DIRECTION GENERALE DU SECTEUR DE L’ELECTRICITE EN  

REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

 

   Bangui, le 30 juillet 2008 

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COMMUNIQUE OFFICIEL DE L’AGENCE AUTONOME DE REGULATION

DU SECTEUR DE L’ELECTRICITE EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE 

 

"A propos de la crise énergétique"

 

Riche en ressource énergétique, la République Centrafricaine demeure un véritable paradoxe en terme de disponibilité d’énergie électrique car, au même titre qu’une trentaine de pays d’Afrique Subsaharienne, sur les quarante huit existant, elle vit au rythme d’un déficit énergétique croissant qui se traduit depuis une vingtaine d’année en délestage de plus en plus intempestifs compte tenu de la dégradation constante de l’ensemble du système d’alimentation électrique Boali-Bangui vieux de plus de cinquante ans et donc extrêmement vétuste.

 

A cet effet la RCA n’échappe pas au diagnostique accablant de la première réunion des Ministres Africains de l’Energie tenue en mars 2006 à Addis Abeba en Ethiopie à l’initiative de l’Union Africaine, selon lequel les causes des grandes crises énergétiques que connaît la majeure partie du continent Africain résident essentiellement dans l’imprévoyance des gouvernants qui n’ont pas su développer les infrastructures au rythme imposé par l’expansion de l’économie. Il n’existe pas non plus de plan Directeur du secteur.

 

LA LIBERALISATION DU SECTEUR DE L’ELECTRICITE EN RCA

 

Conscient cependant du fait que la disponibilité de l’énergie, spécialement électrique, génère des opportunités de développement, le Gouvernement centrafricain, tenant compte de la forte décroissance, de l’absence d’investissement et des causes structurelles s’est engagé dès 2004 dans une réforme audacieuse du secteur de l’énergie et plus spécifiquement du sous secteur de l’électricité.

 

La fiabilité et la viabilité de cette réforme d’envergure engagée par le Gouvernement centrafricain dans le secteur de l’électricité impliquait la mise en œuvre d’un cadre juridique adéquat. C’est dans cette optique qu’a été adopté l’Ordonnance n° 05. 001 du 1er janvier 2005 portant Code de l’Électricité.

 

Cette réforme qui consacre la libéralisation du secteur permet, entre autres, de promouvoir l’efficacité et la qualité du service offert aux usagers par le jeu de la concurrence et surtout l’accès des populations rurales à l’électricité en vue de réduire la pauvreté.

 

Cependant, au regard des particularités économiques du secteur de l'électricité et au regard de la contrainte d'ouverture à la concurrence, il apparaît que la concurrence sur ce marché ne peut naître, se développer et surtout perdurer que si elle est permise et encadrée par des mécanismes et des organes de régulation.

 

Cette organisation du marché est ainsi rendue nécessaire pour assurer une concurrence effective sur un marché où la seule intervention du droit de la concurrence semble inapte et insuffisante pour permettre un fonctionnement efficace des mécanismes de concurrence.

 

Le droit et l'économie, fonctionnant dialectiquement aux travers de la régulation, constituent ainsi la meilleure garantie des intérêts publics dans ce secteur libéralisé, dans les perspectives économique et juridique d'une réglementation optimale, tant au regard des critères d'efficacité économique que des critères de sécurité juridique, et ainsi génératrice de la meilleure organisation industrielle possible.

 

C’est ainsi qu’au nombre des changements institutionnels majeurs introduits par l’Ordonnance n° 05. 001 du 1er janvier 2005 portant Code de l’Électricité en République Centrafricaine, figure la création de l’Agence Autonome de Régulation du Secteur de l’Électricité en République Centrafricaine, en abrégé ARSEC.

 

 

 

 

 

Mise en place progressivement à partir de février 2006, à travers un Comité ad hoc institué par décret n° 05 272 du 11 septembre 2005, l’Organe de Régulation du Secteur de l’Électricité est désormais pleinement opérationnel, avec la mise en place récente de tous ses organes statutaires, à savoir, le Conseil d’Administration et la Direction Générale.

 

L’Agence de Régulation est un établissement public à caractère administratif. Elle est dotée de la personnalité juridique ainsi que d’une autonomie financière. Elle est chargée de la régulation des activités de production, de transport, de distribution et de vente d’électricité sur l’ensemble du territoire national.

 

L’ARSEC a pour mission de :

§        Favoriser la satisfaction des besoins énergétiques des consommateurs dans une perspective de développement durable en, tenant compte des préoccupations économiques, sociales et environnementales ;

§        Assurer le développement ordonné et rentable des industries électriques ;

§        Contribuer à l’exercice de toute mission d’intérêt public que pourrait lui confier le Gouvernement pour le compte de l’Etat dans le secteur de l’électricité.

 

Par ailleurs, l’Organe de régulation du Secteur de l’Électricité a pour fonction de :

§        Contrôler l’exécution des contrats de concession, d’affermage de régie intéressée ou de gérance des opérateurs du secteur ;

§        Assurer le développement ordonné et rentable des industries électriques ;

§        veiller au respect de leurs obligations contractuelles et à la préservation des intérêts des consommateurs.

§        Assurer les conditions de viabilité financière des entreprises du secteur de l’électricité.

§        Assurer la régulation, le contrôle et le suivi des activités et de la protection de l’environnement ;

§        Préserver les conditions économiques nécessaires à la viabilité du secteur ;

§        Veiller à l’application des législations en matière de l’électricité et de la protection de l’environnement ;

§        Veiller aux intérêts des consommateurs et assurer la protection de leur droit pour ce qui est de la qualité et la fourniture du prix de l’électricité ;

§        Veiller au respect par les opérateurs du secteur de l’électricité, des conditions d’exécution des contrats de délégation et leurs cahiers des charges et avenants ;

§        Veiller à l’application des sanctions prévues par le Code de l’Électricité et ses textes d’application ;

§        Veiller au respect du principe d’égalité de traitement des usagers par tout opérateur du secteur de l’électricité.

§        Régler tous différends.

 

Outre les attributions décisionnelles, l’Agence de régulation dispose, aux termes de la loi, d’attributions consultatives. Ainsi, elle est consultée par le Ministre en charge de l’Énergie sur tous les projets de textes législatifs et réglementaires concernant le secteur de l’électricité ou ayant un impact sur la conception de la politique sectorielle.

 

L’ARSEC a, par ailleurs, la charge de la Promotion de la concurrence et la participation du secteur privé en matière de production, de transport, de distribution, d’importation, d’exportation et de vente de l’électricité dans les conditions objectives, transparentes et non discriminatoires.

 

LA CRISE DE L’ENERGIE ELECTRIQUE A BANGUI ET SES ENVIRONS

 

Après la grande crise de 2006, la République Centrafricaine à travers sa capitale Bangui et ses environs est à nouveau entrée le 23 juin 2008 dans une grave crise énergétique suite à des pannes de grande ampleur sur les groupes G1 et G2 de Boali 2 occasionnant l’arrêt total de l’usine et amputant ainsi le système d’alimentation de plus de la moitié de sa production, avec pour conséquence la rupture de la fourniture de l’électricité sur la majeure partie de la ville de Bangui et ses environs.

 

Cette situation qui n’est pas sans avoir des conséquences néfastes sur les activités publiques et privées de même que la paix sociale, la sécurité et la croissance économique demeure une préoccupation majeure pour l’Agence Autonome de Régulation du Secteur de l’Electricité en Centrafrique (ARSEC) qui s’est attachée à suivre scrupuleusement la situation durant toute son évolution afin d’exercer de manière efficiente le rôle qui lui est dévolu, nonobstant le contexte extrêmement complexe.

 

La Direction Générale de l’ARSEC adresse à la toute la population de Bangui et de ses environs ses remerciements pour la patience et la grande compréhension dont ils ont fait montre tout au long de cette crise énergétique de grande ampleur. Ce qui témoigne, plus que jamais de sa clairvoyance vis-à-vis des enjeux et des perspectives du secteur. Elle compati cependant aux désagréments causés qui impactent considérablement le tissu économique de Bangui et ses environs ainsi que la vie sociale et politique du pays.

 

L’ARSEC témoigne cependant de son entière satisfaction à l’égard de la promptitude avec laquelle les plus Hautes autorités du pays se sont investies pour soutenir les efforts du Département en charge de l’Energie, des organes du secteur et de la société Energie Centrafricaine (ENERCA) en vue de créer les conditions devant pallier durablement à cette crise.

 

A l’heure de l’annonce d’une seconde sortie de crise énergétique majeure rencontrée en l’espace de deux ans, l’Agence Autonome de Régulation du Secteur de l’Electricité salue et félicite l’ingéniosité des ingénieurs et techniciens de l’opérateur historique qui, à travers les récentes réparations ont développé une nouvelle expertise qui vient une fois de plus valoriser les compétences locales et enrichir la capacité opérationnelle de l’ENERCA.

 

Toutefois, après analyse minutieuse de la crise et de l’évolution de sa gestion, l’Organe de régulation, ayant relevé de nombreux dysfonctionnements, enjoint l’opérateur unique actuel à prendre dans les plus brefs délais, les mesures anticipatives et correctives adéquates afin de sécuriser et d’assurer la distribution rationnelle de l’électricité disponible et, plus généralement, de garantir la continuité du service public de l’électricité.

 

LE DIALOGUE ENTRE L’OPERATEUR ET LES CONSOMMATEURS

 

L’envergure des activités relatives aux attributions consultatives de l’Agence de Régulation ainsi que l’importance de ses missions en matière de protection des droits des consommateurs commandent l’observation d’une attention particulière à la permanence d’un dialogue de qualité entre l’opérateur unique actuel et les consommateurs.

 

Dans cette perspective, une consultation de l’opérateur, des consommateurs et autres entités concernées est envisagée, dans l’objectif de recueillir leurs points de vue sur les différents Règlements d’Application élaborés récemment, avant leur adoption et leur publication par l’Agence de régulation.

 

Il convient de relever que le processus d’exercice de la fonction de protection des droits des usagers par l’Agence de Régulation a démarré depuis deux ans.

 

A cet égard, une innovation et non des moindres, à mentionner est le recours au système d’audience pour faire dialoguer les opérateurs du secteur et leurs clients. Ce système sera expérimenté avec l’opérateur unique actuel ENERCA lors des consultations préalables à l’approbation du Règlement du Service. Ce document important que constitue le Règlement du Service est destiné à  régir les relations contractuelles entre l’ENERCA et ses abonnés.

 

La communication sur le rôle de protection des consommateurs, qui fait partie des missions essentielles du régulateur, notamment à travers le traitement des réclamations et plaintes des usagers, reste encore à renforcer mais l’ARSEC a dores et déjà su créer les conditions favorables à l’émergence d’une grande implication des consommateurs dans le secteur de l’électricité, à l’exemple de l’Association des Usagers du Secteur de l’Electricité (AUSE) qui depuis deux ans contribue de façon significative à la finalisation de la réforme.

 

A cet effet, l’ARSEC encourage l’opérateur ENERCA et les consommateurs à privilégier le dialogue permanent, dialogue qui a permis ces deux dernières années de régler à l’amiable un nombre important de dossiers, aussi bien de gros consommateurs que des particuliers.

 

Par ailleurs, l’ENERCA est invitée à communiquer davantage aussi bien sur ses programmes de délestages que sur les dysfonctionnements qui interviennent sur ses réseaux.

 

Enfin, la Direction Générale de l’ARSEC appelle au sens du patriotisme de tous les consommateurs de l’électricité et les invite à soutenir l’ENERCA dans la lutte contre la fraude. De même elle les encourage à bien vouloir s’acquitter des frais d’électricité consommé et à faire usage des recours aux différents dispositifs prévus par l’Agence de Régulation pour le traitement des réclamations et plaintes afin d’obtenir une meilleure satisfaction.

 

 

Fait à Bangui, 30 juillet 2008

                                                                                                                      Le Directeur Général

Valentin NZAPAOKO