NGOUPANDE Jean-Paul Bangui, le
9 novembre 2004
Ancien Premier Ministre
Candidat à l'élection présidentielle
du 30 janvier 2004
A Monsieur le
Président de la Commission Electorale Mixte
Indépendante
(CEMI)
BANGUI
OBJET: Constat de traitement inégal des
candidats à l'élection présidentielle.
Monsieur le Président,
Tout en vous présentant mes compliments
pour les efforts que vous accomplissez personnellement en vue du bon
déroulement des prochaines élections,
J'ai l'honneur d'attirer votre attention
sur certaines dérives qui, si elles ne sont pas rapidement corrigées,
conduiront à des iniquités susceptibles de compromettre les objectifs de
transparence que la CEMI s'est assignée.
Ce constat touche tout particulièrement
deux domaines: la sécurité et l'utilisation des médias d'Etat.
S'agissant du premier point, aucune
propagande ne saurait masquer le fait qu'une large partie du territoire
national est soumise aux actions de bandes armées sur lesquelles le
gouvernement garde un mutisme consternant, aggravant ainsi les interrogations
et les inquiétudes. Le cas de la préfecture de l'Ouham-Péndé mérite une attention
toute particulière. Faute d'informations précises, les pires supputations assombrissent
l'horizon et font entrevoir le risque d'une perturbation de la campagne
électorale, là comme ailleurs.
En d'autres termes, les partisans du
Général François BOZIZE, accompagnés de détachements armés, peuvent circuler
sans entraves, tandis que les autres candidats seront exposés aux agressions
des coupeurs de routes et autres bandes armées.
Quant aux médias d'Etat, ils sont devenus
le quasi monopole des partisans du Chef de l'Etat. Les "marches de soutien"
à sa candidature organisées de toutes pièces par des membres du Gouvernement de
Transition, un Gouvernement censé être au dessus de la mêlée, occupent des
heures d'antenne à la radio et à la télévision, tandis que les activités des
autres candidats sont ignorées.
Surtout, qu'on ne nous dise pas que le Général
BOZIZE n'a pas encore déclaré sa candidature! Ces dénégations à caractère
purement tactique ne trompent personne. Le Chef de l'Etat est déjà en campagne,
et c'est à ce titre que ses partisans usent et abusent des médias publics, qui
sont le bien commun du peuple centrafricain, et non la propriété d'une coterie
politique et partisane.
La mission de la CEMI est, entre autres,
de garantir l'égalité de traitement des candidats aux diverses consultations,
notamment l'élection présidentielle. Sans élections justes et crédibles, la
République centrafricaine court le risque de replonger dans les affres de la
division et de la violence. Dans leur immense majorité, les Centrafricains
aspirent à la réconciliation nationale et à la paix, pour créer les conditions
de la reconstruction et du
développement.
En vous remerciant pour l'attention que
vous voudrez bien accorder aux préoccupations exprimées dans la présente
correspondance,
Je vous prie de croire, Monsieur le
Président, en l'assurance de ma considération distinguée.
Jean-Paul
NGOUPANDE
COPIES (Pour information):
-
Ministre de la Défense nationale
-
Ministre de l'Intérieur
-
Ministre de la Communication
-
BONUCA
-
CEMAC
-
PNUD
-
Union Européenne
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Missions diplomatiques