CITE NATIONALE DE L'HISTOIRE de l'IMMIGRATION (CNHI) : Missions, inauguration

La Cité veut être un élément majeur de la cohésion sociale et républicaine de la France. Au-delà de sa fonction patrimoniale, elle a aussi un rôle important de producteur de culture et de signes. Ses missions principales sont donc des missions au long cours, dont les enjeux fondamentaux se joueront sur plusieurs années.

L’établissement public de la Porte Dorée - Cité nationale de l’histoire de l’immigration sera chargé de rassembler, sauvegarder, mettre en valeur et rendre accessibles les éléments relatifs à l’histoire de l’immigration en France, notamment depuis le XIXe siècle et contribuer ainsi à la reconnaissance des parcours d’intégration des populations immigrées dans la société française et faire évoluer les regards et les mentalités sur l’immigration en France.

 

 

"Rassembler et sauvegarder les éléments relatifs à l'histoire de l'immigration"

Dans le cadre de son projet scientifique et culturel, l’établissement public a pour missions de :
- concevoir et gérer le musée national de l’Histoire et des Cultures de l’immigration, ensemble culturel original à caractère muséologique et scientifique, chargé de conserver et de présenter au public des collections représentatives de l’histoire, des arts et des cultures de l’immigration;
- conserver, protéger et restaurer pour le compte de l’État les biens culturels inscrits sur l’inventaire du musée national de l’Histoire et des Cultures de l’immigration dont il a la garde et contribuer à l’enrichissement des collections nationales ;
- recueillir dans un centre de ressources les documents et informations de toute nature, portant sur l’histoire et les cultures de l’immigration ainsi que sur l’intégration des personnes qui en sont issues, y compris dans leurs dimensions économique, démographique, politique et sociale, et les diffuser, notamment par voie numérique, aux publics et aux professionnels ;
- développer et animer sur l’ensemble du territoire un réseau de partenaires, constitué notamment d’associations, de collectivités territoriales, d’institutions scientifiques et culturelles, d’entreprises et d’organisations syndicales poursuivant des objectifs similaires.

La Cité est un projet dont l’ambition et la portée sont nouvelles, outre que le sujet lui-même nécessite de gérer la complexité, il faut simultanément incarner les trois principales dimensions du projet : culturel, pédagogique, citoyen.

Un double défi

Pour réaliser sa mission, la Cité nationale de l’histoire de l’immigration affronte un double défi.
Le premier est de faire admettre comme patrimoine commun ce phénomène indissociable de la construction de la France qu’est l’histoire de l’immigration. Cette reconnaissance de la place des étrangers dans l’Histoire commune nécessite un travail symbolique, sur ce qui définit le patrimoine commun et la culture légitime. C’est la raison pour laquelle le projet a choisi de privilégier :
1- la constitution d’un musée national, car, en France, ce sont les musées nationaux qui conservent au nom du peuple français les trésors de la République (mais l’institution n’est pas seulement un musée...);
2- une approche historique et scientifique qui permet seule une appropriation collective, le colloque “Histoire et immigration, la question coloniale”en est une illustration ;
3- l’implantation dans un palais de la République car, symboliquement, ce musée national ne doit pas être considéré comme “périphérique”.

Le second est de mettre au cœur de son projet le public et les “habitants”, la Cité nationale de l’histoire de l’immigration se définissant comme un lieu et un réseau. À ce titre, elle ambitionne :
- d’associer les partenaires du réseau (associations, entreprises, collectivités, universitaires) à la co-construction de ses activités ;
- de constituer une institution culturelle mais aussi pédagogique et sociale ;
- de concevoir son musée national comme projet de collecte et non de collection. Cette collecte des “traces matérielles et immatérielles de l’histoire de l’immigration” doit s’appuyer sur la participation des habitants. Le musée renfermera notamment une “galerie des dons”.

Des enjeux à long terme

Pour réussir ce pari, il existe des points cruciaux sur lesquels il convient d’agir :
- faire en sorte que la question de l’immigration devienne un thème culturel “légitime”. Ce n’est pas tout à fait le cas encore...
- questionner la fonction des musées dans le monde d’aujourd’hui;
- introduire une véritable politique de développement culturel, qui reste souvent à la porte des institutions culturelles pour que l’offre s’enrichisse de la demande sociale à la fois à travers la mise en place du réseau et à travers une politique des publics que nous espérons innovante;
- inventer une muséologie qui ne soit ni celle des objets, ni celle des discours, mais plutôt celle des regards où le point de vue de “l’autre” doit avoir sa place.

Enfin, réfléchir sur les formes spécifiques que le spectacle et la création doivent prendre dans une “cité” qui n’est pas une “scène nationale”, inventer des écritures de spectacle et des formes (déambulations, théâtre de rue) adaptées à la spécificité du projet.

Photo : Guillaume Robert © Cité nationale

 


 

Une offre culturelle variée

Un musée - Une programmation culturelle - Une médiathèque
La recherche - La pédégogie - Les éditions

La Cité nationale de l’histoire de l’immigration ouvre ses portes à Paris, au Palais de la Porte dorée, à l'été 2007. Institution culturelle, pédagogique et citoyenne destinée à reconnaître et mettre en valeur la place des immigrés dans la construction de la France, la Cité sera un lieu d’histoire donnant à voir, à lire et à partager l’histoire de l’immigration en France depuis deux siècles.

La Cité proposera progressivement :
- un musée national
- des expositions temporaires
- un réseau de partenaires et des manifestations en région
- des colloques et des séminaires scientifiques
- des activités pédagogiques pour les enseignants et les scolaires
- des interventions et des résidences d’artistes
- des ressources en ligne et des collections sur la présence étrangère en France depuis deux siècles.

Et aussi :
- des spectacles, des concerts, des films, des débats...
- des lieux de détente et de rencontre
- des événements exceptionnels
- une médiathèque
- des ateliers pour tous

 

Journées portes ouvertes :
À l’occasion de son ouverture, la Cité nationale de l’histoire de l’immigration accueille gratuitement le public pendant cinq jours, du mercredi 10 Octobre 2007 au 14 octobre 2007

 

Pour en savoir plus:
Cité nationale de l'histoire de l'immigration
Palais de la Porte Dorée
293, avenue Daumesnil
75012 Paris

Tél.: 01 53 59 58 60
Fax : 01 53 59 58 66
Mail : info@histoire-immigration.fr

http://www.histoire-immigration.fr/

 


 

Pas de flonflons pour la Cité de l’immigration
En contradiction avec la politique actuelle, le musée national ouvre aujourd’hui. Sans inauguration officielle.

Par CATHERINE COROLLER
LIBERATION QUOTIDIEN : mercredi 10 octobre 2007 http://www.liberation.fr/actualite/politiques/283722.FR.php

Nicolas Sarkozy est en Russie, Brice Hortefeux, le ministre de l’Immigration, en Espagne. Les agendas de François Fillon et de Valérie Pécresse, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, ne prévoient rien, et chez Xavier Darcos, ministre de l’Education nationale, la question suscite l’incompréhension : «La cité quoi ?» «De l’immigration ?» «Il se passe quelque chose de particulier cette semaine ?» Oui, la Cité nationale de l’histoire de l’immigration (CNHI), musée national s’il vous plaît, premier du genre en France, voire en Europe, ouvre ses portes au public ce matin. Côté inauguration officielle, en revanche, on attendra. Des quatre ministres de tutelle, seule Christine Albanel, la ministre de la Culture, s’y rendra ce soir, à 19 heures, non pas pour l’inaugurer, mais pour le visiter.

«Ça coince».  A côté des tambours et trompettes qui avaient accompagné l’ouverture du musée du Quai-Branly ou de la Cité de l’architecture et du patrimoine, le silence du gouvernement interroge. «Il n’y a pas d’inauguration officielle parce que ça coince, ­explique l’historien Gérard Noiriel. Le discours de la Cité est de montrer les apports de l’immigration. Il est en contradiction avec celui du ministre de l’Identité nationale [Brice Hortefeux, ndlr], qui joue sur la suspicion généralisée de l’immigrant avec l’instauration de tests ADN.»

Il y a une vingtaine d’années, Gérard Noiriel avait ressenti, parmi les premiers, la nécessité de doter la France d’un musée susceptible de «changer le regard» sur l’immigration. La gauche rate le coche. Chirac reprend l’idée à son compte. Jacques Toubon, le président de la CNHI, est UMP tendance Chirac, les chercheurs sont plutôt de gauche, mais tous travaillent en bonne harmonie. En mai dernier, première véritable fausse note, huit historiens, dont Gérard Noiriel, démissionnent des instances dirigeantes de la Cité pour protester contre la création d’un ministère dont l’intitulé associe immigration et identité nationale.

Exaspéré.  «Cette association de mots ne pouvait que conforter les stéréotypes et les préjugés qui existent aujourd’hui en France sur l’immigration», expliquent-ils. Ils continuent toutefois à soutenir le projet, et à y participer. Hier, lors d’une visite organisée pour la presse, Gérard Noiriel était présent ainsi que Marie-Christine Volovitch-Tavares, autre démissionnaire. En tête de la visite, donc, Jacques Toubon. Il est là pour parler du musée, pas pour commenter le manque de soutien officiel du gouvernement. «La Cité, c’est la Cité, la politique, c’est la politique», répète-t-il. Puis, exaspéré : « Le Président et le Premier ministre viendront dans quelques semaines et diront tout le bien qu’ils pensent de la Cité.»

En réalité, Brice Hortefeux est déjà venu, lundi soir, tout seul, en catimini. Qu’a-t-il pensé des photos montrant des manifestations de sans-papiers contre la politique de répression menée par les gouvernements successifs, ou le périple d’un immigré clandestin parti d’Afrique en bateau, débarqué aux Canaries, puis en France, où il a finalement été régularisé ? On n’en saura rien.

En l’absence d’inauguration officielle, la Ligue des droits de l’homme et d’autres associations appellent ce matin à une «inauguration citoyenne» de la Cité.

 


 

La Cité de l'immigration naît dans la douleur

MARIE-CHRISTINE TABET.

 Publié le 08 octobre 2007

Actualisé le 08 octobre 2007 : 10h17

http://www.lefigaro.fr/culture/20071008.FIG000000289_la_cite_de_l_immigration_nait_dans_la_douleur.html

 

L'institution voulue par Jacques Chirac ouvre ses portes mercredi dans l'ancien Musée national des arts d'Afrique et d'Océanie de la porte Dorée, à Paris.

 

DRÔLE d'ambiance pour une première ! Cette semaine deux ministres visiteront la nouvelle Cité nationale de l'histoire de l'immigration (CNHI) qui ouvre ses portes mercredi, dans l'ancien Musée national des arts d'Afrique et d'Océanie de la porte Dorée (MAAO), à Paris. Brice Hortefeux, le ministre de l'Immigration et Chantal Albanel en charge de la Culture se sont finalement annoncés auprès de Jacques Toubon, le président du comité d'orientation de la CNHI. Mais leur venue se prépare dans la plus grande discrétion. L'entourage de Brice Hortefeux craint notamment l'organisation d'un « comité d'accueil » musclé composé des associations de défense des immigrés, hostiles à son projet de loi sur l'immigration. Après les débats houleux qui ont entouré, jusque dans les rangs de l'UMP, l'amendement sur les tests ADN autorisés dans le cadre du regroupement familial comme preuve de filiation, ces images seraient du plus mauvais effet dans les journaux télévisés du 20 heures. La Ligue des droits de l'homme du XIIe arrondissement et le Réseau éducation sans frontières ont déjà prévu des manifestations le jour de l'ouverture.

 

Le climat est sensible. La semaine dernière, l'annonce de l'inauguration ce lundi par le ministre de l'Immigration d'un nouvel Institut d'études sur l'immigration et l'intégration créé par le Haut Conseil à l'intégration de Blandine Kriegel avait mis le feu au poudre. L'événement a été tout simplement annulé. Pour condamner cette initiative, le 2 octobre, une vingtaine d'universitaires, dont Gérard Noiriel, Patrick Weil, historiens, Patrick Simon, démographe, avaient lancé une pétition pour exprimer leurs « plus vives inquiétudes ». Déjà, avant l'été, un groupe de huit chercheurs, plus ou moins associés au CNHI, avaient « démissionné » de cette institution, manifestant ainsi leur désaccord avec l'intitulé de l'un des portefeuilles de Brice Hortefeux, celui de l'Identité nationale. « C'était un coup médiatique à bon compte, reproche l'un des membres du conseil d'administration, car ceux qui étaient engagés dans des travaux de recherche au CNHI ou qui bénéficient des subsides de l'État pour conduire leurs travaux n'y ont pas renoncé pour autant. » De son côté, la Cité se serait bien passé d'une telle publicité.

 

Jacques Toubon et Jean-Pierre Roverato, présidents de la Cité - à la ville, PDG du groupe de BTP Eiffage - ont écrit la semaine dernière au président de la République pour lui dire qu'ils se tenaient à sa disposition pour lui présenter le lieu. Pour l'instant l'Élysée n'a retenu aucune date, pas plus que Matignon. « Il y aura une inauguration officielle sans doute d'ici à la fin de l'année, assure Jacques Toubon. Cette configuration me convient tout à fait. Je préfère ouvrir au public et faire la démonstration que la Cité répond à un besoin. Les falbalas viendront ensuite. »

 

Pourtant le 10 avril 2003, lorsque Jean-Pierre Raffarin, alors premier ministre, avait réuni pour la première fois depuis vingt ans le comité interministériel à l'Intégration et confié à Jacques Toubon la mission de préfiguration d'un « centre de ressource et de mémoire de l'immigration », les louanges avaient été unanimes. Il faut dire que les associations et les chercheurs qui militaient pour un tel lieu depuis des lustres avaient perdu tout espoir. L'inspecteur général de l'Éducation nationale, Zaïr Kédadouche, ancien conseiller à l'Élysée en 2004 et l'historien Gérard Noiriel avaient tenté de défendre l'idée d'un musée dès la fin des années 1980. « Nous nous étions heurtés à deux écueils, raconte Zaïr Kedadouche, une dizaine de lettres de refus à l'appui dans un dossier. D'une part les hommes politiques n'étaient pas intéressés, car l'immigration restait un sujet tabou et d'autre part la Direction des musées de France ne comprenait pas notre démarche. Elle nous demandait de quelles collections nous disposions ! »

 

Des centaines d'associations

 

L'idée a refait cependant surface en 1994 sous la plume de Philippe Bernard du journal Le Monde. En arrivant à Matignon en 1997, Lionel Jospin avait fait la sourde oreille. Et il avait fallu attendre 2001 pour qu'une mission soit confiée au conseiller d'État, Rémy Schwartz, et au président de l'association Générique, Driss el-Yamani. Au demeurant, la montée en puissance de Jean-Marie Le Pen n'avait guère incité à promouvoir la mémoire de l'immigration. C'est donc Chirac qui inscrivit le projet dans son programme de 2002 et choisit Jacques Toubon pour le mener à bien.

 

Depuis, celui-ci utilise son entregent d'ancien ministre de la Culture et d'ancien maire du XIIIe pour convaincre une myriade d'associations oeuvrant pour la mémoire de l'immigration. « Il existe des centaines d'associations, de centres culturels, de lieux de mémoire en France, explique Driss el-Yamani de Générique. Aucun d'eux ne voulait être dépossédé de ses collections et surtout de ses subventions au profit d'un musée national. » Pour l'instant ce n'est pas le cas. Jacques Toubon compte maintenant sur l'intérêt du public. Pour cela, il a notamment négocié un ticket à 5 eur pour la visite des expositions du musée et celle de l'aquarium au sous-sol du Palais de la porte Dorée.

 

Entrée gratuite du 10 au dimanche 14 octobre. Tél. : 01 53 59 58 60.

 

 


 

 

La Cité de l'immigration ouvre ses portes sur fond de polémique

Reuters 10.10.07 | 09h26

http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-32755181@7-37,0.html

Par Natacha Crnjanski et Kerstin Gehmlich

PARIS (Reuters) - La Cité nationale de l'histoire de l'immigration ouvre ce mercredi ses portes, un projet dont les partisans saluent une ouverture contrastant avec la "méfiance" affichée, selon eux, par le gouvernement vis-à-vis des immigrés.

En pleine polémique sur des aspects de la nouvelle loi sur l'immigration - tests ADN pour les candidats au regroupement familial et accès des sans-papiers à l'hébergement d'urgence, notamment - l'absence du président de la République et du ministre de l'Immigration, de l'Intégration et de l'Identité nationale lors de l'ouverture du musée au public est remarquée.

Nicolas Sarkozy est en déplacement à Moscou et Brice Hortefeux sera mercredi en Espagne pour une consultation avec les autorités espagnoles "sur les questions migratoires"

La ministre de la Culture, Christine Albanel, sera en revanche présente. Son ministère, qui devrait financer plus de 40% de son budget total jusqu'en 2009, présente la CNHI comme un "élément majeur de la cohésion sociale et du pluralisme culturel".

"C'est un musée qui concerne l'histoire de 20 à 25% de la population de la France, (...) qui va pouvoir retrouver à travers ce musée l'histoire de leurs ancêtres ou sa propre histoire", explique Patrick Weil, directeur de recherche au CNRS, interrogé par Reuters, qui trouve "un peu choquante" l'absence du président de la République.

"C'est une histoire qui intéresse l'ensemble des Français, évidemment."

L'"ELLIS ISLAND" FRANÇAIS

Cet historien de l'immigration est l'un des huit universitaires (sur 12 associés au projet) qui, en mai, ont démissionné des instances officielles de la CNHI - tout en la soutenant - pour protester contre l'instauration "inacceptable" d'un ministère de l'Identité nationale.

"Je pense que (...) ce musée montre l'apport de l'immigration à l'égard de la France alors que le ministère (de l'Immigration et de l'Identité nationale) est un signal de méfiance à l'égard de l'immigration", juge-t-il.

"Le gouvernement est mal à l'aise avec un projet historique qui rapporte des faits qui se sont produits, plutôt que des préjugés."

Mouloud Aounit, président du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples, regrette quant à lui "un refus manifeste de reconnaître l'apport au patrimoine historique et culturel français de l'immigration".

"En cette période où il y a une parole visant à stigmatiser, à faire porter la suspicion sur les immigrés, cette attitude du gouvernement sonne aussi comme un gage donné à l'extrême-droite, elle sonne comme une victoire supplémentaire de l'extrême-droite sur l'immigration en France", a-t-il déclaré à Reuters.

"Cette inauguration est terriblement polluée par des discours aux antipodes de l'esprit même de ce musée."

Patrick Weil compare la CNHI à un "Ellis Island français", en référence au musée américain de l'Immigration, situé sur une île au sud de Manhattan où étaient autrefois accueillis et "triés" les immigrés arrivant par bateau en Amérique.

Un parallèle avec l'Amérique repris par Jacques Toubon, président de la CNHI. "La France a une histoire qui est unique en Europe: la France, c'est les Etats-Unis de l'Europe", a-t-il déclaré à Reuters.

PRENDRE EN COMPTE LA DIVERSITÉ

"Aux Etats-Unis, on raconte l'histoire de ce pays comme celle d'un pays d'immigrants. Ici, nous avions un modèle d'intégration des immigrants qui comportait l'oubli de leurs origines", explique-t-il.

"Mais il y a eu une évolution, (...) on comprend à présent que notre modèle égalitaire s'accompagne d'une prise en compte de la diversité."

Le musée s'est installé dans le palais de la Porte Dorée, construit pour l'exposition coloniale de 1931, d'une surface de 16.000m2 et dont l'extérieur, recouvert de remarquables bas-reliefs de style colonial, est classé.

Le projet, évoqué pour la première fois à la fin des années 1980, tarde à voir le jour. La nécessaire impulsion politique viendra, en 2002, de Jacques Chirac - ce qui explique peut-être, disent les détracteurs du président, pourquoi Nicolas Sarkozy n'a pas souhaité s'y associer.

"La nation française a été construite en partie par des millions d'hommes et de femmes venus dans ce pays, et cette nation est faite de cultures, religions, races, modes de vie apportés par ces immigrés", souligne Jacques Toubon.

"Notre projet est de faire connaître et reconnaître l'histoire de l'immigration dans l'histoire de France pour s'efforcer de changer, et d'améliorer, le regard contemporain sur l'immigration."

La Ligue des droits de l'homme, dénonçant un "climat politique dominé aujourd'hui par la restriction des droits des étrangers", a appelé à un rassemblement devant la CNHI mercredi.

Histoire et société – sangonet -Musées