Les Herero, un peuple de la Namibie 
victime de génocide perpétré par les allemands, demandent réparation
Les Herero ont été des farouches résistants 
à la colonisation allemande dans la région centrale du Sud Ouest africain 
(devenu pour l'essentiel la Namibie aujourd'hui). La dernière révolte la plus 
sanglante fut celle menée par le chef Samuel Maherero. Tout commença en août 
1904 et dura jusqu'à 1907. Pour venir à bout, les allemands utilisèrent des 
méthodes les plus sanguinaires, les plus barbares qu'elles soient. 
L'extermination était l'objectif à atteindre. L'armée coloniale du Reich, 
emmenée par le Général Lothar Von Trotha, 
se livre alors à  une impitoyable répression. Puits empoisonnés, travaux forcés, camps de concentration : 
leur nombre passa en trois ans, au cours de ce que certains historiens 
qualifient de "premier génocide du 20e siècle", de 97 000 à moins de 20 000.
Malgré le déséquilibre des forces en 
présence, les atrocités, la dispersion, ils continuèrent à revendiquer leur 
indépendance. La cause des Herero fut-elle entendue ?  Un siècle plus tard, l'Allemagne  finit par présenter des excuses aux 
Hereros, par la voix de sa ministre de la Coopération et du Développement.  « Nous 
Allemands, acceptons notre responsabilité morale et historique, je vous demande 
de nous pardonner », a déclaré Heidemarie Wieczoreck-Zeul au cours d'une 
cérémonie commémorative organisée au nord de la Namibie.
Des milliers d'Allemands (20 000 à 25 000)  
vivent à ce jour en Namibie. Seule, la question de réparation demeure sans 
réponse.
    V. BISSENGUE (16 août 2004)
Les excuses de l'Allemagne au peuple 
Herero
L'Allemagne demande pardon pour le massacre des Hereros. 
Cela fait un siècle que cette communauté namibienne, décimée en 1904, par 
l'armée coloniale allemande attendait ces excuses officielles.
C'est l'un des premiers actes de résistance à  la colonisation. En août 1904, les 
Hereros, peuple du sud-ouest africain, se révoltent contre l'occupation 
allemande. L'armée coloniale du Reich, emmenée par le Général Lothar Von Trotha, 
se livre alors à  une impitoyable répression.
Puits empoisonnés, travaux forcés, camps de concentration : 65 000 Hereros 
sont décimés en trois ans, au cours de ce que certains historiens qualifient de 
premier génocide du 20e siècle.
Un siècle plus tard, l'Allemagne a fini par présenter des excuses aux 
Hereros, par la voix de sa ministre de la Coopération et du Développement.  « Nous 
Allemands, acceptons notre responsabilité morale et historique, je vous demande 
de nous pardonner », a déclaré Heidemarie Wieczoreck-Zeul au cours d'une 
cérémonie commémorative organisée au nord de la Namibie.
Oui aux excuses, non aux réparations
Ce geste sans précédent a été salué aussi bien par le gouvernement 
namibien que par les Hereros. Ce qui ne les a pas empêchés de réclamer à  nouveau 
des réparations.
Des poursuites contre l'Allemagne ont été engagées devant la justice 
américaine pour le versement de 4 milliards de dollars d'indemnités. Berlin 
s'est toujours refusée à  verser des compensations.
La ministre de la Coopération s'est en revanche engagée à  
accroître son 
soutien financer à  la Namibie. Avec 12 millions d'euros par an, l'Allemagne est 
déjà  le premier fournisseur d'aide à  la Namibie, où vivent encore aujourd'hui 
25 000 germanophones.
Sylvain Biville
(RFI 
- 16/08/2004)
Un 
            peuple massacré demande réparation
Victimes d'un des plus terribles massacres de l'ère 
            coloniale, sous la domination allemande, les Herero (en Namibie) ont 
déposé 
            plainte contre des entreprises et l'Etat allemand. Berlin fait 
            d'autant plus la sourde oreille, que le gouvernement namibien se 
            tient à  l'écart de l'affaire pour ménager son principal bailleur de 
            fonds.
            
              
              
                 
                    
                    
                      
                      
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                       Hosea Kutako est l'une des figures 
                        historiques des Herero. |   
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            «Ma politique a 
              toujours été d'exercer celle-ci 
            par le terrorisme brutal, voire par la cruauté. J'anéantis les 
            tribus insurgées dans des flots de sang et d'argent. C'est la seule 
            semence pour faire pousser quelque chose de nouveau qui soit stable.» Ainsi parlait le 
              «Grand 
              général du puissant Kaiser, 
            Von Trotha», comme il se dénommait lui-même. En mai 1904, cet 
            officier, dont la réputation de cruauté est déjà  faite en Chine et 
            dans l'Est africain allemand (Tanzanie, Burundi et Rwanda), est 
              appelé dans le Sud-ouest africain (actuelle Namibie), sous 
            domination allemande depuis 1884. Les colons sont confrontés à  un 
              soulèvement sans précédent des Hereros. Originaires du Nord, ces 
            derniers constituent alors l'un des principaux peuples du 
            territoire. Le 12 janvier 1904, sur ordre d'un de leurs chefs, 
            Samuel Mahero, des attaques sont lancées contre la ville 
            d'Okahandjo, dans le centre du pays. Une centaine de colons sont 
              tués, des lignes de télégraphe détruites et les chemins de fer 
              endommagés. Au cours des cinq mois suivant, les Herero semblent 
              maîtres de la situation. Mais le remplacement du major Theodor 
            Leutwein par Von Trotha, à  la tête du corps allemand, va ruiner les 
            espoirs d'émancipation des insurgés et donner lieu à  l'un des pires 
            massacres coloniaux du vingtième siècle. 
A partir du mois 
            d'août, Von Trotha fait encercler les Herero de façon à  ce que la 
            seule voie possible de fuite fût l'Est, vers le désert du Kalahari, 
            raconte Ingolf Diener, spécialiste de la Namibie, dans l'un des 
            rares ouvrages en français publiés à  ce jour sur ce pays d'Afrique 
            Australe (Apartheid! La cassure: la Namibie, un peuple, un 
            devenir, Arcantère éditions, Paris, 1986). Par la suite, Von 
            Trotha met en place une stratégie implacable. Il établit un cordon 
            militaire le long du désert, envoie des commandos chargés d'éliminer 
            les Herero et d'empoisonner les points d'eau. En mai 1906, alors que 
            le gouverneur civil, von Lindequist, a déclaré la fin de 
            l'opération, le bilan est terrifiant. Sur une population estimée de 
            60 000 à  80 000 personnes, avant la guerre, il ne reste qu'une 
            quinzaine de milliers de survivants, pour la très grande majorité 
              embastillés dans des sortes de camps de concentrations. Par la 
            suite, ce peuple, privé de tout ce qui symbolisait son identité 
            (terres, boeufs, insignes tribaux), et pour partie parqué dans une 
             
            «réserve tribale», servira de main d'oeuvre servile aux colons. Des 
            femmes feront même office d'esclaves sexuelles auprès de certains 
            Allemands.
Plaintes contre trois entreprises et l'Etat 
            Allemand
Aujourd'hui, les descendants des victimes veulent 
            des réparations. Pendant des années, le massacre des Herero a en 
              effet été largement ignoré de la communauté internationale, en dépit 
            des appels lancés, notamment aux Nations unies, par le chef Hosea 
            Kutako, l'une des figures historiques de la communauté. Lorsque les 
            Allemands furent privés de leurs colonies africaines, pendant la 
              première guerre mondiale, l'Afrique du Sud, alors toujours 
              rattachée à  la couronne britannique, produisit certes un 
              rapport accablant sur ces événements. Mais pour mieux obtenir un mandat de la 
              Société des 
            Nations (SDN) sur le Sud-ouest africain, qui passera quelques années 
            plus tard sous sa domination et donc celle du système 
            d'apartheid. 
Mais en juin dernier, un cabinet d'avocat a 
            formellement déposé plainte devant un tribunal du district de 
            Columbia, aux Etats-Unis, contre trois entreprises allemandes 
            auxquelles il réclame deux milliards de dollars US de dommages et 
              intérêts. Les trois compagnies en question, la Deutsche Bank AG, 
            Woerman Line (devenue depuis SAFmarine) et Terex Corporation sont 
              accusées d'avoir aidé l'Allemagne impériale à  mener les massacres 
            commis au début du siècle. En septembre dernier, une autre procédure 
            en réparation, cette fois contre l'Allemagne, a été lancée, avec, à  
            la clef, deux autres milliards de dollars de dommages et intérêts. 
            
Le moment n'a pas été choisi au hasard. La question des 
              réparations pour l'esclavage et la colonisation a été l'un des 
            principaux thèmes de la conférence de l'ONU sur le racisme à  Durban, 
            en Afrique du Sud, du 31 août au 7 septembre dernier. Les représentants 
              des Herero s'appuient également sur la jurisprudence 
              récente concernant les victimes des nazis, qui ont obtenu des 
            compensations, aux Etats-Unis, pour l'holocauste, de même que pour 
            le travail forcé dans les industries allemandes pendant la seconde 
            guerre mondiale. C'est d'ailleurs aussi pour cette raison que les 
            avocats ont préféré s'adresser à  la justice américaine, à  leurs yeux 
            davantage susceptible d'accéder à  leurs demandes.
Car 
            l'Allemagne a jusqu'à  maintenant accueilli plutôt froidement les 
            demandes des Herero. En 1996, une délégation a tenté de rencontrer 
            le chancelier Kohl, en visite à  Windhoek, la capitale namibienne. 
            Sans succès. «Il n'a pas voulu les recevoir, confie Ingolf 
            Diener. En fait, la Namibie est le pays qui reçoit le plus d'aide 
            des Allemands et ceux-ci estiment que c'est une forme de réparation 
            pour les exactions de la colonisation.» Du coup, l'Allemagne 
              n'est pas seule à  être embarrassée. Soucieuses de ne pas froisser 
            leur principal bailleur de fonds, les autorités namibiennes ne 
            souhaitent aucunement endosser les revendications des Herero. 
            D'autant qu'au sein de la SWAPO, le parti au pouvoir, on souligne 
            que d'autres populations ont souffert de la colonisation. «Le 
            gouvernement préférerait donc fondre leur cas dans une demande plus 
              générale de réparation des pays africains pour les méfaits de la 
            domination européenne», explique Ingolf Diener. Ce qui, à  
            l'évidence, est loin de satisfaire le chef suprême des Herero, Kuaima Riruako. Pour lui, toute 
              réparation doit être versée 
            directement aux descendants des victimes du général Von Trotha. A 
            qui donc verser les dommages et intérêts? C'est bien la question, 
            selon Ingolf Diener: «Ou bien les sommes éventuelles sont versées 
            aux Herero. Mais à  qui exactement? Au chef suprême? Ou bien elles le 
            sont par l'intermédiaire de l'Etat et dans ce cas d'autres ethnies 
            pourraient réclamer leur dû. Elles pourraient encore l'être au 
            budget. Mais cette fois les Herero vont estimer qu'on vole leur dû. 
            Tout cela crée beaucoup de zizanie.» La triste histoire des 
              Herero est même devenue une affaire de politique intérieure. L'Alliance 
              démocratique de Turnhalle, le principal parti d'opposition, qui 
              bénéficie d'importants soutiens dans cette communauté, a en effet 
              décidé d'appuyer leur cause.
                Christophe CHAMPIN
                (RFI 
                - 25/09/2001)
              
 
                        | 
  
                        | 
    Ce peuple 
                        aux traditions vivaces, privé de tout ce qui symbolisait 
                        son identité (terres, boeufs, insignes tribaux) servira 
                        de main d'oeuvre servile aux colons 
                        allemands. 
    © DR | 
    Femmes 
                        Herero en costumes traditionnels. L'Allemagne a jusqu'à  
                        maintenant accueilli plutôt froidement les demandes des 
                        Herero.  
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