Jean-Claude Ameisen : « Il ne faut pas seulement se focaliser sur le climat »

Propos recueillis par Nicolas Truong  - LE MONDE - 03.09.2015 à 19h05

 

"La sixième grande extinction dans l’histoire de notre planète, celle dont nous sommes responsables, a commencé ; et en ce qui concerne les mammifères, plus de 80 % vivent aujourd’hui dans nos élevages". NINI LA CAILLE

Comment est née votre prise de conscience du sentiment de nature ?

Jean-Claude Ameisen : J’ai vécu mon enfance dans de grandes villes, mais j’ai toujours été émerveillé par la nature. Par tout ce qui vit, mais aussi par la neige, le vent, la mer. Et la montagne, surtout. Cette impression d’arpenter le ciel. A chaque pas, ou presque, un nouvel horizon qui se dévoile, de nouvelles cimes, de nouvelles vallées, de nouvelles forêts, de nouveaux torrents. Et cette impression étrange d’approcher les débuts du monde, ce qui nous a précédé depuis si longtemps et qui nous survivra.

Il y avait cet émerveillement, et il y avait les questions. Où s’enfuit la mer quand elle se retire ? Pourquoi les étoiles brillent dans la nuit noire ? Pourquoi les bourgeons reviennent à chaque printemps, et les feuilles, et les fleurs ? Où est l’arbre dans la graine ? Est-il déjà là, près d’apparaître, ou lui reste-t-il encore à s’inventer ? Et d’où vient le vent, la foudre, et le feu qui change le bois en cendre, et disparaît ? Comment se faisait-il que je pense, rêve, et vive ? Et pourquoi faudrait-il que je meure un jour ? Il y avait les secrets de la nature, que ni les questions ni les réponses ne pouvaient épuiser.

Y avait-il également les récits, le monde imaginaire des livres ?

Je me souviens du bouleversement qu’a causé en moi l’un des premiers romans que j’ai lus, vers l’âge de 5 ans : Le Dernier des Mohicans, de James Fenimore Cooper. La tragédie de la disparition des peuples amérindiens, provoquée par les guerres coloniales des Européens, dans la région des Grands Lacs, en Amérique du Nord, au XVIIIe siècle. Dans la splendeur de la nature, je découvrais soudain une dimension d’indifférence qui rendait déchirante et insupportable la souffrance humaine.

Mais il y avait aussi, dans l’extraordinaire capacité de renouvellement de la nature, une forme de promesse implicite : l’espoir que tout ne soit pas perdu à jamais, l’espoir que puissent un jour resurgir de nouvelles aubes, de nouveaux rêves, de nouvelles possibilités de bonheur. Ma conscience de la nature a émergé de ce mélange d’émerveillement, devant la présence étrange et familière de la réalité, et de plongées dans les livres, de dialogues silencieux avec ceux qui les avaient écrits, et dont certains avaient disparu depuis longtemps. La nature était plus que ce que je pouvais en percevoir, imaginer et ressentir. Elle était plus que ce que tous les autres, avant moi ou autour de moi, pouvaient m’aider à percevoir, à imaginer et à ressentir.

Étiez-vous déjà sensible à la fragilité de la nature ?

Non, elle me semblait inépuisable. Ce que je ressentais, c’était l’extrême fragilité des êtres vivants qui la composent. L’extrême fragilité de chacun d’entre nous.

Comment est née votre prise de conscience écologique ?

A la fois d’une prise de conscience générale, puis, plus personnellement, de mes recherches sur les relations entre la vie et la mort, au cours desquelles la question des mécanismes d’évolution du vivant avait pris une importance croissante. Je me suis replongé dans Darwin. Et j’ai réalisé à quel point le passé, la profondeur de temps, ce que Darwin appelait « le long écoulement des âges », était un élément indispensable pour comprendre le présent. A mon émerveillement devant la nature – natura, littéralement, « ce qui est en train de naître » – s’est surimposée l’idée que, pour comprendre ce qui nous entoure, il faut que le passé fasse partie de notre regard.

Il y a près de 150 ans, Darwin, après avoir proposé sa théorie de l’évolution du monde vivant, s’inquiétait déjà de notre capacité à le détruire

Nous sommes les cousins des oiseaux et des fleurs. Et des étoiles. Nous faisons partie d’un même récit. Les frontières qui séparent les espèces vivantes ne sont que des degrés d’éloignement sur le thème de la parenté, en perpétuel devenir à partir d’une généalogie commune. Les relations qu’ont tissées et que tissent continuellement entre eux les êtres vivants – les écosystèmes – jouent un rôle essentiel dans le renouvellement de la nature et dans l’émergence de la nouveauté. Et il en est de même des innombrables extinctions qui ont sculpté la diversité du vivant. Pour ces raisons, ce que nous pouvons préserver, ce n’est pas l’état actuel de l’univers vivant : c’est sa capacité à se renouveler, à évoluer, et à nous permettre de vivre.

Charles Darwin (1809-1882), auquel vous avez consacré un livre, Dans la lumière et les ombres : Darwin et le bouleversement du monde (Points Seuil, 2011), et sur les épaules duquel vous vous hissez chaque semaine sur France Inter, a-t-il été précurseur en matière écologique ?

On considère souvent que la prise de conscience écologique date des années 1960, avec le Club de Rome notamment. Mais il y a près de 150 ans, Darwin, après avoir proposé sa théorie de l’évolution du monde vivant, s’inquiétait déjà de notre capacité à le détruire. C’est en 1868, neuf ans seulement après la publication de De l’origine des espèces. Darwin cite la phrase attribuée à Francis Bacon : « Knowledge is Power  » (La connaissance est un pouvoir). Et il poursuit : « C’est seulement aujourd’hui que l’homme a commencé à prouver à quel point “la connaissance est un pouvoir”. [L’humanité] a désormais acquis une telle domination sur le monde matériel et un tel pouvoir d’augmenter en nombre qu’il est probable qu’elle envahira toute la surface de la Terre jusqu’à l’annihilation de chacune des belles et merveilleuses variétés d’êtres animés. » A l’exception, ajoute-t-il, des animaux et des plantes que nous aurons conservés dans nos fermes et nos jardins zoologiques et botaniques.

Sa sombre prophétie semble s’être réalisée…

Malheureusement, nous nous sommes engagés sur ce chemin : la sixième grande extinction dans l’histoire de notre planète, celle dont nous sommes responsables, a commencé ; et en ce qui concerne les mammifères, plus de 80 % vivent aujourd’hui dans nos élevages. Mais, dans ce que Darwin appelait « l’infinité des formes les plus belles et les plus merveilleuses » – la merveilleuse diversité de l’univers vivant – il y a une composante qui lui était quasiment inconnue : le monde des organismes unicellulaires, qui a probablement été l’unique forme de vie durant les trois premiers milliards d’années d’évolution du vivant.

Il constitue aujourd’hui une part essentielle de la biodiversité, que nous ne pouvons voir qu’à l’aide de microscopes. Et nous vivons en symbiose avec lui. A titre d’exemple, nous hébergeons chacun dans notre tube digestif plusieurs centaines de milliers de milliards de bactéries – dix fois plus que le nombre de cellules qui nous composent – et leur présence est essentielle au développement de notre système immunitaire, et à notre production et consommation d’énergie. Nos relations de symbiose avec le monde vivant dépassent de loin les relations affectives, émotionnelles, esthétiques et symboliques que l’humanité a entretenues, dans d’innombrables cultures, avec certains des animaux et des plantes qui nous entourent.

Sommes-nous devenus maîtres, possesseurs, mais également destructeurs de la nature ?

Je pense que la question essentielle n’est pas celle de l’avenir de « la nature » en tant que telle. La nature s’en est très bien tirée pendant 3,5 à 4 milliards d’années sans nous et elle continuerait à s’en tirer très bien sans nous. Il y a une forme d’orgueil à penser que nous parviendrions à la faire disparaître. Mais la nature nous a donné naissance, nous en faisons partie, nous y vivons et nous en vivons. Et en détruisant les composantes de la nature qui sont essentielles à notre existence, c’est à l’humanité que nous faisons du mal. Nous devrions remettre le bien-être de l’humanité au centre de nos réflexions sur la nature.

Prendre soin de la nature, c’est prendre soin de nous ?

Des publications scientifiques récentes indiquent que les personnes qui habitent en ville aux alentours d’espaces verts, ou dans des rues bordées d’arbres, sont, en moyenne, moins malades que celles qui vivent loin des arbres ou des espaces verts. Il y a une dimension préventive et thérapeutique dans notre relation à la nature, et quand nous parlons de la nature, nous parlons aussi de nous.

Y a-t-il un risque à focaliser la préoccupation écologique sur le seul réchauffement climatique ?

Le changement climatique est une menace grave. Mais il n’est que l’un des nombreux symptômes des dégradations de l’environnement planétaire que causent nos modes de vie. Et ces dégradations ont – indépendamment de leurs effets sur le changement climatique – des effets majeurs sur la santé humaine.

Ainsi, la pollution à elle seule est responsable, selon l’OMS, d’un quart de toutes les maladies dans le monde. Une étude de l’OMS publiée en 2014 indique que la seule pollution de l’air provoque chaque année la mort prématurée de plus de 7 millions de personnes dans le monde. J’ai pris pour exemple la pollution. Mais nos dégradations de l’environnement ont aussi pour conséquence l’épuisement de la plupart des ressources naturelles non renouvelables, la pollution des sols, des nappes phréatiques et des mers, la déforestation, l’épuisement des sols et des réserves d’eau par l’agriculture et l’élevage intensifs, l’épuisement des ressources maritimes par la pêche intensive et l’acidification des océans, l’érosion des écosystèmes et de la biodiversité, l’émergence de maladies infectieuses d’origine animale…

Focaliser la préoccupation écologique sur le seul réchauffement climatique risque de nous détourner des efforts indispensables pour protéger la santé humaine, réduire les inégalités et préserver notre environnement.

Faut-il aussi changer de politique énergétique ?

Une étude récente de l’OCDE a exploré dans les 34 pays qui la composent, plus la Chine et l’Inde, le coût des morts prématurées et des maladies provoquées par la seule pollution de l’air extérieur : non pas en termes de souffrance humaine, mais uniquement en termes de coûts économiques. Ce coût a été évalué à 3 500 milliards de dollars par an – environ 3 100 milliards d’euros, soit plus de 85 % du total des dépenses publiques annuelles de santé réalisées par l’ensemble des pays de la planète.

La pollution à elle seule est responsable, selon l’OMS, d’un quart de toutes les maladies dans le monde. La seule pollution de l’air provoque chaque année la mort prématurée de plus de 7 millions de personnes

Une autre étude publiée par des chercheurs du FMI estime que le coût économique des morts prématurées, des maladies et des dégâts environnementaux causés par la seule utilisation des énergies fossiles s’élevait en 2013 à 4 900 milliards de dollars – plus que le total des dépenses publiques annuelles de santé dans le monde. Ces désastres en termes de vie humaine et de santé et ces coûts économiques ne sont pas intégrés dans le prix des énergies fossiles. Et si on les prenait en compte, les énergies propres et renouvelables nous paraîtraient beaucoup moins chères.

Croyez-vous à cette nouvelle religion du « développement durable » ?

De nombreuses études scientifiques ont révélé à quel point l’exploitation des ressources et les dégradations de l’environnement se produisent aux dépens des populations les plus pauvres de notre planète, et au profit d’une partie des habitants des pays les plus industrialisés. Non seulement notre mode de développement économique et social n’est pas durable pour les générations futures, mais il est aussi de plus en plus inéquitable pour les générations présentes.

Dans nos pays riches, malgré les dégradations de l’environnement, l’espérance de vie moyenne à l’âge adulte n’a cessé d’augmenter depuis plus d’un demi-siècle. Mais c’est au prix d’inégalités croissantes en termes économiques et sociaux, en termes d’espérance de vie, d’espérance de vie en bonne santé, de maladie et de handicap. Ces inégalités se creusent à l’intérieur de nos pays riches, entre pays riches et pays pauvres, et à l’intérieur des pays pauvres.

Les catastrophes sont-elles autant sociales qu’environnementales ?

Les catastrophes naturelles révèlent de manière brutale des précarités et des vulnérabilités préexistantes que nous nous sommes habitués à ne plus voir. Les victimes de l’ouragan Katrina à La Nouvelle-Orléans, du tremblement de terre d’Haïti, des sécheresses au Sahel, de la canicule de 2003 dans notre pays, des crises écologiques et économiques… sont avant tout ceux qui étaient auparavant déjà les plus pauvres, les plus fragiles, les plus abandonnés. Et, indépendamment des catastrophes, 2 milliards de personnes vivent dans l’insécurité alimentaire, sans savoir si elles mangeront demain ; 1,2 milliard de personnes n’ont pas accès à l’eau potable ; et des études indiquent que le développement mental de 250 millions d’enfants sera profondément altéré par la pauvreté, la pollution et la sous-alimentation.

Chaque année, dans les pays pauvres, plusieurs millions d’enfants et d’adultes meurent encore de maladies infectieuses pour lesquelles nous disposons collectivement des vaccins et des médicaments qui permettraient de les sauver ; 850 millions de personnes souffrent des maladies de la faim et de la dénutrition ; et 3 millions d’enfants sont morts de faim l’année dernière.

Quel type de développement défendez-vous ?

L’économiste Amartya Sen a montré depuis longtemps que les famines sont dues, dans la quasi-totalité des cas, non pas à une production insuffisante de nourriture, mais à l’existence d’inégalités, à une absence de solidarité, de partage, de véritable démocratie et d’accès de certaines populations ou personnes à leurs droits fondamentaux. A la seule préoccupation d’un développement « durable » – qui ferait durer les tragédies –, nous devrions ajouter le souci d’un développement « équitable ».

Mais les progrès scientifiques et technologiques ont permis à une grande partie de l’humanité de vivre plus longtemps et en meilleure santé. Dès lors, pourquoi ne pas penser que les hommes pourront toujours trouver d’autres formes d’énergies ou aller coloniser d’autres mondes ?

La question principale ne me semble pas être de se demander si les avancées scientifiques et techniques apportent des bénéfices – elles en apportent toujours – mais si la manière dont nous les utilisons se fait au profit d’une partie de l’humanité et aux dépens d’une autre. Il s’agit toujours, sous des formes chaque fois différentes, de la question de la nature des frontières que nous traçons entre « nous » et « les autres ». De quelle humanité parlons-nous quand nous parlons de l’avenir de l’humanité ? De qui parlons-nous quand nous parlons de « nous » ? « Quand des êtres humains sont séparés de nous par de grandes différences d’apparence ou d’habitudes, écrivait Darwin, l’expérience nous montre, malheureusement, combien le temps est long avant que nous ne les considérions comme nos semblables. »

A la seule préoccupation d’un développement « durable » – qui ferait durer les tragédies –, nous devrions ajouter le souci d’un développement « équitable »

Combien le temps est long… L’histoire de l’exclusion est une très longue histoire. La première démocratie occidentale est née à Athènes : tout le monde y était libre et égal, sauf les femmes, les esclaves et les étrangers. La Déclaration d’indépendance des Etats-Unis, en 1776, se veut la première proclamation des droits de l’homme à vocation universelle : mais elle maintient l’esclavage, et ne donne pas de droits aux peuples autochtones. En 1789, la Révolution française abolit les privilèges et proclame la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen : mais elle maintient l’esclavage, et ne donne pas le droit de vote à une moitié de la population, les femmes… Les avancées de la recherche scientifique sont toujours une source d’espoir. Mais il nous faut ensuite nous interroger, croiser les regards, ouvrir la réflexion, afin d’éviter l’exclusion.

Pourquoi cette prise de conscience écologique vient-elle aujourd’hui du côté des autorités spirituelles, notamment du pape François qui, dans son encyclique Laudato si, écrit que le monde contemporain fomente une « culture du déchet » et plaide même pour une forme de « décroissance » ?

La place de l’humanité dans la nature a toujours été une question centrale pour les spiritualités. Mais le pape François a donné à cette question une dimension sociale profondément humaine et universelle, soulignant les effets dramatiques des dégradations de la nature sur la souffrance des plus démunis : « Une vraie approche écologique, dit-il, se transforme toujours en une approche sociale, qui doit intégrer la justice dans les discussions sur l’environnement, pour écouter tant la clameur de la Terre que la clameur des pauvres. »

Qu’attendez-vous de la conférence de Paris sur le climat (COP21) et qu’allez-vous proposer en tant que président du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) ?

Le CCNE est en train de réfléchir à cette question : ce que je souhaite, à titre personnel, c’est que la COP21 soit l’occasion d’un véritable changement. Au lieu de focaliser tous les efforts sur la seule lutte contre le changement climatique, au risque de négliger, voire d’aggraver les inégalités et les drames humains, les consacrer à des mesures qui préservent le bien-être humain et réduisent les inégalités en protégeant l’environnement.

Jean-Claude Ameisen

Né en 1951, Jean-Claude Ameisen est médecin, immunologiste et chercheur en biologie. Directeur du Centre d’études du vivant de l’Institut des humanités de l’université Paris-Diderot, il préside le Comité consultatif national d’éthique (CCNE).

Concepteur et animateur de « Sur les épaules de Darwin », émission scientifique et philosophique hebdomadaire de France Inter (dont une partie est disponible en version écrite, comme Sur les épaules de Darwin : Retrouver l’aube, France Inter/Les liens qui libèrent, 2014), il a publié de nombreux ouvrages, dont La Sculpture du vivant. Le suicide cellulaire ou la mort créatrice (Seuil, 1999) et Dans la lumière et les ombres. Darwin et le bouleversement du monde (Fayard-Seuil, 2008).

C’est la démarche proposée par l’OMS par plusieurs commissions internationales, par le journal médical The Lancet, par le ministère de la santé, par le pape François… Garantir la protection et l’accès équitable de chacun aux biens communs de l’humanité que sont l’air, l’eau, la biodiversité, les ressources alimentaires et énergétiques, le climat ; préserver les capacités de renouvellement des splendeurs et des richesses de la nature, et le respect des pratiques culturelles humaines qui s’y déploient ; faire preuve de sobriété, d’inventivité et de solidarité ; réduire notre consommation inutile d’énergie ; développer les énergies propres et renouvelables ; lutter contre la pollution, soutenir les produits d’une agriculture et d’une pêche durables et d’un commerce équitable. Et lutter pour la diminution de la pauvreté, l’accès de tous aux droits fondamentaux, à la nourriture, à un toit, à l’éducation, aux soins.

Car protéger d’abord ceux qui sont le plus démunis n’est pas seulement un impératif éthique : c’est aussi le moyen de construire, à terme, un avenir véritablement commun pour l’humanité.

 

Source : http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/09/01/jean-claude-ameisen-il-ne-faut-pas-seulement-se-focaliser-sur-le-climat_4742693_3232.html#sx73Tfous80YVvH2.99