent pour faire face à des situations difficiles dans notre pays;

 

Considérant l’ouverture d’esprit du compatriote Jean Paul NGOUPANDE, tant sur le plan national qu’international;

 

Considérant la rigueur, la transparence et l'esprit de consensus qui caractérisent la gestion du Compatriote Jean-Paul NGOUPANDE.

 

Nous, militants du PUN de Bangui, des provinces et de l étranger,

 

Exigeons du Compatriote Jean Paul NGOUPANDE de prendre ses responsabilités devant l’histoire de son pays en se présentant aux élections Présidentielles de 2005.

 

Cette candidature est ouverte à tous les partis politiques, à toutes les Forces Vives de la Nation désireux d’un changement réel dans la gestion de notre pays.

 

Nous, militantes et militants du PUN, sommes convaincus qu’avec Jean Paul NGOUPANDE comme Président, une nouvelle Centrafrique est possible dans l’unité, dans la discipline et dans le progrès.

 

Je vous remercie de votre aimable attention.

 

Pour le Secrétariat Général

La Secrétaire Générale

 

Léa KOYASSOUM-DOUMTA

 


 

 

 

 

PARTI DE L'UNITE NATIONALE Unité - Discipline - Progrès
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 REPONSE DU PRESIDENT JEAN-PAUL NGOUPANDE

A L'APPEL LANCE PAR LE PARTI POUR SA CANDIDATURE A L'ELECTION PRESIDENTIELLE DE 2005, A L'OCCASION DE L'ASSEMBLEE GENERALE DU 10 OCTOBRE 2004 A BANGUI

                        (Version en langue française)

 

Monsieur le Représentant du Bureau des Nations Unies en Centrafrique (BONUCA),

Mesdames et Messieurs les représentants des Partis politiques et des Centrales syndicales,

Mesdames et Messieurs les journalistes,

Distingués invités,

Mes très chers compatriotes, militantes et militants du Parti de l'Unité Nationale (PUN), de l'Union des Femmes du PUN (UFPUN) et de l'Union des Jeunes du PUN (UJPUN),

 

 

Il m'est difficile de dissimuler mon intense émotion devant la grande mobilisation qui marque cette journée vraiment exceptionnelle du 10 octobre 2004

 

Une mobilisation qui a commencé avec l'accueil particulièrement chaleureux que les militants et sympathisants, et sans doute beaucoup d'autres Centrafricaines et Centrafricains, m'ont réservé ce matin à ma descente d'avion, et tout au long du chemin conduisant de l'aéroport à mon domicile.

 

Une mobilisation qui se poursuit de façon grandiose, dans une atmosphère de kermesse et de communion fraternelle, dans cet hémicycle du ministère des Affaires Etrangères que j'ai rarement vu aussi plein, aussi coloré et aussi joyeux!

 

En observant tant de ferveur, je mesure l'immense espoir  suscité par cette candidature que vous sollicitez.

 

Je mesure l'ampleur de l'attente exprimée par les Centrafricains, et tout particulièrement les jeunes et les femmes, attente d'un avenir meilleur après tant d'années de souffrances et de privations.

 

Je mesure surtout le poids des responsabilités qui sont désormais les miennes, et qui m'obligent à tout faire pour que cette attente ne soit pas déçue..

 

J'ai suivi avec une grande attention l'appel pressant qu'en votre nom Léa KOYASSOUM DOUMTA, la dynamique Secrétaire Générale de notre Parti,

m' a lancé pour que, je la cite, je prenne mes responsabilités.

 

J'ai été tout aussi sensible aux messages adressés par les représentants d'une douzaine de partis politiques, Groupe des Six (ADP, FC, LONDO, MESAN, PSD, PUN), MDD, MLPC, FPP, URD, FODEM, CSDC, CNP, messages d'encouragement, de collaboration fraternelle et d'expression de préoccupations communes quant au destin de notre cher pays.

 

De la même façon, j'apprécie à sa juste valeur le message d'encouragement de Jean-Richard SANDOS, secrétaire général de la CNTC (Confédération Nationale des Travailleurs Centrafricains), doyen de la lutte syndicale dans notre pays.

 

Comment pourrais-je hésiter devant une telle attente? Comment puis-je me dérober devant une telle responsabilité?

 

En 1999, nous n'étions pas prêts. Le PUN était trop jeune pour espérer un autre résultat que celui qu'il avait eu. Il vous souviendra que j'avais exprimé les plus vives réserves à l'époque, quant à l'opportunité d'une candidature à l'élection présidentielle. Le premier Congrès en avait décidé autrement.

 

N'ayons toutefois pas de regrets. Cette expérience n'aura pas été inutile. Elle nous aura appris la difficulté de la tâche, et la nécessité d'une grande détermination.

 

Quoi qu'il en soit, le PUN de 2004 n'a plus rien à voir avec ce qu'il était voici cinq ans. La mobilisation exceptionnelle d'aujourd'hui, après celle du deuxième Congrès, montre que notre Parti, trempé dans la lutte, est devenu une force avec laquelle il faudra désormais compter. Je crois d'ailleurs qu'il n'y a plus beaucoup de gens dans ce pays qui ignorent ce fait.

 

C'est donc sans hésitation que je réponds clairement OUI à votre appel.

 

 

Chers compatriotes, chers amis,

Distingués invités,

 

J'accepte d'être candidat parce que je veux mettre toute mon énergie au service de mon pays.

 

Je veux œuvrer de toutes mes forces, avec le concours de toutes les Centrafricaines et de tous les Centrafricains,  à l'émergence d'une nation rassemblée, réunifiée, réconciliée avec elle-même, et déterminée à relever les défis de la réhabilitation du pays, de sa reconstruction et de son développement.

 

Je ne suis candidat contre personne.

 

Dans mon cœur, il n'y a pas de place pour la haine, le rejet, l'exclusion, les règlements de comptes et les velléités de vengeance.

 

Le redressement de notre Centrafrique se fera dans l'unité et la réconciliation, ou ne se fera pas du tout.

 

Pour moi, les élections doivent être l'occasion de confronter pacifiquement les propositions des différents candidats pour une sortie durable de la crise. En ce qui me concerne, je le ferai dans le souci de vérité, dans le souci de la paix et avec l'esprit de construire et non de détruire.

 

Qu'on ne compte donc pas sur moi pour répondre aux injures, aux attaques personnelles et aux polémiques stériles. Le pays n'a pas besoin de cela. Il a besoin d'un vrai débat sur ses problèmes, et sur les solutions en vue de les résoudre.

 

 

Chers compatriotes,

Chers amis,

Distingués invités,

 

Mes idées sur le redressement du pays, je n'ai cessé de les exprimer depuis l'époque où, il y a huit ans, j'ai eu la charge de conduire le Gouvernement d'Union Nationale. Ces idées, je les ai réitérées à l'occasion des législatives de 1998, et surtout de la présidentielle de 1999, lorsque j'ai présenté les Cinquante engagements pour sortir de la crise.

 

Le 8 avril 2004, à l'ouverture du deuxième Congrès ordinaire du PUN, j'ai présenté une vision exhaustive de ce qu'il nous faudrait faire pour amorcer la sortie de crise. Cette vision tenait naturellement compte de l'expérience douloureuse des toutes dernières années, qui ont plongé la RCA encore plus dans l'abîme.

 

Toute cette vision peut se résumer en une formule: réconcilier le pays, retrouver la confiance entre nous, afin de nous attaquer solidairement aux grands maux qui bloquent le redressement de notre chère Centrafrique.

 

La direction de ma campagne, qui sera ouverte, par delà le PUN, aux forces politiques et sociales qui d'ores et déjà ont pris la décision de soutenir ma candidature, recensera toutes nos propositions, les actualisera et les déclinera pour convaincre les Centrafricaines et les Centrafricains de faire le bon choix, celui de la paix et de la modernisation de la Centrafrique dans le contexte de la mondialisation.

 

Les autres candidats sont pour moi des concurrents et non des ennemis, c'est-à-dire des Centrafricains qui aspirent légitimement à solliciter les suffrages de nos compatriotes. Il n'y a aucune raison pour que règne entre nous un climat de guerre civile, un climat dont nous n'avons que trop souffert.

 

De toutes façons, et comme je ne cesse de le répéter depuis notre deuxième Congrès, au soir de la proclamation des résultats, et quels que soient les gagnants de la compétition, il nous faudra nous retrouver, joindre nos efforts, impliquer et rassurer tout le monde, toutes les régions, toutes les ethnies, pour ce qui sera une vraie transition consensuelle, correspondant à la durée d'un mandat présidentiel, pour que la confiance soit rétablie entre nous, ainsi qu'entre nous et nos partenaires extérieurs.

 

 

Chers compatriotes,

Chers amis,

Distingués invités,

 

Pour garantir les chances de la paix et de la réconciliation, il est absolument impératif que ces élections soient transparentes et équitables. Comme je l'ai dit le 8 avril dernier à l'ouverture du deuxième Congrès du PUN, quiconque prendrait la responsabilité de chercher à truquer les élections ferait courir à notre pays le risque d'un danger mortel: celui d'un nouveau plongeon aux conséquences incalculables.

 

D'ores et déjà j'observe une sérieuse dérive, celui  de la monopolisation des médias d'Etat au service d'un seul courant politique. Or ces médias sont le bien commun du peuple centrafricain, parce que ce sont tous les contribuables centrafricains qui contribuent à leur financement. Les frustrations commencent à apparaître, et les protestations ne sauraient tarder.

 

De la même façon, des nouvelles alarmantes parviennent de province, sur les tentatives de quelques représentants de l'administration, préfets, sous-préfets, présidents de délégations spéciales, pour museler les partis, intimider les citoyens, et arracher un résultat en usant de la peur.

 

On aurait tort de sous-estimer la capacité de vigilance du peuple centrafricain. Je rappelle, pour tous ceux qui l'auraient oublié, que nous sommes les premiers de l'espace francophone africain à avoir fait, dès mars 1980, l'expérience d'une élection présidentielle pluraliste. En 1993, les Centrafricains ont administré une belle leçon de maturité politique.

 

Je sens, parce que je connais bien la Centrafrique, une détermination sans faille à ne pas laisser le sort du pays se régler par la fraude. Chacun devra y réfléchir à deux fois avant de se laisser tenter par la tricherie. Ce serait une erreur de miser sur la passivité et l'endormissement des Centrafricains.

 

De la même façon, ce serait un crime impardonnable, aux yeux de la Nation centrafricaine, aux yeux de l'Afrique et aux yeux de la communauté internationale, de jouer avec la sécurité des candidats, et encore plus, de chercher à attenter à leur vie. Chacun d'eux a droit à la protection de l'Etat

 

Pour ma part, j'en appelle à la vigilance de toutes les forces démocratiques. Unis, nous ferons échec à la tentation de la fraude et de la confiscation des résultats.

 

J'en appelle à la collaboration active de nos partenaires extérieurs, qui s'investissent sans réserve à nos côtés pour aider la Centrafrique à sortir durablement de la crise: qu'ils nous aident à barrer la route à la fraude.

 

Je m'adresse d'abord aux pays frères et voisins de la CEMAC (Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique centrale), eux qui souffrent en première ligne des retombées de la crise centrafricaine, qui les obligent à accueillir massivement des réfugiés, et aussi, malheureusement, des armes venues de chez nous, alors qu'ils ont besoin de la paix pour leur propre développement.

 

Je m'adresse ensuite à l'Union africaine, parce que la perpétuation de la crise centrafricaine ne rend aucun service à notre continent, qui aspire à sortir de sa marginalisation.

 

Je m'adresse enfin à tous nos autres partenaires extérieurs: les grands pays amis, comme la France, les Etats-Unis, l'Allemagne, le Japon ou la Chine;  l'Organisation Internationale de la  Francophonie; l'Union Européenne; et surtout l'Organisation des Nations Unies, dont le Bureau en Centrafrique œuvre pour la paix, avec le concours de toutes les agences spécialisées, à commencer par le PNUD.

 

Je m'adresse surtout aux Centrafricains, surtout aux jeunes, qui constituent l'immense majorité de la population, et qui sont les principales victimes de la crise qui perdure depuis tant d'années. Quels que soient les concours des partenaires extérieurs, c'est d'abord entre nos mains à nous, Centrafricains, que repose le destin de notre patrie. Ces partenaires pourront nous accompagner, mais c'est d'abord aux Centrafricains de s'organiser pour s'opposer fermement à la fraude, en manifestant une vigilance accrue, depuis l'établissement des listes électorales jusqu'à la proclamation des résultats en passant par le contrôle de la distribution des cartes, de celle, équitable, des bulletins de vote, ainsi que des opérations de vote et de dépouillement.

 

 

Pour finir, je voudrais informer le Parti de ma décision de me mettre en congé de sa présidence active, non seulement pour me consacrer totalement à la campagne électorale, mais surtout parce que j'entends être le candidat du large rassemblement, par delà ma famille politique. Le Comité Exécutif prendra en son sein les dispositions requises pour faire assurer l'intérim

 

La réussite exceptionnelle de la présente assemblée générale, organisée en mon absence, démontre que la direction du PUN est suffisamment mûre, suffisamment dynamique, pour fonctionner sans la présence quotidienne de son président.

 

Soyez assurés, chers compatriotes, que nous n'allons pas à cette compétition pour faire de la figuration. Nous y allons pour gagner. Nous en avons les atouts nécessaires.

 

Hommes, femmes et jeunes de Centrafrique, n'ayons pas peur!

 

 Chassons la peur de notre esprit!

 

 Soyons déterminés, et notre pays s'en sortira, parce que je suis convaincu qu'il peut s'en sortir.

 

Je vous remercie.

 

Actualité Centrafrique de sangonet - Spéciale élection 2005 (mise en ligne: 13 oct. 2004)