L'UNESCO
et l’ALIPH vont réhabiliter le bien du patrimoine mondial de Bandiagara au Mali
et soutenir les communautés touchées par le conflit
L’UNESCO
soutiendra la cohésion sociale et la résilience des communautés souffrant
d’années de conflit armé dans le centre du Mali dans le cadre d’un nouveau
projet majeur, rendu possible grâce à un financement d’un million de dollars US
de l'Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones de
conflit (ALIPH).
Le projet
apportera un soutien essentiel à la réhabilitation du bien du patrimoine mondial
« Falaise
de Bandiagara (Pays des Dogons) », qui abrite 289 villages
répartis sur 400 000 hectares dans la région de Mopti.
« La culture
n’est pas seulement trop souvent victime de conflits armés prolongés, elle est
aussi une source essentielle de résilience et un fondement important pour la
construction de la paix » a déclaré la Directrice générale de l’UNESCO,
Audrey Azoulay. A travers ce nouveau projet, en collaboration avec les autorités
maliennes, et financé par l’ALIPH, nous visons à placer la culture au cœur des
efforts pour soutenir les communautés qui font de cette région leur
foyer.
Ce projet de
trois ans à Bandiagara vise à réhabiliter le patrimoine architectural endommagé,
notamment les logements, les greniers et les sites consacrés à la culture
traditionnelle, ainsi qu’à rétablir la production d’objets culturels et la
sauvegarde des objets de cérémonies dans une collection
commémorative.
De par la
réhabilitation et la sauvegarde des pratiques culturelles de la région, le
projet contribuera à renforcer le tissu social et la paix entre les communautés
du pays Dogon. Les activités génératrices de revenus pour les femmes, sont au
cœur de ce projet, qui vise à promouvoir la réconciliation entre les communautés
et à favoriser la protection du patrimoine dans le contexte difficile de la
pandémie du COVID 19
En 2012, le Mali est devenu
l'épicentre d'une crise politique et de sécurité de grande ampleur, provoquée
par l'arrivée de groupes armés dans les régions du nord et du centre du pays.
Outre le fait de causer des victimes civiles et de créer de l'insécurité, la
crise a provoqué la destruction totale ou partielle de près de 30 villages, dont
la moitié est située dans les limites du bien du patrimoine mondial de la
falaise de Bandiagara (Pays Dogon). La destruction des villages a entraîné soit
des dommages importants, soit la perte de nombreux bâtiments traditionnels et
d’objets culturels, ainsi que la détérioration des pratiques et des traditions
culturelles des groupes Dogon, Peul, Bozo, Bambara et Sonrhaï. La disparition
progressive de pratiques culturelles telles que les rituels funéraires
traditionnels et les danses masquées, ainsi que les festivités du Yaaral et du
Degal, a alimenté les conflits intercommunautaires.
« ALIPH a été créée en 2017, en
partie en réponse à la destruction du patrimoine culturel du Mali », a
déclaré le Dr. Thomas S. Kaplan, président d'ALIPH. « Notre partenariat
avec l'UNESCO et les autorités maliennes constitue un plan concret et ambitieux
pour sauver les trésors du patrimoine culturel qui ont été mis en danger par le
conflit. Cet effort conjoint se détermine par une conviction collective que le
patrimoine culturel joue un rôle essentiel dans la construction de la cohésion
sociale et, finalement, de la paix ».
Les experts de l'UNESCO
travailleront en étroite collaboration avec une équipe d'experts maliens du
ministère de la Culture, de la Direction nationale du patrimoine culturel
(DNPC), de la Mission culturelle de Bandiagara (BCM) et de la Mission
multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali
(MINUSMA), ainsi qu'avec les communautés locales. L'intervention à Bandiagara
s'appuie sur les initiatives de réhabilitation de l'UNESCO au Mali, actives
depuis 2012, et sur le travail d'évaluation et de médiation effectué en 2019
pour donner suite à la spirale de violence intercommunautaire à
Bandiagara.
La falaise de Bandiagara est un
vaste paysage culturel couvrant 400 000 hectares dispersés dans trois régions
naturelles : le plateau de grès, l'escarpement, et les plaines. Les communautés
entretiennent une relation très étroite avec leur environnement, qui s'exprime
par des rituels et des traditions sacrés. Le bien a été inscrit sur la Liste du
patrimoine mondial de l'UNESCO en 1989.