MEMORANDUM

SUR LA SITUATION ACTUELLE EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE: ELECTIONS 2005

 

A la très haute attention de Leurs Excellences les Chefs d'Etat africains membres du Conseil de Paix et de Sécurité de l'Union Africaine.

 

Avant-propos.

Le Conseil de Paix et de Sécurité de l'Union Africaine se réunit les lundi 10 et mardi 11 janvier 2005 à Libreville, capitale du Gabon. Les partis, associations et personnalités indépendantes signataires du présent Mémorandum saisissent cette occasion pour présenter à Leurs Excellences les Chefs d'Etat membres du dit Conseil les derniers développements de la situation en République centrafricaine, développements qui sont de nature à compromettre gravement le retour à la légalité constitutionnelle et à la paix.

 

  1. Introduction: la candidature du Général BOZIZE, cause première de la crise actuelle.

    L'objectif essentiel de la Transition consensuelle entamée le 15 mars 2003 était d'organiser des élections libres, justes et transparentes, pour permettre à la République centrafricaine de se réconcilier avec elle-même après plusieurs années de soubresauts ayant conduit à une guerre civile, lui permettre également de renouer avec la légalité constitutionnelle et amorcer un nouveau départ sur la voie de la démocratie et du développement.

    Malgré les difficultés de toutes sortes, la Transition consensuelle avait su trouver, grâce aux vertus du dialogue, les moyens de surmonter les obstacles et de progresser sans heurts majeurs vers l'organisation des élections.

    Tout a basculé du jour au lendemain à partir du moment où, reniant la parole d'honneur d'officier général qu'il avait donnée à plusieurs reprises après le 15 mars 2003, le Général François BOZIZE s'est déclaré lui-même candidat à l'élection présidentielle. De ce fait il n'était plus en mesure d'être au-dessus de la mêlée et d'assurer les arbitrages nécessaires pour apaiser les tensions. Pire: cette candidature est perçue par lui-même et ses proches comme l'occasion de se maintenir à tous prix au pouvoir en organisant soigneusement un hold-up électoral.

  2. L'invalidation scandaleuse de plusieurs candidatures.

    Le masque est tombé le 30 décembre 2004 quand la Cour Constitutionnelle de Transition présidée par un de ses proches a invalidé sept des douze candidatures jugées pourtant recevables par la Commission Electorale Mixte Indépendante (CEMI). Les arguments pseudo juridiques invoqués pour cette disqualification massive de concurrents du Général BOZIZE étaient fallacieux. Visiblement, l'objectif était d'écarter des candidats susceptibles de gêner le plan de hold-up électoral.

    Devant la réprobation générale à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, le Chef de l'Etat a pris une mesure discriminatoire en validant lui-même trois candidats et en maintenant l'exclusion de quatre autres sans autres arguments que le seul fait du prince.

    Devant ces mesures traduisant l'orientation autoritaire et dictatoriale du Général François BOZIZE, les candidats injustement disqualifiés, soutenus par l'ensemble des forces démocratiques du pays et l'immense majorité de la population, ont exigé la validation de toutes les candidatures agréées par la CEMI ainsi que la dissolution de la Cour Constitutionnelle de Transition pour forfaiture. L'impartialité de cette Cour dans sa composition actuelle est désormais sujette à caution et elle n'est donc plus crédible pour proclamer les résultats des prochaines élections.

  3. Le durcissement du Général BOZIZE et les risques pour la paix.

Face à ces revendications légitimes, le Général BOZIZE a choisi la fuite en avant et le durcissement se traduisant par des menaces contre les forces démocratiques et la confiscation de toutes les libertés démocratiques. Toutes les réunions publiques sont interdites sauf celles de ses partisans. Il veut mettre au pas les autres institutions de la Transition comme le Gouvernement et surtout le Conseil National de Transition. Les médias d'Etat sont muselés et mis au service exclusif du Général BOZIZE.

De nouveau, le spectre de l'arbitraire et de la dictature plane sur la République centrafricaine, ce qui ne peut que provoquer de nouvelles tensions susceptibles de replonger le pays dans les affres de la violence.

 

Conclusion.

C'est pourquoi les signataires du présent Mémorandum, qui représentent la majorité de la population du pays, en appellent à la médiation du Conseil de Paix et de Sécurité de l'Union Africaine, afin que le Président François BOZIZE revienne à la modération, renoue les fils du dialogue pour permettre au pays d'aller aux élections dans la paix, la sérénité et la transparence.

 

Fait à Bangui, le 8 janvier 2005

ONT SIGNE:

A.D.P. : J. Douaclé ; Forum Civique : T. Maléndoma; F.O.D.E.M : Ch. Massi
LONDO : Me H. Pouzère ; M.L.P.C.: L.-A. DONDON K.; P.U.N. :J.-P. Ngoupandé
C.N.P. : p.o. Th. Namganda

CANDIDATS INDEPENDANTS:
- Pasteur Josué BINOUA
- Jean-Jacques DEMAFOUTH
- Martin ZIGUELE