Pourquoi chaque électeur centrafricain aurait besoin de se regarder dans le miroir?

Prélude:

Quelle leçon tirer de l’organisation du référendum sur la nouvelle constitution centrafricaine? Les électeurs centrafricains de France avaient appris à leurs dépens que la politique des coups bas était toujours cours à Bangui, malgré les manifestations de leurs bonnes intentions et leurs désirs de contribuer positivement aux prochains scrutins en Centrafrique. Ils avaient aussi appris que le mutisme du gouvernement à Bangui, face à certaines initiatives constructives ne signifiait pas nécessairement une quelconque approbation. Et dans ce contexte, l’on serait bien en droit de se demander si les voix des électeurs centrafricains de France seraient réellement comptabilisées ou déterminantes dans le choix du candidat pour les présidentielles et des autres pour les législatives. Un sixième sens nous indiquerait que les votes déterminants (tricherie comprise ou non) seront ceux qui seront recensés en Centrafrique et non ceux des centrafricains de l’étranger. Une chose cependant resterait à faire pour refuser de faire le jeu des autorités de Bangui et pour participer d’une manière indirecte aux scrutins. Celle-ci consisterait à exhorter tous les centrafricains expatriés à informer pères, mères, oncles, tantes, frères, soeurs, et cousins, restés au pays du véritable enjeu des prochains scrutins dans le pays et donner à ceux-ci les informations objectives qui leur permettraient de voter en faveur d’un changement positif qui signalerait des jours meilleurs pour le pays et pour tous ses enfants. Ce serait malheureusement le seul acte patriotique qui resterait et que chaque centrafricain expatrié devrait poser dans le mois qui arrive avant ces scrutins.

 

Et pour le reste, de quoi il s’agit:

Le peuple centrafricain avait crié haro à la dictature. Ce crie de révolte, ainsi que des actes patriotiques et courageux posés par de nombreux fils du pays avaient entraîné la chute de la dictature de Bokassa. Depuis, les enfants de ce pays avaient fait la cour de manière assidue à la belle dame démocratie que tous avaient du mal à conquérir. Des régimes démocratiques ou non s’étaient succédés en Centrafrique. En 1979, Dacko avait été installé par la France, puis avait légitimement gagné les premières élections présidentielles jamais organisées dans le pays. Puis Dacko avait abdiqué et offert de manière inconstituionnelle les rennes du pouvoir à Kolingba, alors chef d’état-major des armées. Kolingba ayant pris goût au pouvoir avait confisqué celui-ci pendant plusieurs années avant d’accepter, contre son gré, l’organisation de nouvelles élections démocratiques; son régime y trouva aussi sa fin. Ensuite, sous des prétextes réellement fallacieux, Patassé avec l’aide du MLPC avait réussi à obtenir deux mandats ou encore ce que l’on pourrait appeler les largesses de la dame démocratie. Cependant Patassé ne s’était pas dérangé de retourner la faveur au peuple; ce faisant il avait émoussé l’esprit et les prescriptions de la dame démocratie. Enfin Bozizé, jadis courtisan malheureux, voulait dur comme fer les faveurs de la dame démocratie et ne pouvait arriver à sa fin qu’en assignant la dame démocratie à résidence surveillée et s’accaparer du pouvoir. Depuis la grande dame démocratie attend impatiemment que chaque centrafricain arrive à son secours.

Vous me demanderez comment faire pour éviter cette séquestration continue à la dame démocratie. Récemment, la Constitution avait été approuvée par la majorité des électeurs centrafricains. C’est déjà cela de fait. Les institutions issues de cette Constitution seraient les structures, lieux et places au sein desquelles les représentants légitimes du peuple pourraient élaborer des propositions d’amendements, puis voter des lois qui amélioreraient la version actuelle de cette constitution ou la renforceraient pour le bien de la société centrafricaine et celui de tous ses enfants. Nous espérons que cette constitution durera tout le temps nécessaire, avant qu’un autre illuminé ne prenne la décision de la réduire en cendres et de renvoyer le peuple centrafricain à la case de départ pour en générer une autre.

Dans un mois il y aurait les prochaines élections présidentiellles et législatives. Ceux sont ces écheances que le peuple devraient garder constant sur leur écran de radar. Ce à propos duquel le peuple devrait rester vigilant, ceux ne seraient pas seulement le rêve nostalgique de faire revivre un régime quelconque dont les prestations avaient été lamentables dans le passé, ni de lire les propos aseptisés, dictés et publiés par le soin des conseillers en communications. Ce qui serait important serait que chaque centrafricain fasse l’inventaire de toutes les souffrances que chaque famille avait endurées, à cause de l’incompétence des régimes qui s’étaient succédés à Bangui. Le peuple devrait regarder chaque humiliation qu’il avait subie, à cause des fausses promesses qui lui avaient été faites par les divers gouvernements. Enfin, le peuple devrait se demander si cela aurait du sens de revivre ces mêmes souffrances et ces mêmes humiliations, à savoir scolarité interrompue des enfants entraînant les baisses de niveau; salaires irréguliers qui avaient affamés les familles; pensions inexistantes qui avaient réduits les retraités à la mendicité ; bourses impayées des étudiants à l’étranger, qui les avaient détournés de leurs rêves; justice foulée au pieds, qui n’avait pas servi le peuple; confiscation par le pouvoir des services et biens publiques à des fins personnelles; corruption des agents de l’état qui ironiquement se plaignaient de n’avoir pas régulièrement perçu leurs salaires; insécurité dans les villes et les campagnes et sur les routes; économie en panne; exactions de toutes sortes, etc. Ces maux avaient été vécus par la grande majorité des centrafricains, quelle que soit l’ethnie ou la tribu et quelles que soient les appartenances politiques, syndicales ou confessionnelles. Le moment ne serait-il pas enfin venu de penser une approche différente qui éviterait aux centrafricains de revivre ces mêmes réalités qui étaient douloureuses? Cette nouvelle approche consisterait par exemple à demander à chaque électeur centrafricain de prendre une journee entière, une semaine entière ou tous les jours avant les élections, si nécessaires, pour réflechir aux issues de secours qui mèneraient le pays vers un avenir plus radieux. Chaque électeur centrafricain aurait besoin de ce temps de réflexion pour écouter cette voix interne (qui ne trompe jamais) qui dicterait le choix du meilleur candidat qui conduirait les destinés du.pays. L’ironie avait été que depuis toujours, nous avions cru que les chefs d’état, les chefs de gouvernement, les membres de gouvernement, les députés et autres technocrates des services publiques ne servaient que les intérêts de la Centrafrique. En réalité, tous pensaient que chacun de leurs actes était une faveur qu’ils faisaient aux citoyens. Pardi, le peuple ne demande aucune faveur à ses dirigeants! Si les candidats aux prochaines élections pensent sincèrement qu’il devrait en être ainsi, alors nous recommanderons fortement que chacun retire son dossier de candidature et reste où il est. La Centrafrique aurait besoin de grands commis publiques ou de dirigeants intègres et dynamiques qui redonneraient à chaque fils du pays et au peuple tout entier sa fierté et son orgueil et qui conduiraient le peuple vers des horizons plus prometteurs. La Centrafrique aurait besoin d’un président ou d’un député qui insufflerait à chaque citoyen la motivation nécessaire pour retrouver la véritable liberté (et non seulement le mot) et la confiance pour conquérir les différentes étapes du développement de ce beau pays.

Le moment serait donc arrivé pour opérer cette introspection en écoutant cette voix interne qui dicterait à chacun le choix du meilleur candidat possible, avant d’aller aux urnes. Ce choix devrait être dicté par la raison et non par les émotions ou par une affiliation quelconque. Faire autrement serait refuser de donner à la Centrafrique la chance d’une nouvelle renaissance.

Jean-Didier Gaïna

Virginie, Etats-Unis d’Amérique (31 décembre 2004)