« En 
l’absence de vaccin, le coronavirus pourrait à terme faire plusieurs centaines 
de milliers de morts ». (dixit le chercheur Pascal Crépey, 
France). L’OMS appelle 
l’Afrique à « se réveiller » face à la pandémie.
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Entre le 
10 mars et le 14 avril, le nombre de cas graves pourrait s’élever à 
40 000 dans toute la France, estime Pascal Crépey, enseignant-chercheur en 
épidémiologie et biostatistiques à l’Ecole des hautes études en santé publique à 
Rennes. 
Quelles sont les 
principales conclusions de votre modélisation ?
Nous nous sommes rendu compte que, sans mesure de contrôle, les capacités de réanimation allaient très vite être débordées, avec un nombre de décès importants à la clé. Entre le 10 mars et le 14 avril, le nombre de cas grave pourrait s’élever à 40 000 dans toute la France et le nombre de décès à plus de 11 000 en un mois.
Que se 
passera-t-il après ?
L’arrivée des beaux jours pourrait stopper la circulation du virus. Si ce n’est pas le cas, et que les mesures de confinement sont levées trop tôt, il faut s’attendre à un rebond de l’épidémie. En l’absence de vaccin, nous estimons que le Covid-19 pourrait à terme faire plusieurs centaines de milliers de morts, ce qui est en ligne avec les projections réalisées par d’autres équipes d’épidémiologistes.
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Coronavirus : 
l’OMS appelle l’Afrique à « se réveiller » face à la 
pandémie
Même 
si, pour le moment, le continent est le moins touché par le coronavirus, 
l’organisation onusienne précise qu’il faut « se préparer au 
pire ». 
L’Organisation mondiale de la santé 
(OMS) a appelé le continent africain à « se réveiller » et à 
« se préparer au pire » face à la propagation de la pandémie 
mercredi 18 mars, alors que le nouveau coronavirus a fait un mort au 
Burkina Faso, le premier en Afrique subsaharienne.
L’Afrique reste encore peu touchée 
par le Covid-19, même si le nombre de cas augmente rapidement. « Le 
meilleur conseil à donner à l’Afrique est de se préparer au pire et de se 
préparer dès aujourd’hui », a déclaré le directeur général de l’OMS, 
l’Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, alors que les pays africains réagissent 
en ordre dispersé.
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aussi 
Coronavirus : les pays africains multiplient les mesures bien 
plus précocement que l’Europe 
Le nombre total de cas de 
contamination au coronavirus s’élevait mercredi à plus de 600 dans toute 
l’Afrique, dont 16 décès (6 en Egypte, 6 en Algérie, 2 au Maroc, 1 au 
Soudan et désormais 1 au Burkina), selon le dernier bilan de l’AFP établi 
mercredi à 18 h 30 GMT.
Les 
pays d’Afrique du Nord sont les plus touchés et l’Egypte est celui qui recense 
le plus de cas (près de 200). En Afrique subsaharienne, l’Afrique du Sud 
(56 millions d’habitants), principale puissance économique avec le Nigeria, 
compte le plus grand nombre de cas (près de 120).
Trente 
pays africains touchés
Dans 
les transports en commun de ce pays – comme dans de nombreux autres d’Afrique –, 
bus, minibus et taxis collectifs, il s’avère impossible de respecter les 
consignes de sécurité (distance d’un mètre entre les personnes). « Je 
suis terrifiée », confie Yolanda Masiso, une jeune courtière en 
assurances sud-africaine, qui rallie tous les matins en bus Johannesburg depuis 
son township de Soweto. « On a peur, mais on ne sait pas quoi 
faire », déplore un chauffeur sud-africain, Bongane 
Nene.
Dans 
le port du Cap (sud-ouest), plus de 1 700 personnes sont bloquées 
depuis dimanche sur un bateau de croisière. Les six passagers suspectés d’être 
porteurs du virus ont finalement été testés négatifs et tous les passagers 
devraient pouvoir débarquer rapidement. Aucun bateau de croisière ne pourra plus 
accoster dans les ports du pays jusqu’à nouvel ordre. Le virus « se 
répand, donc il est nécessaire de serrer les rangs », a réagi mercredi 
le président sud-africain Cyril Ramaphosa, après une réunion avec les dirigeants 
des principaux partis d’opposition.
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aussi Coronavirus : 
le faible nombre de cas détectés en Afrique suscite des 
interrogations 
Le 
premier cas en Afrique est apparu en février en Egypte et trente pays africains 
sur cinquante-quatre sont touchés pour l’instant par le Covid-19. Si le 
continent est moins touché que la Chine, l’Europe ou les Etats-Unis, 
l’augmentation rapide du nombre de cas pousse de plus en plus de pays à prendre 
des mesures drastiques. Pays le plus peuplé d’Afrique avec 200 millions 
d’habitants, le Nigeria a suspendu mercredi l’entrée sur son territoire aux 
voyageurs arrivant de treize pays à risque dont les Etats-Unis, la Chine et 
plusieurs pays européens.
Le 
secteur du transport aérien fait l’objet d’importantes restrictions sur tout le 
continent, pour tenter de limiter les contaminations importées. Une quinzaine de 
pays africains ont décidé la fermeture de l’ensemble de leur système 
éducatif.
Activité 
normale à Ouagadougou
Au 
Burkina Faso, une patiente de 62 ans, diabétique, en réanimation, est 
décédée dans la nuit de mardi à mercredi, a annoncé le professeur Martial 
Ouédraogo, coordinateur de la réponse à l’épidémie de Covid-19. Il s’agit d’une 
députée, deuxième vice-présidente de l’Assemblée nationale, Rose-Marie Compaoré, 
a précisé par la suite son parti, l’Union pour le progrès et le changement (UPC 
opposition). Peuplé de 20 millions d’habitants, ce pays sahélien comptait, 
vers 21 heures GMT, 27 cas de malades de Covid-19, liée au 
coronavirus.
Embouteillages 
habituels dans les rues et activité normale : à Ouagadougou, la population 
est restée calme malgré l’annonce de ce premier décès. Et contrairement à la 
Côte d’Ivoire voisine, les magasins alimentaires n’ont pas été pris d’assaut, a 
constaté un correspondant de l’AFP. « C’est inquiétant ce qui se passe 
avec ce virus, mais on ne peut pas se barricader comme les pays développés. On 
manque de tout ici. On vit au jour le jour », a témoigné un vendeur de 
mobylettes, Boureima Baguian. « On ne peut pas, par exemple, fermer le 
grand marché. Si jamais ça arrive, ce n’est pas le coronavirus qui va nous tuer, 
mais c’est la misère et la faim », a-t-il 
expliqué.
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Covid-19 : un mort au Burkina Faso, le premier en Afrique 
subsaharienne 
La 
télévision nationale burkinabée diffuse régulièrement, dans les différentes 
langues du pays, des messages de prévention. Sur les réseaux sociaux, de 
nombreux internautes se plaignaient des mesures décidées samedi par les 
autorités : fermeture des établissements scolaires et suspension des 
manifestations et des rassemblements publics et privés.
Les 
autorités religieuses musulmanes ou chrétiennes de plusieurs pays (Sénégal, 
Burkina Faso, Côte d’Ivoire) ont annoncé la suspension des cultes. Les 
compétitions sportives et les manifestations culturelles sont également visées 
par des mesures de restriction, d’interdiction ou de report. Le Championnat 
d’Afrique des nations de football (CHAN 2020), prévu en avril au Cameroun, 
est ainsi reporté sine die.
A 
l’échelle mondiale, le nouveau coronavirus a fait près de 8 800 morts 
et infecté près de 210 000 personnes depuis son apparition en 
décembre, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles 
mercredi soir.
Le 
Monde avec AFP

Dans 
un supermarché d’Abidjan, le 18 mars 2020. Thierry Gouegnon / REUTERS