Troubles au nord Centrafrique. Inquiétude de Bangui après confirmation de la présence de Bozizé en France


L'accueil de Bozizé en France inquiète les autorités centrafricaines

LIBREVILLE, 24 oct (AFP) - 15h40 - Les autorités centrafricaines se sont inquiétées jeudi de l'accueil par la France du général centrafricain François Bozizé, jusqu'alors réfugié au Tchad depuis novembre dernier.

"Nous sommes inquiets que Bozizé ait été accueilli en France. Il est éloigné (du Tchad) d'accord, mais le fait qu'il soit en France, c'est comme s'il était à Bangui", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la présidence centrafricaine Prosper N'Douba, joint au téléphone depuis Libreville.

"François Bozizé a trop de complicités en France, des gens qui le manipulent. Ca ne nous rassure pas du tout qu'il soit en France", a expliqué M. N'Douba. "On comprend mal ce qui s'est passé, c'est très bizarre", a-t-il dit.

M. N'Douba a expliqué qu'en marge du 9è sommet de la Francophonie qui s'est tenu en fin de semaine dernière à Beyrouth, le président centrafricain Ange-Félix Patassé avait l'obtenu l'accord du président algérien Abdelaziz Bouteflika pour que le général Bozizé soit accueilli en Algérie.

"Le président Patassé en a informé le président (français Jacques) Chirac. Il en a ensuite informé (le président tchadien Idriss) Deby qui lui a répondu: +Bozizé est déjà en France+".

Les autorités tchadiennes ont annoncé mercredi que le général Bozizé avait été accueilli en France dans le cadre de l'accord conclu à Libreville début octobre, sous l'égide de la Communauté Economique et Monétaire des Etats d'Afrique Centrale (CEMAC), pour apaiser les tensions entre le Tchad et la Centrafrique.

Cet accord prévoyait notamment l'éloignement de leurs pays respectifs de deux personnalités considérées comme des menaces potentielles par Bangui et N'Djamena.

Outre le général Bozizé, l'autre personnalité en cause est le colonel de l'armée centrafricaine Abdoulaye Miskine, chargé par Bangui de sécuriser sa frontière nord (avec le Tchad) mais considéré par N'Djamena comme un ancien rebelle tchadien.

Les autorités centrafricaines avaient annoncé il y a une dizaine de jours que M. Miskine serait accueilli au Togo "dans un délai d'un mois".

M. Miskine se trouve actuellement à Bangui et son départ pour le Togo se fera "dès que les dispositions pratiques seront réglées", a affirmé M. N'Douba.

L'accueil du général Bozizé en France "ne va pas dans le sens de la réconciliation, des bonnes relations entre le Tchad et la Centrafrique", a déploré le porte-parole de la présidence centrafricaine.


Centrafrique: attaques de partisans du général Bozizé, selon des Tchadiens

N'DJAMENA, 25 oct (AFP) - 17h26 - Des partisans de l'ancien chef d'état-major centrafricain François Bozizé, actuellement en France, ont attaqué jeudi les villes de Kabo et de Batangafo, dans le nord de la Centrafrique, a-t-on appris vendredi après-midi à N'Djamena auprès de voyageurs tchadiens arrivant de RCA.

Selon ces voyageurs, ces éléments ont également attaqué vendredi matin la localité de Bogangolo, située à environ 200 km au nord de Bangui.

"Les hommes de Bozizé ont attaqué hier Kabo et Batangafo mais on ne sait pas s'ils les contrôlent encore ou s'ils sont partis. Ce matin, ils étaient à Bogangolo", ont raconté ces voyageurs.

Des tirs d'armes lourdes et d'armes automatiques d'origine indéterminée étaient entendus vendredi dans les quartiers nord de Bangui depuis 13H45 GMT, a rapporté par ailleurs un correspondant de l'AFP.

Après une épreuve de force avec le régime il y a un an, le général Bozizé avait trouvé refuge au Tchad qu'il vient de quitter pour la France.

Officiellement les quelque 200 à 300 hommes qui l'accompagnaient ont été désarmés à leur arrivée au Tchad en même temps que lui.

Depuis cette période, plusieurs attaques contre des localités du nord de la Centrafrique ont été attribuées, de source tchadienne, à des éléments du général Bozizé alors que, selon Bangui, ces attaques étaient le fait de militaires tchadiens.

La situation entre les deux pays est tendue depuis un an. Un sommet des chefs d'état d'Afrique centrale, qui s'est tenu le 2 octobre à Libreville, avait proposé un plan en plusieurs points pour désamorcer la tension entre les deux pays, prévoyant notamment l'éloignement du Tchad du général Bozizé.


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